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Liturgie - Page 360

  • Sainte Claire

    Passage central de la troisième lettre de sainte Claire d’Assise à sainte Agnès de Bohème (fille puis sœur du roi de Bohème, devenue “clarisse” après avoir refusé tous les mariages, y compris avec l’empereur) :

    Réjouis-toi donc toujours dans le Seigneur, toi aussi, sœur bien-aimée, et ne permets à aucune amertume, à aucun nuage, de venir assombrir ta joie, toi qui es ma Dame bien-aimée dans le Christ, toi la joie des anges et la couronne de tes sœurs.

    Place ton esprit devant le miroir de l'éternité, laisse ton âme baigner dans la splendeur de la Gloire, unis-toi de cœur à Celui qui est l'incarnation de l'essence divine, et, grâce à cette contemplation, transforme-toi tout entière à l'image de sa divinité. Tu arriveras ainsi à ressentir ce que seuls perçoivent ses amis ; tu goûteras la douceur cachée que Dieu lui-même a, dès le commencement, réservée à ceux qui l'aiment.

    Sans accorder même un seul regard à toutes les séductions trompeuses par lesquelles le monde enchaîne les pauvres aveugles qui s'attachent à lui, aime donc plutôt de tout ton être Celui qui, par amour pour toi, s'est aussi donné tout entier, lui dont le soleil et la lune admirent la beauté, lui qui prodigue des récompenses dont l'ampleur et la valeur sont sans bornes. Je veux parler du Fils du Très-Haut, que la Vierge enfante sans cesser d'être vierge. Attache-toi à cette très douce Mère qui a mis au monde cet enfant que les cieux ne pouvaient contenir ; elle, pourtant, l'a contenu dans le petit cloître de son ventre et l'a porté dans son sein virginal.

    Qui ne se détournerait avec horreur de l'ennemi du genre humain et de ses ruses ; il fait miroiter à nos yeux le prestige de gloires éphémères et trompeuses, et s'efforce par là de réduire à néant ce qui est plus grand que le ciel. Car l'âme d'un fidèle, qui est la plus digne de toutes les créatures, est évidemment rendue par la grâce de Dieu plus grande que le ciel : ce créateur, que les cieux immenses et toutes les autres créatures ne peuvent contenir, l'âme fidèle à elle seule devient son séjour et sa demeure ; il suffit pour cela de posséder ce que refusent les impies : la charité. Celui qui est la vérité même en témoigne : "Celui qui m'aime, mon Père l'aimera ; moi aussi je l'aimerai, et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure ".

    De même donc que la glorieuse Vierge des vierges l'a porté matériellement, de même toi tu pourras toujours le porter spirituellement dans ton corps chaste et virginal si tu suis ses traces, et particulièrement son humilité et sa pauvreté ; tu pourras contenir en toi Celui qui te contient, toi et tout l'univers ; tu le posséderas de façon bien plus réelle et plus concrète que tu ne pourrais posséder les biens périssables de ce monde. Beaucoup de rois et de reines de ce monde, dont l'orgueil voudrait s'élever jusqu'au ciel, jusqu'à toucher de la tête le firmament, se laissent au contraire abuser et séduire ; et pourtant ... ils finiront bien par être réduits en pourriture !

  • Le 15 août à Londres

    La Latin Mass Society fait célébrer la messe de l’Assomption le 15 août à 10h30 à la cathédrale Saint-Georges de Southwark.

    On peut se demander comment il est possible que l’archevêque de Southwark (Londres sud) permette une grand-messe de saint Pie V dans sa cathédrale le 15 août.

    La réponse est que, dans la forme très ordinaire, à Londres, l’Assomption est célébrée… le 16 : elle est solennisée le dimanche.

    Ce qui n’empêche pas assurément de saluer la bienveillance de l’archevêque, Mgr Peter Smith.

