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Liturgie - Page 359

  • Saint Bernard

    En lien avec l’article de Benedict Constable sur le symbolisme masculin-féminin dans la liturgie, voici un bref extrait du 85e sermon de saint Bernard sur le Cantique des cantiques, qui plonge au cœur du symbolisme - et de la mystique - du livre central de la Bible (traduction de l’abbé Charpentier, 1866).

    De ce degré, l'âme commence déjà à penser à son mariage avec le Verbe. Comment n'y penserait-elle pas, quand elle se voit d'autant plus nubile, pour ainsi parler, qu'elle lui est plus semblable? La majesté de cet époux ne l'épouvante point, parce que sa ressemblance l'associe avec lui, son amour l'unit à lui, sa profession la fiance avec lui. Or voici la forme de sa profession: « J'ai juré et résolu de garder les ordonnances de votre justice (Ps. CXVII, 106). » Les apôtres avaient suivi cette forme lorsqu'ils disaient: « Vous voyez que nous avons tout quitté pour vous suivre (Matth. XIX, 27). » Ce qui, sous la figure du mariage charnel, doit s'entendre du mariage spirituel de Jésus-Christ et de l'Église est encore semblable : « C'est pourquoi l'homme laissera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils seront deux en une même chair (Ephes. V, 31). » Et dans le Prophète l'Épouse se glorifie en ces termes : « Pour moi, mon plus grand bien, c'est de m'attacher à Dieu, et de mettre mon espérance dans le Seigneur (Ps. LXXII, 28). » Lors donc que vous verrez une âme qui, après avoir tout quitté, s'attache au Verbe par tous les désirs de son cœur, ne vit que pour le Verbe, se conduit par le Verbe, conçoit du Verbe pour enfanter pour le Verbe, en sorte qu'elle puisse dire : « Jésus-Christ est ma vie, et ce m'est un grand avantage de mourir pour lui (Philip. I, 21) », croyez qu'elle est l'Épouse du Verbe. Son Époux peut se reposer en elle avec confiance, en sachant que l'âme qui a méprisé tout pour l'amour de lui, et qui regarde tout comme du fumier pour le gagner et le posséder uniquement, lui est fidèle. Il savait que telle était l'âme de celui dont il disait: « Celui-là m'est un vase d'élection (Act. IX, 15). » Certes l'âme de saint Paul était une bonne mère et une épouse fidèle, lorsqu'il disait : « Mes petits enfants que je conçois de nouveau dans mou sein jusqu'à ce que Jésus-Christ soit formé en vous (Galat. IV, 19). »

    Mais remarquez que dans le mariage spirituel il y a deux sortes d'enfantements, et par conséquent deux sortes d'enfants qui sans être contraires sont différents, car les saintes mères engendrent des âmes à Dieu par la prédication, ou produisent des intelligences spirituelles par la méditation. Dans cette dernière sorte d'enfantements il arrive quelquefois que l'âme est tellement transportée hors de soi et détachée des sens, qu'elle ne se sent pas elle-même, bien qu'elle sente le Verbe. Cela arrive lorsque étant pleine de la douceur ineffable du Verbe, elle se dérobe à elle-même en quelque façon, ou plutôt est ravie et s'échappe de soi pour jouir du Verbe. L'âme n'est pas dans la même disposition lorsqu'elle fait du fruit par le Verbe, et lorsqu'elle jouit du Verbe. En l'un, elle est pressée par les soins du prochain, en l'autre elle est attirée par les douceurs du Verbe. C'est une mère qui a véritablement beaucoup de joie d'engendrer des enfants spirituels, mais qui en reçoit bien davantage des chastes embrassements de son époux. Ses enfants lui sont chers et précieux, mais les baisers de son époux lui sont infiniment plus agréables. C'est une bonne chose de sauver plusieurs âmes, mais il est bien plus doux de sortir comme hors de soi, et d'être avec le Verbe. Mais quand cela arrive-t-il, et combien cela dure-t-il ! C'est un doux commerce, mais il est bien court lorsqu'on l'éprouve, et il est bien rare de l'éprouver. Et c'est là, ce me semble, la septième raison pour laquelle j'ai dit plus haut, que l'âme cherche le Verbe, c'est afin de jouir de ces douceurs.

