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Liturgie - Page 259

  • Jeudi saint

    Deuxième partie de l’hymne O Redemptor, lors de la procession du saint Chrême et de l’huile des catéchumènes vers la sacristie. Messe chrismale de 2015 à l’Administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney, à Campos, Brésil (Mgr Fernando Rifan).

    Ut novetur sexus omnis
    Unctione chrísmatis,

    Ut sanetur sauciata
    Dignitatis gloria.

    O Redemptor, sume carmen
    Temet concinentium.

    Lota mente sacro fonte
    Aufugantur crimina,

    Uncta fronte sacrosancta
    Influunt charismata.

    O Redemptor...

    Corde natus ex Parentis,
    Alvum implens vírginis,

    Praesta lucem, claude mortem
    Chrismatis consortibus.

    O Redemptor...

    Sit haec dies festa nobis
    Saeculorum saeculis

    Sit sacrata digna laude,
    Nec senescat tempore.

    O Redemptor...

    L’Onction du Chrême renouvelle l’un et l’autre sexe; elle rétablit dans l’homme sa dignité violée.

    O Rédempteur, agréez les cantiques de ce chœur qui vous célèbre.

    Quand l’âme est lavée dans la fontaine sacrée, le péché la quitte ; quand le front est marqué de l’huile sainte, les dons divins descendent en elle.

    O Rédempteur.

    Vous qui, sorti du sein du Père, avez habité le sein d’une Vierge, maintenez dans la lumière et préservez de la mort ceux qu un même Chrême a unis.

    O Rédempteur.

    Que cette journée demeure pour nous à jamais une journée de fête; qu’elle soit sainte et glorieuse, et que son souvenir résiste au temps.

    O Rédempteur.

  • Mercredi saint

    Domine, exaudi orationem meam, et clamor meus ad te veniat.
    . Ne avertas faciem tuam a me: in quacumque die tribulor, inclina ad me aurem tuam.
    . In quacumque die invocavero te, velociter exaudi me.
    . Quia defecerunt sicut fumus dies mei: et ossa mea sicut in frixorio confrixa sunt.
    . Percussus sum sicut faenum, et aruit cor meum: quia oblitus sum manducare panem meum.
    . Tu exsurgens, Domine, misereberis Sion: quia venit tempus miserendi ejus.

    Seigneur, écoutez ma prière et que mon cri parvienne jusqu’à vous.
    . Ne me cachez pas votre face au jour de ma détresse ; inclinez vers moi votre oreille.
    . Au jour où je vous invoque, vite, exaucez-moi.
    . Car mes jours se consument en fumée ; mes os brûlent comme un brasier.

    . Comme l’herbe mon cœur se dessèche, j’en oublie de manger mon pain.
    . Dressez-toi, Seigneur, prenez en pitié Sion ; le temps est venu de lui faire grâce.

    Le trait de cette messe est composé des versets 2 à 5 et 14 du psaume 101, dans la version de l’antique psautier romain, qui est ici presque identique au psautier gallican, à la seule notable exception de « sicut in frixorio confrixa sunt » : littéralement : mes os sont frits comme dans la poêle à frire, tandis que le psautier gallican dit : mes os se sont desséchés comme du petit bois (ossa mea sicut cremium aruerunt).

    On constate que le psautier romain avait voulu garder exactement les allitérations du grec : phrygion synephrygèsan, d’où les os frits dans la poêle à frire, et que le psautier gallican n’a pas gardé d’allitération mais a traduit plus exactement un texte qui dit : mes os se sont complètement desséchés comme du bois sec - sans pouvoir semble-t-il garder la répétition de "sec" comme on peut le faire en grec comme en français (mais avec des mots très rares en grec).

    Voici la moitié de ce trait, qui fait partie de la liturgie du vendredi saint dans la forme ordinaire (eh oui, seulement la moitié), le 22 avril 2011 à Saint-Pierre de Rome.


