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Liturgie - Page 175

  • Mardi de Pentecôte

    Dans cette messe apparaît la parabole du Bon Pasteur. Comment cela ? Nous avons, au cours de l’année liturgique, un certain nombre de messes du « Bon Pasteur » : au commencement du Carême (le premier lundi), à Pâques (le second dimanche après Pâques) et au début du temps qui suit la Pentecôte (troisième dimanche après la Pentecôte). L’image du Bon Pasteur étant une des plus courantes dans l’Église ancienne, on comprend que la liturgie y revienne sans cesse. Mais nous pouvons remarquer qu’elle aime placer ces messes du Bon Pasteur au début d’une époque nouvelle. La liturgie veut, sans doute, nous montrer qu’à travers toutes les époques de l’année liturgique le Seigneur est le Bon Pasteur qui nous conduit. Que nous dit aujourd’hui l’image du Bon Pasteur ? Le Seigneur n’est-il pas Bon Pasteur dans l’envoi du Saint-Esprit ? « Je suis la porte des brebis. Celui qui entre par moi sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera des pâturages ». Serait-ce une représentation trop osée d’appeler aussi le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus, le Bon Pasteur de l’Église ? Ne nous a-t-il pas été donné, par le Seigneur remonté au ciel, comme un guide, un consolateur, un avocat ? Quand le Seigneur prononce cette importante conclusion de l’Évangile : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance », il résume brièvement l’action de ce Bon Pasteur.

    Dom Pius Parsch

    La lecture évangélique d’aujourd’hui nous décrit Jésus sous le symbole très doux du bon Pasteur. Il nous donne les marques qui distinguent de sa religion, qui est la seule vraie, toutes les fausses sectes. En premier lieu, les propagandistes de celles-ci sont des voleurs qui, sans aucun titre, se sont frauduleusement introduits dans le troupeau d’un autre et ont ravagé les brebis. Ils ne sont pas passés par la porte, mais ils se sont glissés à l’intérieur par d’autres ouvertures, c’est-à-dire grâce à des moyens illicites, fraude et hypocrisie. Entre eux et les brebis, il n’y a pas eu de véritable entente ni correspondance d’affection ; ils se sont simplement imposés par abus de pouvoir, ils n’ont pas converti les cœurs. La conduite de semblables réformateurs a été scandaleuse. Ils ont bien fait marcher le troupeau, mais ne l’ont pas précédé par l’exemple d’une vie vertueuse. Quant à la fin de semblables entreprises de réforme, c’a été un immense désastre et une hécatombe d’âmes.

    Dans cette description faite par le saint Évangile, ne pouvons-nous pas discerner la genèse, les caractères et l’histoire de toutes les hérésies, depuis l’ancienne Gnose jusqu’au récent modernisme ? Seul Jésus est le bon Pasteur qui établit entre son cœur et le nôtre de solides courants de sainte dilection. Il nous précède par son exemple et guide nos âmes dans les pâturages fertiles de la divine grâce et des ineffables sacrements.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Lundi de Pentecôte

    Χαίροις Ἄνασσα, μητροπάρθενον κλέος.
    Ἄπαν γὰρ εὐδίνητον εὔλαλον στόμα,
    Ῥητρεῦον, οὐ σθένει σε μέλπειν ἀξίως.
    Ἰλιγγιᾷ δὲ νοῦς ἅπας σου τὸν τόκον
    Νοεῖν· ὅθεν σε συμφώνως δοξάζομεν

    Réjouis-toi, Princesse, glorieuse Vierge-Mère. Car nulle bouche habile à tourner d’élégants discours n’a de chant qui puisse te célébrer dignement. Et toute intelligence est saisie de vertige quand elle veut comprendre ta maternité. C’est pourquoi, d’une seule voix, nous te glorifions.