  • La communion sur la langue

    Dimanche dernier, l’évêque d’Oruro, en Bolivie, Mgr Krzysztof Białasik, a déclaré qu’il interdisait désormais dans son diocèse la communion dans la main, après avoir constaté que certaines personnes repartent avec l’hostie sans la consommer.

    Mgr Białasik est un Polonais qui après avoir fait ses études à la Société du Verbe divin près de Poznan a été ordonné prêtre et envoyé en Bolivie, où il a été missionnaire pendant 20 ans avant d’être nommé évêque d’Oruro par Benoît XVI en 2005. Depuis 1998 il était secrétaire de la conférence épiscopale de Bolivie pour la pastorale.

    Rorate Caeli en profite pour faire un point sur la situation. Mgr Białasik serait le troisième évêque, au cours de ces dix dernières années, à retirer la permission de donner la communion dans la main (par distinction avec ceux qui maintiennent l’interdiction existante, ou qui recommandent la communion sur la langue, ou qui interdisent la communion dans la main dans certaines églises).

    Le premier fut le cardinal Cipriani, archevêque de Lima, en 2008. Le deuxième a été le cardinal Ranjith, archevêque de Colombo, en 2011.

    Mgr Rogelio Livieres, évêque de Ciudad del Este, qui vient de mourir, avait fermement condamné la communion dans la main l’an dernier, et l’aurait sans doute interdite s’il n’avait été éjecté de son diocèse par François à ce moment-là.

    La conférence épiscopale du Nigeria avait permis temporairement la communion dans la main à cause de l’épidémie d’Ebola, mais a supprimé cette permission en décembre dernier.

    Quelques évêques ont imposé la communion sur la langue en diverses circonstances. Mgr Antonio Carlos Rossi Keller, évêque de Frederico Westphalen, au Brésil (quel nom bizarre) a annoncé fin 2011 que les fidèles qui voulaient la communion de sa main dans la cathédrale devaient la recevoir à genoux sur la langue. Mgr Eduardo Maria Taussig, évêque de San Rafael, en Argentine, a demandé la même chose la même année. Le cardinal Carlo Caffara, archevêque de Bologne, a ordonné en 2009 que la communion ne soit donnée que sur la langue dans les trois principales églises de son diocèse. Depuis la Fête Dieu de 2008, Benoît XVI donnait l’exemple.

    Rorate Caeli rappelle qu’en 1996, Juan Rodolfo Laise, évêque de San Luis en Argentine, avait été le seul évêque de son pays à refuser la communion dans la main lorsque l’indult fut promulgué pour l’Argentine. Selon les informations de Rorate Caeli, cette interdiction demeure.

    Il serait intéressant de savoir dans quels pays, en dehors du Nigeria, il n’y a pas eu d’indult pour la communion dans la main. Lors de mon dernier voyage en Irlande j’ai vu que tout le monde communiait dans la main, et de façon très désinvolte, et lors de mon dernier voyage en Pologne j’ai vu que tout le monde communiait pieusement sur la langue, alors qu’il y a eu finalement un indult en 2006. Je suppose que les militants de la communion dans la main ont dû faire des adeptes ici et là en Pologne, mais il est frappant de constater que la différence générale d’attitude envers le Saint Sacrement, dans deux pays considérés comme très catholiques, correspond à la réalité sociologique d’une Irlande qui inscrit le « mariage » homosexuel dans sa Constitution et d’une Pologne qui se révolte contre les thèses hétérodoxes défendues au synode.

    Quant à Mgr Białasik, évêque d'un pays dont, en plus, le président marxisto-panthéiste est un ami du pape, je ne lui donne pas longtemps avant d'avoir des ennuis...

