Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 171

  • Liturgie italo-albanaise

    Pour ceux que ça intéresserait, j’ai créé une chaîne YouTube consacrée à la liturgie de l’Eglise grecque-catholique italo-albanaise. Je connaissais un peu cette petite Eglise d’exilés albanais (surtout de Grèce) installés en Calabre et en Sicile à partir de la fin du XVe siècle. Il y a deux ans j’avais assisté à une superbe messe en leur co-cathédrale de Palerme (la Martorana). Mais j’ai vraiment découvert leur liturgie, ce qu’elle a de spécifique outre la grande tradition grecque, « grâce » au confinement. A quelque chose malheur est bon… Le confinement a conduit les prêtres italo-albanais, comme nombre de leurs confrères, à réaliser des vidéos liturgiques pour que les fidèles continuent d’avoir un témoignage de la liturgie. Ainsi, alors que jusque-là on ne trouvait sur internet que de rares bribes, ce sont des offices et des messes qui ont été mis en ligne, au long du carême et du temps pascal, particulièrement sur les pages Facebook du diocèse de Piana degli Albanesi, de la paroisse de l’Assomption de Palazzo Adriano et du diocèse de Lungro. J’ai donc commencé à piocher dans tout ça pour en extraire quelques pépites, sans oublier de récupérer aussi celles qui existaient déjà.

    J’ajoute les vidéos complètes des consécrations épiscopales des deux derniers évêques de Piana, parce que ce sont des documents extraordinaires et qu’ils sont difficiles à trouver sur YouTube (la dernière est intitulée « Piana degli Albanese 28 06 2015 », sans aucune autre indication…)

    D’autres mises en ligne suivront…

    C'est ici.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Sit vobis tamquam in imágine descrípta virgínitas vitáque beátæ Maríæ, de qua, velut in spéculo, refúlget spécies castitátis et forma virtútis. Hinc sumátis licet exémpla vivéndi, ubi tamquam in exemplári, magistéria expréssa probitátis, quid corrígere, quid effúgere, quid tenére debeátis, osténdunt. Primus discéndi ardor nobílitas est magístri. Quid nobílius Dei Matre ? Quid splendídius ea, quam spiendor elégit ? Quid cástius ea, quæ corpus sine córporis contagióne generávit? Nam de céteris eius virtútibus quid loquar? Virgo erat non solum córpore, sed étiam mente, quæ nullo doli ámbitu sincérum adulteráret afféctum.

    Contemplez, comme une image dessinée devant vous, la virginité et la vie de la bienheureuse Marie. Comme en un miroir, y resplendit, éclatant, un exemple de chasteté, un modèle de vertu. Vous trouverez là les normes de votre conduite et, comme tracés d’avance pour vous, de clairs enseignements de vie irréprochable qui vous diront ce qu’il faut corriger, éviter, observer. Le meilleur stimulant pour apprendre, c’est l’excellence du maître. Or, qui est plus excellent que la Mère de Dieu ? Qui est plus splendide qu’elle ? La splendeur elle-même l’a choisie. Qui est plus chaste qu’elle ? Son corps a enfanté sans commerce charnel. Et que dire de ses autres vertus ? Vierge, elle l’était, non seulement dans son corps, mais aussi dans son âme, où nul fourbe calcul n’a jamais corrompu la pure vigueur de l’amour.

    Lecture des matines : saint Ambroise, Les vierges, livre 2, 2.

  • Les 7 frères martyrs

    Une inscription du cimetière des saints Processus et Martinien donne à ce jour le nom significatif de « dies Martyrorum » par antonomase. A Rome en effet, si grande était l’antique vénération pour sainte Félicité et ses fils, que les Sacramentaires assignent quatre messes stationnales à ce jour et on les célébrait dans les quatre différents cimetières où reposaient leurs reliques.

    Dès le temps de saint Grégoire le Grand, la critique avait essayé de s’exercer sur ce groupe de saints, du martyre desquels nous ne possédons plus les Actes originaux. A cette lacune suppléent d’ailleurs amplement les monuments liturgiques et épigraphiques que nous trouvons dans les cimetières romains ; ils confirment tous entièrement la substance de l’actuelle recension de la Passio, de saveur assez antique.

