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Liturgie - Page 297

  • Vendredi de la troisième semaine de carême

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    Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. La femme répondit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et maintenant celui que tu as n’est pas ton mari ; en cela, tu dis vrai.

    Sous l’emblème des cinq premiers maris, les cinq sens du corps sont désignés comme les époux de l’âme. Car à sa naissance, et avant d’avoir l’usage de son esprit et de sa raison, chaque homme n’a pour le régir que ses sens corporels. Ce qui tombe sous le sens de l’ouïe, de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher, voilà chez le petit enfant tout l’objet de ses répugnances ou de ses désirs. Ce qui flatte ses sens, il le recherche, il repousse ce qui les blesse; car ce qui les flatte est plaisir, ce qui les blesse est douleur. C’est donc sous l’influence de ces cinq sens comme d’autant de maris que l’âme vit d’abord, parce que c’est par eux qu’elle est régie.

    Pourquoi leur donne-t-on le nom de maris ? Parce qu’ils sont légitimes. C’est Dieu qui les a formés, c’est Dieu qui les a donnés à l’âme. Elle est infirme tant qu’elle demeure sous la loi des sens et qu’elle agit sous l’autorité de ces cinq maris ; mais aussitôt que le temps est venu de délivrer la raison de leur influence, si l’âme se laisse diriger par une règle de conduite supérieure, et par les leçons de la sagesse, alors succèdent à l’empire et à l’influence des sens l’empire et l’influence d’un seul véritable et légitime mari, meilleur que les autres; et ce mari la gouverne mieux, la dirige, la cultive, la prépare dans le sens de l’éternité. Loin de nous imprimer une direction qui aboutisse à l’éternité, les sens ne nous portent que vers les choses du temps, soit pour nous les faire désirer, soit pour nous en inspirer le dégoût. Mais dès que l’entendement pénétré par la sagesse a pris le gouvernement de l’âme, il ne lui apprend plus uniquement à éviter les fossés et à suivre le chemin droit que les yeux indiquent à son âme débile, ou à écouter avec plaisir les sons mélodieux et à fermer les oreilles aux sons discordants, à se complaire aux odeurs agréables et à repousser les odeurs nauséabondes, à aimer le miel et à détester le vinaigre, à toucher avec plaisir ce qui est poli et à éprouver une sensation désagréable au contact des aspérités. Toutes ces connaissances, l’âme infirme en avait besoin. Dans quel sens l’entendement y ajoute-t-il sa direction ? Il vient discerner, non plus le blanc du noir, mais le juste de l’injuste, le bien du mal, l’utile de l’inutile, la chasteté de l’impudicité, l’une pour l’aimer, l’autre pour la fuir; la charité de la haine, la première pour y demeurer, la seconde pour s’en garantir.

    Chez cette femme, les cinq premiers maris n’avaient pas encore cette sorte de successeur; car, où l’entendement ne succède pas aux sens, là règne l’erreur, elle domine en maître. En effet, dès qu’elle commence à devenir capable de raisonner, l’âme se laisse conduire par la sagesse ou par l’erreur. Or, l’erreur ne gouverne pas, elle conduit aux abîmes. Après avoir subi l’empire de ses sens, cette femme était donc encore en butte à l’erreur, et l’erreur la ballottait comme aurait fait un vent violent. Cette erreur n’était pas un mari légitime, mais un adultère; c’est pourquoi le Seigneur lui répond : « Tu as dit avec justesse : Je n’ai pas de mari, car tu as eu cinq maris ». Les cinq sens de ton corps ont été tes maîtres; tu es parvenue à l’âge de raison, mais non à la sagesse; tu es tombée dans l’erreur : aussi, « après ces cinq maris, celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ». Mais s’il n’était pas le mari, qu’était-il donc, sinon un adultère? « Appelle-le », non « l’adultère », mais « ton mari », afin de m’entendre selon l’Esprit, et non selon l’erreur qui te donnerait de moi de fausses idées. En effet, c’était de la part de cette femme une erreur de penser à l’eau du puits de Jacob, quand c’était du Saint-Esprit que lui parlait le Seigneur. Pourquoi se trompait-elle, sinon parce qu’elle vivait avec un adultère, au lieu de vivre avec son mari légitime? Débarrasse-toi donc de cet adultère qui te corrompt: « va, et appelle ton mari ». Appelle-le et reviens, et tu me comprendras.