    Ensuite on évitera de rester traîner dans la cathédrale, car à 12h30 il y aura une « messe nationale (sic) d’action de grâces pour la béatification du bienheureux Oscar Romero », célébrée par le cardinal Cormac Murphy-O’Connor, ancien archevêque de Westminster et primat d’Angleterre (alors grand adversaire de la liturgie traditionnelle).

  • Saint Tiburce

    Tiburce était le fils du préfet de Rome Chromatius. Il était devenu chrétien après avoir entendu saint Sébastien, en pleine persécution de Dioclétien, vers 303. Au juge qui lui demandait de sacrifier aux dieux il répondit :

    « Je ne sacrifie qu’à un seul Dieu, le Créateur du monde qui règne sur la terre et dans les cieux, et mon plus grand désir est d’être immolé et sacrifié moi-même pour cette confession. »

    Alors le juge ordonna de couvrir le dallage de charbons ardents, et lui dit : « Tiburce, il faudra, ou que tu sacrifies sans délai aux dieux de l’empire, ou que tu marches nu-pieds sur ces charbons. »

    Tiburce fit un signe de croix, et il marcha sur le brasier sans ressentir de brûlure : « Apprends par là, dit-il au juge, que le Dieu des chrétiens est le seul Dieu. Tes charbons me semblent être des fleurs. »

    C’est pourquoi sans doute sa fête a été placée au début de ce qui était autrefois l’octave de saint Laurent. Car le martyr du gril avait dit à son bourreau : « Apprends, malheureux, quelle est la puissance de mon Dieu ; car tes charbons me sont un rafraîchissement ; mais ils seront pour toi l’éternel supplice. »

    Puis on conduisit Tiburce en dehors de la ville et on le décapita.

    Les chrétiens ensevelirent son corps dans le cimetière « aux deux lauriers », et saint Damase, né peu après les faits, orna son tombeau d’une de ses célèbres inscriptions.

    Grégoire IV (828-844) transféra son corps en la basilique Saint-Pierre, et un Ordo Romanus dit que le pape, avant de commencer les vigiles solennelles, allait encenser l’autel de saint Tiburce.

    Sa messe (qu’on peut célébrer même si ce n’est plus qu’une commémoraison) est une messe du commun de plusieurs martyrs, car on lui a ajouté par la suite sainte Suzanne, qui fut décapitée chez elle sur ordre de Dioclétien. En dehors des oraisons, qui sont celles de la messe originelle de saint Tiburce, avec ajout du nom de Suzanne, l’épître également est propre : c’est la même que celle de la fête de saint Sébastien, le père spirituel (le parrain ?) de Tiburce.

  • Saint Laurent

    L’office de la fête de saint Laurent, comme d’autres offices anciens (je pense notamment à sainte Agnès), utilise dans les antiennes et les répons des phrases tirées du récit de sa passion, sans s’occuper de savoir si elles sont compréhensibles hors contexte. Les Romains de ces temps-là connaissaient le texte de Prudence, comme celui de la passion de sainte Agnès. Puis on connut la Légende dorée, avant que la chrétienté sombre dans la nuit de l’ignorance… Dom Pius Parsch a repris ces antiennes et répons, et les a insérés dans un excellent résumé de la passion de saint Laurent.

    Laurent était disciple de Sixte II, qui, gagné par ses éminentes qualités et surtout par son innocence, en fit son premier diacre. Laurent avait ainsi le privilège d’être le premier assistant du pape à l’autel, et était, même, chargé de l’administration des biens de l’Église et du soin des pauvres.

