Hymne des laudes du carême, traduction Lemaître de Sacy, en alternance d’alexandrins et d’octosyllabes. Doit-on voir une pointe de jansénisme dans l’avant-dernière strophe ? Il n’y a certes rien de répréhensible dans la « traduction », sinon qu’elle s’éloigne vraiment beaucoup du texte pour insister sur la Passion quand il est exclusivement question de la joie de la résurrection (avec allusion au printemps). C’est le mouvement général du poème qui est faussé. J’ajoute la traduction littérale.
Jam, Christe, sol justitiae,
mentis diescant tenebrae,
virtutum ut lux redeat,
terris diem cum reparas.
Jésus, divin soleil de grâce et de justice
Par qui l'astre du jour nous luit,
Chassant l'ombre du ciel, chasse l'ombre du vice
Et dissipe une double nuit,
Dans tempus acceptabile,
Et pœnitens cor tribue:
Convertat ut benignitas,
Quos longa suffert pietas.
Ouvrant à tous les ports d'une humble pénitence
Donne-nous des cœurs pénitents,
Brise enfin ces cœurs durs, ces cœurs dont ta clémence
A souffert durant tant de jours,
Quiddamque pœnitentiæ
Da ferre, quamvis gravium,
Majore tuo munere,
Quo demptio fit criminum.
Fais que le corps soumis à tes lois souveraines
Supporte en paix quelques travaux,
Travaux vraiment heureux qui ne sont pas de peine
Mais la guérison de nos maux.
Dies venit, dies tua,
In qua reflorent omnia:
Lætemur in hac ad tuam
Per hanc reducti gratiam.
Ton jour vient, ton grand jour, où, mort sur le calvaire,
Tu fais mourir la mort en toi.
Mourons donc au péché dans ce temps salutaire
Pour revivre avec notre roi.
Le jour vient, ton jour, dans lequel tout refleurira, en lui nous nous réjouirons, reconduits par lui à ta grâce.
Te rerum universitas
Clemens adoret Trinitas;
Et nos novi per veniam
Novum canamus canticum. Amen.
Que tout homme t'adore, essence en trois unique,
Inconcevable Trinité,
Fais que d'un cœur nouveau, par un nouveau cantique
Nous rendions gloire à ta bonté.
Par le « choir of nuns of the abbey of Notre Dame d’Argentan » (enregistrement américain de 1977) :