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Liturgie - Page 262

  • Vendredi de la deuxième semaine de carême

    Aux complies des vendredis de carême, dans la liturgie byzantine, on chante l’hymne acathiste, qui est aussi sublime que populaire dans les communautés qui ont cette liturgie. En voici la première strophe (ikos 1) chantée en arabe par le Père Maximos Fahmé, protopsalte de Saint-Julien le Pauvre, dans la tradition d’Alep. Suivie de l’hymne de la victoire (en grec) qui se chante avant et (ou) après les strophes. En union avec les chrétiens d'Alep et de Syrie.


    podcast

    Le prince des anges fut envoyé du ciel dire à la Mère de Dieu : « Salut ». Te voyant, Seigneur, assumer un corps à sa parole incorporelle, il resta interdit et se mit à lui crier ainsi :

    Salut, vous par qui la joie se lève ;
    Salut, vous par qui la malédiction se dissipe.
    Salut, renouvellement de la vocation d’Adam déchu.
    Salut, délivrance d’Ève de ses larmes.
    Salut, hauteur inaccessible aux pensées humaines.
    Salut, abîme insondable même aux yeux des anges.
    Salut, car vous êtes le trône du Roi.
    Salut, car vous portez Celui qui porte toutes les créatures.
    Salut, astre qui fait paraître le soleil.
    Salut, sein de la divine incarnation.
    Salut, renouveau de la création.
    Salut, vous par qui le Créateur se fait enfant.
    Salut, ô épouse sans époux !


    podcast

    Τῇ ὑπερμάχῳ στρατηγῷ τὰ νικητήρια
    Ὡς λυτρωθεῖσα τῶν δεινῶν εὐχαριστήρια
    Ἀναγράφω σοι ἡ Πόλις σου Θεοτόκε.
    Ἀλλ’ ὡς ἔχουσα τὸ κράτος ἀπροσμάχητον
    Ἐκ παντοίων με κινδύνων ἐλευθέρωσον
    Ἵνα κράζω σοι, χαῖρε Νύμφη Ἀνύμφευτε. 

    Invincible chef d’armée, à vous les accents de victoire ! Libérée du danger, votre ville, ô Mère de Dieu, vous offre des hymnes de reconnaissance. Vous dont la puissance est irrésistible, de tout péril délivrez-moi, pour que je puisse vous acclamer : Salut, Epouse sans époux !

  • Jeudi de la deuxième semaine de carême

    L’évangile est la parabole du riche anonyme et du pauvre Lazare (mon commentaire ici et ). La première lecture, tirée de Jérémie, illustre de même l’opposition entre deux types humains et leur sort respectif, sur le mode poétique propre aux prophètes, et dans un langage imagé et hébreu.

    Maudit, l’homme qui se confie dans l’homme, et fait de la chair son bras, et dont le cœur se retire du Seigneur.

    Le bras, dans la Bible, c’est la puissance, le secours efficace, le soutien inébranlable : Dieu agit souvent « à bras étendu », le bras de Dieu est sa puissance souveraine. Celui qui fait de la chair son bras est celui qui croit pouvoir s’en sortir tout seul, c’est l’homme qui retire son cœur du Seigneur, qui se confie en l’homme. Ce sont trois expressions équivalentes qui se renforcent et s’éclairent mutuellement.

    Il sera comme les tamaris dans le désert et il ne verra pas lorsque viendra le bonheur ; mais il habitera dans la sécheresse dans le désert, dans une terre de sel et inhabitable.

    Le mot hébreu que saint Jérôme a traduit par « tamaris » ne se trouve nulle part ailleurs. Les Septante avaient traduit par un mot qui veut dire également tamaris, mais aussi bruyère, et finalement toute sorte d’arbuste des landes. Les traductions modernes sont variées : buisson, genévrier, chardon, bruyère, arbre dénudé. La TOB, sans doute pour rester « œcuménique », dit : « arbuste ». Symmaque avait traduit par « arbre sec ». Dans un endroit non seulement sec mais salé et inhabitable. Là où se retrouve le riche qui demande que Lazare trempe l’extrémité de son doigt dans l’eau, pour rafraîchir sa langue.

