Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 261

  • Vendredi de la troisième semaine de carême

    « Quiconque boira de cette eau aura encore soif: au lieu que celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif » : cette femme avait déjà entendu parler d'une eau vive, mais elle n'avait pas compris quelle était cette eau : comme on appelle eau vive celle qui coule continuellement de source et ne tarit jamais, elle croyait que c'était celle-là qu'il fallait entendre. C'est pourquoi Jésus-Christ, dans la suite, lui fait plus clairement connaître l'eau dont il s'agit, et lui en montrant l'excellence par la comparaison qu'il en fait avec l'autre, il continue ainsi : « Celui qui boit de l'eau que je lui donnerai , n'aura jamais soif », lui montrant par là son excellence, et encore par ce qui suit : en effet, l'eau matérielle n'a aucune des qualités qu'il attribue à la sienne. Qu'est-ce donc qui vient ensuite? « L'eau que je donnerai deviendra dans lui une fontaine d'eau qui rejaillira jusque dans la vie éternelle. » Car de même que l'homme qui a chez lui une fontaine, n'aura jamais soif, il en est de même de celui qui aura cette eau.

    Cette femme crut aussitôt, en quoi elle se montra beaucoup plus sage que Nicodème, et non seulement plus sage, mais aussi plus forte. Nicodème, en effet, ayant ouï une foule de semblables choses, ne fut appeler ni inviter personne, il ne crut même pas et n'eut point confiance : la Samaritaine, au contraire, annonçant à tout le monde ce qu'elle a appris, fait la fonction d'apôtre. Nicodème, à ce qu'a dit Jésus-Christ, réplique : « Comment cela se peut-il faire? » (Jean. III, 9.) Et Jésus ayant apporté un exemple clair et sensible, l'exemple du vent, il ne crut pas encore. Mais la Samaritaine se conduit bien autrement: elle doutait au commencement; ensuite, sur un simple énoncé sans preuves, elle se rend et croit aussitôt. Car après que Jésus eut dit: « L'eau que je lui donnerai deviendra dans lui une fontaine d'eau qui rejaillira jusque dans la vie éternelle », elle réplique sur-le-champ : « Donnez-moi de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en tirer. »

    Ne voyez-vous pas, mes frères, comment insensiblement Jésus-Christ l'élève à la plus haute doctrine et à la perfection de la foi? D'abord elle le regardait comme un juif schismatique et violateur de la loi ; ensuite, lorsque Jésus eut éloigné cette accusation (car il ne convenait pas que celui qui devait l'instruire fût suspect), ayant entendu parler d'une eau vive, elle pensa que c'était de l'eau naturelle et sensible qu'il parlait ; comprenant enfin que l'eau qu'il promettait était spirituelle, elle crut que ce breuvage avait la vertu de désaltérer, et toutefois elle ne savait pas ce que c'était que cette eau ; mais elle doutait encore : comprenant déjà qu'il s'agissait d'une chose dépassant la portée des sens, mais n'en ayant pas encore une entière connaissance. Enfin elle voit plus clair, et néanmoins elle ne comprend pas tout, puisqu'elle dit : « Donnez-moi de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus en tirer. » Ainsi déjà elle préférait Jésus à Jacob. Non, je n'ai pas besoin de cette fontaine, disait-elle en elle-même, si vous me donnez l'eau que vous me faites espérer : en quoi vous voyez bien qu'elle le préfère au patriarche. Voilà la marque d'un bon esprit. Elle a fait paraître qu'elle avait une grande opinion de Jacob : elle vit un homme plus grand que Jacob, son premier sentiment ne fut pas capable de l'arrêter. Cette femme ne crut donc pas facilement, et elle ne reçut pas inconsidérément ce qu'on lui disait, puisqu'elle chercha avec tant de soin à s'éclaircir et à découvrir la vérité, mais aussi elle ne fut ni indocile, ni opiniâtre : sa demande le fait bien voir.

