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Liturgie - Page 266

  • Saint Raymond de Penyafort

    Après avoir réalisé pour Grégoire IX une nouvelle édition des décrétales pontificales (gros travail de compilation et d’harmonisation des décisions prises par le pape), saint Raymond retourna en 1236 à Barcelone. Mais avant d’y arriver il accosta à Tossa de Mar, où on le conduisit près d’un mourant qui avait perdu l’usage de ses sens, et sa famille se lamentait qu’il ne puisse pas se confesser. Raymond pria longuement puis demanda au mourant s’il voulait se confesser. Pas de réponse. Alors il pria de nouveau, avec ses compagnons et la famille, et tous ceux qui étaient là, puis il posa la question derechef. Alors le mourant sortit du coma et dit : « Mais oui, je veux me confesser et j’en ai un vif désir. » Alors Raymond éloigna tout le monde, confessa le malade, qui mourut en paix. (Saint Raymond de Penyafort avait aussi rédigé une très importante « somme pénitentielle ».)

    A Tossa de Mar on raconte que Raymond, sur le navire qui le ramenait de Rome, eut la révélation qu’en ce lieu, sur la plage, un mourant, avait besoin de lui. Mais aucun bateau ne pouvait accoster. Raymond prit une chaloupe, avec quelques assistants, et se dirigea vers la plage. Les rochers se séparèrent afin de le laisser passer. Raymond confessa le mourant comme on l’a déjà vu, et lorsqu’il fit le signe de croix de l’absolution un éclair grava la croix dans le rocher. On voit toujours cette croix (qui pour les rationalistes n’est qu’une veine naturelle de feldspath), et l’on installa une stèle, avec les premiers mots du cantique qui fut composé pour l’occasion. Et l’on célébra la messe en ce lieu tous les ans en la fête de sant Ramon de Penyafort.

    Screenshot-2018-1-22 La légende de Sant Ramón de Penyafort à la plage Mar Menuda de Tossa de Mar.png

    Screenshot-2018-1-22 Les plages de Tossa de Mar Platja de la Mar Menuda ou Playa de Mar Menuda et la légende de Penyafort.png

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  • Saint Vincent

    La « séquence », ou « prose », d’Adam de Saint-Victor sur saint Vincent est particulièrement remarquable par la perfection de son rythme, des allitérations et des assonances. On goûtera le « torretur, non terretur », digne de saint Augustin ou de saint Bernard, et ce n’était pas évident de placer « Caesaraugustanam », qui est donc le nom latin de Saragosse… (Traduction de dom Guéranger.)

    Ecce dies praeoptata,
    Dies felix, dies grata,
    Dies digna gaudio.

    Voici le jour désiré, jour heureux, jour délectable, jour de grande liesse.

    Nos hanc diem veneremur,
    Et pugnantem admiremur
    Christum in Vincentio.

    Vénérons ce jour, et admirons les combats du Christ dans Vincent.

    Ortu, fide, sanctitate,
    Sensu, verbo, dignitate,
    Clarus et officio.

     Tout est illustre en ce Martyr : naissance, foi, sainteté, science, parole, dignité, office.

    Hic arcem Diaconi,
    Sub patris Valerii
    Regebat imperio.

    Dans les honneurs du Diaconat, sous Valère son père, il commandait dans l’Église.

    Linguae praesul impeditae
    Deo vacat: et Levitae
    Verbi dat officium.

    Privé du don de la parole, le Pontife vaquait à Dieu, et confiait au Lévite le ministère de l’enseignement.

    Cujus linguam sermo rectus,
    Duplex quoque, simplex pectus,
    Exornat scientia.

    La droiture des discours brillait dans l’éloquence du Diacre; une double science s’épanchait de la simplicité de son cœur.

    Dumque fidem docet sanam
    Plebem Caesaraugustanam,
    Comitante gratia,

    Mais pendant qu’il instruit dans la saine doctrine, par le secours de la grâce, le peuple de Saragosse,

    Saevit in Ecclesiam
    Zelans idolatriam
    Praesidis invidia.

    Un Préfet jaloux, ardent pour l’idolâtrie, se déchaîne contre l’Église.