    Mais il y a un fossé infranchissable entre les deux, et Jérémie poursuit :

    Béni l’homme qui a confiance au Seigneur, et dont le Seigneur sera son assurance. Et il sera comme un arbre qui est planté sur les eaux, qui étend ses racines vers l’humidité, et qui ne craint pas quand viendra la chaleur. Son feuillage sera toujours vert ; il ne sera pas en peine au temps de la sécheresse, et il ne cessera jamais de porter du fruit.

    On reconnaît ici le premier psaume, le psaume qui est comme la préface du psautier, et qui distingue précisément le « beatus vir » qui est « comme un arbre planté le long d’un cours d’eau, qui donne son fruit en temps voulu, dont les feuilles ne tombent pas », des pécheurs et des impies qui sont comme la poussière que le vent disperse de la surface d’une terre desséchée.

    Pour dire l’arbre, la Vulgate comme la Septante ont le mot qui littéralement veut dire le bois : xylos, lignum. Parce que c’est ainsi qu’est désigné l’arbre de vie de la Genèse, qui est l’arbre de la Croix, le « doux bois » salvateur que chante la liturgie de la Passion, le bois que Dieu a choisi pour ôter la malédiction du bois des origines.

  • L’ancienne Semaine sainte

    Des prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pierre ont annoncé en chaire le 11 février que la fraternité avait obtenu de la commission Ecclesia Dei l’autorisation de célébrer les offices de la Semaine sainte tels qu’ils étaient avant la réforme de Pie XII en 1956. Permission ad experimentum pour trois ans. Les prêtres doivent en demander l’autorisation à leurs supérieurs.

    Cela semble devoir se passer dans la discrétion, mais on trouve sur internet au moins quatre communautés qui annoncent dans leur bulletin avoir eu cette autorisation, toutes aux Etats-Unis : Notre Dame du Mont Carmel à Littleton dans le Colorado, Sainte Jeanne d’Arc à Boise dans l’Idaho, Saint Stanislas à South Bend dans l’Indiana, le Sacré Cœur à Fort Wayne également dans l’Indiana.

    La réforme de la Semaine sainte annonçait à bien des égards la révolution de 1969. On trouvera un large descriptif des changements de 1955, ainsi que des extraits de la célèbre critique de Mgr Gromier, sur le site de la schola Sainte-Cécile.

    Il finira bien par y avoir une restauration liturgique...

    Addendum

    Parmi les communautés qui célébreront l'ancienne semaine sainte, les bénédictins de La Garde-Freinet.

  • Mercredi de la deuxième semaine de carême

    Hymne des laudes du carême, traduction Lemaître de Sacy, en alternance d’alexandrins et d’octosyllabes. Doit-on voir une pointe de jansénisme dans l’avant-dernière strophe ? Il n’y a certes rien de répréhensible dans la « traduction », sinon qu’elle s’éloigne vraiment beaucoup du texte pour insister sur la Passion quand il est exclusivement question de la joie de la résurrection (avec allusion au printemps). C’est le mouvement général du poème qui est faussé. J’ajoute la traduction littérale.

    Jam, Christe, sol justitiae,
    mentis diescant tenebrae,
    virtutum ut lux redeat,
    terris diem cum reparas.

    Jésus, divin soleil de grâce et de justice
    Par qui l'astre du jour nous luit,
    Chassant l'ombre du ciel, chasse l'ombre du vice
    Et dissipe une double nuit,

    Dans tempus acceptabile,
    Et pœnitens cor tribue:
    Convertat ut benignitas,
    Quos longa suffert pietas.

    Ouvrant à tous les ports d'une humble pénitence
    Donne-nous des cœurs pénitents,
    Brise enfin ces cœurs durs, ces cœurs dont ta clémence
    A souffert durant tant de jours,

    Quiddamque pœnitentiæ
    Da ferre, quamvis gravium,
    Majore tuo munere,
    Quo demptio fit criminum.

    Fais que le corps soumis à tes lois souveraines
    Supporte en paix quelques travaux,
    Travaux vraiment heureux qui ne sont pas de peine
    Mais la guérison de nos maux.

    Dies venit, dies tua,
    In qua reflorent omnia:
    Lætemur in hac ad tuam
    Per hanc reducti gratiam.

    Ton jour vient, ton grand jour, où, mort sur le calvaire,
    Tu fais mourir la mort en toi.
    Mourons donc au péché dans ce temps salutaire
    Pour revivre avec notre roi.

