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Liturgie - Page 301

  • Ecce Adam

    ℟. Ecce Adam quasi unus ex nobis factus est sciens bonum et malum:
    * Videte, ne forte sumat de ligno vitae, et vivat in aeternum.
    ℣. Fecit quoque Dominus Deus Adae tunicam pelliceam, et induit eum, et dixit.
    ℟. Videte, ne forte sumat de ligno vitae, et vivat in aeternum.

    Voici que Adam est devenu comme l’un de nous, connaissant le bien et le mal. Prenons garde qu’il prenne de l’arbre de vie et qu’il vive éternellement. Le Seigneur fit aussi à Adam une tunique de peau et il l’en revêtit et il dit : Prenons garde qu’il prenne de l’arbre de vie et qu’il vive éternellement.

  • Tulit Dominus hominem

    ℟. Tulit Dominus hominem, et posuit eum in paradiso voluptatis:
    * Ut operaretur et custodiret illum.
    ℣. Plantaverat autem Dominus Deus paradisum voluptatis a principio in quo posuit hominem quem formaverat.
    ℟. Ut operaretur et custodiret illum.

    Dieu prit l’homme et le mit dans le paradis de volupté, afin qu’il le cultive et le garde. En effet Dieu avait planté un paradis de volupté, dans le principe, dans lequel il mit l’homme qu’il avait formé, afin qu’il le cultive et le garde.

  • Formavit Dominus hominem

    ℟. Formavit Dominus hominem de limo terrae, et inspiravit in faciem eius spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem.
    ℣. In principio fecit Deus caelum et terram, et plasmavit in ea hominem.
    Et inspiravit in faciem eius spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem.

    Le Seigneur forma l’homme du limon de la terre. Et il souffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante. Au principe Dieu fit le ciel et la terre, et il y façonna l’homme.

  • Septuagésime

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    Saint-Gall, codex 376

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    Graduel de Notker (Bamberg)

    Circumdedérunt me gémitus mortis, dolóres inférni circumdedérunt me : et in tribulatióne mea invocávi Dóminum, et exaudívit de templo sancto suo vocem meam.

    Díligam te, Dómine, fortitúdo mea : Dóminus firmaméntum meum, et refúgium meum, et liberátor meus. Glória Patri.

    Ils m’ont entouré, les gémissements de mort. Des douleurs d’enfer m’ont entouré. Et dans ma tribulation, j’ai invoqué le Seigneur, et il a écouté, de son saint Temple, ma voix.

    Je t’aimerai, Seigneur, ma force ! Le Seigneur est mon abri et mon refuge et mon libérateur.

    Dom Baron :

    Le Psaume XVII est un cantique d’action de grâces dans lequel David chante sa reconnaissance au Seigneur pour l’avoir délivré de ses ennemis. Il y décrit tour à tour ses épreuves, sa prière et la façon merveilleuse dont Dieu l’a sauvé. Mais c’est plus que sa propre histoire qu’il chante ; c’est l’histoire du monde, ou mieux l’histoire du Christ, du Christ total, du Corps mystique, telle qu’elle s’est déroulée pour le Corps entier au cours des siècles, pour le Christ, tout au long de sa vie ; telle qu’elle se déroule pour chacun de ses membres, selon le même rythme toujours : épreuve, prière, secours divin, reconnaissance.

    Les versets choisis pour cet Introït en sont le prélude. On y trouve les quatre idées du Psaume : les épreuves ; circumdedérunt, la prière, et invocávi, l’aide divine, et exaudívit me et, dans le Verset, l’action de grâce, Diligam te...

    Au début de cette période, où elle va avoir à porter les rudes épreuves de la pénitence, l’Eglise le chante pour y entendre la voix pleine d’expérience de ceux qui les ont déjà traversées : Adam, David, le Christ, les élus, tous ceux du Purgatoire, tous ceux de la terre aussi qui ont su en profiter et qui vont en profiter à nouveau. Ce sont bien eux qui chantent. Ils disent à ceux qui ont encore à subir les dures purifications nécessaires – aux catéchumènes entre autres – qu’ils n’ont qu’à prier avec confiance ; le Seigneur les entendra et, avec la grâce du Baptême renouvelée à Pâques, leur apportera la délivrance.

    La symbolique de la septuagésime.

    Le premier répons des matines.

    Sur l’ensemble de la messe de ce jour.

    Sur la parabole des ouvriers dans la vigne.

  • La déposition de l’Alléluia

    Une particularité de la liturgie romaine est qu’à partir de la Septuagésime et jusqu’à Pâques elle proscrit le chant de l’Alléluia, alors que la liturgie byzantine le chante tout au long de l’année.