    Post auditam fidei constantiam,
    Jubet ambos pertrahi Valentiam
    Sub catenis.

    Au bruit de la constance qu’ils montrent dans la foi, il fait traîner les deux apôtres, sous les chaînes, à Valence.

    Nec juveni parcitur egregio,
    Nec aetas attenditur ab impio
    Sancti senis.

    Ni la jeunesse en sa fleur n’obtient grâce, ni l’impie ne considère l’âge du vieillard.

    Fessos ex itinere,
    Pressos ferri pondere
    Tetro claudit carcere,
    Negans victualia.

    Las du chemin, accablés sous le poids des chaînes, on les enferme dans un sombre cachot sans nourriture.

    Sic pro posse nocuit,
    Nec pro voto potuit,
    Quia suos aluit
    Christi providentia.

    Jusque-là s’étend le pouvoir du tyran ; pour le reste son désir demeure impuissant ; car le Christ lui-même nourrit ses deux soldats par sa providence.

    Seniorem relegat exilio:
    Juniorem reservat supplicio
    Praeses acerbiori.

    Lors le Préfet exile le vieillard, mais réserve le jeune homme pour un plus affreux supplice.

    Equuleum perpessus et ungulam
    Vincentius, conscendit craticulam
    Spiritu fortiori.

    Vincent souffre le chevalet et les ongles de fer; il monte sur le gril d’un cœur assuré.

    Dum torretur, non terretur ;
    Christum magis confitetur,
    Nec tyrannum reveretur,
    In ejus praesentia.

    Il brûle, mais n’est point intimidé; il n’en confesse que plus hautement le Christ, et il brave en face le tyran.

    Ardet vultus inhumanus:
    Haeret lingua, tremit manus:
    Nec se capit Dacianus
    Prae cordis insania.

    Le visage de Dacien s’enflamme de colère; dans sa rage, il balbutie ; sa main tremble, et dans son délire, il ne se contient plus.

    Inde specu Martyr retruditur,
    Et testulis fixus illiditur;
    Multa tamen hic luce fruitur,
    Ab Angelis visitatus.

    Par son ordre, le Martyr est rejeté dans sa prison ; on le couche sur des têts aigus ; mais une lumière éclatante le vient réjouir, et les Anges le visitent.

    In lectulo tandem repositus,
    Ad superos transit emeritus,
    Sicque suo triumphans spiritus
    Est Principi praesentatus.

    Enfin, déposé sur un lit, soldat émérite, il s’envole dans les cieux, et son âme triomphante est présentée au Seigneur.

    Non communi sinit jure
    Virum tradi sepulturae
    Legi simul et naturae
    Vim facit malitia.

     On refuse au corps du héros le droit commun de la sépulture ; la haine du tyran outrage à la fois la loi et la nature.

    In defunctum judex saevit:
    Hinc defuncto laus accrescit:
    Nam quo vesci consuevit
    Reformidat bestia.

    Ce juge sévit contre un mort ; mais ce mort grandit en gloire ; les bêtes féroces tremblent à l’aspect de l’objet que, d’ordinaire, elles dévorent.

    En cadaver inhumatum
    Corvus servat illibatum:
    Sicque sua sceleratum
    Frustratur intentio.

    C’est un corbeau qui garde intact ce corps sans sépulture : ainsi est déjouée l’intention barbare du tyran.

    At profanus Dacianus
    Quod consumi nequit humi,
    Vult abscondi sub profundis
    Gurgitis silentio.

    C’est alors que le profane Dacien ordonne d’ensevelir, sous le silence des ondes, un corps dont la terre ne peut le défaire.

    Nec tenetur a molari,
    Nec celari potest mari:
    Quem nunc laude singulari
    Venerari voto pari
    Satagit Ecclesia.

     Ni la meule n’a pu retenir au fond, ni la mer dérober aux regards celui que toute l’Église s’empresse d’honorer aujourd’hui de sa louange singulière.

    Ustulatum corpus igne,
    Terra, mari fit insigne.
    Nobis, Jesu, da benigne.
    Ut cum Sanctis te condigne
    Laudemus in patria. Amen.