    Durant la persécution de l’empereur Valérien (253-260), Sixte II fut mis à mort avec quatre de ses diacres. Or, Laurent désirait ardemment être immolé avec le père de son âme : « Père, lui disait-il, où vas-tu sans ton fils ? Où vas-tu, prêtre, sans ton diacre ? Tu avais coutume de ne jamais offrir le sacrifice sans ton ministre ! En quoi t’ai-je déplu ? M’as-tu jamais trouvé inférieur à ma tâche ? Mets-moi de nouveau à l’épreuve et vois si je suis indigne de mes fonctions à l’église. Jusqu’à ce jour, c’est à moi que tu avais confié le soin de distribuer le sang du Seigneur ». Sixte lui répondit : « Je ne t’abandonne pas, mon fils. Un plus grand combat pour la foi t’est réservé. Je suis un faible vieillard, c’est pourquoi le Seigneur m’épargne ; mats toi, qui es jeune, un plus grand triomphe t’est destiné. Cesse de pleurer ; en trois jours tu me suivras ». L’ayant ainsi consolé, le Pontife ordonna à son diacre de distribuer les biens de l’Église aux pauvres.

    Tandis que Laurent s’acquittait de cette tâche chez un certain Narisce, un aveugle appelé Crescence vint le supplier de lui imposer les mains pour le guérir. Laurent fit sur lui le signe de la croix et lui rendit la vue. En prison, il accomplira encore d’autres miracles.

    On avait compris, par son entretien avec Sixte II, qu’il était administrateur des biens de l’Église. Il fut arrêté et confié à un gardien du nom d’Hippolyte. Lucilus et plusieurs autres aveugle furent guéris par lui ; Hippolyte se convertit et reçu lui-même le martyre. Sollicité par le préfet de Rome de livrer les trésors qui lui étaient confiés, Laurent demanda un délai de deux jours afin de pouvoir lui donner satisfaction. Il employa ce temps rassembler les pauvres et les malades dans la maison d’Hippolyte, puis il les présenta au préfet : « Voilà, dit-il, les trésors de l’Église ! » Le saint fut alors livré à la torture.

    Tandis, qu’on le déchirait de coups, qu’on lui brûlait la peau avec des lames de fer rougies au feu : « Seigneur Jésus, suppliait-il, ayez pitié de votre serviteur », et il demandait à Dieu d’éclairer ceux qui l’entouraient. C’est alors qu’un soldat, Romanus, se convertit, en déclarant : « Je vois devant toi un jeune homme d’une éclatante beauté. Hâte-toi de me baptiser ». Ce jeune homme était un ange qui essuyait les blessures du martyr avec un linge. De retour dans la maison d’Hippolyte, Laurent y baptisa Romanus qui fut pour cela exécuté.

    Vers la fin du jour, il comparut de nouveau devant le juge qui lui annonça que, cette nuit même, on allait achever son supplice : « J’honore mon Dieu et ne sers que lui seul ; c’est pourquoi je ne redoute pas vos tourments. Cette nuit sera pour moi un jour radieux et une clarté sans obscurité ». Telle fut sa réponse. Étendu sur un gril ardent, il raillait ses bourreaux : « Tu peux me tourner maintenant, dit-il au tyran ; mon corps est assez rôti de ce côté ». Il reprit bientôt après : « Me voici enfin suffisamment cuit ; tu peux manger ». On l’entendit encore rendre grâces à Dieu : « Je te remercie, Seigneur, de m’avoir, admis à ta porte ». Et Dieu l’encouragea ainsi dans ses tourments : « Mon serviteur, sois sans crainte : je suis avec toi ».

    Saint Laurent acheva son martyre sur le mont Viminal et fut enseveli auprès de la voie de Tibur.

    *

    Extrait de l'Année liturgique de dom Guéranger:

    La comparaison de la dureté du supplice du saint diacre sur ses charbons et de la tendresse de cœur qui, trois jours auparavant, lui faisait verser des larmes en quittant Sixte II, avait vivement frappé nos pères. Aussi donnèrent-ils le gracieux nom de larmes de saint Laurent à la pluie périodique d’étoiles filantes qui caractérise, pour le peuple comme pour les savants, la nuit du 10 août. La piété populaire, qui aime à trouver dans les phénomènes de la nature l’occasion d’élever plus haut sa pensée, eut rarement d’inspiration plus touchante.

