Sous ce titre, Benedict Constable, sur le site 1P5, répond aux objections qui ont été faites à propos d’un article précédent, intitulé Les femmes peuvent-elles être lecteurs à la messe ? Dans cet article, l’auteur expliquait que les femmes ne doivent pas occuper une fonction de lecteur, et il le faisait à la façon de saint Thomas d’Aquin, par l’examen de 5 objections à cette affirmation, suivi de la réponse générale et de la réponse précise à chaque objection.
Plus intéressant, pour quiconque pense déjà qu’une femme n’a pas sa place dans le chœur (comme l'a montré la tradition unanime d'Orient et d'Occident), est la réponse à une nouvelle objection, sur l’argument fondamental de l’auteur. Car il s’agit de la symbolique religieuse, surnaturelle, des sexes. Le lecteur représente le Christ semeur qui sème sa semence sur l’assemblée des fidèles qui est la femme recevant la semence. Nier cette symbolique c’est nier les différences sexuelles et donc sombrer dans l’idéologie du genre.
Ce thème est proche de celui qu’abordait Peter Kwaniewski dans un excellent article du New Liturgical Movement, où il critiquait les nouvelles oraisons parlant des fils et des filles de Dieu pour respecter l’égalité de genre, alors que nous sommes tous, hommes et femmes, fils de Dieu dans le Fils, et épouses du Fils dans l’Eglise.
Voici une traduction du texte de Benedict Constable.
Dans l’article publié hier (Les femmes peuvent-elles être des lecteurs à la messe ?) j’ai commencé ma réponse par cet argument :
On doit dire que dans la Sainte Ecriture la Parole de Dieu est toujours comparée à une semence, et le prédicateur à celui qui plante la semence dans le sol. Celui qui entend la Parole est la mère dont la foi reçoit la semence – le sein dans lequel la semence est implantée, commence à croître, et avec de la patience porte du fruit. Pour cette raison, l’assemblée des fidèles est l’image de la Vierge Marie, tandis que le lecteur est l’image de Dieu le Père, implantant dans leur cœur la semence de la Parole, Jésus-Christ, comme il l’a fait par l’intermédiaire de l’archange Gabriel lors de l’Annonciation. Ainsi, qu’une femme proclame la Parole est contradictoire en soi : cela fait de la femme qui reçoit la semence l’homme qui distribue la semence. Si l’on nie cette dissonance symbolique, il faut aller plus loin et soutenir qu’être homme ou femme est métaphysiquement accessoire et sans importance, et qu’il n’y a pas de symbolisme religieux dans le fait d’être homme ou femme.
Cet argument a attiré un certain nombre d’objections (et de ricanements), comme les deux suivants par Facebook :
Alors, selon sa logique, les hommes ne devraient pas recevoir la Parole. Nous ne sommes pas supposés avoir la semence implantée en nous !
Et
Alors quand moi, un homme, je suis dans l’assemblée et que j’écoute le lecteur, je suis comme la mère dans le sein de laquelle la semence est plantée. Il me semble que selon cette logique je ne devrais pas écouter.
Un autre lecteur, plus modéré et réfléchi, définit la difficulté de cette façon :
Benedict parle du symbolisme religieux d’être homme et femme. Femme = mère de l’Eglise qui reçoit en son sein la semence (la Parole de Dieu) du donneur (homme/Dieu) et la fait grandir et donner du fruit. C’est assez simple à comprendre et il n’y a pas débat là-dessus. Il dit ensuite que c’est une contradiction en soi que des femmes soient lecteurs : l’assemblée représente le Vierge Marie, l’Eglise est du genre féminin, nous devons recevoir la Parole. Mais qu’en est-il des hommes dans l’assemblée ? En suivant cette argumentation, est-ce que tous les hommes assis sur les bancs parmi les femmes ne sont pas eux aussi dans une contradiction ?
Ce sont là, ou ce peut être là, de bonnes questions à poser. Dans son merveilleux livre Jésus vivant en Marie, le Rédempteur dans le sein maternel, le P. John Saward consacre le sixième chapitre au thème : « Le Christ dans le sein du cœur ». Là il cite de nombreux Pères et mystiques de l’Eglise qui comparent la Parole de Dieu à une semence implantée dans le sein, d’abord de la Vierge Marie, puis de tout croyant chrétien qui imite sa foi, comme le disent ces lignes de saint Augustin :
Marie est donc bienheureuse parce qu’elle a entendu la Parole de Dieu et l’a gardée. Elle a gardé la vérité dans son esprit plus longtemps que la chair dans son sein. Christ-vérité, Christ-chair : le Christ-vérité dans l’esprit de Marie, le Christ-chair dans le sein de Marie… La Mère l’a porté dans son sein, portons-le dans notre cœur. La Vierge était enceinte par l’Incarnation ; que notre cœur soit enceint de la foi au Christ. La Vierge a donné naissance au Sauveur ; que nos âmes donnent naissance au salut, donnons naissance à la louange. Ne soyons pas stériles. Que nos âmes soient fécondes pour Dieu.(Sermo de Verbis Evang. Matt. 12; Sermo 180.)
