L’antienne de communion de ce dimanche est délicieuse, tant par son texte (c’est tout ce psaume 83 qui est une merveille de douce contemplation) que par la mélodie qui sur le mot tourterelle en esquisse le roucoulement, qu'anticipe le mi-fa-mi-fa du passereau qui a trouvé une maison, ce qui n’est pas si facile à chanter de façon à garder la fluidité du plain chant. Les moines de Triors le font admirablement, et c’est toute l’antienne qui est un chef-d’œuvre d’interprétation du grégorien.
Passer invénit sibi domum, et turtur nidum, ubi repónat pullos suos : altária tua, Dómine virtútum, Rex meus, et Deus meus : beáti, qui hábitant in domo tua, in sǽculum sǽculi laudábunt te.
Le passereau trouve pour lui une maison et la tourterelle un nid où reposer ses petits... Tes autels, Seigneur, Dieu des vertus, mon Roi et mon Dieu ! Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison. Dans les siècles des siècles ils te loueront.
Commentaires
Comme c'est une chose à laquelle vous êtes souvent attentif, je signale que le missel a "saeculum saeculi", alors que le psautier des septantes a l'habituel pluriel. J'avoue ne jamais me souvenir de quel psautier les psaumes du missel sont ordinairement tirés. Mais ce singulier, outre qu'il est inhabituel, sonne vraiment étrangement.
Il y a également "reponat", au lieu de "ponat".
Les antiennes et répons qui ne correspondent pas à la Vulgate sont les plus anciens et proviennent du psautier romain, celui d'avant la révision par saint Jérôme, et qui est resté le psautier officiel à Rome jusqu'à la révolution liturgique.