    Une curiosité : cette hymne à la Vierge de la liturgie byzantine (mégalinaire, chanté ce « lundi du Saint-Esprit » après la consécration), dans l’harmonisation occidentalisante de Ioannis Sakellaridis, le plus connu (avec Thémistocle Polycrate) des « modernistes » grecs du début du XXe siècle, qui considéraient qu’il fallait faire ainsi évoluer le chant byzantin, face aux « conservateurs » qui jugeaient que c’était contraire à la tradition byzantine. Les conservateurs n’avaient pas tort mais ce que faisait Sakellaridis était bien joli quand même…

  • Il y a 50 ans (22) : la Pentecôte

    Le tripatouillage de la liturgie par les novateurs accapare tellement l’attention sur ce qu’ils ont osé inventer en prétendant la « restaurer » qu’on ne voit pas, du moins dans un premier temps, ce qu’ils ont supprimé dans les textes. La collecte de la Pentecôte, dans le nouveau missel, contient cependant deux mots qui se rappellent à notre bon souvenir : « hodierna die ». Aujourd’hui. La collecte traditionnelle de l’Epiphanie dit : « hodierna die ». La collecte traditionnelle de Pâques dit : « hodierna die ». La collecte traditionnelle de l’Ascension dit : « hodierna die ». La collecte traditionnelle de la Pentecôte dit : « hodierna die ». Ces collectes parlent de ce qui se passe, non pas il y a 2000 ans, mais aujourd’hui. Ce jour même.

    La collecte du nouveau missel attire l’attention aussi parce qu’elle ne nous dit pas ce qui se passe aujourd’hui, en ce jour de la Pentecôte où nous recevons le Saint-Esprit en compagnie des apôtres et de la Mère de Dieu, alors qu’elle a pourtant « hodierna die ». C’est qu’elle parle du mystère « de la fête d’aujourd’hui ». Le sens n’est pas du tout le même. La fête d’aujourd’hui, c’est la fête de la Pentecôte. Mais quand la collecte traditionnelle dit « aujourd’hui », c’est pour souligner que, aujourd’hui, en ce jour du 31 mai 2020, Dieu « enseigne nos cœurs par l’illumination du Saint-Esprit ».

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  • Pentecôte

    L'antienne d'offertoire :

    Confírma hoc, Deus, quod operátus es in nobis : a templo tuo, quod est in Jerúsalem, tibi ófferent reges múnera, allelúia

    Confirme ce que, ô Dieu, 
Tu as opéré en nous. 
De ton Temple qui est en Jérusalem,
 ils t’offriront, les rois, des présents. 
Alléluia.

    Dom Baron :

    Dans le Psaume (67), qui chante le retour triomphal du Roi à Jérusalem, ces deux versets sont une prière du peuple qui demande au Seigneur de confirmer les victoires acquises, par l’établissement solide de son règne. Alors, dans la splendeur de son Temple, les rois étrangers viendront l’adorer en lui offrant des présents.

    Dans le cadre liturgique de la Pentecôte les deux idées demeurent. L’Eglise demande d’abord à Dieu de confirmer, d’affermir, de consolider ce que l’Esprit a opéré dans les âmes, en ajoutant à leurs efforts la puissance de sa grâce ; en fait, de rendre cette amitié qu’est l’état de grâce effective, durable, de plus en plus vive, par la docilité de notre esprit aux inspirations de son Esprit. Alors « les Rois offriront des présents ». Ce qu’il faut entendre dans un sens à la fois individuel et collectif. Dans notre âme devenue temple de la Trinité, nous viendrons, nous aussi rois et prêtres comme le Christ, offrir aux Divines Personnes l’hommage de notre être. Dans l’Eglise, ce Temple Spirituel, les rois et les peuples de la terre, pénétrés de cet Esprit d’amour, s’offriront en hommage au Christ Roi immortel des siècles et, par lui, au Père. Enfin dans le Ciel, Jérusalem céleste, le Seigneur et l’Agneau seront le Temple et, en eux, éternellement, les rois et les peuples ne cesseront plus de s’offrir et d’offrir le monde nouveau qu’ils possèderont.