  • Saint Jean Eudes

    Voici une lettre de saint Jean Eudes, au cardinal Grimaldi, archevêque d’Aix, qui lui avait demandé de lui parler de ses séminaires (février 1664). Le premier qu’il avait créé fut celui de Caen. Il était le symbole du renouveau de la formation du clergé en France, dans le mouvement de la contre-réforme. Signe des temps, il a fermé ses portes en février dernier...

    On verra d’autre part à quel point saint Jean Eudes était indifférent à la liturgie (et formait des prêtres indifférents à la liturgie, ce qui explique la suite des événements). C’était presque universel en Occident depuis la catastrophe de la Renaissance, mais même les carmélites n’allaient pas aussi loin, puisque si les heures étaient récitées sans tenir le moindre compte du symbolisme des heures (souligné notamment dans les hymnes), elles disaient quand même les complies le soir, et non au début de l’après-midi… Et il n’y a la messe que deux fois en semaine…

    Monseigneur,

    Me voici aux pieds de votre Éminence pour recevoir s'il vous plaît sa sainte bénédiction, et pour lui rendre mille grâces de la faveur qu'elle nous a faite d'avoir écrit à Rome, et la supplier très humblement de nous continuer l'honneur de sa bienveillance et de sa protection, puisqu'il est vrai que, par la grâce de Dieu, nous ne cherchons autre chose que la gloire de sa divine Majesté et le salut des âmes.

    Ensuite, entrant en matière, pour satisfaire à ce qu'il plaît à Votre Éminence de m'ordonner, je dirai:

    1. Que nos quatre maisons (de Caen, Coutances, Lisieux et Rouen) sont unies en Congrégation sous une même règle et une même conduite, sans aucun préjudice de la dépendance que chacune a de son Prélat, qui a sur elle l'autorité qu'il a sur tous les autres lieux et personnes du diocèse qui sont sous sa juridiction épiscopale.

    2. Que le Supérieur de chaque maison est choisi par le Supérieur de la Congrégation, et présenté à Mgr l'Évêque diocésain pour en être approuvé et confirmé, s'il lui agrée, ou, s'il ne lui est point agréable, on est obligé de lui en présenter un autre.

    3. Que tous ceux de la maison, tant les nôtres que les Séminaristes, sont sous la conduite du Supérieur de la dite maison.

    4. Que nous n'avons de fonds que pour la subsistance des nôtres, et qu'en attendant que Dieu donne à nos Prélats la volonté de faire ce que Votre Éminence a fait pour son Séminaire, ou qu'il y pourvoie de quelque autre manière, les Séminaristes paient leur pension, qui est, à Coutances de 200 livres; à Caen et à Lisieux, où l'on ne vit pas à si bon marché, de 250 livres; et à Rouen, où les vivres sont encore plus chers, de 300 livres.

    5. Comme nos maisons sont en Congrégation, et qu'elle est sous la conduite d'un Supérieur, les sujets passent d'une maison à une autre, comme dans les autres Congrégations, ce qui est nécessaire et très utile pour plusieurs raisons; et on en prend de toutes les maisons pour travailler aux missions, selon le besoin qu'on en a; car plusieurs s'ennuient d'être toujours en un même lieu; on se dégoûte d'entendre toujours les mêmes; quelques-uns font des attaches dangereuses, et souvent l'antipathie des humeurs oblige de faire ces changements. C'est pour toutes ces raisons qu'il est nécessaire, pour faire subsister les Séminaires et les rendre utiles à l'Église, qu'ils soient unis et sous une même conduite: à raison de quoi saint Charles [Borromée] établit la Congrégation des Oblats [de saint Ambroise] à laquelle il donna la conduite de ses Séminaires.

    Je n'ai pas ici les règles des nôtres; voici néanmoins les principales: On se lève à 4 h. l/2, et l'on commence à 5 h. l'oraison qui dure jusques à 6 h. On récite ensuite en communauté les Petites Heures, après quoi on fait, trois fois la semaine, une répétition de l'oraison, et chacun se retire en sa chambre.

    Depuis 10 h. jusques à 11 h. 3/4, on fait une leçon de théologie.

    A 11 h. 3/4, les litanies et l'examen de conscience, qui est suivi du dîner.