    Ce corps, demi-brûlé dans le feu, est devenu fameux sur la terre et sur la mer. Bon Jésus ! donnez-nous de vous louer dignement, avec vos Saints, dans la patrie. Amen.

  • 3e dimanche après l’Epiphanie

    Dans l’introït nous demandons aux anges d’adorer Dieu. Comme dans un dernier regard à la crèche ? Plutôt comme un premier regard à la messe qui commence, car l’autel est environné d’une multitude d’anges venus accompagner le saint sacrifice, venus adorer le Dieu qui s’immole. Dans un mouvement rare, la mélodie atteint son sommet dès la première incise, précisément sur les anges, qui forment comme une arche tout en haut de cette mélodie, qui est aussi le sommet du mode. Tout le reste est dédié à la joie qui découle de cette adoration, « très marquée dans les rythmes binaires de laetata est, dans la broderie légère et si gracieuse de et exultavérunt et jusque dans la quinte descendante de filiae, si expressive d'un bonheur profond » (dom Baron), joie qui rejaillit sur toute la Jérusalem céleste (Sion, filiae Judae) dont nous faisons mystiquement partie à la messe.

    Adoráte Deum, omnes Angeli eius : audívit, et lætáta est Sion : et exsultavérunt fíliæ Iudæ.
    Dóminus regnávit, exsúltet terra : læténtur ínsulæ multæ.

    Adorez Dieu, vous tous ses Anges, Sion a entendu et s’est réjouie, et les filles de Juda ont tressailli de joie.
    Le Seigneur est roi ; que la terre tressaille de joie, que toutes les îles se réjouissent.

  • A Saint-Pol de Léon

    Le blog Ar Gedour nous donne des nouvelles de la chapelle Saint-Joseph de Saint-Pol de Léon. La restauration de la chapelle se poursuit, il y a désormais trois messes (de saint Pie V) chaque semaine, un patronage vient d’ouvrir, la fréquentation de l’Abri du pèlerin est en hausse…

    Il y a quelques années cette chapelle était complètement abandonnée. Elle fut achetée par l’omniprésent Philippe Abjean, l’homme qui a relancé le Tro Breizh et qui a créé la Vallée des saints, et qui a fondé l’Œuvre Saint-Joseph, dite aussi « les ouvriers du Bon Dieu » pour acheter et restaurer les chapelles abandonnées.

    La chapelle Saint-Joseph n’a pas d’intérêt vue de l’extérieur, en dehors de son joli clocher… qui était celui du couvent des ursulines. Mais l’intérieur paraît agréable (photo de l’inauguration, avec Philippe Abjean).

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    La chapelle est desservie par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. C’était l’abbé Loïc Courtois depuis l’été 2016 ; depuis mai dernier lui a été adjoint l’abbé Nicolas Télisson.

    On ne sait pas si le site de la FSSP dans le diocèse de Quimper n’a pas été mis à jour, ou – plutôt - a été mis à jour de façon… un peu rapide, mais on y lit que l’abbé Courtois « célèbre la messe chaque dimanche à 10h30 à Quimper, et à 10h00 à Saint-Pol de Léon ». Ou alors la bilocation est plus répandue qu’on ne le pense…

  • Et hop…

    Selon Gloria.tv, le Vatican, l’ordre trappiste et le diocèse d’Aix-la-Chapelle ont annoncé hier la fermeture de l’abbaye de Mariawald. Je ne vois pas encore de confirmation de cette nouvelle, mais Gloria.tv paraît bien informé. De plus, c’est hélas dans la logique des choses, et de l’occupant du Saint-Siège.

    En 2006 avait été élu père abbé de Mariawald dom Josef Vollberg. En 2008, il avait obtenu que soit appliqué à son monastère l’article 3 de Summorum Pontificum. Dans le cadre d’un retour non seulement à la liturgie traditionnelle cistercienne, mais à toute l’antique discipline des cisterciens dits de la stricte observance.