  • 11e dimanche après la Pentecôte

    La Vulgate, donc la liturgie romaine, dit que l’on amène à Jésus un homme « sourd et muet ». La traduction n’est pas tout à fait exacte. Certes, le mot grec mogilalos, ici, est à prendre en son sens le plus fort, comme dans son unique autre emploi biblique, chez Isaïe. Et le dernier verset évoque bien les muets, ou plus précisément a-lalous, ceux qui ne parlent pas. Mais saint Marc utilise deux mots différents, et il eût été bon de les distinguer aussi en latin. A cause des références et des résonances.

    Mogilalos renvoie donc à Isaïe (35, 5-6), dans le texte de la Septante, qui est très explicitement une prophétie christique : « Consolez-vous l'un l'autre, cœurs défaillants ; prenez courage, n'ayez pas peur ; voici notre Dieu, il vous rend et il vous rendra justice ; il viendra lui-même, et il nous sauvera. Alors s'ouvriront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds ouïront. Alors le boiteux sautera comme un cerf, la langue des “mogilalon” sera facile, parce que l'onde aura jailli dans le désert, et un torrent sur une terre altérée. »

    Marc et Isaïe parlent de vrais sourds, or les vrais sourds ne peuvent pas parler naturellement, ils peuvent seulement grogner, donc ils sont muets : des sourds-muets.

    Mais le sens littéral de « mogilalos » est : qui a de la peine à parler, qui parle avec peine. Et cela nous renvoie de façon quasi évidente à Moïse. Ce n’est pas ce mot-là qui est utilisé dans l’Exode, mais le sens est bien là. Quand Dieu envoie Moïse parler au pharaon, celui-ci répond littéralement : « Je suis faible de la voix et lourd de la langue. » Et Dieu lui répond : « Qui a donné une bouche à l’homme ? Qui l’a fait muet et sourd, voyant et aveugle ? N’est-ce pas moi ? Va donc, et je t’ouvrirai la bouche. »

    C’est Dieu qui peut ouvrir les yeux de l’aveugle, les oreilles du sourd, la bouche du muet. Donc Jésus est Dieu. Et Marc attire notre attention sur le mot « ouvrir », mis en araméen. Pour signifier que cette ouverture miraculeuse des sens est une ouverture, par Dieu, de l’âme à la grâce, au monde surnaturel.

    C’est la signification obvie de ce miracle réalisé sous forme sacramentelle et dont les gestes et le mot essentiel passeront dans le sacrement de baptême.

    Rappel

    Les doctes exégètes soulignent que le parcours de Jésus, tel que Marc le narre dans le premier verset, est aberrant, puisque partant de Tyr il se rend à Sidon, à 30 km au nord, alors qu’il va au sud. Les pieux exégètes disent qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre et que Marc a mis en vrac les mots Tyr, Sidon et Décapole pour indiquer que Jésus était toujours en terre païenne. Or les Libanais savent depuis toujours pourquoi Jésus devait passer par Sidon pour retourner en Palestine.

  • Communitas Missae Latinae Taiwanensis

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    Le 19 juillet dernier a été formellement constituée la « Communitas Missae Latinae Taiwanensis » : communauté de la messe latine de Taiwan (la « Latin mass society » locale, en quelque sorte), par une messe selon la forme extraordinaire au sanctuaire marial Notre-Dame du Carmel de Hsinchu, tenu par les carmes déchaussés. En présence de l’évêque émérite du diocèse Mgr James Tan-kuei Liu. Les chants étaient assurés par le département de musique de l’université catholique Fujen et la communauté de liturgie tridentine de Hong Kong.