    (…)

    Et à propos de quoi, demandez-vous, Jésus-Christ lui dit-il : « Appelez votre mari ? » Il s'agissait d'une grâce et d'un don qui surpasse la nature humaine : cette femme le lui demandait avec instance. Jésus a dit : « Appelez votre mari », pour lui faire entendre que son mari y devait aussi participer. Elle cache son déshonneur par le désir qu'elle a de recevoir ce don, et croyant parler à un homme, elle répond : « Je n'ai point de mari. » La voilà l'occasion, elle est belle, Jésus-Christ la saisit et lui parle, sur les deux points, avec une grande précision : car il énumère tous les maris qu'elle a eus auparavant, et déclare celui qu'elle cachait. Que fit-elle donc ? Elle ne s'en offensa point, elle ne s'éloigna point pour aller se cacher, elle ne prit pas le reproche en mauvaise part, au contraire elle en fut dans une plus grande admiration, et n'en devint que plus ferme et plus persévérante; elle dit : « Je vois bien que vous êtes un prophète. » Au reste, faites attention à sa prudence : elle ne court pas aussitôt à la ville, mais elle s'arrête encore à réfléchir sur ce qu'elle vient d'entendre, et elle en est toute surprise. Car ce mot : « Je vois », veut dire Vous me paraissez un prophète. Puis, une fois qu'elle a conçu ce soupçon, elle ne propose à Jésus-Christ aucune question sur les choses terrestres, ni sur la santé du corps, ni sur les biens de ce monde, ni sur les richesse,; mais promptement elle l'interroge sur la doctrine, sur la religion. Et que dit-elle ? « Nos pères ont adoré sur cette montagne », parlant d'Abraham, parce que les Samaritains disaient qu'il y avait amené son fils. « Et vous autres, comment pouvez-vous dire que c'est dans Jérusalem qu'est le lieu où il faut adorer ? »

    Ne voyez-vous pas, mes frères, combien l'esprit de cette femme s'est élevé ? Auparavant elle ne pensait qu'à apaiser sa soif, elle ne pense plus maintenant qu'à s'instruire. Que fait donc Jésus-Christ ? Il ne résout pas la question proposée ; car il ne s'attachait pas à répondre exactement à tout, c'eût été une chose inutile. Mais il élève toujours de plus en plus son esprit, et il ne commence à entrer en matière qu'après qu'elle l'a reconnu pour prophète, afin qu'elle ajoute plus de foi à ses paroles. En effet, regardant Jésus-Christ comme un prophète, elle ne doutera point de ce qu'il lui dira.

    Saint Jean Chrysostome

  • A propos de la nouvelle "mémoire"

    Le site New Liturgical Movement publie un texte intéressant de Matthew Hazell sur la « mémoire obligatoire » de « Marie mère de l’Eglise » le lundi après la Pentecôte dans la « forme ordinaire ».

    En résumé :

    1. C’est un obstacle à un éventuel retour de l’octave de la Pentecôte dans la forme ordinaire. Comme si on voulait verrouiller le nouveau calendrier alors que Paul VI lui-même avait déploré la suppression de cette octave.

    2. L’un des principes de la « réforme » était qu’il fallait supprimer les fêtes de « dévotion » et les fêtes redondantes. Or la mémoire de Marie Mère de l’Eglise est explicitement présentée comme une fête de dévotion. Et la nouvelle fête mariale du 1er janvier est notamment une fête de Marie Mère de l’Eglise comme le dit explicitement la post-communion. Il semble bien alors que l’invention de cette fête par François entre en contradiction avec le principe énoncé par François que la réforme liturgique est « irréversible ».

  • Jeudi de la troisième semaine de carême

    Lorsque Grégoire II, au deuxième quart du VIIIe siècle, décida d’instituer des messes les jeudis de carême, le clerc chargé d’en composer les formulaires reprit le plus souvent, pour les oraisons, celles de la messe de la veille dans l’antique sacramentaire gélasien… Sauf pour ce jeudi. Les chants de la messe de la mi-carême étant d’essence festive, et cette messe étant célébrée à Rome en l’église des saints Côme et Damien, il eut l’idée de reprendre les oraisons de la fête de ces deux saints, le 27 septembre. D’où la curieuse particularité, unique dans l’année liturgique, d’une messe du temporal qui a ses trois oraisons célébrant des saints, ces oraisons étant du type de celles qui sont réservées aux fêtes des saints…

    Magníficet te, Dómine, sanctórum tuórum Cosmæ et Damiáni beáta sollémnitas : qua et illis glóriam sempitérnam, et opem nobis ineffábili providéntia contulísti. Per Dóminum.

