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Liturgie - Page 260

  • Saint Joseph

    Du Christ tu fus le serviteur bienheureux, du Christ notre Dieu qui a pris chair, du Christ tu fus le père adoptif ; grâce au crédit que tu possèdes auprès de lui demande-lui la paix, la délivrance de tout mal pour ceux qui te célèbrent.
    Tu fus, Joseph, obéissant aux divins oracles et serviteur des œuvres étonnantes de Dieu ; comme époux de la Vierge Marie en toutes choses juste et vrai, tu reposes dans les demeures des Saints.
    Tu méritas de voir le Christ enfant, semblable à nous par sa forme, et tu fus son père au moins de nom ; grande est ta gloire en vérité, tu es considéré plus que tous ; c'est pourquoi nous te célébrons.

    Avant les siècles, le Fils a resplendi ineffablement du Père et dans ces derniers temps, ô merveille, il a pris chair d'une Vierge, et tu devins, Joseph, son père de nom, le spectateur illustre et bienheureux du mystère terrifiant.
    Celui que les Anges tremblent de fixer dans le ciel comme Dieu que nul ne peut cerner, voici que la Vierge l'a enfanté et toi, Joseph, tu le tiens dans tes mains, sanctifié par son redoutable contact ; c'est pourquoi nous t'honorons.
    Le profond mystère non connu des âges de jadis, Joseph, te fut confié à cause de la pureté de ton cœur ; c'est ainsi que nous tous, nous avons été sauvés, nous qui glorifions dans la foi ta mémoire divine et porteuse de clarté.

    L'esprit soumis aux préceptes divins, bienheureux Joseph, en toute pureté tu pris comme épouse entre toutes les femmes la seule pure, immaculée, lui conservant sa parfaite virginité pour lui permettre d'accueillir le Créateur.
    A Gabriel seulement dans le ciel, à toi seul, très-digne de nos chants, avec la seule Inépousée fut confié, bienheureux Joseph, le seul mystère redoutable à l'excès, celui qui mit en fuite et renversa l'unique auteur de la corruption, le prince des ténèbres.
    Etant pour le Créateur, bienheureux Joseph, un temple vivant et lumineux, par le soin des œuvres de Dieu tu méritas de recevoir au sortir du Temple saint la demeure sanctifiée, la seule entre les femmes bénie.
    Dissipant avec clarté tous les doutes de ton esprit, l'Invisible s'approcha de toi, te disant : Joseph, ne crains pas d'accueillir la pure Vierge Marie, car elle porte dans son sein celui qui porte l'univers dans sa divine puissance.

    Matines byzantines du dimanche après Noël, extraits du canon, odes 1 à 4.

  • Dimanche de la Passion

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    Le texte de cette antienne de communion est, comme le dit un commentateur, la phrase la plus puissante qui ait été prononcée depuis la création du monde. La plus mystérieuse aussi. L’antienne est du 8e mode, donc avec dominante (teneur) en do. Mais pendant toute la première moitié le do ne tient rien et ne domine rien : il est absent. La mélodie est fixée sur la tonique et ne s’en écarte que par des tons pleins : il y a un seul demi-ton, et c’est le mi de « pro », qui décroche à peine des degrés les plus proches de la tonique mais se remarque par sa singularité (et par le saut la-mi) : le Corps qui descend chercher les hommes. Cette mélodie sans dominante et procédant par tons, avec trois tritons, deux ascendants, un descendant, est étrange. Même si le triton ne nous fait plus guère l’impression de la dissonance absolue qu’y voyaient les anciens, l’impression est d’une distance solennelle, et vraisemblablement à l’origine il y avait dans ces tritons une allusion à la douloureuse Passion. Quoi qu’il en soit l’aspect solennel explose sur « Faites ceci, chaque fois que vous prenez ». La dominante s’impose enfin, fait rayonner la mélodie, qui s’élève au-delà de la gamme. Le commentateur que j’évoquais tout à l’heure (dom Dominicus Johner) y voit non sans raison le commandement de bâtir les autels, les églises, les cathédrales où l’on célébrera le Saint Sacrifice. Puis l’antienne se conclut comme elle avait commencé.

    La voici dans une version peut-être idéale (rugueuse et solennelle) par les moines de Solesmes en 1930 :


    podcast
     

    • L’introït.

    La liturgie de la Passion commence par l’annonce de Pâques.