    Saint Augustin

  • Jeudi de la troisième semaine de carême

    Dans l’évangile de ce jour, on voit d’abord Jésus faire un miracle, son deuxième miracle selon saint Luc. Il sort de la synagogue où il vient de guérir un possédé. Il entre chez saint Pierre, et guérit la belle-mère de l’apôtre, qui souffrait d’une forte fièvre. Un miracle atypique : Luc ne rapporte explicitement ni profession de foi, ni paroles, ni gestes. Il dit seulement que Jésus « debout au-dessus d’elle commanda à la fièvre et elle la laissa ». Peu après, le soir venu (après l’heure de clôture du sabbat), on voit Jésus opérer de nombreuses guérisons. Ici saint Luc précise que Jésus leur imposait les mains. Puis il s’en va dans un lieu désert, mais la foule le suit et tente de le retenir. Alors il leur dit qu’il doit annoncer la bonne nouvelle (evangelizare) du Royaume de Dieu dans d'autres villes que Capharnaum. « Car c’est pour cela que j’ai été envoyé. »

    Juste après les premiers miracles, Jésus parle, pour la première fois, de sa mission, qui est de prêcher le Royaume de Dieu. Le théologien protestant Philippe Menoud (par ailleurs très hétérodoxe), montre bien la connexion entre la parole et les miracles :

    Ce sont deux moyens de révélation qui s'appuient l'un l'autre pour ainsi dire ; la parole rappelle que la valeur du miracle n'est pas dans sa forme, mais dans son contenu, et ce contenu, c'est l'annonce de la Rédemption. D'autre part, le miracle rappelle que cette parole de salut n'est pas une simple parole vide et vaine, mais une parole-énergie, une parole-acte, la parole de Celui pour lequel dire et faire sont un.

    - Sur l’introït de la messe de ce jour (Salus populi), voir ici.

    - Sur la « bienheureuse solennité des saints Côme et Damien » en ce jour, voir ici.

  • Mercredi de la troisième semaine de carême

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    Audíte et intellígite traditiónes, quas Dóminus dedit nobis.

    Écoutez et comprenez les traditions que le Seigneur nous a données.

    L’antienne de Benedictus des laudes de ce jour est un étonnant raccourci de l’évangile de la messe.

    « Audíte et intellígite », c’est ce que dit le Seigneur aux « foules » en répondant aux scribes et aux pharisiens qui se disent choqués de voir les apôtres « transgresser la tradition des anciens » en ne se lavant pas les mains pour manger.

    Écoutez et comprenez quoi ? Que ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de la bouche. Ce propos (et son explication peu après) – et les propos de ce genre – ce sont donc « les traditions que le Seigneur nous a données ».

    Dans l’évangile il est seulement question de la « tradition des anciens », que les apôtres transgressent. Il n’est pas question des « traditions que le Seigneur nous a données ». La liturgie souligne ainsi que le Seigneur nous a bel et bien donné des traditions.

    Celles des scribes et des pharisiens étaient tout humaines : « votre tradition », dit deux fois Jésus, par laquelle « vous videz la parole de Dieu », composée de « préceptes humains » précise-t-il en citant Isaïe ; celles du Seigneur sont divines.

    Saint Paul dénoncera également la « tradition des hommes », avant de dire : « Que personne ne vous juge sur la nourriture ou la boisson » (Colossiens 2,16), et il dit aux Thessaloniciens (II, 2,15) : « Frères, tenez ferme et gardez les traditions dont vous avez été instruits par nous soit de vive voix soit par lettre. » Phrase importante qui montre que ces traditions transmises par saint Paul sont des éléments de la Tradition : éléments écrits et éléments oraux.