    Qu’elle vous glorifie, Seigneur, la solennité de vos saints Côme et Damien, solennité bienheureuse où vous leur avez donné la gloire éternelle, et nous avez secourus par votre ineffable providence. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

    In tuorum, Dómine, pretiósa morte iustórum sacrifícium illud offérimus, de quo martýrium sumpsit omne princípium. Per Dóminum.

    En mémoire de la mort précieuse de vos justes, nous vous offrons, Seigneur, ce sacrifice qui est le principe de tout martyre. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

    Sit nobis, Dómine, sacraménti tui certa salvátio : quæ cum beatórum Mártyrum tuórum Cosmæ et Damiáni méritis implorátur. Per Dóminum.

    O Seigneur, que le fruit salutaire de ce sacrement nous soit assuré, car il est imploré en évoquant le souvenir des mérites de vos bienheureux Martyrs Côme et Damien. Par Notre-Seigneur.

  • Mercredi de la troisième semaine de carême

    Étonnante sottise des pharisiens et des scribes ! Ils reprochent au Fils de Dieu de ne pas garder les traditions et les préceptes des hommes : « Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu’ils mangent du pain. » Ce ne sont pas les mains, c’est-à-dire les œuvres du corps qu’il faut laver, mais celles de l’âme afin qu’en elles se réalise la parole de Dieu. « Il leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition ? » Par la vérité de sa réponse il réfute la fausseté de la calomnie. Alors que vous, vous négligez, dit-il, les préceptes du Seigneur à cause d’une tradition des hommes, comment pensez-vous que mes disciples méritent un blâme parce qu’ils font peu de cas des prescriptions des anciens pour garder les préceptes de Dieu ?

    « Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère, et aussi : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : ‘Les secours que tu aurais pu recevoir de moi, j’en ai fait une offrande sacrée’, celui-là n’aura pas à honorer son père ou sa mère. » Dans l’Écriture, l’honneur n’est pas tant dans les salutations et les marques de déférence que dans les aumônes et l’offrande de présents. « Honore les veuves, dit l’Apôtre, qui sont vraiment veuves. » Ici, l’honneur signifie un don. Et dans un autre passage : « Les presbytres qui exercent bien la présidence méritent un double honneur, surtout ceux qui peinent à la parole et à l’enseignement divin. » Par ce précepte nous est prescrit de ne pas museler le bœuf quand il foule le grain, et que l’ouvrier mérite son salaire.

    En considération des infirmités, du grand âge ou de l’indigence des parents, le Seigneur avait ordonné aux enfants d’honorer leurs parents même en subvenant aux besoins de leur existence. Voulant annuler cette loi de Dieu si pleine de sagesse, tout en s’efforçant de travestir leur impiété sous le nom de piété, les scribes et les pharisiens enseignèrent aux enfants pervers que s’ils voulaient vouer à Dieu, leur père véritable, ce qui devait être offert à leurs parents, l’offrande au Seigneur passait avant le don aux parents ; ou bien sans doute, par crainte d’être incriminés de sacrilège, les parents eux-mêmes refusaient les biens qu’ils voyaient consacrés à Dieu et sombraient dans la misère. Et l’offrande des enfants, sous prétexte de servir au Temple de Dieu, passait au profit des prêtres.

    Saint Jérôme (bréviaire)

  • Mardi de la troisième semaine de carême

    La lecture biblique de cette semaine est l’histoire de Joseph, que les exégètes modernes osent appeler « le roman de Joseph », sans même voir l’incongruité de l’anachronisme.

    Les répons des matines sont donc tirés des derniers chapitres de la Genèse, sauf deux. L’un (Lamentabatur Jacob) dont le beau texte est inspiré du récit mais ne s’y trouve pas, l’autre qui cite deux psaumes.