    La messe de ce jour, et spécialement l’évangile.

  • Samedi de la quatrième semaine de carême

    Quel contraste entre le langage de Dieu qui invite les hommes à recevoir son Fils comme un libérateur, et la dureté de cœur avec laquelle les Juifs accueillent ce céleste envoyé. Jésus s’est dit le Fils de Dieu, et, en preuve de cette divine origine, il n’a cessé, durant trois années, d’opérer les prodiges les plus éclatants. Beaucoup de Juifs ont cru en lui, parce qu’ils ont pensé que Dieu ne pourrait autoriser l’erreur par des miracles ; et la doctrine de Jésus a été acceptée par eux comme venant du ciel. Les Pharisiens ont la haine de la lumière, l’amour des ténèbres ; leur orgueil ne veut pas s’abaisser devant l’évidence des faits. Tantôt ils nient la vérité des prodiges de Jésus, tantôt ils prétendent les expliquer par une intervention diabolique ; d’autres fois, ils voudraient par leurs questions captieuses amener un prétexte de traduire le Juste comme un blasphémateur ou un violateur de la loi. Aujourd’hui, ils ont l’audace d’objecter à Jésus qu’en se déclarant l’envoyé de Dieu, il se rend témoignage à lui-même. Le Sauveur, qui voit la perversité de leur cœur, daigne encore répondre à leur impie sarcasme ; mais il évite de leur donner une entière explication. On sent que la lumière s’éloigne peu à peu de Jérusalem, et qu’elle se prépare à visiter d’autres régions. Terrible abandon de l’âme qui a abusé de la vérité, qui l’a repoussée par un instinct de haine ! C’est le péché contre le Saint-Esprit, « qui ne sera pardonné, dit Jésus-Christ, ni en ce monde, ni en l’autre. » Heureux celui qui aime la vérité, quoiqu’elle combatte ses penchants et trouble ses idées ! car il rend hommage à la sagesse de Dieu ; et si la vérité ne le gouverne pas encore en tout, du moins elle ne l’a pas abandonné. Mais plus heureux est celui qui, s’étant rendu tout entier à la vérité, s’est mis à la suite de Jésus-Christ, comme son humble disciple ! « Celui-là, nous dit le Sauveur, ne marche point dans les ténèbres ; mais il possède la lumière de vie. » Hâtons-nous donc de nous placer dans cet heureux sentier frayé par celui qui est notre lumière et notre vie. Attachés à ses pas, nous avons gravi l’âpre montagne de la Quarantaine, et nous y avons été témoins des rigueurs de son jeûne ; désormais, en ces jours consacrés à sa Passion, il nous convie à le suivre sur une autre montagne, sur le Calvaire, où nous allons contempler ses douleurs et sa mort. Soyons fidèles au rendez-vous, et nous obtiendrons « la lumière de vie ».

    Dom Guéranger

  • Vendredi de la quatrième semaine de carême

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    Dans la liturgie byzantine, la résurrection de Lazare, qui est l'évangile de ce jour dans la liturgie latine, est célébrée la veille des Rameaux. C’est un jour de fête qui annonce la résurrection du Christ.

    L’icône (Novgorod, XVe siècle) montre les trois épisodes évangéliques, dont le lien est le personnage du Christ, seul présent dans les trois tableaux.

    Le premier montre Jésus qui arrive, accompagné des apôtres. Le deuxième montre Marthe et Marie qui se prosternent devant le Christ : si tu avais été là il ne serait pas mort. Le troisième montre le Christ ressuscitant Lazare. Un serviteur retire la pierre. Lazare est revêtu d’un linceul blanc et de bandelettes blanches, qui symbolisent la résurrection. Son nimbe a la même couleur que celui du Christ : Lazare reçoit du Christ la lumière de la vie. On voit aussi les juifs venus de Jérusalem. Il y en a un qui se bouche le nez parce que Lazare est mort depuis quatre jours et qu’il sent déjà. On remarque que les juifs paraissent sortir de la montagne, du trou noir de la montagne, comme Lazare, et comme les apôtres et Marthe et Marie qui prolongent le groupe des juifs. Ce sont les mortels. Seul le Christ, vêtu de la pourpre de sa divinité enveloppé dans le bleu de son humanité, domine la création mortelle, de toute son autorité divine, et il peut conférer son immortalité aux hommes comme le montre le jeu des deux nimbes. Il est le maître de la Loi, dont il tient le livre dans sa main gauche. La position de Lazare, dans cette icône, préfigure nettement Jésus au tombeau, ou plutôt le linceul après la résurrection, faisant aussi référence à l’icône de la Nativité, où l’on voit Jésus entouré de bandelettes couché dans un cercueil dans une grotte noire. Tandis que la position du Christ est celle de la descente aux enfers (qui est l’icône de Pâques).