    Audíte et intellígite traditiónes, quas Dóminus dedit nobis…

  • Mardi de la troisième semaine de carême

    La « station » romaine de ce jour est en l’église Sainte-Pudentienne, érigée au lieu où se trouvait la maison du sénateur Pudens qu’évoque saint Paul (en même temps notamment que saint Lin) à la fin de sa deuxième épître à Timothée.

    Bienheureux cardinal Schuster :

    La domus Pudentiana [maison de sainte Pudentienne] ou le titulus sancti Pudentis [église de saint Pudens] fut l’un des plus anciens titres urbains, et rien jusqu’à présent ne dément l’antique tradition ecclésiastique qui veut qu’elle ait été sanctifiée par le séjour de Pierre dans la maison du sénateur Pudens. Les souvenirs du pape saint Pie Ier, de son frère Hermas l’auteur apocalyptique du Pastor, de Priscille, de Pudentienne, de Praxède, de Justin le Philosophe, d’Hippolyte le Docteur, se groupent tous sur le Viminal, et se rattachent à l’histoire de la maison de Pudens, en sorte qu’il semble qu’elle ait vraiment été au IIe siècle la résidence pontificale.

    La mosaïque de l’abside est de la fin du IVe siècle, mais sa partie basse a été détruite par la « restauration » de 1588.

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    L’antienne d’offertoire de la messe de ce jour est la même que celle du troisième dimanche après l’Epiphanie et que celle du Jeudi Saint. Mais on constate qu’elle convient particulièrement à la messe chantée dans cette église, devant cette représentation du Christ : « Dextera Domini » : la main droite du Seigneur montre sa puissance… D’autant que sa main gauche porte le livre où il est écrit : « Dominus conservator ecclesiae Pudentianae » : le Seigneur est le protecteur de l’assemblée qui se réunit dans l’église de Pudentienne.

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    Déxtera Dómini fecit virtútem, déxtera Dómini exaltávit me : non móriar, sed vivam, et narrábo ópera Dómini.

    La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, la droite du Seigneur m’a exalté Je ne mourrai point, mais je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur.

    Par les moines de Ligugé, 1958 :
    podcast

    Mais ce jour, chez les bénédictins:

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  • Le dominicain des cordeliers

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    A l’église Notre-Dame des Cordeliers de Laval, il y a la messe traditionnelle depuis 2007. Instituée par l’évêque d’alors, Mgr Maillard, juste avant qu’il devienne archevêque de Bourges. Son successeur Mgr Scherrer confia cet apostolat à l’Institut du Christ Roi. Depuis octobre 2014, il est passé aux dominicains de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier de Chémeré-le-Roi qui s’occupent déjà de l’abbaye de La Roë, avec la collaboration du Père Augustin Pic de Rennes. Le Père Pic est aujourd’hui le desservant principal de l’église des Cordeliers, et il a relancé la page Facebook de cette communauté, depuis le 15 janvier, quand Mgr Scherrer est venu célébrer une grand messe solennelle pontificale.

    On découvre que la messe est également célébrée plusieurs fois par semaine, et qu’il y a d’autres éléments de vie paroissiale : catéchisme, chapelets, chemin de croix, répétitions de la chorale…

    La page Facebook permet de découvrir (ou pour les paroissiens de retrouver) le sermon du Père Pic. Concis, profond, clair. Celui d’hier est en ligne. A partir du commandement de saint Paul « Soyez les imitateurs de Dieu », il souligne d’abord que cela se trouve déjà dans Platon, en relation avec l’image de Dieu et la ressemblance de Dieu, puis il montre que seul le christianisme (et d’abord le Christ) peut réaliser ce que demande l’apôtre : « L’essentiel de sa leçon est que tout homme est à l’image de Dieu, que cette image doit se refaire et s’achever dans une ressemblance parfaite à Dieu et que le moyen d’y parvenir est précisément l’imitation. » Avec cette précision : « L’imitation n’a rien à voir avec un mimétisme, purement extérieur, mais a tout d’une loi interne, qui est loi de restauration et de croissance, qui est loi d’amour... »