    Sainte Félicité et ses sept fils furent donc immolés pour la foi vers 162 sous Marc-Aurèle. Ses fils la précédèrent au ciel, elle les y suivit un peu plus tard. Pour terroriser les chrétiens, l’exécution capitale ne se fit pas en un seul lieu, car Janvier mourut sous les fouets plombés et fut enseveli au cimetière de Prétextat ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade et furent ensevelis dans celui de Priscille ; Silain fut précipité d’une hauteur et enseveli avec sa Mère dans le cimetière de Maxime ; Alexandre, Vital et Martial furent décapités et obtinrent l’honneur du sépulcre dans le cimetière des Jordani.

    D’accord avec la Passio, le Calendrier Philocalien assigne au 10 juillet : VI id. Felicis et Philippi in Priscillæ, et in Iordanorum : Martialis, Vitalis, Alexandri ; et in Maximi : Silani. Hunc Silanum martyrem Novati furati sunt ; et in Prætextati : Ianuari.

    Cependant au IIIe siècle le corps de Silain avait été soustrait par les Novatiens, qui ambitionnaient eux aussi la gloire de posséder les reliques de quelque martyr. Plus tard, les ossements sacrés furent cependant restitués à leur tombeau primitif, d’où à la fin du VIIIe siècle, Léon III les transféra avec ceux de sainte Félicité dans le Titre de Sainte-Susanne où on les conserve encore.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Sainte Véronique Giuliani

    Dans les écrits de Véronique, nous trouvons de nombreuses citations bibliques, parfois de manière indirecte, mais toujours ponctuelle : elle fait preuve d’une familiarité avec le Texte sacré, dont se nourrit son expérience spirituelle. Il faut en outre noter que les moments forts de l’expérience mystique de Véronique ne sont jamais séparés des événements salvifiques célébrés dans la liturgie, où trouvent une place particulière la proclamation et l’écoute de la Parole de Dieu. Les Saintes Écritures illuminent, purifient, confirment donc l’expérience de Véronique, la rendant ecclésiale. D’autre part, cependant, c’est précisément son expérience, ancrée dans les Saintes Écritures avec une intensité sans égale, qui conduit à une lecture plus approfondie et « spirituelle » du Texte sacré lui-même, entre dans la profondeur cachée du texte. Non seulement elle s’exprime avec les paroles des Saintes Écritures, mais réellement, elle vit aussi de ces paroles, elles se font vie en elle.

    Par exemple, notre sainte cite souvent l’expression de l’apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? ». En elle, l’assimilation de ce texte paulinien, cette grande confiance et cette joie profonde, devient un fait accompli dans sa personne elle-même : « Mon âme — écrit-elle — a été liée par la volonté divine et je me suis vraiment établie et arrêtée pour toujours dans la volonté de Dieu. Il me semblait que je n’aurais plus jamais à me séparer de cette volonté de Dieu et je revins en moi avec ces paroles précises : rien ne pourra me séparer de la volonté de Dieu, ni les angoisses, ni les peines, ni les tourments, ni le mépris, ni les tentations, ni les créatures, ni les démons, ni l’obscurité, et pas même la mort, car, dans la vie et dans la mort, je veux entièrement, et en tout, la volonté de Dieu ». Ainsi avons-nous, nous aussi, la certitude que la mort n’a pas le dernier mot, nous sommes enracinés dans la volonté de Dieu et ainsi réellement dans la vie, à jamais.