  • Jeudi de la quatrième semaine de carême

    Dom Guéranger donne en ce jour, comme aperçu des autres liturgies, une hymne du bréviaire mozarabe. Cette hymne est en fait celle des Rameaux (premières vêpres, laudes, deuxièmes vêpres, et vêpres des lundi et mardi saints), mais elle convient très bien en ce jour où on lit aux catéchumènes le récit de deux résurrections.

    Vocaris ad vitam, Sacrum Dei genus,
    Creator asciscens, amat quæ condidit:
    Redemptor attrahit benigno spiritu ;
    Venite, dicit, vester unus sum Deus.

    On t’appelle à la vie, peuple saint de Dieu ; le Créateur t’invite ; il aime l’œuvre de ses mains. Le Rédempteur dans sa bénignité attire les hommes ; il leur dit : Venez, je suis votre Dieu unique.

    Prorsus relicto claritatis lumine
    Ingens chaos vos pessime concluserat:
    Locus beatitudinis jam non erat ;
    Cruenta terra qua re mors intraverat.

    Vous aviez fui l’éclat de la lumière ; un immense chaos vous environnait ; le séjour du bonheur n’était plus pour vous ; la mort sanglante avait fait son entrée sur la terre.

    En, mitis adveni, creans, et recreans, Deus.
    Potens, infirmitatis particeps vestræ
    Valenter vos feram, concurrite ;
    Ut jam receptet vos ovile gaudii.

    Moi, le Dieu qui crée et qui ressuscite, je suis arrivé plein de douceur ; je viens participer à votre infirmité ; dans ma puissance je vous porterai sans effort ; accourez à moi ; le bercail joyeux est prêt à vous recevoir.

    Signo crucis frons prænotetur indito :
    Aures, et os perfusa signet unctio :
    Præbete dictis cordis aurem : vividum
    Confessionis personate canticum.

    Le front va être marqué du signe de la croix ; les oreilles et la bouche seront consacrées par l’onction ; prêtez l’oreille du cœur à l’enseignement ; chantez avec ardeur le Symbole comme un cantique vivifiant.

    Omnes novo estote læti nomine:
    Omnes novæ sortis fovet hereditas:
    Nullus manebit servus hosti subditus:
    Eritis unius Dei regnum manens.

    Réjouissez vous de votre nom nouveau ; vous êtes appelés à recueillir un nouvel héritage ; nul de vous ne sera désormais l’esclave soumis à son ennemi ; vous serez le royaume permanent du seul Dieu.

    Honor sit æterno Deo, sit gloria
    Uni Patri, ejusque soli Filio,
    Cum Spiritu; quæ Trinitas perenniter
    Vivit potens in sæculorum sæcula. Amen.

    Honneur au Dieu éternel ; gloire au Père unique, au Fils unique aussi et à l’Esprit : Trinité qui vit, à jamais puissante, dans les siècles des siècles. Amen.

    En fait, on voit dans les livres liturgiques mozarabes une autre strophe, qui est la deuxième, et dont le troisième vers est étrange, pour moi incompréhensible (est-ce pourquoi il ne figure pas dans l’Année liturgique ?) :

    Damnationis vos jugum pressit grave ;
    Collum dedistis ponderi nequitiæ ;
    Os tranquillavit guttur, et pernicies ;
    Substate, quicquid affluit, totum ruit.

    Le joug de la condamnation vous opprima lourdement ;
    Vous avez livré votre cou au poids de l’iniquité ;
    ….
    tenez bon, quoi qu’il afflue, tout s’écroule.

    Le site qui donne les textes mozarabes et leur traduction espagnole dit : « la peste a fermé le passage de la bouche à la gorge ». Mais je ne vois pas comment tranquillo pourrait vouloir dire « fermer le passage »…

  • Mercredi de la quatrième semaine de carême

    C’était aujourd’hui le jour du grand scrutin, avec la « tradition » aux catéchumènes des Evangiles, du Credo, et du Pater.