    « Dominica Septuagesimæ, in qua deponitur Canticum Domini Alleluja », dit le martyrologe : le dimanche de la Septuagésime, où l’on dépose le chant du Seigneur Alléluia.

    La déposition de l’Alléluia se fait de façon solennelle, la veille de la Septuagésime, à la fin des vêpres : les chantres ajoutent deux Alleluia au Benedicamus Domino qui conclut l’office, et le chœur répond en ajoutant deux Alleluia au Deo gratias.

    A Chartres, au moyen âge, Alleluia était l’unique antienne pour tous les psaumes des premières vêpres, des matines et des laudes de la Septuagésime. Les hymnes étaient des louanges à l’Alléluia. Ainsi l’hymne des vêpres :

    Alleluia, dulce carmen,
    Vox perennis gaudii,
    Alleluia, laus suavis,
    Est chorus cœlestibus,
    Quam canunt Dei manentes
    In domo per sæcula.

    (Alléluia, doux chant, voix de la joie éternelle, Alléluia, douce louange - c’est un chœur pour les habitants du ciel - que chantent ceux qui demeurent dans la maison de Dieu pour les siècles.)

    Les oraisons parlaient aussi de l’Alléluia. Et c’est à la fin des laudes qu’avait lieu l’adieu à l’alléluia tel qu’il se fait aux vêpres dans la liturgie romaine. Après les laudes avait lieu la scène de « l’Alléluia fouetté ». Douze enfants de chœur faisaient tourner des toupies avec des lanières et les fouettaient en les chassant le long de la nef jusque sur le parvis. En 1532 le chapitre de la cathédrale voulut interdire cette coutume mais n’y parvint pas…

    Une variante, à la cathédrale d’Angers : après l’office de none, le samedi, les enfants de chœur, revêtus d’habits particuliers et tenant des torches, brandissaient une image voilée appelée Alléluia, et couraient à travers le chœur vers la salle de théologie où ils chantaient le Subvenite.

    En d’autres endroits, on allait jusqu’à l’enterrer. On fabriquait un mannequin figurant l’Alléluia, on le couchait sur une civière et on le portait en cortège à son tombeau. Tout au long du trajet, et devant la sépulture, on chantait des hymnes, des antiennes, des répons, qui exprimaient la douleur des fidèles devant une telle perte, et les souhaits de « bon voyage », mais aussi d’« heureux retour ». Car on savait qu’il allait… ressusciter.

    Ailleurs, comme à Toul et en Allemagne, l'Alléluia était figuré par une motte de terre que l’on portait en procession, derrière la croix et les chandeliers, en chantant et en gémissant, jusqu'à un endroit du cloître où on l'enfouissait.

    (Daoudal Hebdo N°115)

  • Apparition de la bienheureuse Vierge Marie Immaculée

    Le titre ci-dessus est l’intitulé officiel de la fête qui commémore l’apparition de Lourdes. Voici les antiennes des laudes et des heures. Elles célèbrent d’abord l’Immaculée Conception par des paroles de l’Ecriture, puis chantent la louange de Marie avec des expressions toutes tirées du livre de Judith.

    Candor est lucis aeternae, et speculum sine macula.

    Eclat de la lumière éternelle, et miroir sans tache (Sagesse 7,26).

    Mulier amicta sole, et luna sub pedibus eius, et in capite eius corona stellarum duodecim.

    Femme revêtue du soleil, et la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles (Apocalypse 12,1).

    Tu gloria Jerusalem, tu laetitia Israël, tu honorificentia populi nostri.

    Tu es la gloire de Jérusalem, tu es la joie d’Israël, tu es l’honneur de notre peuple (Judith 15,10).

    Benedicta es tu, Virgo Maria, a Domino Deo excelso prae omnibus mulieribus super terram.

    Tu es bénie, Vierge Marie, par le Seigneur Dieu très-haut, plus que toutes les femmes sur la terre (Judith 13,23).

    Hodie nomen tuum ita magnificavit Dominus, ut non recedit laus tua de ore hominum.

    Aujourd’hui le Seigneur a donné à ton nom tant de grandeur que ta louange ne cessera plus dans la bouche des hommes (13,25).

    Le capitule des laudes et des vêpres est une citation du Cantique des cantiques, choisie pour illustrer le fait que Marie, la colombe immaculée, est apparue dans une grotte.

    Surge, amica mea, speciosa mea, et veni: columba mea, in foraminibus petræ, in caverna maceriæ, ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis.

    Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens, ma colombe dans les trous de la pierre, dans le creux de la muraille, montre-moi ta face, que ta voix retentisse à mes oreilles.