  • Saint Joseph

    Tu as droit au même honneur que les Anges, les Prophètes, les Martyrs, Bienheureux, et tu es devenu le compagnon des Apôtres en vérité; te magnifiant avec eux sans cesse, je vénère, saint Joseph, ta mémoire sacrée.a

    Issu de race royale, tu épousas la Reine immaculée qui devait enfanter ineffablement le Roi, Jésus, bienheureux Joseph, élu entre tous parmi les fils de la terre.

    Fortifié par la puissance de l'Esprit, Bienheureux, paré de vertus, dans un âge fort avancé tu as rejoint splendidement tes Pères, saint Joseph, sublime Père adoptif de la lumière issue de Dieu le Père.

    Ta mémoire, Bienheureux, invite les confins du monde à la joie, à la louange du Verbe qui t'a glorifié; toi qui te tiens auprès du Christ avec confiance supplie-le sans cesse, pour que nous soyons sauvés de toute épreuve, nous qui te célébrons.

    Tu fus le gardien de l'Immaculée qui sans faille gardait sa virginité et de laquelle s'incarna le Verbe Dieu, la laissant Vierge même après l'ineffable enfantement, avec elle, Joseph porteur-de-Dieu (théophore), souviens-toi de nous tous.

    Liturgie byzantine, 26 décembre, matines, ode 9.

  • 3e dimanche de carême

    L’antienne de communion de ce dimanche est délicieuse, tant par son texte (c’est tout ce psaume 83 qui est une merveille de douce contemplation) que par la mélodie qui sur le mot tourterelle en esquisse le roucoulement, qu'anticipe le mi-fa-mi-fa du passereau qui a trouvé une maison, ce qui n’est pas si facile à chanter de façon à garder la fluidité du plain chant. Les moines de Triors le font admirablement, et c’est toute l’antienne qui est un chef-d’œuvre d’interprétation du grégorien.

    Passer invénit sibi domum, et turtur nidum, ubi repónat pullos suos : altária tua, Dómine virtútum, Rex meus, et Deus meus : beáti, qui hábitant in domo tua, in sǽculum sǽculi laudábunt te.

    Le passereau trouve pour lui une maison et la tourterelle un nid où reposer ses petits... Tes autels, Seigneur, Dieu des vertus, mon Roi et mon Dieu ! Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison. Dans les siècles des siècles ils te loueront.

  • Samedi de la deuxième semaine de carême

    L’évangile de la messe de ce jour est la parabole du fils prodigue, qui reprend « la thématique des deux frères traverse tout l'Ancien Testament, depuis Caïn et Abel, en passant par Ismaël et Isaac, jusqu'à Ésaü et Jacob », écrit Joseph Ratzinger. Esaü et Jacob sont précisément les protagonistes de la première lecture de cette messe. Voici le début de l’explication de la parabole par Joseph Ratzinger Benoît XVI dans Jésus de Nazareth, pp. 228ss.

    Il y a tout d'abord la figure du fils prodigue ; toutefois, la générosité du père est, elle aussi, visible d'emblée. Ce dernier satisfait à la requête du fils cadet qui demande la part d'héritage qui lui revient, et il fait le partage de ses biens. Il donne la liberté. Il peut imaginer ce que le plus jeune fils va faire de ses biens, mais il le laisse suivre sa route personnelle.