    Voici ce que disait le prêtre après deux lectures du « Symbole » en grec et deux lectures en latin.

    Voici, ô mes bien-aimés, le précis de notre Foi ; voici le texte du symbole, composé non pas selon les règles du langage humain ordinaire, mais disposé par Dieu. Personne ne peut s’estimer incapable de comprendre et d’observer ces choses. Ici est annoncée l’unité et l’égalité de pouvoir du Père et du Fils ; ici est démontré que le Fils unique de Dieu naquit, selon la chair, de la Vierge Marie et de l’Esprit Saint ; ici est déclaré son crucifiement, sa sépulture et sa résurrection le troisième jour ; ici l’on professe son ascension au ciel, on proclame qu’il siège à la droite du Père de toute majesté, et l’on confesse qu’il devra venir un jour pour juger tous les vivants et les morts. Ici l’on reconnaît à l’Esprit Saint la même divinité indivise du Père et du Fils ; ici, en outre, l’on enseigne la vocation supérieure de l’Église, la rémission des péchés et la résurrection des corps. Vous donc, ô mes bien-aimés, de semblables au vieil Adam que vous étiez, maintenant vous êtes réformés selon le prototype de l’homme nouveau (Jésus) ; de charnels, vous commencez à devenir spirituels ; de terrestres, célestes. Avec une foi ferme et inébranlable, tenez pour certain que la résurrection qui a été accomplie à l’égard du Christ, se doit accomplir aussi en nous tous, puisque ce qui arrive au Chef doit se vérifier aussi dans les membres du Corps. En effet, le sacrement même du Baptême, que vous vous disposez à recevoir, exprime par ses rites cette espérance ; car en lui sont figurées une certaine mort et la résurrection. On laisse le vieil homme et le nouveau se lève ; le pécheur descend dans les eaux, et il en sort justifié. On rejette celui qui nous conduisit à la mort, et l’on accueille celui qui nous rendit la vie. C’est par sa grâce que vous êtes fils de Dieu, engendrés, non pas par la volonté de la chair, mais par la vertu du Saint-Esprit. Vous devez donc imprimer tellement dans vos cœurs ce symbole très bref mais complet, que, en toute circonstance, vous puissiez vous munir de la protection de cette profession de Foi. Les vrais soldats de Jésus-Christ expérimentent toujours la force invincible de ces armes contre toutes les embûches de l’ennemi. Que le démon, qui ne cesse jamais de tenter les hommes, vous trouve toujours munis de ce symbole, afin que, ayant vaincu l’adversaire auquel vous renoncez désormais, vous puissiez, avec la divine protection de Celui que vous confessez, conserver jusqu’à la fin, intègre et immaculée, la grâce du Seigneur. Qu’ainsi, en Celui par qui vous obtenez la rémission des péchés, vous puissiez arriver aussi à la gloire de la résurrection.

    Vous avez entendu, ô bien-aimés, le symbole de la Foi catholique ; maintenant, quand vous serez sortis d’ici, apprenez-le par cœur, sans en changer une syllabe ; la miséricorde de Dieu peut tout ; qu’elle vous conduise, altérés, à la foi et au baptême, afin que nous, qui vous enseignons les Mystères divins, nous puissions arriver, avec vous qui les écoutez, jusqu’au royaume des cieux. Par le même notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne dans tous les siècles. Amen.

  • Mardi de la quatrième semaine de carême

    Quid me quǽritis interfícere, hóminem qui vera locútus sum vobis ?
    Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir, moi, l’homme qui vous ai dit la vérité ?

    Nemo in eum misit manum : quia nondum vénerat hora eius.
    Personne ne porta la main sur lui : car son heure n’était pas encore venue.

    Telles sont les antiennes au Benedictus, le matin, et au Magnificat, le soir. Elles résument la marche du Christ pendant le carême : les juifs cherchent à le faire mourir, mais ce n’est pas encore son heure, jusqu’au moment où ce sera son heure, où viendra l’heure où il doit être glorifié, c’est-à-dire crucifié.