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    Bienheureux cardinal Schuster :

    Le [trait] a été détaché du psaume 101, et il décrit les sentiments de Jésus dans sa suprême agonie, sentiments de douleur et d’humiliation, mais de parfaite confiance en Dieu qui, au moment voulu, se lèvera à son aide et le ressuscitera : « Seigneur, écoutez ma prière, que mon cri arrive jusqu’à vous. Ne détournez pas de moi votre face ; écoutez-moi chaque fois que je suis dans la tribulation. Au jour où je nous invoque, hâtez-vous de m’exaucer, car mes jours s’évanouissent comme la fumée, et mes os sont brûlés comme par une grande flamme. J’ai été abattu comme l’herbe, mon cœur s’est desséché, en sorte que j’ai oublié de manger mon pain. Vous vous lèverez bien pourtant pour compatir à Sion, car il est temps d’en avoir pitié, le moment en est venu. » Avec quel tremblement et quel respect ne devons-nous pas méditer dans le Psautier ces sentiments de Jésus crucifié ! Ce livre sacré de la prière est le meilleur commentaire du saint Évangile, puisque alors que les évangélistes s’occupent de préférence à décrire la vie extérieure et l’enseignement du Sauveur, le psalmiste nous dépeint les sentiments intimes de son cœur.

  • Mardi Saint

    ℟. Deus Israël, propter te sustínui impropérium, opéruit reveréntia fáciem meam, extráneus factus sum frátribus meis, et hospes fíliis matris meæ : * Quóniam zelus domus tuæ comédit me.
    . Inténde ánimæ meæ, et líbera eam, propter inimícos meos éripe me.
    ℟. Quóniam zelus domus tuæ comédit me.

    ℟. O Dieu d’Israël, c’est à cause de vous que j’ai souffert l’opprobre, et que la confusion a couvert ma face ; je suis devenu étranger à mes frères, un inconnu aux fils de ma mère : * Parce que le zèle de votre maison m’a dévoré.
    . Soyez attentif à mon âme et délivrez-la, à cause de mes ennemis ; sauvez-moi.
    ℟. Parce que le zèle de votre maison m’a dévoré.

    Le deuxième répons des matines utilise les versets 8 à 10b du psaume 68, en remplaçant le « quoniam » du début par « Deus Israel » qui termine le verset 7. Le texte n’est pas exactement celui du psautier romain. Il a bien « improperium » à la place de « opprobrium » dans le psautier gallican, « reverentia » à la place de « confusio », et « hospes » à la place de « peregrinus » (ce sont globalement des synonymes), mais il a « extraneus », comme dans le psautier gallican, au lieu de l’étrange « exter » du psautier romain.

    Le "verset" actuel est le verset 19 du même psaume, qui est un des grands psaumes de la Passion (c’est celui qui dit notamment : « Pour nourriture ils m’ont donné du fiel et pour ma soif ils m’ont donné à boire du vinaigre »). Dans les manuscrits médiévaux on trouve d’autres versets, souvent le début du psaume 21, coupé de curieuse façon : « Deus, Deus meus, respice in me, quare me dereliquisti longe a salute mea. » Dieu, mon Dieu, regarde-moi, pourquoi m’as-tu abandonné (de sorte que je suis) loin de mon salut, quand le psaume dit : « Dieu, mon Dieu, regarde-moi, pourquoi m’as-tu abandonné ? Loin de mon salut les paroles de mes péchés. » Est-ce pour enlever ces « péchés » qu’on ne saurait imputer au Christ ? Mais c’est ce qu’il a dit lui-même sur la Croix, et que saint Paul explique très bien : « Lui qui n’avait pas connu le péché, (Dieu) l’a fait péché pour nous. » Le divin bouc émissaire porte nos péchés, il en fait ses péchés pour les expier à notre place.

  • Lundi saint

    Dans l’Année liturgique, dom Guéranger donne en ce jour une magnifique « oratio ad sextam », oraison pour l’heure de sexte, de « l’antique liturgie gallicane ». Cette oraison ne figure pas semble-t-il ailleurs sur internet.