    Le jour vient, ton jour, dans lequel tout refleurira, en lui nous nous réjouirons, reconduits par lui à ta grâce.

    Te rerum universitas
    Clemens adoret Trinitas;
    Et nos novi per veniam
    Novum canamus canticum. Amen.

    Que tout homme t'adore, essence en trois unique,
    Inconcevable Trinité,
    Fais que d'un cœur nouveau, par un nouveau cantique
    Nous rendions gloire à ta bonté.

    Par le « choir of nuns of the abbey of Notre Dame d’Argentan » (enregistrement américain de 1977) :
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    Screenshot-2018-2-27 Office de l'Eglise et de la Vierge en latin et en français avec les hymnes traduites en vers(1).png

  • Mardi de la deuxième semaine de carême

    L’introït est emprunté au psaume 26. L’âme aspire à la contemplation de la face de Dieu, et ne se contente pas d’une connaissance quelconque des vérités éternelles. « Mon cœur vous dit : j’ai cherché votre visage. C’est là tout mon désir ; ah ! ne détournez pas de moi votre face ! » Le désir est excellent, mais combien purs doivent être ces yeux qui souhaitent de fixer la lumière éblouissante de Dieu !

    Cardinal Schuster

    L’Introït est un beau cantique d’entrée. Dans des sentiments de désir ardent, la procession des chrétiens s’approche du sanctuaire où rayonne la face du Seigneur. « Je cherche ton visage... (les fidèles), le Seigneur est ma lumière (les catéchumènes), ne détourne pas de moi ton visage (les pénitents). » Le but de la recherche est Pâques. C’est ce que chante le psaume, en de beaux accents : « Je ne demande qu’une chose au Seigneur : pouvoir demeurer dans la maison de Dieu tous les jours de ma vie, pouvoir goûter l’amabilité du Seigneur et visiter son sanctuaire. » Avec quelle ardeur les pénitents et les catéchumènes devaient réciter cette prière !

    Dom Pius Parsch

    Tibi dixit cor meum, quæsívi vultum tuum. vultum tuum, Dómine, requíram : ne avértas fáciem tuam a me.
    Dóminus illuminátio mea, et salus mea : quem timébo ?

    Mon cœur vous a dit : Mes yeux vous ont cherché, votre visage, Seigneur, je le chercherai. Ne détournez pas de mol votre face.
    Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; qui craindrai-je ?

  • Lundi de la deuxième semaine de carême

    La lecture biblique de cette semaine, selon la liturgie, est l’histoire de Jacob. Ce lundi, c’est plus précisément le chapitre 28 de la Genèse. Un exemple parmi tant d’autres qui montre à quel point on ne peut comprendre l’Ancien Testament que par le Nouveau.

    Jacob part pour aller prendre femme dans la famille de sa mère. Le soir venu il s’arrête, prend des pierres qu’il met sous sa tête et s’endort. Il voit en songe une échelle où montent et descendent des anges, avec au sommet le Seigneur Dieu qui lui dit : « Ta postérité sera comme le sable de la terre ; elle s'étendra à l'occident, au midi, au nord et à l'orient, et en toi et en ta race seront bénies toutes les tribus de la terre. »

    La descendance de Jacob, ce sont les 12 patriarches, donc les 12 tribus d’Israël. Mais elles ne se sont pas étendues vers les quatre points cardinaux et ce n’est pas en Jacob que sont bénies toutes les tribus de la terre. Par leur nombre, les 12 tribus d’Israël symbolisent tous les peuples de la terre. Or c’est par et dans le Christ, fils de Dieu, que figurait Jacob (devenu Israël), que sont bénies toutes les nations de la terre. Et c’est la postérité du Christ qui s'étendra à l'occident, au midi, au nord et à l'orient : l’Eglise.

    Lorsqu’il se réveille, Jacob dit : « Que ce lieu est redoutable ! Il n'est rien moins que la maison de Dieu et la porte du ciel. » Il prend la pierre qui était sous sa tête, en fait une stèle qu’il oint d’huile et donne à ce lieu le nom de Béthel : maison de Dieu.