    Ainsi compris, cet offertoire est une très belle paraphrase de l’Evangile où l’on entend précisément Notre Seigneur nous dire que si nous l’aimons, il fera de notre âme sa demeure et que le Paraclet y parlera sans cesse pour nous guider dans l’amitié qu’il établira avec nous.

    La mélodie est profondément contemplative. Comme le remarque dom Baron, elle est apparentée à celle de la messe de minuit, mais elle en est très différente par son balancement permanent entre les deux demi-tons mi-fa (ou fa-mi) et la-si♭-la, qui lui donne un caractère très intime, tandis que les deux cadences la-sol qui ne correspondent pas au 4e mode rehaussent le mystère.

    Très belle interprétation des moines de Solesmes en 1955 :


    podcast

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  • Vigile de la Pentecôte

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    Emítte Spíritum tuum, et creabúntur, et renovábis fáciem terræ : sit glória Dómini in sǽcula, allelúia.

    Envoie ton Esprit et ils seront créés, et tu renouvelleras la face de la terre : que la gloire du Seigneur soit célébrée dans les siècles, alléluia.

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    Par les moniales d'Argentan :

    podcast

    L’antienne d’offertoire est un verset du psaume 103 qu’on retrouvera demain à l’alléluia. Le psaume 103 est le psaume de la création, et ce verset fait donc le lien entre la création de l’origine et la re-création de Pâques, toutes deux par le Saint-Esprit.

    On remarque que le psaume est déclaratif : « Emittes… Tu enverras ton Esprit », et qu’il a été modifié par la liturgie en une demande, qui est la demande du jour : « Envoie ton Esprit ».

    En ce qui concerne la mélodie, elle sourd du plus bas de notre condition humaine pour élever la prière tout en haut du mode dès l’énoncé de Spiritum, et elle va rester accrochée tout du long au do qui est – vraiment – la dominante. Et qui est aussi la note la plus haute du mode. Cette mélodie va néanmoins s’élever encore, comme en une modulation sur le 4e mode transposé une quinte plus haut : c’est pour chanter non plus la création, mais le « renouveau » (nom de la semaine de Pâques dans la liturgie byzantine), la re-création, qui élève la création à un niveau supérieur. Felix culpa… Puis le chant s’établit pour l’éternité bienheureuse dans la pure clarté du 8e mode.

    L’illustration est une page d’un missel parisien du XIIIe siècle. En haut à gauche il y a la fin de l’évangile du jour, que suit l’antienne d’offertoire. (Une fois de plus, on voit que la liturgie traditionnelle n'est pas une "liturgie tridentine", puisqu'elle était entièrement constituée bien avant le concile de Trente.) On constate que la mélodie est légèrement différente de la restitution solesmienne, et que le premier si est affecté d’un bémol.

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  • Sainte Marie-Madeleine de Pazzi

    Le mercredi 6 juin, après avoir communié, il me sembla voir Jésus, tout amoureux, qui me disait : « Ô mon épouse, pourquoi penses-tu que je veuille si souvent m’unir à toi ? » Et aussitôt, je le sentis m’unir à Lui, et il me parut comprendre que Jésus unissait mon âme à Lui pour trois raisons. La première, c’est que l’âme unie à Jésus éprouve plus de sécurité en elle-même et plus de familiarité avec lui. La seconde, que cette union fortifie l’âme contre toutes sortes de tentations. La troisième, qu’elle devient ainsi plus agréable au Père éternel et capable de Lui plaire davantage, Jésus ayant dit dans l’Évangile : « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, vous l’obtiendrez ». C’est pourquoi l'âme unie à Jésus, non seulement obtient les grâces du Père éternel, mais lui est encore toute reconnaissante et agréable. Voilà, à ce qu’il me semble, pourquoi Jésus m’unissait si souvent à Lui dans le très Saint-Sacrement.