    Véronique se révèle, en particulier, un témoin courageux de la beauté et de la puissance de l’Amour divin, qui l’attire, l’envahit, l’embrase. C’est l’amour crucifié qui s’est imprimé dans sa chair, comme dans celle de saint François d’Assise, avec les stigmates de Jésus. « Mon épouse — me murmure le Christ crucifié — les pénitences que tu accomplis pour ceux que j’ai en disgrâce me sont chères... Ensuite, détachant un bras de la croix, il me fit signe de m’approcher de son côté... Et je me retrouvais entre les bras du Crucifié. Je ne peux pas raconter ce que j’éprouvais à ce moment : j’aurais voulu être toujours dans son très saint côté ». Il s’agit également de son chemin spirituel, de sa vie intérieure : être dans les bras du crucifié et être aimé dans l’amour du Christ pour les autres. Avec la Vierge Marie également, Véronique vit une relation de profonde intimité, témoignée par les paroles qu’elle entend un jour la Vierge lui adresser et qu’elle rapporte dans son Journal : « Je te fis reposer en mon sein, tu connus l’union avec mon âme, et par celle-ci tu fus, comme en vol, conduite devant Dieu ».

    Sainte Véronique Giuliani nous invite à faire croître, dans notre vie chrétienne, l’union avec le Seigneur dans notre proximité avec les autres, en nous abandonnant à sa volonté avec une confiance complète et totale, et l’union avec l’Église, Épouse du Christ ; elle nous invite à participer à l’amour souffrant de Jésus Crucifié pour le salut de tous les pécheurs ; elle nous invite à garder le regard fixé vers le Paradis, but de notre chemin terrestre où nous vivrons avec un grand nombre de nos frères et sœurs la joie de la pleine communion avec Dieu ; elle nous invite à nous nourrir quotidiennement de la Parole de Dieu pour réchauffer notre cœur et orienter notre vie. Les dernières paroles de la sainte peuvent être considérées comme la synthèse de son expérience mystique passionnée : « J’ai trouvé l’Amour, l’Amour s’est laissé voir ! ».

    Benoît XVI

  • Sainte Elisabeth de Portugal

    Clementíssime Deus, qui beátam Elisabeth regínam, inter céteras egrégias dotes, béllici furóris sedándi prærogatíva decorásti : da nobis, eius intercessióne ; post mortális vitæ, quam supplíciter pétimus, pacem, ad ætérna gáudia perveníre. Per Dóminum nostrum…

    Dieu très clément, parmi tant d’autres qualités éminentes, vous avez donné à la bienheureuse reine Élisabeth la vertu d’apaiser les fureurs de la guerre : accordez-nous, par son intercession, qu’après avoir, pendant cette vie mortelle, joui de la paix que nous vous demandons humblement, nous parvenions aux joies éternelles.

    La collecte demande la paix. Cette « qualité éminente » de sainte Elisabeth d’apaiser les querelles avait particulièrement frappé Urbain VIII, qui est l’auteur ou du moins l’inspirateur de cette oraison, et qui l’avait aussi souligné dans l’antienne de Magnificat :

    Elísabeth, pacis et pátriæ mater, in cælo triúmphans, dona nobis pacem.

    Élisabeth, mère de la paix et de la patrie, triomphante dans le ciel, donnez-nous la paix.

  • Saints Cyrille et Méthode

    Lux o decóra pátriæ
    Slavísque amíca géntibus,
    Salvéte, fratres : ánnuo
    Vos efferémus cántico.

    O Lumière splendide de la patrie,
    lumière bienfaisante envers les peuples slaves,
    Salut, ô frères : chaque année
    nos chants sacrés vous exalteront.

    Quos Roma plaudens éxcipit,
    Compléxa mater fílios,
    Auget coróna præsulum
    Novóque firmat róbore.

    Rome vous reçoit et applaudit,
    comme une mère embrasse ses fils ;
    elle met à votre front la couronne des Pontifes,
    et vous revêt d’une force nouvelle.

    Terras ad usque bárbaras
    Inférre Christum pérgitis ;
    Quot vanus error lúserat,
    Almo replétis lúmine.

    Jusqu’en des contrées barbares
    vous portez le Christ ;
    ceux qu’une vaine erreur abusait
    vous les remplissez d’une vivifiante lumière.

    Noxis solúta péctora
    Ardor supérnus ábripit ;
    Mutátur horror véprium
    In sanctitátis flósculos.