    Le verset du répons cite le psaume 104, qui a la particularité d’être le seul texte de la Bible hébraïque en dehors de la Genèse à parler de Joseph. Comme si la signification de l’histoire de Joseph était tellement messianique qu’on ne pouvait rien en dire avant le Messie…

    Le psaume 104 résume donc l’histoire de Joseph en huit versets : Joseph vendu puis emprisonné puis devenant le maître de l’Egypte et y faisant entrer son père et ses frères. Le répons a gardé le seul verset de l’emprisonnement.

    Le texte du répons proprement dit (℟.) est une curieuse inversion et accommodation du psaume 80.

    Le psaume dit que Dieu a fait un commandement pour Joseph de célébrer la néoménie, quand il sortait de la terre d’Egypte, et que Joseph entendit alors une langue qu’il ne connaissait pas, et Dieu a déchargé ses épaules des fardeaux et ses mains qui portèrent la corbeille.

    Il est clair qu’ici Joseph désigne le peuple d’Israël, comme cela n’est pas rare dans l’Ecriture, plus souvent avec l’expression « maison de Joseph » (qui désigne alors le royaume du nord par opposition au royaume de Juda). Israël sortant d’Egypte a été déchargé des fardeaux et des corbeilles dans lesquelles on transportait la terre pour faire les briques. Le texte est ici inversé : Joseph entre en Egypte, il a entendu une langue qu’il ne connaissait pas, et ses mains (les mains du peuple hébreu qui se développera) ont été mises en servitude. Puis le répons ajoute une phrase qui fait plutôt penser au psaume 104 : « Et il parlait avec sagesse devant les princes » - et qui revient précisément après la citation du psaume 104.

    ℟. Joseph dum intráret in terram Ægýpti, linguam quam non nóverat, audívit : manus ejus in labóribus serviérunt : * Et lingua ejus inter príncipes loquebátur sapiéntiam.

    . Humiliavérunt in compédibus pedes ejus : ferrum petránsiit ánimam ejus, donec veníret verbum ejus.

    ℟. Et lingua ejus inter príncipes loquebátur sapiéntiam.

    Joseph, quand il entra dans la terre d’Egypte, entendit une langue qu’il ne connaissait pas ; ses mains furent asservies au travail : Et il parlait avec sagesse devant les princes. On humilia ses pieds dans des entraves, un fer transperça son âme, jusqu’à ce que s’accomplît sa parole. Et il parlait avec sagesse devant les princes.

  • Lundi de la troisième semaine de carême

    « En vérité je vous le dis, il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d'Elie, lorsque le ciel demeura fermé durant trois ans et six mois. » Voici le sens de ces paroles : Elie était prophète et il se trouvait au milieu du peuple juif. Mais, au moment d'accomplir un prodige, il délaissa les veuves d'Israël pourtant nombreuses et vint trouver « une veuve de Sarepta au pays de Sidon », une pauvre femme païenne, déployant ainsi la figure de la réalité à venir. Le peuple d'Israël en effet « avait faim et soif non de pain et d'eau, mais d'entendre la Parole de Dieu (Amos 8,11) », lorsque Elie vint chez cette veuve, dont le prophète rend témoignage en ces mots : « Les fils de la délaissée sont plus nombreux que les fils de l'épouse (Isaïe 54,1). » Et, à son arrivée, Elie multiplie le pain et les aliments de cette femme.

    Tu étais la veuve de Sarepta, au pays de Sidon, ce pays dont sort la Chananéenne qui désire voir la guérison de sa fille et qui à cause de sa foi mérita de voir sa prière exaucée. « Il y avait beaucoup de veuves en Israël, Elie pourtant ne fut envoyé vers aucune d'entre elles, mais à Sarepta vers une pauvre veuve. »

    Et le Christ ajoute un autre exemple qui va dans le même sens : « Il y avait beaucoup de lépreux en Israël aux jours du prophète Elisée, et aucun d'eux ne fut guéri, mais seulement Naaman, le Syrien » qui certes n'appartenait pas au peuple d'Israël. Considérez le grand nombre de lépreux jusqu'à ce jour en Israël selon la chair. Voyez de l'autre côté l'Elisée spirituel, notre Seigneur et Sauveur, qui purifie dans le mystère baptismal les hommes couverts des souillures de la lèpre et qui vous adresse ces mots : « Lève-toi, va au Jourdain, lave-toi et ta chair redeviendra saine. » Naaman se leva, s'en alla et, en se baignant, accomplit le mystère du baptême, « sa chair devint semblable à la chair d'un enfant ». De quel enfant ? De celui qui « dans le bain de régénération » naîtra dans le Christ-Jésus, à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen.