    Puis j’entrai dans un très vaste jardin, attrayant et d’une grande beauté, que je voyais à l’intérieur du côté de Jésus, et dans ce très noble jardin je vis les anges de toutes les moniales de ce monastère, ainsi que celui du Père confesseur. Tous me semblaient très beaux, mais, sauf celui du Père et le mien, je ne savais quelles moniales ils assistaient en particulier. Je les voyais tous tresser des guirlandes de fleurs, chacun pour sa moniale ; quelques-unes de ces guirlandes étaient toutes blanches, d’autres rouges, chacune ayant une couleur différente, quelques-unes même des teintes variées, suivant les vertus de la moniale à qui appartenait la guirlande. Les anges liaient celles-ci d’un fil d’or, que je compris être la charité des moniales. Mais je vis bien que huit ou dix de ces anges attendaient ; ils ne liaient pas leurs guirlandes, bien qu’ils eussent les fleurs, et semblaient attendre un peu de fil pour les lier. Alors Jésus me dit : « Vois, si ces moniales n’ont pas de charité, jamais leurs anges ne lieront leurs guirlandes, étant dépourvus de fil, c’est-à-dire de charité. Ces fleurs, je les réserverai pour les en fleurir et les en parer, mais elles ne pourront recevoir de guirlande ».

    Puis je vis quelques-uns de ces anges tenir à la main une baguette sur laquelle ils attachaient les fleurs : les unes d’or, d’autres blanches, ou vertes, ou d’autres couleurs. Et cette baguette, je compris que c’était le travail de fond que ces Sœurs avaient accompli, dès l’origine, dans les vertus représentées chacune par des fleurs. Parmi ces anges, quelques-uns avaient à peine commencé à tresser et procédaient très lentement et soigneusement : c’était pour celles qui devaient vivre longtemps. D’autres se hâtaient davantage et leur travail était à demi achevé : je compris que leur vie serait courte. Il y en avait aussi qui, après avoir lié une fleur, la détachaient et revenaient en arrière, et cela, à cause du défaut des moniales qui ne persévéraient pas dans les vertus comme elles avaient commencé.

    Je voyais aussi que mon petit ange allait très vite, et avait lié la mienne plus qu’à moitié : je compris ainsi qu’il me restait peu de temps à vivre ; cependant je ne désire ni mort, ni vie, mais seulement que soit faite en moi et sur moi la volonté de Dieu. Je vis encore celle du Père confesseur, qui n’était point une guirlande de fleurs comme les autres, mais une très belle couronne d’or, à cause de sa charité pour nos âmes, car il se fatiguait beaucoup pour notre salut ; elle était tout ornée de magnifiques joyaux et je vis qu’elle était terminée. Mais Jésus me dit : « Cette couronne n’est pas encore ornée comme je veux qu’elle le soit ». C’est pourquoi je voyais son petit ange y ajouter quelques joyaux pour l’embellir, d’autres pour l'enrichir, les faisant briller, par moments, d’un éclat magnifique.

    Je vis ensuite quatre allées dans ce jardin. La première aboutissait au cœur de Jésus. À son extrémité, je veux dire dans le cœur de Jésus, se trouvait une très belle fontaine dont l’eau, ainsi que je le compris, exerçait deux effets sur les créatures : elle rafraîchissait et réchauffait. Elle rafraîchissait ceux qui brûlent du feu de l’orgueil, tandis qu’elle réchauffait les tièdes et les rendait tout fervents pour l’amour de Dieu et son service. La seconde allée partait du cœur de Jésus ; je la voyais aboutir à la main droite, où l'âme parvenait par la foi. La troisième allée partait, elle aussi, du cœur de Jésus et aboutissait à sa main gauche, où l'âme arrivait par la justice, c’est-à-dire que la créature désirait que s’accomplisse la justice de Dieu et que justice soit faite de tous ses péchés, défauts et imperfections. La quatrième allée du cœur de Jésus allait à sa sainte bouche et je compris qu’il s’agissait là de la vision de Dieu, où l'âme ne peut accéder tant qu’elle est en ce monde.