  • Sainte Scholastique

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    Céramique de sœur Mercédès, de l’abbaye Sainte-Scholastique de Dourgne. Disponible en carte postale parmi plusieurs autres sur la vie de saint Benoît.

    Saint Grégoire le Grand, Dialogues, 33-34 :

    Grégoire : Qui donc, Pierre, sera plus sublime en cette vie que Paul, lequel, par trois fois, pourtant, a prié le Seigneur pour être délivré de l'aiguillon dans sa chair, et cependant il ne put obtenir ce qu'il voulait ? A ce propos, il faut que je te raconte ce qui est arrivé au vénérable Père Benoît, car il y a une chose qu'il voulut faire mais qu'il ne put accomplir.

    En effet sa sœur, qui s'appelait Scholastique, consacrée au Dieu tout-puissant depuis sa plus tendre enfance, avait pris l'habitude de venir vers lui une fois par an et l'homme de Dieu descendait vers elle, au-delà de la porte, mais pas loin, dans la propriété du monastère. Or, un certain jour, elle vint comme à l'accoutumée et son vénérable frère, accompagné de ses disciples, vint vers elle. Ils passèrent tout le jour dans les louanges de Dieu et dans de saints entretiens et, tandis que les ténèbres de la nuit commençaient à s'étendre sur la terre, ils prirent ensemble leur nourriture. Comme ils étaient encore à table et que leurs saints entretiens se prolongeaient, l'heure se faisant plus tardive, la sainte moniale, sa sœur, lui fit cette demande : "Je t'en prie, ne me laisse pas cette nuit, mais reste jusqu'au matin pour que nous puissions parler encore des délices de la vie céleste. Il lui répondit : "Que dis-tu là, ma sœur ? Passer la nuit hors de la cellule ! Je ne le puis nullement."

    Or la sérénité du ciel était telle qu'aucun nuage n'apparaissait dans les airs, mais la sainte femme de moniale, après avoir entendu les paroles négatives de son frère, joignit ses doigts, posa les mains sur la table et elle s'inclina, la tête dans les mains, pour prier le Seigneur Tout-puissant. Comme elle relevait la tête de dessus la table, éclairs et tonnerre éclatèrent avec une telle force et l'inondation fut telle que ni le vénérable Benoît, ni les frères qui l'accompagnaient ne purent mettre le pied dehors et franchir le seuil du lieu où ils siégeaient. C'est que voilà ! La sainte moniale, en inclinant la tête dans ses mains, avait répandu sur la table des fleuves de larmes qui, dans un ciel serein, avaient attiré la pluie. Et ce n'est pas un peu plus tard, après la prière, que l'inondation s'ensuivit mais il y eut une telle concomitance entre prière et inondation qu'elle leva la tête de la table alors que le tonnerre éclatait déjà, à tel point que lever la tête et faire tomber la pluie, cela se produisit en un seul moment.

    Alors, au milieu des éclairs, du tonnerre et de cette formidable inondation de pluie, voyant qu'il ne pouvait retourner au monastère, contrarié, il commença à se plaindre en disant : "Que le Dieu Tout-puissant te pardonne, ma sœur, qu'as-tu fait là ?" Elle lui répondit : " Eh bien, voilà ! Je t'ai prié et tu n'as pas voulu m'écouter. J'ai prié mon Seigneur et lui m'a entendu. Maintenant, si tu le peux, sors donc, abandonne-moi et retourne à ton monastère." ... Mais ne pouvant quitter l'abri du toit, lui qui n'avait pas voulu rester spontanément, demeura sur place malgré lui et ainsi se fit-il qu'il passèrent toute la nuit à veiller et que dans un échange mutuel, ils se rassasièrent de saints entretiens sur la vie spirituelle.

    Je t'avais bien dit qu'il avait voulu une chose mais n'avait pu l'accomplir, car si nous considérons l'état d'esprit de cet homme vénérable, il est hors de doute qu'il aurait désiré ce temps serein qu'il avait eu pour descendre, mais à l'encontre de ce qu'il voulait, il se trouva confronté à un miracle sorti d'un cœur de femme avec la force du Dieu tout-puissant. Pas étonnant qu'en cette circonstance, une femme qui désirait voir longuement son frère ait prévalu sur lui. En effet, selon la parole de saint Jean : "Dieu est amour", c'est par un juste jugement que celle-là fut plus puissante qui aima davantage.

    Pierre : Je l'avoue, ce que tu dis là me plaît beaucoup.