    Ces versets font à juste titre partie de la liturgie de la dédicace des églises. Et ils ne peuvent se comprendre que dans ce cadre. Car comment une pierre pourrait-elle être une maison ? Sinon que la pierre est le Christ, et que le Christ est l’Eglise, et que l’église devient la maison de Dieu par l’onction de ses pierres.

  • Deuxième dimanche de carême

    Offertoire

    Par les moines de Solesmes, sous la direction de dom Gajard, 1930 :
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    Meditábor in mandátis tuis, quæ diléxi valde : et levábo manus meas ad mandáta tua, quæ diléxi.

    LE TEXTE

    Je méditerai tes préceptes que j’aime tant ;
    Et je lèverai mes mains vers tes lois, que j’aime. Ps. CXVIII, 47-48.

    Le Psaume CXVIII est le Psaume de la fidélité à la Loi divine. Ces deux versets disent, d’une façon très simple, l’amour de l’âme pour la volonté du Seigneur qui lui est manifestée soit par la loi écrite, soit par les inspirations du Saint-Esprit. L’expression Je lèverai mes mains doit être entendue comme le désir qu’a l’âme de demeurer tendue vers tout ce qui la lui fera connaître plus précise et plus détaillée, de sorte que le second verset, tout en disant la même chose, est en progression sur le premier.

    Ils forment ici tous les deux une belle paraphrase de l’Évangile. Notre Seigneur nous y est montré transfiguré, entouré de Moïse, le législateur, et d’Elie, le prophète, et il est présenté par le Père comme son Fils bien-aimé qu’il faut écouter : la Loi, les Prophètes et l’Évangile ; tout l’enseignement divin. L’Eglise chante sa joie de l’avoir ainsi concentré dans le gloire du Christ, et le désir qu’elle sent grandir en elle de le méditer et d’en vivre.

    LA MÉLODIE

    Elle est composée de deux phrases d’ossature semblable, la seconde développant la première comme dans les offertoires Jubilate, à la manière d’une variation.

    Une première idée sur in mandátis est reprise, développée et trois fois répétées dans la seconde phrase : et levábo mánus méas ad mandáta. C’est le motif de la méditation.

    Une seconde idée sur quæ diléxi est, elle aussi reprise, et développée sur les mêmes mots, dans la seconde phrase. C’est le motif de l’amour.

    Sur cette construction si parfaitement ordonnée, un chant exquis de contemplation, de conversation intime et tendre. L’âme chante pour Dieu seul, sans souci de se faire entendre de quiconque d’autre. Elle ne lui demande rien ; elle lui parle. Elle lui dit, dans un sentiment d’admiration extasiée et d’amour ardent, ce que le récit évangélique a éveillé en elle. C’est tout.

    Toute la paix heureuse dont elle est remplie se trouve dans l’intonation où est esquissé déjà le motif de la méditation. Il prend toute sa forme sur in mandátis, une ligne toute simple qui ondule en broderies légères et qui s’infléchit vers la tonique pour finir ; admiration mêlée de tendresse, d’une tendresse toutefois qui ne se livre pas encore. Mais voici le mot de l’amour : quæ diléxi. L’amour est actif ; il soulève l’âme qui cette fois se laisse aller à la joie sur un rythme ravissant de grâce légère, avant de mettre sa ferveur sur le dernier mot, válde, si expressif de tout ce qui ne peut pas se dire (1).

    Mêmes sentiments dans la seconde phrase ; ils sont seulement plus accentués. Rien ne s’oppose à ce qu’on voit dans les longues tenues répétées de levábo mánus méas comme une description des mains levées ; mais elles sont surtout l’expression du désir sans cesse renouvelé et toujours le même. Le quæ diléxi, si pénétré de joie dans la première incise, s’achève en  un balancement nuancé d’une teinte de mélancolie qui dit bien le désir insatisfait de l’amour qui ne possède pas encore son objet mais qui y tend de toutes ses forces.

    Dom Ludovic Baron

    (1) Ce mot se trouvait dans certains psautiers ; on trouvait aussi nimis (psautier romain) ou vehementer, trois mots exprimant le sphodra du psautier grec de la Septante. Mais saint Jérôme le considérait comme « superflu » (par rapport au texte hébreu) et le supprima. On le trouve néanmoins encore dans deux manuscrits postérieurs à la révision de saint Jérôme : le psautier de Corbie et le psautier de Lyon (note YD).