    Après dîner, la conversation ou récréation jusques à 1 h. l/2, ensuite les cérémonies ou le chant.

    A 2 h. Vêpres et Complies; à 3 h. la théologie pour les ordinands jusqu’à 4 h.

    Depuis 4 h. jusqu'à 5 h. conférence sur le Manuel pour Messieurs les Curés.

    A un quart avant 6 h. Matines et Laudes, les litanies de la sainte Vierge, ensuite le souper et la récréation jusques à 8 h.

    A 8 h. on propose des cas de conscience durant une demi-heure, on fait la prière, on lit le sujet de la méditation.

    On sonne la retraite à 9 h. l/2, et l'on se couche.

    On chante des grand'messes deux fois la semaine, et Vêpres toutes les fêtes et dimanches.

    On fait une conférence spirituelle une fois la semaine, et le samedi au soir on en fait une autre sur l'Évangile du dimanche, au lieu des cas de conscience...

    Nous finissons cette mission [de Meaux] à laquelle Dieu a donné de très grandes bénédictions.

    Monseigneur de Châlons en Champagne nous en demande une pour cette ville, pour le commencement du mois d'octobre prochain; mais je ne sais pas encore si nous pourrons la faire. Je m'en retourne à Caen pour en faire [une] après Pâques, dans le Cotentin.

  • Initium sapientiae timor Domini

    ℟. Initium sapientiae timor Domini: * Intellectus bonus omnibus facientibus eum: laudatio eius manet in saeculum saeculi.
    ℣. Dilectio illius custodia legum est: quia omnis sapientia timor Domini.
    ℟. Intellectus bonus omnibus facientibus eum: laudatio eius manet in saeculum saeculi.

    Le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur. La vraie intelligence est en tous ceux qui agissent selon cette crainte. Sa louange demeure dans les siècles des siècles. L’amour, c’est garder ses lois, car toute la sagesse, c’est la crainte de Dieu.

    Comme la lecture de la semaine, aux matines, c’est le livre de la Sagesse, on pourrait penser que ce répons en est une citation. Or le répons proprement dit est le verset final du psaume 110, et le verset est constitué de Sagesse 6, 19 et de Ecclésiastique 19, 18, les deux expressions reliées par un « car » qui n’a pas d’autre signification que de relier deux expressions disparates, et donc de lier les mots amour et crainte, qui sont les deux faces d’une même attitude, l’attitude fondamentale du croyant face à Dieu.

    (Je ne me lasserai pas de répéter que le livre de la Sagesse est un livre écrit en grec par un juif pour des juifs, au moins un siècle avant le Christ, ce qui indique clairement que la langue utilisée pour traiter de la religion était non pas l'hébreu, ni même l'araméen, mais bien le grec.

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    Antiphonaire du couvent des cordeliers de Fribourg, fin du XIIIe siècle. On remarquera l’orthographe : « Inicium sapiencie ».

  • “Le symbolisme masculin-féminin dans les rôles liturgiques : ce n’est pas bizarre, c’est seulement catholique”

    Sous ce titre, Benedict Constable, sur le site 1P5, répond aux objections qui ont été faites à propos d’un article précédent, intitulé Les femmes peuvent-elles être lecteurs à la messe ? Dans cet article, l’auteur expliquait que les femmes ne doivent pas occuper une fonction de lecteur, et il le faisait à la façon de saint Thomas d’Aquin, par l’examen de 5 objections à cette affirmation, suivi de la réponse générale et de la réponse précise à chaque objection.

    Plus intéressant, pour quiconque pense déjà qu’une femme n’a pas sa place dans le chœur (comme l'a montré la tradition unanime d'Orient et d'Occident), est la réponse à une nouvelle objection, sur l’argument fondamental de l’auteur. Car il s’agit de la symbolique religieuse, surnaturelle, des sexes. Le lecteur représente le Christ semeur qui sème sa semence sur l’assemblée des fidèles qui est la femme recevant la semence. Nier cette symbolique c’est nier les différences sexuelles et donc sombrer dans l’idéologie du genre.