    Christe, Deus, Adonæ magne, nos tecum quasi huic mundo crucifige ; ut vita tua in nobis sit : nostraque peccata super te pone, ut ea crucifigas : nos quoque ad teipsum trahe, cum pro nobis exaltatus es a terra, ut nos eripias ab adultero tyranno : quia licet carne et vitiis diabolo noxii sumus ; tibi tamen, non illi optamus servire : et sub tuo jure vivere desideramus, et a te gubernari rogamus ; qui nos mortales et a morte invasos, per mortem Crucis liberare voluisti. Pro quo singulari beneficio hodierna tibi nostra famulatur devotio : teque nunc hodie supplices adoramus, imploramus, invocamus ; ut ad nos properes, virtus æterna Deus : quod nobis proficiat tua Crux, triumphans scilicet de mundo in nobis per Crucis virtutem : atque tua pietas nobis illud antiquum restituat beneficium, virtute scilicet et gratia : qui per potentiam futura, præterita ; per præsentiam facis similiter præterita præsentia ; redde, ut nobis tua Passio salutaris sit, quasi præsens et hodierna ; et sic nobis hodie, illa gutta sancti sanguinis tui super terram olim de Cruce stillantis, sit salus : ut omnia terræ nostræ delicta lavans, et corporis nostri humo quodam modo immixta, nos de terra tuos efficiat ; nos quoque tibi quasi corpus idem reconciliati capitis. Qui regnas cum Patre semper et Spiritu Sancto ; nunc nobis regnare incipe, Homo Deus, Christe Jesu, Rex in sæcula sæculorum.

    O Christ ! Ô Dieu, souverain Seigneur, crucifiez-nous comme vous même à ce monde ; que votre vie soit en nous. Mettez sur vous nos péchés, afin qu’ils soient, eux aussi, par vous attachés à la Croix. Vous qui avez été élevé de terre, afin de nous soustraire au joug de l’impur tyran, attirez-nous à vous. Nous sommes, il est vrai, exposés aux insultes du diable, à cause de notre chair et de ses convoitises ; mais ce n’est pas lui, c’est vous que nous voulons servir. Nous voulons vivre sous vos lois ; nous vous prions de nous gouverner, vous qui, par la mort de la Croix, avez daigné nous délivrer, nous mortels et envahis par la mort. Aujourd’hui donc, pour cet immense bienfait, nous vous présentons notre très humble service ; nous vous adorons, nous vous implorons, nous vous supplions de venir promptement vers nous, ô Dieu éternellement puissant ! Que votre Croix, par sa vertu souveraine, triomphe en nous des attraits du monde ; que votre bonté rétablisse nos âmes dans leur état primitif de vertu et de grâce. Vous dont la puissance accomplit ce qui jusqu’alors n’était que possible ; vous devant qui le passé et le présent sont unis, faites que votre Passion nous soit salutaire en ce moment, comme si elle avait lieu aujourd’hui ; qu’une goutte de votre sang divin épanché un jour sur la terre soit aujourd’hui notre salut ; qu’elle lave tous les péchés de notre nature terrestre ; qu’elle se mêle à la terre de notre corps ; et qu’elle nous rende tout vôtres, étant redevenus votre corps par notre réconciliation avec vous, notre Chef, qui vivez et régnez avec le Père et le Saint-Esprit. Maintenant donc commencez à régner sur nous, Homme-Dieu, Christ Jésus, Roi dans les siècles des siècles !

  • Dimanche des Rameaux

    A la procession des Rameaux on chante sept antiennes. Du moins sept sont prévues. Et lors de l’entrée dans l’église on chante un répons (Ingrediente) qui fait office de huitième antienne, et qui seule comporte le mot « résurrection ». Le huitième jour est donc annoncé en ce premier jour de la Grande Semaine de la Passion du Seigneur.

    La mélodie de ce répons fait penser qu’on l’a déjà entendue en une autre occasion. De fait, on constate que c’est la même mélodie qui orne le répons de la fin de la procession de la Chandeleur (Obtulerunt), et le répons pendant lequel on reçoit les cendres le Mercredi du même nom (Emendemus). La ligne mélodique est la même, mais elle se modifie pour s’adapter aux paroles, et chacun a des particularités. Celui des Rameaux est le plus bref et n’a pas la descente jusqu’au… sol que l’on trouve au milieu de la troisième phrase des deux autres. En revanche les deux autres ne montent pas comme celui-ci jusqu’au la, pour exprimer l’enthousiasme des « enfants de Hébreux », et il faut convenir que le mélisme caractéristique de la mélodie type tombe particulièrement bien ici sur le mot « palmarum » pour donner toute leur ampleur aux rameaux.