    Et l’on a assisté au même processus qui a conduit à la destruction des Franciscains de l’Immaculée. Quelques moines de la vieille garde post-conciliaire se sont révoltés parce que... c’était trop fatigant de se lever à 3 heures du matin… En 2016, le « père immédiat », Dom Bernardus Peeters, père abbé de Koningshoeven, fit une « visite régulière » en compagnie d’un autre père abbé, Dom Erik Varden, ce qui laissait entendre qu’il y avait un problème à régler. Le problème fut réglé par la démission de dom Josef Vollberg en octobre de la même année. Le mois suivant, dom Bernardus Peeters publiait un texte où il disait tout son amour de Mariawald, soulignait que dom Josef avait librement démissionné de lui-même sans être contraint par qui que ce soit... et disait plusieurs fois que son but était que Mariawald puisse continuer à vivre dans les meilleures conditions…

    On a beau être habitué à l’hypocrisie ecclésiastique, je reste effaré de voir comment un abbé cistercien peut parler comme un fonctionnaire de la curie romaine et affirmer tranquillement, à des moines, le contraire de la vérité.

    Mariawald était le seul monastère de trappistes hommes en Allemagne.

    Addendum 23 janvier

    L'information est confirmée par la Congrégation pour les instituts de vie consacrée. Dom Bernardus Peeters est devenu le commissaire pontifical chargé de la fermeture...

  • Saints Fabien et Sébastien

    Ces deux saints n’ont pas de rapport entre eux, sinon d’avoir été tous deux martyrisés à Rome, sans doute un 20 janvier, en 250 pour le pape Fabien (au début de la persécution de Dèce), vers 303 pour Sébastien, officier de la garde de Dioclétien. Car ils n’ont pas non plus été réunis à l’occasion d’une « translation » de leurs reliques dans une même église. Ils sont seulement les deux premiers cités dans le martyrologe du jour. Le cardinal Schuster nous apprend du reste qu’à Rome dans l’antiquité on célébrait deux messes : celle de saint Fabien au cimetière de Callixte, et celle de saint Sébastien dans les catacombes. Comme on attribuait à saint Sébastien un grand nombre de miracles, sa renommée dépassa bientôt celle de Fabien, et c’est la messe de saint Sébastien qui s’imposa quand on fusionna les deux fêtes.

    L’introït est devenu celui d’un commun des martyrs. Le voici par les moniales d’Argentan sous la direction de dom Gajard.

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    Graduel prémontré du XIIe siècle, Porrentruy

    Intret in conspéctu tuo, Dómine, gémitus compeditórum : redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum : víndica sánguinem Sanctórum tuórum, qui effúsus est.
    Deus, venérunt gentes in hereditátem tuam : polluérunt templum sanctum tuum : posuérunt Jerúsalem in pomórum custódiam.

    Que le gémissement des captifs pénètre jusqu’à vous, Seigneur ; et pour ceux qui nous entourent faites retomber dans leur sein au septuple l’outrage qu’ils ont fait tomber sur vous ; vengez le sang de vos Saints, qui a été répandu.
    Ô Dieu, les nations sont venues dans votre héritage, elles ont souillé votre saint temple, elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits.


    podcast

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  • Saints Marius, Marthe, Audifax et Abachus

    Bien que les nombreux grands saints du moyen âge et des temps modernes soient plus connus et plus près de nous par le temps, nous devons cependant être remplis du plus grand respect, quand nous célébrons la fête des anciens martyrs. Quelle force dans la foi, quel courage dans les souffrances, quel amour pour le Christ se manifestent dans leur mort héroïque, qui les rend si semblables à Notre Seigneur ! Ils sont la semence d’où est sortie la riche moisson des peuples, d’où nous sommes sortis nous-mêmes. Avec quelle ferveur se célèbre le Saint Sacrifice, un jour de fête de martyr ! L’Église nous transporte au tombeau du martyr, sur lequel nous célébrons les saints mystères. Les martyrs renouvellent là le sacrifice de leur vie et l’unissent au Sacrifice rédempteur du Christ. Nous recevons une part de leur foi courageuse et nous sommes associés à leur gloire. Le martyre est une continuation et un renouvellement de la mort du Christ dans son corps mystique.

