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Saint Philippe Néri

Extrait de la lettre de Jean-Paul II au P. Michael Napier à l’occasion du quatrième centenaire de la mort de saint Philippe Néri.

L’aimable figure du “Saint de la joie” conserve toujours intacte cette irrésistible fascination qu’il a exercée sur tous ceux qui l’ont approché pour apprendre à connaître et faire l’expérience dans leur vie des sources authentiques de la joie chrétienne. Quand on relit la biographie de saint Philippe, on reste en effet surpris et fasciné par la manière joyeuse et détendue avec laquelle il savait éduquer, se plaçant au côté de chacun avec un partage et une patience fraternels. Comme on le sait, le Saint avait coutume de rassembler son enseignement dans de brèves et savoureuses maximes: “Soyez bons, si vous le pouvez”; “scrupules et tristesse, pas de ça dans ma maison”; “soyez humbles et soyez bas”; “l’homme qui ne prie pas est un animal sans parole”; et, portant sa main à son front: “la sainteté consiste en un espace de trois doigts”. Derrière la vivacité de ces “dits” et de tant d’autres, il est possible de percevoir la connaissance aiguë et réaliste qu’il avait acquise de la nature humaine et de la dynamique de la grâce. Par ces enseignements rapides et concis, il traduisait l’expérience de sa longue vie et la sagesse d’un coeur habité par l’Esprit Saint. Désormais, ces aphorismes sont devenus, pour la spiritualité chrétienne, une sorte de patrimoine de sagesse.

Saint Philippe se présente dans le cadre de la Renaissance romaine comme “le prophète de la joie”, qui a su marcher à la suite de Jésus tout en s’insérant activement dans la société de son temps, par bien des aspects singulièrement proche de celle d’aujourd’hui. L’humanisme, tout centré sur l’homme et ses singulières capacités intellectuelles et pratiques, proposait, contre une certaine obscurité médiévale mal comprise, la redécouverte d’une joyeuse fraîcheur naturaliste, immédiate et sans inhibitions. L’homme, présenté presque comme un dieu païen, était ainsi placé dans une position de protagoniste absolu. On avait fait, en outre, une sorte de révision de la loi morale dans le but de rechercher et d’assurer le bonheur. Ouvert aux requêtes de la société de son temps, saint Philippe n’a pas refusé cette aspiration à la joie, mais il s’est efforcé de lui proposer sa vraie source, qu’il avait découverte dans le message évangélique. C’est la parole du Christ qui dessine l’authentique visage de l’homme, révélant ses traits qui en font un fils aimé du Père, accueilli comme un frère dans le Verbe incarné et sanctifié par l’Esprit Saint. Ce sont les lois de l’Evangile et les commandements du Christ qui conduisent à la joie et au bonheur: telle est la vérité proclamée par saint Philippe Néri aux jeunes qu’il rencontrait dans son travail apostolique quotidien. Son annonce était dictée par une expérience intime de Dieu, effectuée surtout dans l’oraison. La prière nocturne aux catacombes de Saint-Sébastien, où il se retirait souvent à l’écart, n’était pas seulement une recherche de la solitude mais bien la volonté de s’entretenir avec les témoins de la foi, de les interroger, tout comme les savants de la Renaissance conversaient avec les Classiques de l’antiquité; et de la connaissance venait l’imitation, puis l’émulation.

En saint Philippe, à qui, la veille de la Pentecôte 1544, l’Esprit Saint donna “un coeur de feu”, il est possible d’entrevoir l’allégorie de grandes et divines transformations qu’opère la prière. Un fécond et sûr programme de formation à la joie - enseigne notre Saint - se nourrit, s’appuie sur une palette harmonieuse de choix: la prière assidue, l’Eucharistie fréquente, la redécouverte et la valorisation du sacrement de la Réconciliation, le contact familier et quotidien avec la Parole de Dieu, l’exercice fécond de la charité fraternelle et du service. Puis la dévotion à la Sainte Vierge, modèle et vraie cause de notre joie. A cet égard, comment oublier son avertissement sage et efficace: “Mes petits enfants, soyez des dévots de Marie: je sais ce que je dis! Soyez des dévots de Marie!”.

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