    Ce thème est proche de celui qu’abordait Peter Kwaniewski dans un excellent article du New Liturgical Movement, où il critiquait les nouvelles oraisons parlant des fils et des filles de Dieu pour respecter l’égalité de genre, alors que nous sommes tous, hommes et femmes, fils de Dieu dans le Fils, et épouses du Fils dans l’Eglise.

    Voici une traduction du texte de Benedict Constable.

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  • Saint Roch

    Saint Roch naquit à Montpellier, entre 1346 et 1350, en pleine guerre de Cent Ans, pendant la grande peste noire, qui décima un tiers de la population occidentale. (…)

    Bien que Roch fût un prénom très courant en France et en Italie, il semble plutôt que notre saint était de la famille des Roch de La Croix, lignée devenue importante au XVIe siècle, sous le nom de Castries. Son père, Jean Roch de La Croix, dignitaire de la ville, en fut le premier consul, en 1363. Sa mère, Dame Libéria, était originaire de Lombardie. Fils désiré, et longtemps attendu, il passa une enfance dans un milieu profondément chrétien. (…)

    Il fit probablement ses études chez les pères dominicains, avant d’étudier la médecine. Il connut les terribles épidémies de peste de 1358 et 1361. A Montpellier, cette dernière fit jusqu’à 500 morts par jour, pendant trois mois.

    Orphelin à 17 ans, riche et instruit, il décida de partir pour Rome. Il distribua sa fortune aux pauvres, rejoignit le troisième ordre franciscain, revêtit l’habit de pèlerin, reçut la bénédiction de l’évêque de Maguelone et prit la route.

    (…) Il arriva à Acquapendente, à quelques jours de marche de la ville éternelle, en juillet 1367. Il y resta trois mois, car la peste y sévissait. Il mit en pratique l’enseignement médical qu’il avait reçu, en l’associant à des signes de croix et une invocation sur les souffrants, et obtint de nombreuses guérisons.

    (…) Il reprit son chemin pour Rome, lorsqu’il apprit qu’à Cesena, à l’opposé de sa direction, l’épidémie faisait rage. Il s’y rendit, faisant ce que Dieu attendait de lui au fur et à mesure de son pèlerinage, et obtint là encore des guérisons miraculeuses. Il arriva enfin à Rome, au début de l’année 1368, et s’occupa sans doute des malades à l’hôpital du Saint Esprit, ordre fondé par son compatriote, Gui de Montpellier. Un prélat, peut-être un cardinal, guéri par ses soins, ou témoin de guérisons miraculeuses (…) lui fit rencontrer le pape Urbain V, qui s’écria, en le voyant : «Il me semble que tu viens du Paradis !», et lui donna l’indulgence plénière.

    Roch avait sans doute vu, à Montpellier, ce pape d’Avignon, qui tenta de réinstaller la papauté à Rome de 1367 à 1370, lorsqu’il était venu consacrer l’autel majeur de l’église du monastère Saint-Benoît, future cathédrale Saint-Pierre.

    Roch quitta Rome, en 1370, pour s’en retourner vers sa patrie. Au mois de juillet 1371, Il était à Plaisance, à l’hôpital Notre Dame de Bethléem, près de l’église Sainte Anne, où il assista, guérit et réconforta les malades.

    Atteint par la peste, Roch se rendit péniblement jusqu’à un bois, à l’orée du bourg fortifié de Sarmato, pour y mourir. A cet endroit, une source jaillit et un chien lui apporta chaque jour un pain. (…) On rapporte également qu’un ange secourut Roch. Il recouvra la santé et retourna à Plaisance, auprès des pestiférés, faisant preuve d’un courage et d’une humanité remarquable.