    Les antiennes sont, comme de coutume, tirées de l’évangile du jour. Apparemment, du moins. Car si c’est le cas de la seconde, ce n’est pas celui de la première. Seuls les premiers mots s’y trouvent : « Quid me quǽritis interfícere ». La suite, il faut aller la chercher au chapitre suivant du même évangile de saint Jean, lors d’une autre discussion de Jésus avec les scribes et les pharisiens (Jean 8,40). Avec une variante qui semble-t-il ne se trouve dans aucun manuscrit : l’antienne dit « vera », quand tous les manuscrits disent « veritatem ». Des choses vraies, au lieu de la vérité. Un mot concret remplace dans l’antienne le mot de « vérité » qui pourrait paraître plus abstrait s’il n’était prononcé par Celui qui est lui-même la Vérité. Il n’y a donc aucune différence entre les deux versions. Mais ce qui est très curieux est de voir que plusieurs théologiens médiévaux (et Dante), ont cité cette antienne comme si c’était la phrase de l’évangile. Heureuse époque où la citation qui venait spontanément à l’esprit était celle de la liturgie dont on était tout imprégné…

    C’est aussi, ou plutôt d’abord, le début du premier répons des matines de ce jour, qui est le seul répons de la semaine qui n’évoque pas Moïse. Il ajoute le propos de Jésus quand les juifs veulent le lapider, et sa réponse au serviteur du grand prêtre.

    ℟. Quid me quǽritis interfícere, hóminem qui vera locútus sum vobis ? * Si male locútus sum, testimónium pérhibe de malo : si autem bene, cur me cædis ?
    . Multa bona ópera operátus sum vobis : propter quod opus vultis me occídere ?
    ℟. Si male locútus sum, testimónium pérhibe de malo : si autem bene, cur me cædis ?

    Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité ? Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres excellentes, pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me faire mourir ? Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?

  • Lundi de la quatrième semaine de carême

    L’hymne des vêpres pendant le carême, traduction Lemaître de Sacy, en alternance d’alexandrins et d’octosyllabes. L’hymne des matines a été donné ici, et celui des laudes .

    Audi, benígne Cónditor,
    Nostras preces cum flétibus,
    In hoc sacro jejúnio
    Fusas quadragenário.

    Dieu dont nul de nos maux n'a les grâces bornées
    Refuge unique en nos douleurs,
    Dans ce jeûne sacré de quarante journées,
    Entends nos voix, reçois nos pleurs.

    Scrutátor alme córdium,
    Infírma tu scis vírium :
    Ad te revérsis éxhibe
    Remissiónis grátiam.

    Tu vois notre cœur faible, impuissant à bien faire
    Puisqu'à ton œil rien n'est caché.
    Fais grâce à des pécheurs dont le regret sincère
    Te cherche en quittant le péché.

    Multum quidem peccávimus,
    Sed parce confiténtibus :
    Ad laudem tui nóminis
    Confer medélam lánguidis.

    Grand Dieu, nous l'avouons, nous sommes très coupables,
    Mais nous t'offrons nos humbles vœux,
    Montre en daignant guérir nos langueurs incurables
    Que tu ne perds que l'orgueilleux.

    Sic corpus extra cónteri
    Dona per abstinéntiam,
    Jejúnet ut mens sóbria
    A labe prorsus críminum.

    Fais qu'en ce jeûne saint l'abstinence pénible
    Afflige tellement la chair
    Que par un plus grand jeûne aux sens imperceptible
    L'âme s'abstienne de pécher.

    Praesta, beáta Trínitas,
    Concéde, simplex Unitas,
    Ut fructuósa sint tuis
    Jejuniórum múnera.

    Trinité souveraine, unique roi du monde,
    Fais goûter aux vrais pénitents
    Les admirables fruits que ta grâce féconde
    Tire du jeûne en ce saint temps.


    podcast

  • 4e dimanche de carême

    Qui confídunt in Dómino, sicut mons Sion : non commovébitur in ætérnum, qui hábitat in Jerúsalem.
    . Montes in circúitu eius : et Dóminus in circúitu pópuli sui, ex hoc nunc et usque in sǽculum.

    Ceux qui se confient dans le Seigneur, sont comme la montagne de Sion. Il ne sera jamais ébranlé, celui qui habite dans Jérusalem.
    Des montagnes sont autour d’elle ; et le Seigneur est autour de son peuple, dès maintenant et à jamais.