    Le missel est riche en formulaires pour les martyrs (en dehors des trois du commun, il y en a encore un certain nombre de propres). Ces formulaires sont très anciens et tout pénétrés de l’enthousiasme de la primitive Église. On y respire, pour ainsi dire, l’air des Catacombes. La messe d’aujourd’hui est composée, pour la majeure partie, de textes du commun. L’Introït nous transporte immédiatement au céleste banquet de noces où les justes (ce sont ici les martyrs) se réjouissent dans la contemplation divine.

    L’Épître est un morceau d’une rare beauté : c’est l’Église qui nous montre les portraits de nos glorieux ancêtres (la famille de Dieu) et nous exhorte à nous montrer dignes d’eux. Nous appartenons à la famille des martyrs, nous devons donc, au moins, avoir la patience et la confiance, si nous n’avons pas, comme eux, à donner notre vie. Enfin, nous entendons le grand thème de l’ancienne Église, le retour du Seigneur. Encore un peu de temps et il viendra celui qui doit venir.

    Le verset de l’Alléluia est aussi un morceau très ancien : « Dieu est admirable dans ses saints. » C’est là en effet le motif qui détermine l’Église à nous faire célébrer, presque chaque jour, les saints, afin que nous admirions en eux la grandeur de Dieu.

    A l’Évangile, nous sommes sur le mont des Oliviers, aux pieds de Notre-Seigneur qui nous donne les signes de son avènement, les douleurs messianiques ; de ce nombre sont les souffrances des martyrs : « Ensuite, ils vous tueront et tous les peuples vous haïront à cause de mon nom. » C’est ce qui est arrivé aux martyrs que nous fêtons. Dans la messe d’aujourd’hui nous assistons par avance au retour du Christ, dans la splendeur des saints. La communion nous donne aujourd’hui la force pour de nouveaux combats. Le Christ lie amitié avec nous et nous encourage à souffrir. La messe d’aujourd’hui a été comme une heure du Thabor. Nous avons vu le Christ à son retour, dans la splendeur des martyrs. Nous descendons maintenant la montagne de la Transfiguration, pour reprendre le chemin de Croix de la vie.

    Dom Pius Parsch

  • Pour l’unité

    La messe « pour l’unité de l’Eglise », que l’on peut dire entre le 18 et le 25 janvier, était appelée avant 1960 « missa ad tollendum schisma » : messe pour extirper le schisme.

    L’ironie de l’histoire est que cette messe a été composée… par un anti-pape : « Clément VII » d’Avignon. Elle a été promulguée le 29 octobre 1392, et s’est rapidement propagée en France de par la diligence des archevêques, auxquels « Clément » écrivait :

    La sainte mère Eglise, profondément affligée du schisme détestable dans lequel le monde vit par le fait du Malin, se trouve plongée dans l'angoisse et l'amertume de souffrances ineffables, et pleure avec une compassion de tous les instants sur la trahison de ses fils frappés de folie qui s’efforcent de déchire la tunique sans couture du Seigneur, c’est-à-dire l’unité de l’Eglise elle-même. Nous-même en effet, qui de par la disposition de la divine clémence, présidons à ses destinées en dépit de nos insuffisants mérites, et qui désirons passionnément le salut de tous ceux qui nous sont confiés, nous avons le cœur d’autant plus serré à la vue de ce schisme que nous le voyons engendrer un très grand détriment dans les âmes. C’est la raison pour laquelle nous recherchons ardemment les voies et moyens à employer pour que les égarés, rejetant l’obscurité issue de leur aveuglement, reviennent sur la voie droite du salut et se réunissent aux fils dévoués de l’Eglise. Considérant donc que les fidèles attendent et espèrent une solution moins d’un moyen humain quelconque que de l’instance d’une prière humble et confiante, après avoir pris conseil de nos frères cardinaux, nous avons fait composer une messe spéciale pour la cessation du schisme, et nous avons ordonné que ce nouvel office soit copié dans le missel de toutes les églises.

    Suivaient toutes les indications pratiques, et le texte de la messe.