    Il reprit sa route, mais les terres milanaises étaient le théâtre d’une guerre entre le Duc de Milan, Bernardo Visconti, son frère Galeazzo II, et la ligue constituée par Le pape Urbain V, conduite par Amedeo VI de Savoie. Ce conflit dura de 1371 à 1375. Pris pour un espion, Roch fut arrêté à Broni, et transféré à Voghera par Beccaria, intendant militaire des Visconti. (…)

    Son emprisonnement dura cinq ans. Selon la tradition, il ne dévoila son identité qu’à un prêtre, la veille de sa mort, survenue le 16 août d’une année comprise entre 1376 et 1379. On peut penser à présent qu’il s’agit du mardi 16 août 1379. Des témoins assurèrent que le cachot s’illumina et que le dernier souhait de Roch, à l’ange venu l’assister, fut d’intercéder pour les souffrants.

    Extraits de la vie de saint Roch sur le site de l’Association internationale Saint-Roch de Montpellier

  • 12e dimanche après la Pentecôte

    Dans cette messe du bon Samaritain, ce qui attire le plus l’attention, en dehors de l’évangile, c’est l’offertoire. Déjà par sa longueur, et par le fait qu’il ne s’agit pas d’un verset de psaume, comme c’est le plus souvent le cas. En outre la première phrase est répétée presque à l’identique. Il y a quelques autres offertoires dans ce cas, et il y en avait davantage avant que la commission de réforme du missel, après le concile de Trente, ne supprime les répétitions dont on ne comprenait pas la signification. Celle-ci est peut-être restée parce qu’on y a vu un bégaiement de Moïse…

    Ce long offertoire n’en est pas moins, comme les autres, une antienne. C’est-à-dire en théorie une introduction à un psaume. Mais ici, comme dans le fameux offertoire de Job, les deux « versets » que l’on trouve dans les anciens antiphonaires sont une adaptation d’autres versets de l’Exode. Avec une longue plainte dans l’aigu sur « peccata » (les péchés) et une nouvelle répétition, un nouveau bégaiement de Moïse. Mais sur le plan musical c’est une grande diversité : le premier verset est dans l’aigu, le second dans le grave, et tous deux multiplient les doux si bémol alors que l’antienne multiplie les durs tritons.

    Il serait bon de chanter l’ensemble, car c’est un grand chef-d’œuvre de l’art grégorien. Hélas cela dépasserait de loin le temps de l’offertoire, qui comprenait autrefois une longue procession. Mais à vrai dire l’antienne seule est déjà un morceau de choix, avec cette supplication de Moïse qui est longuement annoncée, puis qui s’affirme dans une apostrophe à Dieu, puis qui devient véhémente, et se détend dans l’apaisement apporté par Dieu.

    Voici le texte de l’offertoire complet, dans son texte latin, en traduction, avec sa partition (on trouvera la partition des versets ici) et chanté par les moines de Triors (enregistrement trouvé sur Gregorian Books).

    Precatus est Moyses in conspectu Domini Dei sui et dixit, precatus est Moyses in conspectu Domini Dei sui et dixit : Quare, Domine, irasceris in populo tuo ? Parce irae animae tuae : memento Abraham, Isaac et Jacob, quibus jurasti dare terram fluentem lac et mel.

    Et placatus factus est Dominus de malignitate quam dixit facere populo suo.

    V1. Dixit Dominus ad Moysen : invenisti gratiam in conspectu meo, et scio te prae omnibus : et festinans Moyses inclinavit se in terram et adoravit dicens : Scio quia misericors es in millibus, auferens iniquitatem et peccata.

    Et placatus factus est Dominus de malignitate quam dixit facere populo suo.

    V2. Dixit Moyses et Aaron, Dixit Moyses et Aaron ad omnem synagogam filiorum Israel : Accedite ante Deum : majestas Domini apparuit in nube : et exaudivit murmurationem vestram in tempore.

    Et placatus factus est Dominus de malignitate quam dixit facere populo suo.

    Moïse pria devant la face du Seigneur son Dieu et dit, Moïse pria devant la face du Seigneur son Dieu et dit : Pourquoi, Seigneur, t’irrites-tu contre ton peuple ? Ménage la colère de ton âme. Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob auxquels tu as promis de donner la terre où coulent le lait et le miel.

    Et le Seigneur se laissa apaiser et détourner de faire le mal dont il avait menacé son peuple.