    En réalité c’était la première messe « publique » selon la forme extraordinaire organisée par la CMLT. Le groupe existait déjà à l’université catholique Fujen. Le samedi 28 mars, il avait réussi à obtenir une messe des Rameaux… selon la forme ordinaire, en latin, ad orientem. Le 20 juin il faisait célébrer sa première messe chantée selon la forme extraordinaire, celle du 4e dimanche après la Pentecôte. Désormais la messe sera célébrée chaque 3e samedi du mois. Reste à la CMLT de persuader les autorités de l’université… catholique que la messe du dimanche se célèbre le dimanche… (A moins qu’il n’y ait plus aucun étudiant à l’université le dimanche ?)

    Mais le 19 juillet était bien un dimanche, et je vois qu’il y aura une messe (basse) le dimanche 23 août en l’église Saint-Antoine de Taipei...

    En tout cas bravo à ce petit groupe pour sa ténacité…

  • Saint Jean-Marie Vianney

    Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie. « On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa présence. C’est la meilleure prière, celle-là. » Et il les exhortait : « Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui. » « C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ! » Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la Messe. Ceux qui y assistaient disaient « qu’il n’était pas possible de voir un visage qui exprime à ce point l’adoration… Il contemplait l’Hostie avec tant d’amour. » « Toutes les bonnes œuvres réunies – disait-il – n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. » Il était convaincu que toute la ferveur de la vie d’un prêtre dépendait de la Messe : « La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe ! Hélas ! Mon Dieu ! qu’un prêtre est à plaindre quand il fait cela comme une chose ordinaire ! » Et il avait pris l’habitude, quand il célébrait, d’offrir toujours le sacrifice de sa propre vie : « Oh ! qu’un prêtre fait bien de s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins. »

    Cette identification personnelle au sacrifice de la Croix le conduisait – d’un seul mouvement intérieur – de l’autel au confessionnal. Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du Saint Curé, en France, la confession n’était pas plus facile ni plus fréquente que de nos jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s’est efforcé, de toutes les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la Présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux. Par ses longues permanences à l’église, devant le tabernacle, il fit en sorte que les fidèles commencent à l’imiter, s’y rendant pour rendre visite à Jésus, et qu’ils soient en même temps sûrs d’y trouver leur curé, disponible pour l’écoute et le pardon. Par la suite, la foule croissante des pénitents qui venaient de la France entière, le retint au confessionnal jusqu’à 16 heures par jour. On disait alors qu’Ars était devenu « le grand hôpital des âmes ». « La grâce qu’il obtenait [pour la conversion des pécheurs] était si puissante qu’elle allait à leur recherche sans leur laisser un moment de répit » dit le premier biographe. C’est bien ce que pensait le Saint Curé quand il disait : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. » « Ce bon sauveur est si rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! »

    (…) Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui l’encouragement à se plonger dans « le torrent de la divine miséricorde » qui emporte tout dans son élan. Et si quelqu’un s’affligeait de sa faiblesse et de son inconstance, craignant les rechutes à venir, le Curé lui révélait le secret de Dieu par une expression d’une touchante beauté : « Le bon Dieu sait toutes choses. D’avance, il sait qu’après vous être confessé, vous pécherez de nouveau et cependant il vous pardonne. Quel amour que celui de notre Dieu qui va jusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous pardonner ! » A celui qui, à l’inverse, s’accusait avec tiédeur et de manière presque indifférente, il offrait, par ses larmes, la preuve de la souffrance et de la gravité que causait cette attitude « abominable » : « Je pleure de ce que vous ne pleurez pas », disait-il. « Encore, si le bon Dieu n’était si bon, mais il est si bon. Faut-il que l’homme soit barbare pour un si bon Père. » Il faisait naître le repentir dans le cœur des tièdes, en les obligeant à voir, de leurs propres yeux et presque « incarnée » sur le visage du prêtre qui les confessait, la souffrance de Dieu devant les péchés. Par contre, si quelqu’un se présentait avec un désir déjà éveillé d’une vie spirituelle plus profonde et qu’il en était capable, il l’introduisait dans les profondeurs de l’amour, exposant l’indicible beauté que représente le fait de pouvoir vivre unis à Dieu et en sa présence : « Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu… Oh ! que c’est beau ! » A ceux-là, il enseignait à prier : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je vous aime. »

    Benoît XVI, Lettre aux prêtres pour l’indiction d’une année sacerdotale à l’occasion du 150e anniversaire du dies natalis du saint Curé d’Ars, 16 juin 2009.