    ℟. Ingrediénte Dómino in sanctam civitátem, Hebræórum púeri resurrectiónem vitæ pronuntiántes, * Cum ramis palmárum : Hosánna, clamábant, in excélsis.
    . Cum audísset pópulus, quod Iesus veníret Ierosólymam, exiérunt óbviam ei. * Cum ramis.

    ℟. Comme le Seigneur entrait dans la ville sainte, les enfants des Hébreux annoncèrent la résurrection de celui qui est la vie. * Et, tenant des rameaux de palmier, ils criaient : Hosanna au plus haut des cieux !
    . Ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, le peuple sortit au-devant de lui ; * et tenant.

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    Solesmes, dom Gajard, 1965 :

  • Samedi de la Passion

    Hymne des vêpres au temps de la Passion, traduction Lemaître de Sacy :

    Vexilla Regis prodeunt,
    fulget Crucis mysterium :
    quo carne carnis conditor,
    suspensus est patibulo.

    Voici du roi des cieux l'étendard vénérable,
    Le grand mystère de la croix,
    L'homme Dieu, juste et saint meurt pour l'homme coupable,
    Et meurt percé de clous qui l'attachent au bois.

    Quo, vulneratus insuper
    mucrone diro lanceæ,
    ut nos lavaret crimine,
    manavit unda et sanguine.

    Une lance cruelle après son trépas même
    Déchire son corps de nouveau
    Et, pour laver le monde en l'eau du saint baptême,
    Son sang divinement coule entremêlé d'eau.

    Impleta sunt quæ concinit
    David fideli carmine,
    dicens: In nationibus
    regnavit a ligno Deus.

    Nous voyons accomplis les fidèles oracles
    Qu'un prince a traceś dans ses vers
    Lorsqu'il chante, éclairé du plus grand des miracles
    Dieu, régnant par le bois, domptera l'univers.

    Arbor decora et fulgida,
    ornata Regis purpura,
    electa digno stipite,
    tam sancta membra tangere.

    Arbre illustre enrichi de la pourpre sanglante,
    De ce roi divin mort en toi,
    Que cette chair sacrée en tes bras languissante,
    Rend infiniment saint aux yeux de notre foi.

    Beata, cujus brachiis
    sæcli pependit pretium,
    statera facta corporis,
    prædamque tulit tartari.

    Heureux arbre où le Père en sa balance juste
    A le prix du monde pesé,
    Le poids de nos péchés cède à ton poids auguste;
    L'enfer perd ses captifs, et son joug est brisé.

    O Crux, ave, spes unica,
    hoc Passionis tempore,
    auge piis justitiam,
    reisque dona veniam.

    Ô croix d'un Dieu mourant, notre unique espérance,
    Nous t'adorons en ce saint temps;
    De vertus en vertus fais que le juste avance
    Convertis les pécheurs, pardonne aux pénitents.

    Te, summa, Deus Trinitas,
    collaudet omnis spiritus:
    quos per Crucis mysterium
    salvas, rege per sæcula. Amen.

    Qu'en la terre et qu'au ciel tout esprit te révère,
    Dieu seul, suprême Trinité,
    Et, nous ayant sauvés par un si haut mystère,
    Conduis-nous jusqu'au port de ton éternité.

    La première strophe, la strophe « O Crux ave » (qui se chante à genoux), et la doxologie, par les moines de Solesmes (1953) :


    podcast

     

  • Vendredi de la Passion

    L’hymne des laudes de la Passion, traduction Lemaître de Sacy :

    Lustris sex qui jam peractis,
    tempus implens corporis,
    se volente natus ad hoc,
    passioni deditus,
    Agnus in Crucis levatur,
    immolandus stipite.

    Six lustres accomplis de sa course divine
    Il entre en ce combat où le ciel le destine
    À de sanglants exploits.
    Et cet agneau divin, par un choix volontaire,
    Né pour se rendre hostie, est offert au Calvaire
    Sur l'autel de la croix.