    Et toutes ces allées m’apparaissaient recouvertes au-dessus et sur les côtés par la très sainte humanité de Jésus. La première était couverte par sa sainte poitrine, et les deux du centre par ses saints bras. La quatrième par la gorge de Jésus. Ensuite je vis sa tête sacrée toute parsemée de trous, comme de petites pièces, qui reluisaient tellement qu’ils semblaient des miroirs ; c’étaient les trous que Lui avait faits la couronne d’épines. Je compris par-là que les créatures doivent se regarder dans leur chef, le Christ, car elles en sont les membres. Je commençai tout de suite à les recommander à Jésus, en particulier cette personne dont j’ai parlé déjà, pour laquelle je n’éprouvai pas de douleur comme l’autre fois, car je compris qu’elle commençait à reconnaître son erreur et son péché et qu’elle s’en repentait. Je recommandai encore le Père, ainsi que l’archevêque et les Sœurs à Jésus comme j’en ai l’habitude en particulier chaque matin.

    Les 40 jours d’extases, 11

  • Saint Augustin de Cantorbéry

    Sur le site abbayes.fr :

    Nous ignorons tout de la vie de Saint Augustin avant l'an 596. A cette date, il était prieur du monastère de Saint André fondé près de Rome par Saint Grégoire le Grand.

    Celui-ci, peu après son élection comme pape, choisit en 596 Augustin pour partir évangéliser l'Angleterre, à la tête d'un groupe d'une quarantaine de missionnaires, dont la plupart étaient moines.

    L'Angleterre avait été évangélisée dès les premiers siècles de l'ère chrétienne, mais les invasions normandes avaient pratiquement anéanti cette œuvre initiale.

    Ethelbert, roi du Kent, venait de se marier avec la fille du roi de Paris [Berthe, fille de Caribert], qui était chrétienne. Augustin alla se présenter à Ethelbert, à Canterbury capitale du royaume. Ethelbert fut parmi ses premiers convertis, et reçut le baptême à la Pentecôte 597. A la fin de la même année, Augustin fut consacré évêque de Canterbury par l'évêque d'Arles [saint Virgile].

    Augustin reçut encore la juridiction épiscopale sur toute l'Angleterre, et eut à souffrir des rivalités entre les missionnaires celtes et bretons, et les moines missionnaires envoyés par le Pape.

    Augustin mourut le 26 mai 604 ou 605. Dès le siècle suivant il était vénéré comme le plus grand saint de l'Angleterre.

    Une abbaye fut construite hors de la ville par Augustin, qui prit comme patronage les saints Pierre et Paul. Après la mort du premier évêque de Canterbury, elle fut plus tard dédiée à Saint Augustin. L'abbaye fut la nécropole des souverains et des évêques du Kent, mais fut détruite en 1538 au temps de la Réforme Anglicane.

  • Saint Bède le vénérable

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    Les quatre saisons, illustration d'un manuscrit du début du XIe siècle du De temporibus de Bède.

    La fête de cet ancien moine anglo-saxon fut introduite dans le calendrier de l’Église universelle par Léon XIII, après que la Sacrée Congrégation des Rites lui eût reconnu ce titre de docteur que, depuis de longs siècles, lui avaient décerné les suffrages de l’univers. Cette vénération pour Bède avait même déjà commencé à se manifester de son vivant, si bien que, lors de la lecture publique de ses œuvres, ses contemporains ne pouvant encore lui attribuer le titre de saint l’appelaient venerabilis presbyter, et c’est sous ce titre que Bède est passé à la postérité.

    A une science vraiment encyclopédique, Bède unit les plus éclatantes vertus du moine bénédictin, faisant alterner dans sa vie la prière et l’étude. Ora et labora. Il eut de nombreux disciples et laissa tant d’écrits que, durant le haut moyen âge, ceux-ci constituèrent pour ainsi dire toute la bibliothèque ecclésiastique des Anglo-Saxons. La vaste érudition de ce moine rappelle d’une certaine manière celle de saint Jérôme à qui il ressemble quelque peu. Saint Boniface, l’apôtre de l’Allemagne, salua saint Bède comme la lumière de l’Église, et le Concile d’Aix-la-Chapelle lui donna le titre de docteur admirable.