  • Saint Donat

    La fête de saint Donat a été supplantée par celle de saint Gaétan de Thienne. Elle n’est plus qu’une commémoraison.

    Saint Donat fut le deuxième évêque d’Arezzo. Il fut martyrisé sous Julien l’Apostat (qui avait été, dit-on, son condisciple), le 7 août 362. Les historiens modernes soulignent que les plus anciens documents lui donnent le titre de confesseur, et non de martyr. Mais son successeur Gélase fit construire un oratoire sur sa tombe (où sera ensuite construite la cathédrale d’Arezzo), or à cette époque seuls les martyrs étaient ainsi honorés.

    Peut-être l’a-t-on qualifié de confesseur pour tenter de le distinguer de « saint Donat martyr », patron de nombreuses paroisses italiennes. Car il y a eu un (au moins un) autre saint Donat avant lui, et les deux sont néanmoins mélangés, comme on le voit par exemple dans plusieurs notices wikipedia, qui nous disent que le corps de l’évêque d’Arezzo se trouve à Castiglione Messer Raimundo et qu’il y est porté en procession tous les cinq ans. Mais la vidéo de la procession de 2011 montre clairement, bien qu’elle ait lieu le 7 août, qu’il ne s’agit pas de saint Donat d’Arezzo : ce martyr est un jeune Romain, et non un évêque (et le site de la commune dit bien qu’il s’agit du corps d’un martyr de la catacombe de la Via Tiburtina). C’est aussi ce que l’on voit sur certaines images pieuses qui représentent l’évêque comme un jeune soldat romain...

    D’autre part les historiens modernes qualifient de légende le plus fameux miracle de saint Donat : un jour qu’il célébrait la messe, les païens firent irruption, et, dans la bagarre, le calice de verre tomba et se brisa en de nombreux morceaux. Saint Donat ramassa les morceaux et le calice se reforma aussitôt. Toutefois il manquait un morceau au fond. Or saint Donat fit communier les fidèles sans qu’une goutte du vin consacré ne tombe. Devant ce spectacle, 79 païens se convertirent. Ce fut le motif de la condamnation du saint.

    Les historiens actuels jugent qu’il s’agit d’une légende parce que le récit le plus connu est celui de la « Légende dorée ». Mais il y a beaucoup de choses vraies dans la Légende dorée (le nom étant à prendre dans son sens originel : ce qui doit être lu). Et surtout saint Grégoire le Grand, dans ses Dialogues, six siècles plus tôt, fait allusion à ce miracle comme à quelque chose que tout le monde connaît.

    Ci-dessous l’impressionnant maître autel de la cathédrale d’Arezzo, ou « arche de saint Donat », qui renferme le tombeau du saint.

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  • La Transfiguration

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    La Transfiguration est un événement de prière. Ce qui devient visible, c'est ce qui se passe quand Jésus parle avec le Père, l'intime unité de son être avec Dieu, qui devient pure lumière. Dans son union avec le Père, Jésus est lui-même lumière de lumière. Ce qu'il est au plus intime de lui-même et ce que Pierre avait tenté de dire dans sa confession de foi, tout cela devient même, à cet instant, perceptible par les sens : l'être de Jésus dans la lumière de Dieu, son propre être-lumière en tant que Fils.

    C’est ici que se manifestent tout à la fois le rapport et la différence avec la figure de Moïse : « Lorsque Moïse descendit de la montagne du Sinaï, ayant en mains les deux tables de la charte de l’Alliance, il ne savait pas que son visage rayonnait de lumière depuis son entretien avec le Seigneur » (Ex 34, 29). Du fait qu’il parle avec Dieu, la lumière de Dieu rayonne sur lui et le fait rayonner lui-même. Mais il s’agit d’un rayon qui arrive sur lui de l’extérieur, et qui le fait resplendir ensuite. Jésus, lui, resplendit de l’intérieur, il ne fait pas que recevoir la lumière, il est lui-même lumière de lumière.