    Cette messe fut copiée dans des centaines de missels, et elle demeura après la fin du schisme, ou plutôt elle se multiplia par le biais de l’imprimerie, et continua de se répandre, en Allemagne, en Espagne, et… à Rome, où elle est attestée au début du XVIe siècle. Elle prend alors une toute nouvelle importance avec les schismes protestants. Et elle figurera donc dans le missel de saint Pie V. Avec quelques modifications, que l’on peut regretter. Le graduel et l’alléluia étaient (en respectant l’orthographe de l’époque) :

    Ecce quam bonum et quam jocundum habitare fratres in unum. ℣. Quoniam illic mandavit Dominus benedictionem et vitam usque in seculum. Alleluya. Dominus nomen illi qui habitare facit unanimes in domo. Alleluya. Edificans Jerusalem Deus dispersiones Israelis congregabit. Alleluya.

    La secrète a également été changée, et l’on a supprimé les prières qui avaient été introduites après le Pater sur le modèle de ce qui avait déjà été fait dans les messes « pour la libération de la Terre Sainte ». Mais pour l'essentiel, y compris les lectures, c'est la messe de l'anti-pape...

    Curieusement, on n’a retrouvé qu’un seul manuscrit indiquant les mélodies (selon le missel de saint Pie V), un graduel hollandais du XVIe siècle. Et seulement huit graduels imprimés (de 1648 à 1858). Curieusement aussi, dom Pothier, chargé d’élaborer le graduel romain, a substitué, pour l’introït, une mélodie de sa composition à la mélodie existante.

  • Notre Dame de Pontmain

    Dans mon diocèse, comme dans les autres diocèses de « l’ouest », c’est la fête de Notre Dame de Pontmain. En 2014 j’avais signalé le lien entre Pontmain et le Japon. Depuis lors j’ai découvert le lien entre Pontmain et… le Liban.

    Béchouate est un village maronite de la Békaa, dans un environnement chiite. Avec une particularité unique : la représentation de la Sainte Vierge est une statue de Notre Dame de Pontmain. Il n’y en a aucune autre au Proche Orient en dehors de Jérusalem. Personne ne sait comment elle est arrivée là. Tout au plus sait-on qu’elle est là depuis le début du XXe siècle, et qu’elle est arrivée en fait après l’incendie de l’église qui, en 1919, a détruit l’icône byzantine miraculeuse. Les habitants étaient fiers d’avoir une Notre Dame qui ne ressemblait à aucune autre, notamment à la Vierge de Lourdes qu’on voit partout, y compris à Béchouate (mais nul n’y fait attention). Jusqu’à il y a peu, ils savaient seulement que la « Vierge bleue » (al-azra al-zarqa) venait de France, sans plus.

    Or, le 21 août 2004 il y eut un événement. Un Jordanien musulman et son fils visitaient l’église avec un ami maronite. Un moment l’enfant s’adresse au maronite : « Tonton François, qui est cette femme qui me sourit ? » L’ami répond que ce n’est qu’une statue de plâtre, qui ne bouge pas et ne sourit pas. L’enfant reprend : « Alors elle est animée électriquement ? » L’homme, intrigué, regarde, et voit bouger le chapelet qui a été passé autour de la croix que tient la statue. A ce moment-là, un fidèle qui se trouve là s’exclame qu’il voit les yeux de la Vierge « s’animer comme pour faire le signe de croix ». Et l’enfant s’entend dire cette prière « plus grande que lui » : « Salut à toi, Vierge Marie, Reine du monde, de la paix et de l’amour. Des vieillards, des enfants et des femmes tombent de par le monde. Instaure la paix, l’amour et la liberté sur la face de la terre, ô Reine du monde. » Peu après, une huile odorante suinte de la statue, comme de tant d’icônes en Orient. Dès le lendemain commence une longue série de miracles (répertoriés dans un cahier avec les certificats médicaux) : un enfant chiite est guéri d’une tumeur à l’oreille, un jeune maronite quitte sa chaise roulante…

    Béchouate devient célèbre, et la classe politique, président en tête, voit tout de suite l’intérêt de célébrer cette Vierge catholique qui sourit à des musulmans (en fait elle était déjà connue dans la Bekaa comme « la Vierge qui fait des miracles avec les musulmans »). On élargit la route, on construit des infrastructures, des boutiques et des restaurants s’installent, et tous les idéologues du « dialogue » islamo-chrétien s’affairent… (Mais il n’y aura aucun syncrétisme. On peut même noter qu’un prêtre du sanctuaire, qui a vu l’huile suinter, est un chiite converti.)