    Les cœurs sont délivrés des liens du vice,
    une ardeur céleste s’en empare ;
    l’horreur des ronces se change
    en fleurs de sainteté.

    Et nunc seréna Cælitum
    Locáti in aula, súpplici
    Adéste voto : Slávicas
    Serváte gentes Númini.

    Et maintenant que vous êtes fixés
    dans le palais serein de la cour céleste,
    écoutez favorablement notre suppliante prière :
    conservez à Dieu les populations slaves

    Erróre mersos únicum
    Ovíle Christi cóngreget ;
    Factis ávitis æmula
    Fides viréscat púlchrior.

    Que l’unique bercail du Christ
    rassemble ceux qui sont plongés dans l’erreur ;
    et que, rivalisant avec les temps passés,
    la foi se montre de plus en plus florissante

    Tu nos, beáta Trínitas,
    Cælésti amóre cóncita,
    Patrúmque natos ínclyta
    Da pérsequi vestígia. Amen.

    O Vous, Trinité bienheureuse,
    animez-nous de votre amour céleste,
    et faites que les enfants suivent
    les nobles traces de leurs pères. Amen.

    Cette hymne des laudes, comme celle des vêpres, fut attribuée à Léon XIII parce qu’il institua la fête des deux apôtres des nations slaves en 1880. Mais elles furent composées par des membres de la Congrégation des rites, qui renouaient heureusement avec l'antique simplicité romaine...

  • Splendor Paternae gloriæ

    L’hymne des laudes du lundi.

    Splendor Patérnae gloriæ,
    De luce lucem próferens,
    Lux lucis, et fons lúminis,
    Diem dies illúminans:

    Splendeur de la gloire du Père
    Lumière née de la Lumière
    Source vive de clarté
    Jour illuminant le jour

    Verúsque sol illábere,
    Micans nitóre pérpeti:
    Jubárque Sancti Spíritus
    Infúnde nostris sénsibus.

    Vrai soleil éclatant, descends sur nous
    Brille d'un éclat sans fin
    Fais luire dans nos cœurs
    Les rayons de l'Esprit divin

    Votis vocémus et Patrem,
    Patrem perénnis glóriæ:
    Patrem poténtis grátiæ,
    Culpam reléget lúbricam.

    Qu'il nous donne de chanter le Père
    Père de gloire éternelle
    Père de grâce puissante
    Qui éloigne notre faute

    Confírmet actus strénuos:
    Dentes retúndat ínvidi:
    Casus secúndet ásperos:
    Donet gerendi gratiam.

    Qu'il donne force à nos actes
    Qu'il terrasse l'ennemi
    Et qu'il nous donne dans les épreuves
    La grâce pour agir

    Mentem gubérnet et regat:
    Casto fideli corpore :
    Fides calóre férveat,
    Fraudis venéna nésciat.

    Qu'il dirige notre intelligence
    Qu'il garde notre corps
    Que notre foi soit ardente
    Qu'elle soit simple et sans détour

    Christúsque nobis sit cibus,
    Potúsque noster sit fides:
    Læti bibámus sóbriam
    Ebrietatem Spíritus.

    Que le Christ soit notre nourriture
    La foi notre breuvage
    Que la sobre ivresse de l'Esprit
    Soit la joie de ce jour

    Lætus dies hic tránseat:
    Pudor sit ut dilúculum:
    Fides velut merídies:
    Crepúsculum mens nésciat.

    Que ce jour s'écoule joyeux
    Son matin c'est la pureté
    Qu'à midi brille la foi
    Qui vaincra les ombres du soir

    Auróra cursus próvehit,
    Auróra totus pródeat
    In Pátre totus Fílius,
    Et totus in Verbo Pater.

    Comme le soleil brille à nos yeux
    Avec l'aurore viennent vers nous
    Le Fils, tout entier dans le Père
    Et le Père, tout entier dans le Fils

    Deo Patri sit glória,
    Ejúsque soli Fílio,
    Cum Spíritu Paráclito,
    Nunc et per omne sǽculum. Amen.

