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2e dimanche après la Pentecôte

« Hora cœnæ », à l’heure de la cène, dit l’évangile, « l’homme » envoie son esclave dire aux « invités » (le mot grec veut d’abord dire appelés) de venir, car tout est prêt. Le mot grec pour dire le « souper », le « banquet », le « festin », dont il est question dans la parabole, est aussi celui qui désigne la « cène », et que la liturgie de saint Jean Chrysostome utilise dans la prière qui précède immédiatement la communion : « A votre cène mystique faites-moi communier aujourd’hui, ô Fils de Dieu… » et que le chantre proclame comme un héraut, sur un ton élevé : « Tou dipnou sou tou mystikou… » (on remarquera le jeu des voyelles, comme une sorte d’appel en morse : ou-i-ou-ou, ou-i-i-ou).

Aujourd’hui, oui, et plus précisément à cette heure-ci, cette heure même. C’est maintenant le « kairos », le temps opportun, le temps favorable, c’est maintenant le jour du salut (II Cor. 6,2). Il est donc urgent d’accourir au divin festin. Qui ne s’y précipiterait pas ?

Or voici qu’aucun des invités ne se déplace. Ils ont tous une « excuse » pour ne pas participer à la communion avec les personnes divines dans le Royaume. Ils rejettent l’invitation, ils rejettent l’appel du Ciel éternel pour répondre aux appels de la terre éphémère. L’auditoire de Jésus comprend aussitôt qu’il s’agit de chefs du peuple élu.

« L’homme » alors dit à son esclave de se dépêcher d’aller sur les places et dans les rues chercher les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux : ce sont ceux du peuple qui ont accueilli la Parole, les pauvres et les malades.

Mais il y a encore de la place. Alors « l’homme » demande à son esclave d’aller hors de la Ville, et de « contraindre les gens d’entrer » pour que la maison soit remplie. C’est le fameux « compelle intrare » qui a fait couler beaucoup d’encre… et de sang, quand il a été utilisé politiquement pour réprimer les hérétiques et « faire entrer » les païens. Cette interprétation ne cadre ni avec le contexte immédiat ni avec le contexte général de l’évangile de saint Luc. Cette contrainte est celle de l’amour, de la prévenance, de l’ami qui m’a « contraint » à venir avec lui au meilleur restaurant, et qui m’a « obligé » à accepter un somptueux cadeau. Ces gens qui sont « dans les chemins et le long des haies », ils sont sales et mal habillés, leur premier réflexe est de refuser d’entrer dans une salle de banquet, ils ont honte de leur tenue, c’est pourquoi il faut les « contraindre » à entrer. On est en plein dans l’évangile de la miséricorde, qui est l’évangile de saint Luc : entrez vite, c’est l’heure, il n’est plus temps de tergiverser, le Seigneur vous attend, tels que vous êtes, salis d’avoir trop traîné dans les chemins boueux du monde, dans les haies du paganisme, souillés par vos péchés. Entrez seulement, le Seigneur se charge de tout. (Où l’on voit que ce n’est pas la même parabole qu’en saint Matthieu, malgré les grandes ressemblances.)

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