L’office utilise comme hymne des laudes une strophe du poème Aurea luce, célébrant saint Pierre et saint Paul, qu’on a attribué à la Sicilienne Elpis, mais que certains attribuent aujourd’hui à saint Paulin d’Aquilée.
Dans le bréviaire romain c’est la version revue et corrigée par Urbain VIII. La voici :
Beáte pastor, Petre, clemens áccipe
Voces precántum, criminúmque víncula
Verbo resólve, cui potéstas trádita
Aperíre terris cælum, apértum cláudere.
Bienheureux Pasteur, Pierre, en ta clémence reçois les prières de ceux qui t’invoquent, et les liens des crimes délie-les par ta parole, toi à qui a été remis le pouvoir d’ouvrir le ciel à la terre, ouvert de le fermer.
Le bréviaire monastique a gardé la version originelle, qui demande à saint Pierre d’entendre les vœux des fidèles et pas seulement leur voix, qui parle simplement du péché et n’en fait pas des « crimes », et finit sur l’ouverture du ciel, et non sa fermeture…
Jam, bone pastor, Petre, clemens accipe
Vota precantum, et peccati vincula
Resolve, tibi potestate tradita
Qua cunctis cælum verbo claudis, aperis.
Maintenant bon Pasteur Pierre, en ta clémence reçois les vœux des suppliants, et les liens du péché délie-les, par ce pouvoir à toi remis, par lequel à tous par ta parole fermes le ciel, l’ouvre.
Commentaires
Merci pour cette hymne, dont je n'avais pas trop vu les nuances entre la version originelle et celle retouchée.
On voit bien ici que cette réforme d'Urbain VIII (1629-31) était un caprice de latiniste classicisant, car, comme dans bien des cas, l'originelle était composée dans un latin compréhensible...
Enfin, petit correctif à la traduction de la version originelle : à la fin, il faudrait mettre 'lEquel' et non 'lAquelle', car le relatif se rapporte à 'potestate', féminin en latin que vous traduisez par le masculin français 'pouvoir'.
Et voilà... Parce que j'avais d'abord mis "puissance"...
Merci !
Le charcutage d'Urbain VIII avait aussi pour but de donner aux aux hymnes la perfection de la prosodie et de la métrique latines classiques, qui n'étaient déjà plus respectées par les poètes latins du IVe siècle... Urbain VIII et ses jésuites se piquaient de mieux connaître le latin que saint Ambroise et saint Grégoire...