    C’était donc en août 2004. Le mois suivant, une résolution de l’ONU exigeait le départ des troupes syriennes du Liban. Comme en 1871 les troupes prussiennes avaient quitté la France après l’apparition de Pontmain.

    Les habitants de Béchouate racontent un autre fait curieux. Au début de la guerre du Liban, en 1975, le village était bombardé par les Palestiniens et la milice chiite Amal. Or il n’y eut aucun blessé. Quelque temps plus tard les chrétiens firent prisonniers des chiites qui avaient participé aux bombardements, et ceux-ci leur dirent qu’ils avaient vu la Dame de Béchhouate se lever au-dessus du village et arrêter les obus de ses mains. C’est aussi ce que disaient les moines de Czestochowa quand la sainte colline fut attaquée en 1655 par les Suédois...

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    Autrefois sa robe était plus foncée et le crucifix était rouge, comme à Pontmain. Mais au fil des ans il a fallu refaire plusieurs fois la robe, et le crucifix a perdu sa couleur, puis il a fallu le changer et on lui a laissé sa teinte naturelle. Et pour empêcher les fidèles de continuer de dégrader la statue on l'a mise derrière une vitre...

    Et bien sûr elle est partout:

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  • Saint Marcel Ier

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    Jacques de Besançon, XVe siècle.

    Marcellin gouverna l’Eglise romaine neuf ans et quatre mois. II fut pris par l’ordre de Dioclétien et de Maximien et conduit pour sacrifier. Comme il n'y voulait pas consentir et qu'alors il avait à s'attendre de souffrir divers supplices, cédant à la peur du tourment, il mit deux grains d'encens dans le sacrifice. La joie des infidèles fut grande, mais une tristesse immense s'empara des fidèles. Toutefois les membres sains reprennent de la vigueur sous un chef affaibli et comptent pour rien les menaces des princes. Alors les fidèles viennent trouver le souverain Pontife et lui adressent de graves reproches. Marcellin voyant cela se soumit au jugement d'un concile des évêques. A Dieu ne plaise, dirent-ils, qu'un souverain pontife soit jugé par personne; mais vous-même, instruisez votre cause dans votre conscience, et jugez-vous de votre propre bouche. » Alors il se repentit beaucoup, pleura et se déposa lui-même; cependant, toute la foule le réélut encore. Les Césars, qui apprirent cela, firent saisir Marcellin une seconde fois, et comme il ne voulait absolument pas sacrifier, ils commandèrent de le décapiter. La fureur des ennemis se ralluma, en sorte que dans l’espace d'un mois, dix-sept mille chrétiens furent mis à mort. Pour Marcellin qui devait être décapité, il s'avoua indigne de la sépulture chrétienne ; en conséquence il excommunia tous ceux qui auraient la présomption de l’ensevelir. C'est pourquoi son corps resta 35 jours sans sépulture. Après ce temps, saint Pierre, apôtre, apparut à Marcel, son successeur, et lui dit : « Frère Marcel, pourquoi ne m’ensevelis-tu pas ? » « Seigneur, lui répondit Marcel, n'êtes-vous pas déjà enseveli ? » L'apôtre lui dit : « Je me répute non enseveli, tant que je verrai Marcellin sans sépulture. » « Mais, Seigneur, lui répartit Marcel, est-ce que vous ne savez pas qu'il a anathématisé tous ceux qui l’enseveliraient ? » Pierre dit : « N'est-il pas écrit : celui qui s'humilie sera élevé ? C'est à cela qu'il fallait faire attention; va donc l’ensevelir à mes pieds. » Il y alla aussitôt et accomplit honorablement les ordres de saint Pierre.

    Jacques de Voragine, La légende dorée.