    Le fils part « pour un pays lointain ». Les Pères de l'Église ont interprété cela principalement comme un éloignement intérieur du monde du père, du monde de Dieu, comme la rupture intime de la relation, le fait de partir très loin de ce qui vous est propre et véritablement essentiel. Le fils dilapide son héritage. Il veut simplement jouir de la vie, en profiter jusqu'à la dernière goutte et l'avoir, croit-il, « en abondance ». Il ne veut plus être soumis à aucun commandement, à aucune autorité. Il cherche la liberté radicale, il veut vivre seulement selon sa propre règle, sans se soumettre à une exigence extérieure. Il jouit de la vie, il se sent tout à fait autonome.

    Est-il difficile pour nous de reconnaître là l'esprit de notre époque, cet esprit de rébellion contre Dieu et contre la Loi divine ? L'abandon de tout ce qui constituait jusqu'ici nos fondements, et le choix d'une liberté sans limites ? Le mot grec qui, dans la parabole, désigne la fortune dilapidée signifie dans le langage des philosophes grecs « substance », nature. Le fils prodigue dilapide « sa substance », lui-même. [note YD : La Vulgate dit également : substantiam suam.]

    À la fin, il a tout dépensé. Cet homme qui a été tout à fait libre devient alors réellement esclave, gardien de porcs, et il s'estimerait heureux si on lui donnait à manger ce que mangent les porcs. L'homme qui entend par liberté l'arbitraire absolu de sa volonté propre, de son chemin personnel et d'eux seuls, vit dans le mensonge, car, par nature, sa place est d'être dans la réciprocité, sa liberté est une liberté à partager avec autrui. Par nature, il porte inscrites en lui la discipline et la norme ; s'identifier profondément avec elles, telle serait la vraie liberté. Une fausse autonomie conduit à la servitude, l'histoire nous l'a montré entre-temps de façon éclatante. Pour les Juifs, le porc est un animal impur ; être gardien de porcs est donc l'expression de l'aliénation et de la paupérisation les plus extrêmes. L'homme totalement libre est devenu un pitoyable esclave.

    C'est ici qu'advient le « retournement ». Le fils prodigue comprend qu'il est perdu, que c'est dans la maison paternelle qu'il était libre, et que les domestiques de son père sont plus libres que lui, qui s'était cru totalement libre. Il « rentre alors en lui-même », dit l'Évangile et, comme la parole sur le pays lointain, cette formule invite les Pères à la réflexion philosophique : cet homme qui vit loin de chez lui, coupé de son origine, s'est aussi beaucoup éloigné de lui-même. Il vivait coupé de la vérité de son existence.

    Son retournement, sa « conversion », consiste à reconnaître cela, à comprendre sa propre aliénation d'homme parti réellement « à l'étranger » et devenu étranger à lui-même, et maintenant elle consiste à revenir à soi. En lui-même, il trouve inscrit le principe qui l'oriente vers le père, vers la vraie liberté de « fils ». Les paroles qu'il prépare pour son retour nous montrent l'étendue du cheminement intérieur qu'il accomplit maintenant. C'est l'expression d'une existence qui s'est mise en route et qui, traversant tous les déserts, retourne « chez elle », pour se retrouver elle-même et pour retrouver le père. Il se met en route vers la vérité de son existence, une route qui le mène « chez lui ». Par cette interprétation « existentielle » du retour au bercail, les Pères nous expliquent aussi ce qu'est la « conversion », quelles souffrances et quelles purifications intérieures elle implique, et nous pouvons dire sans crainte qu'en cela, ils ont compris très justement l'essence de cette parabole et qu'ils nous aident à en percevoir toute l'actualité.

    - Sur le répons des matines tiré de l’évangile, voir ici.
    - Sur la postcommunion de la messe, voir ici.

  • Vendredi de la deuxième semaine de carême

    Beaucoup d’auteurs font dériver de cette dénomination de vigne des sens variés ; mais Isaïe a exposé clairement que la vigne du Seigneur des armées n’était autre que la maison d’Israël. Quel est celui qui planta cette vigne, si ce n’est Dieu ? C’est donc lui qui la loua à des vignerons, et partit pour un voyage : non que le Seigneur soit allé d’un lieu dans un autre, lui qui demeure sans cesse présent partout : mais en ce sens qu’il est très proche de ceux qui travaillent avec amour et diligence, tandis qu’il est éloigné des négligents.