    Origène, homélie 33 sur saint Luc, traduction latine de saint Jérôme, traduction du latin Sources chrétiennes.

  • 3e dimanche de carême

    Introït

    Oculi mei semper ad Dóminum, quia ipse evéllet de láqueo pedes meos : réspice in me, et miserére mei, quóniam únicus et pauper sum ego.
    Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam.

    Mes yeux sont constamment tournés vers le Seigneur ; car c’est lui qui retirera mes pieds du filet : regardez-moi et ayez pitié de moi ; car je suis délaissé et pauvre.
    Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme : mon Dieu, je mets ma confiance en vous ; que je n’aie pas à rougir.

    A l’Institut Saint Philippe Néri de Berlin :

  • Amusant

    François a inventé une « mémoire de la bienheureuse Vierge Marie Mère de l’Église » le lundi après la Pentecôte.

    Le cardinal Sarah signe le texte qui présente cette nouvelle « mémoire ».

    Mais le prochain lundi de la Pentecôte, le cardinal Sarah sera à Chartres, pour la messe du… lundi de la Pentecôte.

  • Samedi de la deuxième semaine de carême

    Suite du commentaire de la parabole du fils prodigue par Benoît XVI, dont j’avais reproduit le début l’an dernier.

    « Comme il était encore loin, son père l'aperçut » et partit à sa rencontre. Il écoute la confession du fils et mesure le chemin intérieur qu'il a parcouru ; il voit qu'il a trouvé le chemin de la liberté réelle. Alors, il ne le laisse même pas terminer, il le prend dans ses bras, il l'embrasse et fait préparer un grand festin pour exprimer sa joie. La source de cette joie, c'est que le fils, qui « était mort » (15, 32) lorsqu'il était parti avec sa fortune, est maintenant revenu à la vie ; il est ressuscité. Il était perdu et il « est retrouvé ».

    Les Pères ont mis tout leur amour dans l'interprétation de cette scène. Pour eux, le fils prodigue est l'image de l'homme par excellence, de l'« Adam » que nous sommes tous, cet Adam à la rencontre duquel Dieu est allé et qu'il a à nouveau accueilli dans sa maison. Dans la parabole, le père demande à ses domestiques de vite apporter « le plus beau vêtement ». Pour les Pères, ce « plus beau vêtement » se réfère à la grâce perdue dont l'homme était paré à l'origine et qu'il a perdue en péchant. À présent, on lui fait à nouveau don de ce « plus beau vêtement », le vêtement du fils. Dans la fête que l'on prépare, les Pères voient l'image de la fête de la foi, la célébration de l'Eucharistie qui anticipe le repas éternel. Si l'on s'en tient à la lettre du texte grec, le fils aîné, en rentrant chez lui, entend « une symphonie et des chœurs » : pour les Pères, c'est à nouveau une image de la symphonie de la foi, qui fait de l'existence chrétienne une joie et une fête.

    Mais le point essentiel du texte ne se trouve bien sûr pas dans ces détails, l'essentiel est maintenant clairement la figure du père. Est-elle compréhensible ? Un père peut-il, doit-il agir ainsi ? Pierre Grelot a fait remarquer qu'ici, la parole de Jésus est entièrement fondée sur l'Ancien Testament : l'archétype de cette vision de Dieu, du Père, se trouve au Livre d'Osée (11, 1-9). Il y est d'abord question de l'élection d'Israël et de sa trahison : « Mais plus je les appelais, plus ils s'écartaient de moi ; aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles ils brûlaient de l'encens » (Os 11, 2). Mais Dieu voit aussi dans quel état de désolation se trouve ce peuple, avec quelle violence l'épée sévit dans ses villes (cf. Os 11, 6). Et il se passe exactement ce qui est dépeint dans notre parabole : « Comment t'abandonnerais-je, Éphraïm, te livrerais-je, Israël [...] Mon cœur se retourne contre moi, et le regret me consume. Je n'agirai pas selon l'ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint » (Os 11, 8-9). Parce que Dieu est Dieu, le Saint, il agit comme nul homme ne saurait agir. Dieu a un cœur, et ce cœur se retourne pour ainsi dire contre lui-même : chez le prophète comme dans l'Évangile, nous retrouvons ici le mot « compassion », qui renvoie à l'image du sein maternel. Le cœur de Dieu transforme sa colère ; au lieu de punir, il pardonne.