    *

    Sur la Transfiguration en ce temps liturgique, voir ici ; et dans le contexte évangélique, ici.

  • Saint Matthias

    Voici le beau tropaire de saint Matthias (le 9 août dans le calendrier byzantin), par Nicodème Kabarnos. Avec une traduction littérale. (Suivre les sous-titres permet aussi de perfectionner sa prononciation...)

    Θείω Πνεύματι, κεκληρωμένος, συνεπλήρωσας, τῶν Ἀποστόλων, τὴν δωδεκάριθμον φάλαγγα ἔνδοξε, μεθ' ὧν κηρύξας τοῦ Λόγου τὴν κένωσιν, ἐθαυμαστώθης Ματθία Ἀπόστολε. Ἀλλά πρέσβευε, δοθήναι τοὶς σὲ γεραίρουσι, πταισμάτων ἱλασμὸν καὶ μέγα ἔλεος.

    Par l’Esprit divin, tiré au sort, ayant complété la phalange des douze apôtres, glorieux, avec eux tu as prêché l’anéantissement (kénose) du Verbe, comblé de merveilles apôtre Matthias. Vraiment prie-le de donner à ceux qui te célèbrent le pardon des fautes et une grande miséricorde.

    *

    Sur les propos attribués à saint Matthias, voir ici.

  • Vendredi des quatre temps de carême

    « L’Introït tire du psaume 24 de graves accents de pénitence : “Regarde vers ma misère et ma souffrance, pardonne tous mes péchés.” Nous entendons le malade (que nous sommes) crier vers le Seigneur », dit dom Pius Parsch.

    C’est en effet une pièce immédiatement expressive. D’abord je suis tout entortillé dans mes « nécessités », mes peines, mes angoisses, ma détresse, les forces qui pèsent contre moi et me torturent, et je ne sais pas comment m’en sortir, alors je crie : Arrache-moi, Seigneur, et la mélodie repart d’en haut, du do au-delà de la gamme (qui dans ce mode 4 n’est atteint que pour une raison particulière), puis fait sa révérence sur Domine, avant de demander humblement à Dieu de voir à quel point je suis dans la misère, puis, de façon plus ferme, de me remettre mes péchés, dont la liste est longue (vocalise qui enfle puis descend, sur omnia).

    Voici cet introït par les moines de Ligugé.

    De necessitátibus meis éripe me, Dómine : vide humilitátem meam et labórem meum, et dimítte ómnia peccáta mea.
    Seigneur, délivrez-moi de mes angoisses ; voyez mon humiliation et ma peine et remettez-moi tous mes péchés.

    Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam.
    Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous, que je n’aie pas à rougir.

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  • La chaire de saint Pierre

    L’office utilise comme hymne des laudes une strophe du poème Aurea luce, célébrant saint Pierre et saint Paul, qu’on a attribué à la Sicilienne Elpis, mais que certains attribuent aujourd’hui à saint Paulin d’Aquilée.

    Dans le bréviaire romain c’est la version revue et corrigée par Urbain VIII. La voici :

    Beáte pastor, Petre, clemens áccipe
    Voces precántum, criminúmque víncula
    Verbo resólve, cui potéstas trádita
    Aperíre terris cælum, apértum cláudere.

    Bienheureux Pasteur, Pierre, en ta clémence reçois les prières de ceux qui t’invoquent, et les liens des crimes délie-les par ta parole, toi à qui a été remis le pouvoir d’ouvrir le ciel à la terre, ouvert de le fermer.

    Le bréviaire monastique a gardé la version originelle, qui demande à saint Pierre d’entendre les vœux des fidèles et pas seulement leur voix, qui parle simplement du péché et n’en fait pas des « crimes », et finit sur l’ouverture du ciel, et non sa fermeture…

    Jam, bone pastor, Petre, clemens accipe
    Vota precantum, et peccati vincula
    Resolve, tibi potestate tradita
    Qua cunctis cælum verbo claudis, aperis.

    Maintenant bon Pasteur Pierre, en ta clémence reçois les vœux des suppliants, et les liens du péché délie-les, par ce pouvoir à toi remis, par lequel à tous par ta parole fermes le ciel, l’ouvre.