  • 5e dimanche après la Pentecôte

    L’alléluia de ce dimanche a un grand jubilus…qui jubile véritablement, tout en restant très intérieur. La mélodie illustre d’abord les mots du verset : la puissance de Dieu élève « virtute » au sommet, « laetabitur » se complaît dans un ample mélisme, mais la plus longue phrase mélodique, redontante et rebondissante avec ses quatre triples do, n’a pour tout support que la conjonction de coordination « et ». On est tenté de penser que ce texte n’est pas le texte originel, et qu’il a été plaqué sur une mélodie qui en avait un tout autre. D’ailleurs, si l’on regarde l’alléluia de la fête du Cœur immaculé de Marie, qui a la même mélodie, on voit que le mot ainsi illustré et magnifié est…. « exsultavit ». Pour la fête monastique de la « Saint Benoît d’été », le 11 juillet, le même mélisme orne le « i » de « ipse », et insiste donc sur saint Benoît lui-même.

    Mais il se trouve que l’alléluia de ce dimanche se trouve dans le graduel dit des séquences de Notker, qui est le plus ancien codex avec neumes (Xe siècle). Donc il ne s’agit pas d’une adaptation. Ce sont les autres qui ont adapté. En outre, cette mélodie fut aussi celle d’un alléluia de fête d’apôtre, avec comme texte « In omnem terram exivit sonus eorum », et le mot qui sert de support au grand mélisme est également « et »…

    De fait on ne peut pas dire que la mélodie « illustre » ou « exprime » un simple « et » dont la seule fonction est de coordonner deux phrases. C’est un exemple de la mélodie de plain chant qui s’évade du texte pour chanter au-delà des mots. L’âme qui exulte chante le mystère en se servant de n’importe quel support –seuls les anges peuvent chanter sans support. Et le mot le plus anodin est alors le plus adéquat. Les byzantins ont systématisé cette pratique, sous le nom de kratimes, un chant d’exultation qui utilise des syllabes dépourvues de sens, souvent « terirem ».

    chant_img.png

    Allelúia Allelúia. Dómine, in virtúte tua lætábitur rex : et super salutáre tuum exsultábit veheménter. Allelúia.

    Alléluia. Alléluia. Seigneur, le roi se réjouira dans votre force : et il tressaillira d’une vive allégresse parce que vous l’aurez sauvé. Alléluia.

    Par les moines de Silos :


    podcast

     

     

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Non excédit fidem, quod homo exívit de vírgine, quando petra fontem prófluum scaturívit, ferrum super aquas natávit, ambulávit homo super aquas. Ergo, si hóminem unda portávit, non pótuit hóminem virgo generáre? At quem hóminem? De quo légimus: Et mittet illis Dóminus hóminem, qui salvos fáciet eos, et notus erit Dóminus Ægýptiis. In véteri ítaque Testaménto virgo Hebræórum per mare duxit exércitum: in novo Testaménto Virgo, géneris aula cæléstis, elécta est ad salútem.

    Qu’un homme soit né d’une vierge, cela ne dépasse pas notre foi. Une pierre n’a-t-elle pas fait jaillir une source d’eau vive, un fer n’a-t-il pas flotté sur les eaux, et un homme n’a-t-il pas marché sur les flots ? Si l’eau a porté un homme, une vierge n’aurait-elle pu donner le jour à un homme, et à un homme dont nous lisons : « Il leur enverra un sauveur un défenseur qui les délivrera. Le Seigneur se fera connaître aux Égyptiens » ? Ainsi, dans l’ancien Testament, une vierge a conduit l’armée des Hébreux à travers les flots de la mer; dans le Nouveau, une vierge, demeure royale d’un enfant céleste, fut élue pour l’œuvre du salut.

    Lettre de saint Ambroise au pape Sirice (lecture des matines). Cette lettre, également signée par saint Bassien évêque de Lodi et saint Sabin évêque de Plaisance, est celle par laquelle l’évêque de Milan félicite le pape d’avoir excommunié l’hérésiarque Jovinien qui, notamment, niait la virginité de Marie. Voici le passage intégral, dans la traduction du P. Joseph Duranti de Bonrecueil , 1741.