    Le Seigneur dit à Moïse : Tu as trouvé grâce devant mes yeux. Je te connais avant tous. Et Moise se baissa rapidement vers la terre et dit : Je sais que tu es miséricordieux entre mille et que tu enlèves l’injustice et les péchés.

    Et le Seigneur se laissa apaiser et détourner de faire le mal dont il avait menacé son peuple.

    Et Moïse et Aaron dirent, et Moïse et Aaron dirent à toute l’Assemblée des enfants d’Israël : Présentez-vous devant Dieu. La Majesté du Seigneur est apparue dans les nuées et a entendu vos murmures en temps voulu.

    Et le Seigneur se laissa apaiser et détourner de faire le mal dont il avait menacé son peuple.

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    *

    Sur la parabole du bon Samaritain, voir l’essentiel du commentaire de saint Ambroise, celui de Benoît XVI (ou plutôt Joseph Ratzinger), et une sorte de note préalable.

  • Assomption

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    (Solesmes, 1955)

  • Vigile de l’Assomption

    Le dernier jour de la neuvaine pour la guérison de Vincent Lambert nous rappelle que c’est aujourd’hui que saint Maximilien Kolbe est mort, empoisonné par une piqûre alors qu’il était l’un des quatre derniers condamnés à ne pas être encore morts de soif.

    La fête de saint Maximilien Kolbe a été logiquement fixée à ce jour. Mais le Père Kolbe n’aurait certainement pas apprécié qu’on le fête en ce jour, qui était celui de la grande Vigile de l’Assomption, la plus importante vigile de la plus importante fête mariale. Lui qui voulait tellement s’effacer devant l’Immaculée qu’il est mort ce jour, pour aller célébrer la fête de demain en compagnie de celle dont il a scruté le mystère toute sa vie.

    Pie XII avait supprimé la plus grande partie des vigiles. Jean XXIII a achevé le massacre. Mais il a gardé la vigile de l’Assomption, unique vigile mariale. Celle dont le code de droit canonique de 1917 soulignait qu’elle devait être marquée par le jeûne et l’abstinence. Comme toute vigile, mais celle-ci spécialement.

    Dom Pius Parsch, dont on fait un peu trop vite un prophète de la « réforme liturgique », écrivait ceci :

    Préparons-nous à la grande fête d’été, vraie fête de la moisson. Dans l’esprit de l’Église, la vigile est un jour de pénitence, un jour de préparation sérieuse à la solennité qu’elle précède et dont elle est pour ainsi dire l’aspect austère. Si nous voulons monter au ciel demain avec Marie, commençons dès aujourd’hui à rompre les liens qui nous retiennent à la terre. Si nous voulons, demain, avec Marie, faire de notre corps et de notre âme un temple digne du Fils de Dieu (virginalem aulam. Or.), dès aujourd’hui purifions la demeure de notre âme des souillures du péché. Si nous voulons nous aussi, demain, « choisir la meilleure part, l’unique nécessaire », abandonnons aujourd’hui tous nos soucis terrestres. Préparons-nous soigneusement à la grande fête de la Sainte Vierge !

    C’est pourquoi le calendrier traditionnel ne peut pas recevoir le 14 août la fête de saint Maximilien Kolbe – lui pour qui cette vigile était si importante, et c’est une des difficultés de la pourtant nécessaire introduction dans le calendrier traditionnel de quelques nouveaux saints.

  • Sainte Radegonde

    L’église Sainte-Radegonde de Poitiers :

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    Le tombeau de sainte Radegonde, dans la crypte de la même église :

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    Chapelle-Sainte-Radegonde-JEP-2012-Icone-de-Sainte-Radegonde-9-.JPGLe miracle des avoines : un jour que les envoyés du roi étaient une fois de plus à sa poursuite, Radegonde traversa un champ où des paysans étaient en train de semer de l’avoine. L’avoine poussa tout à coup, ce qui permit à Radegonde de s’enfuir. Et les paysans purent dire sans mentir aux envoyés du roi qu’ils n’avaient vu personne depuis que l’avoine avait poussé…

    (Icône de Myriam Godolle, 2012) 

    La vie de sainte Radegonde.