    Longtemps, il resta absent, afin de ne point paraître réclamer trop tôt les fruits de sa vigne. Aussi la persistance opiniâtre des vignerons dans leur mauvais vouloir est-elle d’autant plus inexcusable, que la bonté du maître a poussé plus loin l’indulgence. Ce n’est pas sans raison qu’il est dit dans l’Évangile selon saint Matthieu, que le père de famille environna sa vigne d’une haie ; ce qui signifie que le Seigneur l’entoura du rempart de la protection divine, afin qu’elle ne fût pas facilement accessible aux incursions des bêtes spirituelles.

    « Et il y creusa un pressoir. » Comment comprendrons-nous quel est ce pressoir, si ce n’est en nous souvenant qu’il y a des Psaumes intitulés : Pour les pressoirs, parce qu’en ceux-ci les mystères de la passion du Seigneur distillent plus abondamment, comme un vin échauffé par le Saint-Esprit ? Aussi l’on croyait ivres ceux qui étaient remplis de l’Esprit Saint. Le Seigneur a donc aussi creusé un pressoir, afin que le jus du raisin mystérieux découlât par une infusion spirituelle.

    « Il y bâtit une tour », c’est-à-dire qu’il y éleva le faîte de la loi ; et sa vigne étant ainsi fortifiée, pourvue et ornée, il la loua au peuple juif.

    « En la saison des fruits, il envoya ses serviteurs. » On ne dit pas que ce fut au temps de la récolte, mais au temps des fruits. Car les Juifs ne firent paraître aucun fruit ; il fut nul, le revenu de cette vigne dont le Seigneur a dit : « J’ai espéré qu’elle produirait des raisins, et elle n’a produit que des grappes sauvages. » Ses pressoirs n’ont pas regorgé d’un vin de joie, d’un vin doux spirituel, mais du sang des .Prophètes.

    Saint Ambroise

    • Sur la vigne d’Isaïe et de la parabole, voir ici.
    • Sur la messe de ce jour qui est une messe de la Passion avant la Passion, voir ici.

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    Chez moi c'est la fête de la dédicace de la cathédrale. Je prie pour mon évêque (pour le garder longtemps).

  • Jeudi de la deuxième semaine de carême

    Jusqu’au début du VIIIe siècle il n’y avait pas de messes les jeudis de carême. C’est Grégoire II (715-731) qui les institua. Cela explique que les formules soient reprises d’autres messes. (A l’époque on n’aurait pas osé inventer quoi que ce soit après saint Grégoire le Grand.)

    L’introit et l’offertoire de la messe de ce jour sont ceux du 12e dimanche après la Pentecôte, le graduel du 4e dimanche après la Pentecôte, l’antienne de communion du 9e dimanche après la Pentecôte.

    Les oraisons sont celles qui étaient indiquées pour hier mercredi dans le sacramentaire gélasien.

    Le sacramentaire gélasien avait cette particularité de donner deux collectes pour chaque messe.

    Voici celle qui n’a pas été retenue, et qu’on ne retrouve nulle part dans le missel de saint Pie V (ni ailleurs) :

    Deus, qui per Verbum tuum humani generis reconciliationem mirabiliter operaris, praesta, quaesumus, ut sancto jejunio et tibi toto simus corde subjecti, et in tua nobis efficiamur prece concordes.

    Dieu, qui par ton Verbe a effectué de façon merveilleuse la réconciliation du genre humain, fais, nous te le demandons, que par le saint jeûne nous te soyons soumis de tout cœur, et qu’en te priant nous devenions unis de cœur.

    Sur l'évangile de ce jour (le riche et le pauvre Lazare), voir mes notes de 2014 et de 2015.