    *

    Or, comme le lendemain, la vénérable femme retournait à sa propre cellule, l'homme de Dieu revint au monastère. Et voici que, trois jours après, étant en cellule, levant les yeux au ciel, il vit l'âme de sa sœur, sortie de son corps, pénétrer sous la forme d'une colombe dans les secrets du ciel. Et lui, se réjouissant pour elle d'une si grande gloire, rendit grâces au Dieu Tout-puissant avec hymnes et louanges et il fit part de sa mort aux frères.

    Puis il les dépêcha pour faire venir son corps au monastère et le placer dans la sépulture qu'il s'était préparée pour lui-même. De la sorte, il arriva que ceux dont l'esprit avait toujours été uni en Dieu sur la terre, ne furent pas séparés corporellement même dans la tombe.

  • Saint Cyrille d’Alexandrie

    Père théophore, te voyant vainqueur des passions funestes et dominant les raisonnements de la chair, le Christ, Cyrille, te donna de présider l'Eglise de Dieu.

    Ayant hérité comme enfant bien-aimé la vertu paternelle de Marc, tu en devins le successeur sur son trône, suivant pas à pas l'Evangéliste divin.

    Comme brebis tu fus mené par le Christ et comme pasteur tu menas ton troupeau, le nourrissant de tes paroles en abondance, cet aliment spirituel, comme sur le pré fleuri de la grâce.

    De toutes tes forces tu as renversé, Cyrille, tout le savoir orgueilleux élevé contre le Christ et sa divine Mère, cette impiété de Nestorius distinguant le fils de la Vierge du Fils de Dieu, et la confusion des natures que les Acéphales proposaient.

    Sous la lumière de la grâce et par la force de l'esprit, bienheureux Père, ayant confessé la Trinité comme consubstantielle et le Fils comme Dieu incarné, toi le défenseur de la Mère de Dieu, tu es glorifié maintenant dans les cieux.

    Père digne de nos chants, abaisse ton regard bienveillant sur tes chantres, accorde la victoire à ceux qui sont marqués du signe de la Croix; relève par tes prières le front des croyants, éclaire ceux qui magnifient ton souvenir.

    Liturgie byzantine, matines, odes 4 et 9.

  • Le plus bref bréviaire

    Le site New Liturgical Movement fait part d’une amusante découverte. Il s’agit d’un texte publié dans The Monthly Magazine, publié à Londres, vol. XI, premier semestre 1801, qui est une méchante blague anticatholique :

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    Abrégé du bréviaire par les jésuites

    Il est bien connu que l’église Papiste enjoint à ses prêtres de réciter quotidiennement le bréviaire, qui consiste en une longue collection de prières et de psaumes, et légendes, etc., etc., appelés matines, laudes, vêpres, etc. Mais pour les soulager de ce fardeau, on a découvert qu’on pouvait lui substituer ce qui suit, qui fait honneur au génie de son inventeur. C’est copié d’une feuille imprimée trouvée dans un vieux bréviaire qui avait appartenu aux jésuites.

    Comme je crains que nombre de mes lecteurs connaissent moins le latin que les protestants de 1801, je traduis aussi le texte du « bréviaire jésuite » :

    Rite très bref de récitation du bréviaire.

    D’abord on dit le Pater et l’Ave, puis : a.b.c.d.e.f.g.h.i.k.l.m.n.o.p.q.r.s.t.u.w.x.y.z.

    ℣. Avec tout cet alphabet – alléluia
    ℟. est composé tout le bréviaire – alléluia.

    Prions. Ô Dieu, qui as voulu qu’avec vingt-quatre lettres soient composés toute la Sainte Ecriture et ce bréviaire, joins, disjoins, fais, dispose, reçois de ces vingt-quatre lettres matines avec les laudes, prime, sexte, none, les vêpres et les complies. Par le Christ notre Seigneur.

  • Saint Jean de Matha

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    Signum Ordinis Sanctae Trinitatis et Captivorum.

    Vision de saint Jean de Matha : le Christ et deux captifs. Mosaïque de l’ancien hôpital trinitaire Saint Thoma à Formis de Rome, vers 1210.

    Texte du P. Loïc, o.ss.t, de la « Maisonnée de Saint-Cyr »:

    L’ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs a été fondé par Saint Jean de Matha en 1198. Né en Provence, maître en théologie à Paris et proche de l’Abbaye de Saint Victor, il cherchait intensément la volonté du Seigneur. Celui-ci lui apparut au cours de l’Eucharistie, occupé à libérer deux captifs. Une mosaïque représente la scène, réalisée à Rome du vivant de notre saint. Jean de Matha se retira alors avec d’autres ermites à Cerfroid, non loin de Meaux. La petite communauté se mit de tout cœur à suivre le Seigneur, dans la pauvreté, l’humilité, la prière, le partage.