    Bède mourut très âgé, le 26 mai 735, et sa dernière prière fut l’antienne de l’office (de l’Ascension) : O Rex gloriae, qui triumphator hodie super omnes caelos ascendisti, ne derelinquas nos orphanos, sed mitte promissum Patris in nos Spiritum veritatis*. Au moment d’expirer, il entonna le Gloria Patri.

    Bienheureux cardinal Schuster

    * Antienne du Magnificat des vêpres de l’Ascension : « O Roi de gloire, Seigneur des Puissances, qui aujourd’hui êtes monté en triomphateur au-dessus de tous les cieux, ne nous laissez pas orphelins ; mais envoyez sur nous l’Esprit de vérité promis par le Père, alléluia. » Si saint Bède s’est éteint en entonnant le Gloria Patri, c’est qu’on chantait trois fois l’antienne : avant le Magnificat, avant et après la doxologie, comme cela se faisait dans certaines églises les jours de grande fête ou pour les antiennes O de l’Avent. Il est même possible qu’en ce jour de l’Ascension l’antienne fût répétée après chaque verset, ce qui s’appelait… « triompher l’antienne ».

  • Saint Philippe Néri

    Extrait de la lettre de Jean-Paul II au P. Michael Napier à l’occasion du quatrième centenaire de la mort de saint Philippe Néri.

    L’aimable figure du “Saint de la joie” conserve toujours intacte cette irrésistible fascination qu’il a exercée sur tous ceux qui l’ont approché pour apprendre à connaître et faire l’expérience dans leur vie des sources authentiques de la joie chrétienne. Quand on relit la biographie de saint Philippe, on reste en effet surpris et fasciné par la manière joyeuse et détendue avec laquelle il savait éduquer, se plaçant au côté de chacun avec un partage et une patience fraternels. Comme on le sait, le Saint avait coutume de rassembler son enseignement dans de brèves et savoureuses maximes: “Soyez bons, si vous le pouvez”; “scrupules et tristesse, pas de ça dans ma maison”; “soyez humbles et soyez bas”; “l’homme qui ne prie pas est un animal sans parole”; et, portant sa main à son front: “la sainteté consiste en un espace de trois doigts”. Derrière la vivacité de ces “dits” et de tant d’autres, il est possible de percevoir la connaissance aiguë et réaliste qu’il avait acquise de la nature humaine et de la dynamique de la grâce. Par ces enseignements rapides et concis, il traduisait l’expérience de sa longue vie et la sagesse d’un coeur habité par l’Esprit Saint. Désormais, ces aphorismes sont devenus, pour la spiritualité chrétienne, une sorte de patrimoine de sagesse.

    Saint Philippe se présente dans le cadre de la Renaissance romaine comme “le prophète de la joie”, qui a su marcher à la suite de Jésus tout en s’insérant activement dans la société de son temps, par bien des aspects singulièrement proche de celle d’aujourd’hui. L’humanisme, tout centré sur l’homme et ses singulières capacités intellectuelles et pratiques, proposait, contre une certaine obscurité médiévale mal comprise, la redécouverte d’une joyeuse fraîcheur naturaliste, immédiate et sans inhibitions. L’homme, présenté presque comme un dieu païen, était ainsi placé dans une position de protagoniste absolu. On avait fait, en outre, une sorte de révision de la loi morale dans le but de rechercher et d’assurer le bonheur. Ouvert aux requêtes de la société de son temps, saint Philippe n’a pas refusé cette aspiration à la joie, mais il s’est efforcé de lui proposer sa vraie source, qu’il avait découverte dans le message évangélique. C’est la parole du Christ qui dessine l’authentique visage de l’homme, révélant ses traits qui en font un fils aimé du Père, accueilli comme un frère dans le Verbe incarné et sanctifié par l’Esprit Saint. Ce sont les lois de l’Evangile et les commandements du Christ qui conduisent à la joie et au bonheur: telle est la vérité proclamée par saint Philippe Néri aux jeunes qu’il rencontrait dans son travail apostolique quotidien. Son annonce était dictée par une expérience intime de Dieu, effectuée surtout dans l’oraison. La prière nocturne aux catacombes de Saint-Sébastien, où il se retirait souvent à l’écart, n’était pas seulement une recherche de la solitude mais bien la volonté de s’entretenir avec les témoins de la foi, de les interroger, tout comme les savants de la Renaissance conversaient avec les Classiques de l’antiquité; et de la connaissance venait l’imitation, puis l’émulation.