    Hic acetum, fel, arundo,
    sputa, clavi, lancea
    mite corpus perforatur,
    sanguis, unda profluit,
    terra, pontus, astra, mundus
    quo lavantur flumine.

    Par les pointes de clous sa chair est déchirée.
    On offre à l'âpre soif de sa bouche altérée
    Le vinaigre et le fiel.
    Et son côté percé par le fer d'une lance,
    Scelle de sang et d'eau la nouvelle alliance
    De la terre et du ciel.

    Crux fidelis, inter omnes
    arbor una nobilis:
    Nulla silva talem profert
    fronde, flore, germine:
    Dulce lignum, dulces clavos,
    dulce pondus sustinet.

    Ô croix, arbre d'amour, de salut et de grâce,
    Arbre vraiment divin, qui tout arbre surpasse
    En miracles divers,
    Ô bois plus que sacré par ce corps adorable,
    Tu portes le doux fruit, le fruit inestimable
    Qui guérit l'univers.

    Flecte ramos, arbor alta,
    tensa laxa viscera,
    et rigor lentescat ille,
    quem dedit nativitas :
    ut superni membra Regis
    miti tendas stipite.

    Arbre saint, fais fléchir ta rigueur inflexible.
    Qu'un tronc ait sentiment si l'homme est insensible
    Aux maux du Créateur.
    De ses membres tendus soulage la torture,
    Sois son lit, non sa croix, et change ta nature
    Pour servir ton auteur.

    Sola digna tu fuisti
    ferre sæcli pretium,
    atque portum præparare
    nauta mundo naufrago,
    quem sacer cruor perunxit,
    fusus Agni corpore.

    Croix, rançon des captifs, du monde le refuge,
    Tu deviens l'arche sainte où dans ce grand déluge
    L'âme évite la mort.
    Et lorsque l'univers se perd par un naufrage
    Teinte du sang d'un Dieu, tu maîtrises l'orage,
    Et nous conduis au port.

    Gloria et honor Deo
    usquequaque altissimo,
    una Patri, Filioque,
    inclyto Paraclito:
    cui laus est et potestas
    per æterna sæcula. Amen.

    Gloire au Père immortel en sa grandeur suprême,
    Gloire au Fils né du Père, aussi grand que lui-même,
    Gloire au divin amour.
    Qu'un Dieu reçoive en trois des hommes et des anges
    Aux siècles éternels d'éternelles louanges
    Dans son brillant séjour.

  • Jeudi de la Passion

    L’hymne des matines au temps de la Passion, traduction Lemaître de Sacy (Heures de Port-Royal) :

    Pange, lingua, gloriosi
    prœlium certaminis,
    et super Crucis trophæum
    dic triumphum nobilem :
    qualiter Redemptor orbis
    immolatus vícerit.

    Chantons l'heureux succès d'un combat ineffable,
    Où Jésus, attaché sur la croix adorable,
    Triomphe des enfers.
    Chantons le Rédempteur, qui pour nous fait victime
    Par le pur sang qu'il verse efface notre crime
    Et, mort, brise nos fers.

    De parentis protoplasti
    fraude factor condolens,
    quando pomi noxialis
    morsu in mortem corruit:
    Ipse lignum tunc notavit,
    damna ligni ut solveret.

    Dieu, voyant à regret la blessure profonde,
    Dont Adam, par un fruit funeste à tout le monde,
    S'était percé le cœur,
    Voulut, pour réparer cette injure soufferte,
    Que si l'arbre autrefois avait causé sa perte,
    Il causât son bonheur.

    Hoc opus nostræ salutis
    ordo depopiscerat ;
    multiformis proditoris
    ars ut artem falleret,
    et medelam ferret inde,
    hostis unde læserat.

    Ainsi sa providence et sa haute justice
    Devaient par un saint art confondre l'artifice
    Du serpent envieux,
    Et, comme par le bois il blessa la nature,
    Il fallait que le bois refermât sa blessure
    Et nous rouvrît les cieux.

    Quando venit ergo sacri
    plenitudo temporis,
    missus est ab arce Patris
    Natus, orbis Conditor ;
    atque ventre virginali
    caro factus prodiit.