    Comme l’alléluia est banni du carême, on le remplace, à la messe, par un « trait », en latin « tractus ». Mais selon certains spécialistes les traits sont plus anciens que les alléluias. On ne sait pas trop pourquoi on l’appelle ainsi. Ce serait « psalmus tractus », « psalmus uno tractu », un psaume chanté d’un seul tenant, à la différence du répons. Mais dans la liturgie mozarabe le « tractus » est un… répons. Amalaire de Metz, liturgiste du IXe siècle, dit que « tractus » vient du verbe traho, traîner, parce que « le trait se prolonge et il est suave à l’oreille ». Mais c’est une explication plus poétique que scientifique.

    Quoi qu’il en soit le trait, qui paraît en effet archaïque, se caractérise par le fait que la grande majorité sont du huitième mode, quelques-uns du deuxième mode, et qu’ils se caractérisent par des formules qui reviennent toujours et sont agencées pour correspondre aux mots. Mais le compositeur trouve souvent le moyen d’ajouter une formule de son cru, illustrant un mot particulier du trait.

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    Voici le trait de ce dimanche, Qui confidunt. Il y a trois motifs qui ne figurent pas parmi les formules habituelles.

    1. Le début de commovebitur. Dom Baron remarque : « Il y a dans la montée du scandicus et dans le pressus qui suit une certaine fermeté qui rend bien l’idée de force inébranlable. »

    2. Le début du second verset : « Montes ». La volonté de faire entendre les montagnes est manifeste, avec le (périlleux) double saut de quartes suivi de descentes abruptes et de remontées. Certains pensent même y entendre le cor des Alpes…

    3. Et au début de la deuxième phrase de ce second verset, le mot Dóminus, nous dit dom Baron, « est en éclatant relief. L’auteur l’a revêtu d’une formule brillante, très expressive de force, dans les tenues sur la dominante, puis d’admiration et de louange, dans l’élan qui l’emporte jusqu’aux limites du mode avant de la laisser revenir à la tonique en un mouvement thétique tout imprégné de tendre confiance ».

    Enfin on remarquera ce curieux motif de secondes répétées, qui n’est pas particulier à ce trait mais qui est toujours étonnant, ici sur sui, qu’on a comparé au tournoiement d’une fronde avant le lancer du projectile sur la dominante (do).

     

    Le dimanche de la rose.

    L’introït Laetare.

    La multiplication des pains.

  • Samedi de la troisième semaine de carême

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    L’histoire de Susanne, qui ne se lit point dans le texte hébreu, n’est pas aussi commune dans les catacombes, tant s’en faut, que celle des trois enfants dans la fournaise. On n’en connaît que deux ou trois exemples, mais ils suffisent pour établir que les premiers chrétiens regardaient ce récit célèbre comme faisant partie de la Sainte Écriture.

    Perret a publié une peinture allégorique de l’histoire de Susanne, découverte en 1845 au cimetière de Saint Prétextat ; elle est figurée sous la forme d’une brebis et est placée entre deux bêtes féroces qui veulent la dévorer. L’explication de l’allégorie n’est pas douteuse : au-dessus de la brebis, on lit SVSANNA, et au-dessus d’une des deux bêtes féroces : SENIORIS (pour seniores), les vieillards.

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    Le P. Garrucci a retrouvé toute l’histoire de Susanne sur les parois d’un cubiculum du cimetière de Sainte Priscille. Dans une première scène, Susanne, sous la forme d’une orante est debout au centre ; à gauche, un personnage qui représente le Seigneur, dont l’œil voit tout, la regarde ; à droite, deux hommes se précipitent vers elle, en s’assurant qu’ils ne sont pas suivis.

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    Une seconde scène nous montre la victime de la calomnie entre ses deux accusateurs, qui, selon la coutume juive, étendent la main sur sa tête pour garantir la vérité de leur déposition.

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    Enfin une troisième scène nous fait voir Susanne et son époux Joachim dans l’attitude de la prière : ils remercient Dieu, qui a vengé l’innocence calomniée. Ces peintures sont du IIe siècle.

    Susanne est encore représentée, à la fin du IIIe siècle ou au commencement du IVe, dans un arcosolium de la catacombe des Saints Marcellin et Pierre, entre les deux vieillards qui tendent un de leurs bras vers elle ; elle est placée elle-même dans l’attitude d’une orante, entre deux arbres.

    Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, par Fulcran Vigouroux, 1890 (Livre IV ch. 5)