    Et pourtant le vêtement blanc de lumière que porte Jésus lors de la Transfiguration parle aussi de notre avenir. Dans la littérature apocalyptique, les vêtements blancs sont l'expression des êtres célestes — les vêtements des anges et des élus. Ainsi l'Apocalypse de Jean parle des vêtements blancs que porteront ceux qui seront sauvés (cf. en particulier Ap 7, 9.13 ; 19, 14). Mais nous est aussi communiqué quelque chose de nouveau : les vêtements des élus sont blancs parce qu'ils les ont lavés et blanchis dans le sang de l'agneau (cf. Ap 7, 14), ce qui signifie que, par le Baptême, ils sont liés à la Passion de Jésus, et que sa Passion est la purification qui nous rend le vêtement d'origine que nous avons perdu par le péché (cf. Le 15, 22). Par le Baptême, nous avons été revêtus de lumière avec Jésus et nous sommes devenus nous-mêmes lumière.

    C'est alors qu'apparaissent Moïse et Élie qui parlent avec Jésus. Ce que le Ressuscité déclarera plus tard aux disciples sur la route d'Emmaüs est ici de l'ordre du phénomène visible. La Loi et les Prophètes parlent avec Jésus, parlent de Jésus. Luc est le seul à raconter - au moins sous forme de brève allusion - de quoi parlent les deux grands témoins de Dieu avec Jésus : « Apparus dans la gloire : ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem » (Lc 9, 31). Le sujet de leur dialogue est la croix, mais il faut la comprendre dans toute son extension en tant qu'« exode de Jésus », qui devait avoir lieu à Jérusalem. La croix de Jésus est un exode, une sortie hors de cette vie, une traversée de la « mer Rouge » de la Passion et un passage vers la gloire, qui porte néanmoins toujours les stigmates de la Passion.

    Ce qui indique clairement que le sujet principal de la Loi et des Prophètes est « l'espérance d'Israël », l'exode qui libère définitivement, et que le contenu de cette espérance est le Fils de l'homme souffrant, le serviteur de Dieu, dont la souffrance permet d'ouvrir la porte sur la liberté et la nouveauté. Moïse et Élie sont eux-mêmes des figures et des témoins de la Passion. Avec le Transfiguré, ils parlent de ce qu'ils ont dit sur terre, ils parlent de la Passion de Jésus, mais ce dialogue avec le Transfiguré fait apparaître que cette Passion apporte le salut, qu'elle est envahie par la gloire de Dieu, que la Passion devient lumière, liberté et joie.

    Benoît XVI, Jésus de Nazareth, I, pp. 338-339

    (Icône de Théophane le Grec, maître d'Andreï Roublev)

  • La messe de Tampa

    Depuis samedi dernier la Floride compte un nouveau lieu de culte pour la « forme extraordinaire », l’église de l’Epiphanie de Tampa, diocèse de St Petersburg.

    A vrai dire, cette messe ne correspond pas aux critères du motu proprio Summorum Pontificum, puisqu’elle a été demandée par… l’évêque, Mgr Robert N. Lynch, au curé, le P. Edwin Palka, lequel obéit avec enthousiasme et gratitude…

    Il y a donc désormais la messe de saint Pie V tous les jours en cette église, et deux fois le dimanche, dont la grand-messe à 10h 30 !

    J’engage ceux qui connaissent un peu l’anglais à visiter le site internet de la paroisse, d’une part pour voir que c’est un site de propagande musclée pour la messe traditionnelle, ce qui n’est pas si fréquent…, d’autre part pour voir que c’est fait avec un humour aussi franc que décapant…