    Lors donc qu'après le cours d'un si long esclavage,
    Dieu veut finir nos maux par le plus grand ouvrage,
    De sa puissante main,
    Le Verbe, Fils du Père, et créateur du monde,
    Descend dans une Vierge, et, la rendant féconde,
    Se fait chair dans son sein.

    Vagit infans inter arcta
    conditus præsepia :
    membra pannis involuta
    Virgo Mater alligat :
    et manus pedesque, et crura
    stricta cingit fascia.

    Ce véritable Dieu naît enfant véritable;
    Il est faible et muet, il pleure en une étable,
    Et le Verbe est sans voix.
    Sa mère de drapeaux l'enveloppe et le serre,
    Liant ses petits bras qui lancent le tonnerre
    Et font trembler les rois.

    Gloria et honor Deo
    usquequaque altissimo,
    una Patri, Filioque,
    inclyto Paraclito:
    cui laus est et potestas
    per æterna sæcula. Amen.

    Gloire au Père immortel en sa grandeur suprême,
    Gloire au Fils, né du Père, aussi grand que lui-même,
    Gloire au divin amour.
    Qu'un Dieu reçoive en trois des hommes et des anges,
    Aux siècles éternels d'éternelles louanges,
    Dans son brillant séjour.

    *

    L'annonce du jeudi saint.

    Le tropaire de Cassienne.

  • Mercredi de la Passion

    L’Église nous met devant les yeux l’image liturgique du Bon Pasteur et nous dit, de lui, trois choses : « Mes brebis entendent ma voix... je leur donne la vie éternelle et personne ne les arrachera de mes mains. » Tel est le contenu de la messe d’aujourd’hui.

    a) Les jeunes brebis (les catéchumènes) ont reçu, voilà quinze jours, les commandements ; depuis, elles suivent le Bon Pasteur. Elles doivent, aujourd’hui, subir un examen sur les commandements de Dieu. C’est et ce sera toujours la condition préalable pour appartenir au troupeau du Christ ; c’est vrai aussi pour nous, les fidèles. Nous savons que, pour les chrétiens, les commandements ne sont pas un joug pénible ; ils sont le bâton de berger qui nous guide et nous écarte des mauvais chemins. Il nous est plus facile de « suivre » quand nous savons que le Bon Pasteur marche devant nous dans tous les sentiers rudes et escarpés et que nous n’avons qu’à mettre nos pieds dans l’empreinte de ses pas. Il a toujours fait la volonté de celui qui l’a envoyé et c’est pourquoi il est facile de le suivre. Et quel est le contenu principal de tous ses commandements ? C’est l’amour — l’amour de Dieu et du prochain. « Je t’aimerai, toi qui est ma force. » Faisons aujourd’hui un scrutin (un examen de conscience) au sujet de son « commandement. »

    b) Le Bon Pasteur ne se contente pas d’exiger ; lui aussi donne quelque chose : « la vie éternelle ». C’est là le grand don pascal. Le Christ est venu sur la terre, il est mort, il est ressuscité pour nous acquérir la vie éternelle. C’est aussi la vie éternelle que les catéchumènes attendent, que les fidèles renouvellent et développent ; dans le Baptême, on reçoit cette vie éternelle ; dans l’Eucharistie, on la nourrit et on la perfectionne. Les catéchumènes et les fidèles entendent donc le message du Christ dans l’Évangile : « Je leur donne la vie éternelle.

    c) Une troisième chose : Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Aujourd’hui encore, les Juifs hostiles l’entourent et lèvent la main pour le lapider ; mais lui, il déclare sa divinité. Sa Passion et sa Croix étaient le prix avec lequel il devait acquérir pour nous la vie éternelle : « personne ne peut les arracher de mes mains ».

    — Ces trois pensées se réalisent dans chaque messe ; dans le Saint Sacrifice, le Bon Pasteur rend actuel le don de lui-même pour ses brebis ; dans l’avant-messe, « ses brebis écoutent sa voix » ; dans la communion, « il leur donne la vie éternelle ».