    En saint Philippe, à qui, la veille de la Pentecôte 1544, l’Esprit Saint donna “un coeur de feu”, il est possible d’entrevoir l’allégorie de grandes et divines transformations qu’opère la prière. Un fécond et sûr programme de formation à la joie - enseigne notre Saint - se nourrit, s’appuie sur une palette harmonieuse de choix: la prière assidue, l’Eucharistie fréquente, la redécouverte et la valorisation du sacrement de la Réconciliation, le contact familier et quotidien avec la Parole de Dieu, l’exercice fécond de la charité fraternelle et du service. Puis la dévotion à la Sainte Vierge, modèle et vraie cause de notre joie. A cet égard, comment oublier son avertissement sage et efficace: “Mes petits enfants, soyez des dévots de Marie: je sais ce que je dis! Soyez des dévots de Marie!”.

  • Saint Grégoire VII

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    Te triumphánti celebrámus ore,
    Inclytum Romæ jubar, o Gregóri;
    Corde qui magno súperans procellas,
    Líttora tangis.

    C’est toi-même, ô Grégoire, que nous célébrons dans nos chants de triomphe ; toi l’honneur de Rome, toi dont le grand cœur brava les tempêtes, après lesquelles tu touches aujourd’hui le rivage.

    Gáudeat cœtus Benedícti patris,
    Qui tot et tantos generávit orbi
    Fílios: nullus símili refúlsit
    Laude veréndus.

    Qu’elle soit dans la joie, la race du père Benoît, qui a jusqu’ici enfanté tant de héros ; aucun n’a brillé encore d’une gloire semblable.

    Núntium latæ ditiónis affert
    Dextra ludéntis púeri, dolántem
    Dum secus fabrum, Dómino regénte,
    Ségmine scribit.

    Un jour, dans son enfance, il assistait au travail d’un ouvrier : on le vit, de sa main conduite par le ciel, tracer en se jouant des caractères qui annonçaient qu’un jour il régirait un vaste empire.

    Alta conscéndas, Pater ; oriáris
    Sol novus mundum rádiis serénans:
    Póntifex Petri sédeas cathédra,
    Arbiter orbis.

    Monte donc, ô Père ! Comme un soleil nouveau, lève-toi, et viens éclairer le monde de tes rayons. Pontife, assieds-toi sur la chaire de Pierre, et sois-y l’arbitre de la terre.

    In latebrósos fúgiant recéssus,
    Quotquot hostíli rábie furéntes,
    In gregem Christi sátagunt nefánda
    Tela vibráre.

    Ils n’ont qu’à fuir maintenant dans leurs sombres cavernes, tous ceux qui exercent leurs hostilités contre l’Église, et ne cessent de lancer leurs traits sacrilèges sur le troupeau du Christ.

    Sis memor chari gregis, et patrónus,
    Sis ad ætérnam Tríadem, precámur:
    Cuncta cui dignas résonent per orbem
    Sæcula laudes. Amen.

    Daigne avoir souvenir du troupeau qui te fut si cher, sois son protecteur auprès de l’éternelle Trinité, à qui les siècles tour à tour envoient de toutes les parties de la terre l’hommage qui lui est dû. Amen.

    (Traduction dom Guéranger)