    Screenshot_2020-07-03 Lettres.png

    Screenshot_2020-07-03 Lettres(1).png

    Screenshot_2020-07-03 Lettres(2).png

    Screenshot_2020-07-03 Lettres(3).png

    (On remarquera la fâcheuse et très courante erreur de traduction de la prophétie d'Isaïe: tant dans le texte hébreu que dans le texte grec il y a l'article défini : LA Vierge concevra. Le fait qu'il n'y a pas d'article défini en latin n'est pas une excuse...)

  • Saint Irénée

    Irénée se préoccupe d’illustrer le concept authentique de Tradition apostolique, que nous pouvons résumer en trois points :

    • La tradition apostolique est « publique », et non pas privée ou secrète. Pour Irénée, il n’y a aucun doute que le contenu de la foi transmise par l’Église est celui qui a été reçu des Apôtres et de Jésus, du Fils de Dieu. Il n’existe aucun autre enseignement que celui-là. Et par conséquent, à qui veut connaître la véritable doctrine, il suffit de connaître la « Tradition qui vient des Apôtres et la foi annoncée aux hommes » : tradition et foi qui « sont arrivées jusqu’à nous à travers la succession des évêques » (Adv. Hær. 3,3,3-4). De sorte que succession épiscopale, principe personnel, et tradition apostolique, principe doctrinal, coïncident.

    • La Tradition apostolique est « unique ». Tandis que, en effet, le gnosticisme est subdivisé en sectes multiples, la Tradition ecclésiale est unique dans ses contenus fondamentaux, que, comme nous l’avons vu, Irénée appelle précisément « regula fidei » ou « regula veritatis » : et ainsi, parce qu’elle est unique, elle crée l’unité à travers les peuples, à travers la variété des cultures, à travers la variété des peuples ; elle est un contenu commun comme la vérité, malgré la diversité des langues et des cultures. Saint Irénée a une phrase très précieuse dans son livre Contre les hérésies : « L’Église, bien que répandue dans tout le monde, garde soigneusement [la foi des Apôtres], comme si elle n’habitait qu’une seule maison ; de même, elle croit dans ces vérités comme si elle n’avait qu’une âme et un seul cœur ; à l’unisson, elle proclame ces vérités, elle les enseigne et les transmet comme si elle avait une seule bouche. Les langues du monde sont variées, mais la puissance de la tradition est unique et la même : les Églises fondées dans les Germanies n’ont reçu ni transmis de fois diverses, ni celles fondées dans les Espagnes ou chez les Celtes ou dans les régions orientales ou en Égypte ou en Libye ou au milieu du monde » (1, 10, 1-2). On voit déjà à ce moment-là, alors que nous sommes en l’an 200, l’universalité de l’Église, sa catholicité et la force unifiante de la vérité, qui unit ces réalités si diverses, de la Germanie à l’Espagne, à l’Italie, à l’Égypte, à la Libye, dans la vérité commune que le Christ nous a révélée.

    • Enfin, la Tradition apostolique est, comme il dit en grec - la langue dans laquelle il écrivait son livre -, « pneumatique », c’est-à-dire spirituelle, guidée par l’Esprit-Saint : en grec, esprit se dit « pneuma ». Il ne s’agit pas, en effet, d’une transmission confiée à la capacité d’hommes plus ou moins instruits, mais à l’Esprit de Dieu, qui garantit la fidélité de la transmission de la foi. Telle est la « vie » de l’Église, ce qui fait l’Église toujours fraîche et jeune, c’est-à-dire féconde de multiples charismes. Église et Esprit, pour Irénée, sont inséparables : « Cette foi, lisons-nous encore dans le troisième livre du Contre les hérésies, nous l’avons reçue de l’Église, et nous la conservons : la foi, par l’action de l’Esprit de Dieu, comme un dépôt précieux gardé en un vase de valeur, rajeunit toujours, et fait rajeunir le vase qui la contient (…) Là où est l’Église, là est l’Esprit de Dieu, et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce » (3, 24, 1).

    Benoît XVI