    Addendum

    Le père demande à ses serviteurs de donner au fils prodigue, littéralement (tant en latin qu’en grec) « la première robe », un anneau et des souliers. On interprète toujours : la plus belle robe. Peut-être. Mais peut-être aussi que la première robe n’est pas la seconde : celle-ci étant la « tunique de peau » que revêtent nos premiers parents après le péché originel, la « première robe » étant le vêtement de grâce qu’ils avaient à la création. L’anneau est celui qui est remis par le Pharaon à Joseph et par Assuérus à Mardochée : il porte le sceau royal, il est le signe de l’élection. Quant aux « sandales aux pieds », ce sont exactement les mots de l’Exode (12,11) dans les prescriptions de célébration de la première Pâque. « Comment ne pas voir que chaque détail vise un retour en grâce, transformant l’être même du fils repenti, pour une restauration de l’Alliance, que va sceller, comme toujours, le repas sacrificiel (tuez le veau gras, Genèse 18,7). » (Dom Claude-Jean-Nesmy – ou Mère Elisabeth de Solms ? - Bible chrétienne)

  • Vendredi de la deuxième semaine de carême

    Aux complies des vendredis de carême, dans la liturgie byzantine, on chante l’hymne acathiste, qui est aussi sublime que populaire dans les communautés qui ont cette liturgie. En voici la première strophe (ikos 1) chantée en arabe par le Père Maximos Fahmé, protopsalte de Saint-Julien le Pauvre, dans la tradition d’Alep. Suivie de l’hymne de la victoire (en grec) qui se chante avant et (ou) après les strophes. En union avec les chrétiens d'Alep et de Syrie.


    podcast

    Le prince des anges fut envoyé du ciel dire à la Mère de Dieu : « Salut ». Te voyant, Seigneur, assumer un corps à sa parole incorporelle, il resta interdit et se mit à lui crier ainsi :

    Salut, vous par qui la joie se lève ;
    Salut, vous par qui la malédiction se dissipe.
    Salut, renouvellement de la vocation d’Adam déchu.
    Salut, délivrance d’Ève de ses larmes.
    Salut, hauteur inaccessible aux pensées humaines.
    Salut, abîme insondable même aux yeux des anges.
    Salut, car vous êtes le trône du Roi.
    Salut, car vous portez Celui qui porte toutes les créatures.
    Salut, astre qui fait paraître le soleil.
    Salut, sein de la divine incarnation.
    Salut, renouveau de la création.
    Salut, vous par qui le Créateur se fait enfant.
    Salut, ô épouse sans époux !


    podcast

    Τῇ ὑπερμάχῳ στρατηγῷ τὰ νικητήρια
    Ὡς λυτρωθεῖσα τῶν δεινῶν εὐχαριστήρια
    Ἀναγράφω σοι ἡ Πόλις σου Θεοτόκε.
    Ἀλλ’ ὡς ἔχουσα τὸ κράτος ἀπροσμάχητον
    Ἐκ παντοίων με κινδύνων ἐλευθέρωσον
    Ἵνα κράζω σοι, χαῖρε Νύμφη Ἀνύμφευτε. 

    Invincible chef d’armée, à vous les accents de victoire ! Libérée du danger, votre ville, ô Mère de Dieu, vous offre des hymnes de reconnaissance. Vous dont la puissance est irrésistible, de tout péril délivrez-moi, pour que je puisse vous acclamer : Salut, Epouse sans époux !