    Dom Pius Parsch

  • Mardi de la Passion

    Désormais les graduels se rapportent tous au divin Patient de Jérusalem, lequel, contre le jugement des impies qui le condamnent à mort, en appelle au Père, afin qu’au jour de Pâques il lui rende la vie. Le graduel de ce jour provient du psaume 42. La lumière et la vérité que l’Opprimé invoque ici, proclament la mission spéciale du Paraclet, qui est, selon l’évangile, celle de convaincre le monde d’injustice et de malignité. Le Paraclet vint en effet, et par l’effusion de ses charismes sur les disciples du Crucifié, alors qu’il laissait au contraire dans l’abandon les Juifs obstinés, il démontra d’une façon authentique que la mission du Seigneur était vraiment divine. (…)

    Dans le verset ad offerendum, pris au psaume 9, est exprimée toute l’inébranlable espérance que Jésus nourrit en son Cœur, même au moment redoutable où la justice paternelle l’abandonne à la haine de ses ennemis : « Qu’ils se confient en Toi, dit-il, tous ceux qui connaissent ton nom, expression d’un ineffable amour. Tu n’abandonnes que celui qui t’abandonne, ou plutôt, tu n’abandonnes personne ; en effet, si le pécheur fuit loin de Toi, tu le poursuis pour l’exciter à la pénitence. Comment donc pourrais-tu manquer à celui qui te cherche ? » Le divin Crucifié sait en outre qu’il ressuscitera glorieux ; et en effet, il entonne déjà sur la Croix le chant pascal : « Chantez des hymnes au Seigneur, s’écrie-t-il, Lui qui, de Sion où Il habite n’a pas oublié le cri du pauvre. » De quel pauvre ? Du Christ, dont saint Paul écrit : Propter nos egenus factus est cum esset dives, ut nos illius inopia divites essemus. Et de quel cri parle ici le psalmiste ? De celui que nous rapportent les évangélistes : « Eloi, Eloi, lamma sabactani, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » (…)

    Dans le verset pour la communion (Ps. 24) on entend à nouveau la voix du Christ accablé sous le poids de nos péchés et tout angoissé par la fureur de ses ennemis ; Il prie instamment son Père de le soustraire à la puissance de la mort, non pour Lui-même qui, source de vie, ne pouvait être retenu dans ses liens, mais pour nous qui avions un besoin absolu de la résurrection du Christ, afin que celle-ci fût pour toute l’humanité le principe et la cause exemplaire de notre propre résurrection. (…)

    Pour nous décrire les sentiments du Christ à l’approche de sa Passion, l’Église se sert du Psautier. Celui-ci est, en effet, le livre de la prière par excellence. Les saints Évangiles nous décrivent plus volontiers la vie et la doctrine de Jésus, tandis que le psautier nous initie à la connaissance de la psychologie de Jésus, nous révèle ses préférences, les sentiments de son Cœur, ses luttes, ses angoisses, les accents de suprême amour avec lesquels Il invoquait le Père. Durant toute sa vie, Jésus se plut à prier avec les paroles du psautier, sur la croix ce fut encore le psaume 21 qui réconforta son agonie. Nous pourrions même comparer le livre des psaumes à une sorte de livre sacerdotal, où le Pontife éternel récita ses prières tandis que, durant le cours de sa vie mortelle, Il immolait au Père son propre holocauste. C’est pour cela que les ascètes de l’antiquité chrétienne étudiaient assidûment le psautier et le récitaient en entier chaque jour. Maintenant encore, les nobles, chez les Coptes et les Abyssins, l’ont toujours entre les mains, à la maison, en voyage et dans leurs arrêts au désert ; cette tradition se rattache à celle des Juifs qui n’eurent, durant de longs siècles, d’autre livre de prière que le recueil des chants de David.

    La piété privée de nos contemporains gagnerait beaucoup si, s’inspirant de l’exemple de la commune Mère, la sainte Église, qui prescrit la récitation hebdomadaire du psautier aux ministres sacrés, elle puisait un peu plus ses inspirations dans ce livre de prière dont l’auteur est le Saint-Esprit et que notre Sauveur Jésus Lui-même voulut recommander par son exemple.

    Bienheureux cardinal Schuster (1929)