Le P. Saward continue d’expliquer avec ces propres mots cet enseignement classique de la foi :
L’Eglise dans son ensemble et le chrétien individuel partagent la maternité divine de Marie, le fait qu’elle porte la Parole divine… Dans et par l’Eglise le croyant est une « mère » pour le Christ. L’individu chrétien est appelé à devenir ce qu’est l’Eglise en son ensemble, Epouse et Mère du Christ, une véritable « âme ecclésiastique »… Marie est le modèle de toute âme qui forme et donne naissance au Verbe éternel dans son cœur… La tradition selon laquelle on porte en soi mystiquement le Christ met en lumière le statut privilégié de la féminité comme une image de l’attitude propre de la créature envers Dieu. L’âme est toujours analogiquement féminine – nuptiale envers l’Epoux, maternelle envers l’Enfant. Pour citer de nouveau le Saint-Père [Jean-Paul II], « être l’épouse, donc l’élément “féminin”, devient le symbole de tout ce qui est humain. » La grossesse en particulier est dense de leçons spirituelles ; attendre un enfant est le modèle d’attendre le Christ, dans la foi, l’espérance, l’amour, dans le service humble et la plus profonde prière.
Pour répondre, maintenant, aux objections : comme de nombreux saints et théologiens l’ont souligné, tous les chrétiens sont, devant Dieu, symboliquement dans le rôle de l’épouse et de la mère. Les créatures sont fondamentalement réceptrices ; et l’Eglise est une épouse, dont nous sommes tous membres. Certes, on ne va pas écraser ce symbolisme sur le visage des hommes de telle façon qu’ils en soient mal à l’aise. En ce qui concerne les hommes, nous devons utiliser le langage du combat des soldats, des charpentiers et des gardes, etc. Toutefois, notre identité fondamentale en tant que chrétien, c’est de recevoir la grâce et de devenir fécond par elle. Voilà pourquoi la bienheureuse Vierge Marie n’est pas seulement un modèle pour les femmes, mais pour tous les chrétiens en tant que tels.
Dans la liturgie, il est clair que le sanctuaire et les ministres autour de l’autel représentent le Christ, tandis que la nef et les fidèles en prière représentent l’Eglise en laquelle il agit et qui, en écoutant dans la foi et en agissant par la Parole reçue, lui rend des fruits spirituels. Lorsque la Parole est proclamée par ceux qui représentent le Christ, les hommes assis dans l’assemblée ne sont pas moins récepteurs que les femmes. Ce rôle d’auditeur ne requiert pas que nous soyons des femmes, puisque tout être rationnel peut écouter et adhérer au Christ dans la foi et l’amour. Le ministère dans le sanctuaire, d’autre part, est spécifiquement lié au Christ le Grand Prêtre, qui, dans sa réalité ontologique comme Verbe incarné, est un homme et non une femme. (Ceci est évidemment congruent avec la question : pourquoi seuls les hommes peuvent être prêtres, alors qu’il n’y a aucune restriction en ce qui concerne ceux qui peuvent recevoir les autres sacrements.)
En bref, l’argumentation est fondée sur le fait de tenir que toutes les images ne sont pas interchangeables : certaines comparaisons ne fonctionnent pas exactement de la même façon dans les deux sens. Le Christ est un homme, un prêtre, un époux ; ce n’est pas une simple métaphore, mais un fait des ordres naturel et surnaturel. Le chrétien est comme une femme, une mère, une épouse ; c’est une métaphore d’une certaine identité et vocation spirituelle fondamentale. La liturgie doit prendre en compte à la fois les faits et les métaphores, dans une synthèse cohérente – et c’est précisément ce que les catholiques ont eu dans leur tradition théologique et liturgique jusqu’à la confusion des quelques dernières décennies.
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(N.B. – Je me permets d’ajouter comme illustration liturgique l’antienne de communion de la messe des fêtes de la Sainte Vierge : « Beata viscera Mariæ Virginis, quæ portaverunt æterni Patris Filium. » Heureuses les entrailles de la Vierge Marie, qui ont porté le Fils du Père éternel. A quoi répond, dans le cœur de celui qui vient de communier, homme ou femme, ce que disait Jésus, peu avant, dans l’évangile : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la gardent. » Autrement dit, le communiant chante ceci : Heureux mon cœur qui a reçu le Verbe, heureuses mes entrailles qui portent très réellement le Fils du Père éternel.)
Commentaires
Cette idéologie dérisoire du genre est une obsession pour une certaine catégorie de réformateurs ou de...destructeurs. Le mot "filii" devient "enfants". Le célébrant s 'adresse non plus aux "fratres" , mais" aux frères et soeurs", ou mieux aux "soeurs et frères".
...........cela fait de la femme qui reçoit la semence l’homme qui distribue la semence...........
"Equi-valence" débouchant sur la substitution. C'est ainsi que dans le protestantisme, la femme est tellement l'égal de l'homme qu'elle devient l'homme.
Cette amie calviniste avait donc raison de dire que le protestantisme détruit la femme en en faisant un homme.
De toute façon c'est un peu la même chose tout ça, non? (ici il faudrait le son)
.....La misa será protestante sin serla y los protestantes serán católicos sin serlo............comme l'a posté Jérôme :http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2015/08/18/la-plus-grande-statue-de-marie-5671901.html