    On élabora une règle de vie. Les frères en maisonnée devaient réserver le tiers de leurs ressources au rachat des captifs, et partager le reste avec les pauvres. Le pape Innocent III approuva la règle.

    Les frères partirent en Afrique du Nord et ramenèrent de nombreux esclaves. Ils portaient une croix rouge et bleue, aperçue lors de l’apparition. Du vivant de Saint Jean de Matha, jusqu’en 1213, une vingtaine de « maison de la Trinité et des captifs » furent ouvertes.

    L’ordre se répandit dans toute l’Europe. Des confréries de laïcs se constituèrent pour préparer par la prière, la pénitence et la charité des voyages de rédemption. Tous les deux ou trois ans, quelques frères qualifiés étaient envoyés en ambassade dans les lieux de bagnes.

    A travers les difficultés qu’on imagine, ils ramenaient leurs frères en liberté, rachetés par Celui qui dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jn,15,15) Ils retrouvaient leur vie de fils de Dieu, souvent pris en charge dans les Hôtel-Dieu  trinitaires, autour desquels se constituèrent parfois des congrégations féminines, comme à Meaux.

    Au XVIe et XVIIe siècles, Saint Simon de Rojas et Saint Jean-Baptiste de la Conception redonnèrent à l’ordre son élan primitif.

    Malheureusement, bien que l’un des captifs de la vision, libéré par le Christ, ait été africain, les Trinitaires n’œuvrèrent pas contre la traite africaine. Les à-coups politiques les affaiblirent. La disparition de leur apostolat traditionnel en méditerranée les amenèrent à se tourner vers les missions : au XIXe siècle, c’était un apostolat de la marge, comme celui du XIIe. Il s’agissait  d’apporter le Christ  et sa libération à ceux qui n’étaient pas en mesure de le recevoir.

    Aujourd’hui encore, les deux esclaves arrachés des fers, dans la vision de Saint Jean de Matha, représentent les hommes de partout, plongés sans espérance de salut dans de grandes souffrances, atteints dans les profondeurs de leur humanité, mutilés dans leur vocation de fils au point d’en oublier le Père. Les trinitaires, pendant huit cents ans, ont été envoyés au devant d’hommes captifs de situations déshumanisantes. Ils rejoignirent ce que voulait Saint Jean de Matha : faire rencontrer Dieu dans les réalités de mort, qu’il s’agissait de rejoindre pour y lutter d’espérance, comme un pauvre.

    On connait Saint Jean de Matha par les données historiques : le contexte religieux et social de son époque (qui est celle aussi de Saint Dominique et de Saint François) ; sa règle primitive, élaborée et soumise au pape Innocent III ; les bulles faisant état de ses fondations sur le pourtour méditerranéen, au contact du monde musulman ; la mosaïque représentant son expérience mystique primitive ; deux récits des premières générations trinitaires relatant  son cheminement spirituel et la fondation de l’ordre. Mais, surtout,  son charisme est vivant : don de Dieu, il habite et anime les religieux de chaque époque. C’est lui qui fait connaître et comprendre de l’intérieur le prêtre et le religieux que fut Saint Jean de Matha. Bien connu à travers les nombreux voyages de rédemption opérés par ses frères jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (en 1785, encore…), c’est dans la vie des saints de son ordre, religieux, religieuses et laïcs, qu’il nous parle aussi. Au début du 19e siècle, par exemple, la Bienheureuse Anne-Marie Taïgi, à Rome, mère de famille et mystique, a ramené à la foi et à l’amour son mari et ses enfants. Elle illustre par sa vie la transposition, aux défis du moment, de la communion à la Sainte Trinité, source de rédemption des captifs. A travers la famille spirituelle de Saint Jean de Matha, on perçoit et reçoit aujourd’hui la grâce  de la charité rédemptrice trinitaire qu’il reçut en propre.

    Le 31 juillet 1665, le cardinal vicaire de Rome rend un décret constatant le culte accordé de temps  immémorial à Jean de Matha et à Félix de Valois, sentence confirmée par la Sacrée Congrégation des rites le 14 aout 1666 et par le pape Alexandre VII le 21 octobre. La fête du fondateur de l’Ordre de la Très Sainte Trinité est le 17 décembre, anniversaire de sa mort, à Rome, en 1213. Ses reliques sont vénérées au couvent trinitaire de Salamanque, en Espagne, pays de la réforme de l’ordre, au XVIIe Siècle, par Saint Jean-Baptiste de la Conception.

    Fr. Loic, o.ss.t.

    Sur la résurrection de l’ordre en France, voir ici, et leur site.

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