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Liturgie - Page 177

  • Saint Jean-Baptiste de La Salle

    Méditation pour le 4e dimanche après Pâques.

    Jésus-Christ ayant dit à ses apôtres (Jn 16, 6) qu’il retournait à celui qui l’avait envoyé, leur cœur aussitôt fut rempli de tristesse. Comme la présence de leur maître faisait toute leur consolation et leur soutien, ils avaient bien de la peine de voir qu’ils en seraient bientôt séparés parce qu’ils se persuadaient que, Jésus-Christ n’étant plus visiblement avec eux, ils seraient privés d’un secours dont ils croyaient ne pouvoir se passer. Comme ils n’avaient pas encore reçu le Saint-Esprit, ils s’attachaient à ce qui frappait leurs sens, sans s’élever plus haut.

    Quand on quitte le monde, quand on renonce, en les quittant, aux plaisirs des sens, il arrive quelquefois qu’on ne fait cette renonciation que par pur goût et que par un pur attrait sensible pour Dieu et pour les choses de Dieu, qui donne une satisfaction incomparablement au-dessus de celles des sens.

    Ainsi c’est un plus grand plaisir qui fait qu’on se prive volontiers d’un autre qui est beaucoup moindre ; ce qui marque qu’on n’est pas encore dans un entier détachement. Demandez beaucoup à Dieu ce détachement entier, pour ne vous attacher qu’à lui seul, en qui consiste tout le bonheur de cette vie et de l’autre.

    Jésus-Christ, voyant que ses apôtres étaient tristes de ce qu’il leur avait dit que bientôt il se séparerait d’eux, leur fit connaître que c’était un avantage pour eux qu’il s’en allât. Ceux qui se sont donnés à Dieu croient souvent que la présence sensible de Dieu est l’unique chose qui les puisse soutenir dans la piété et que, s’ils tombaient une fois dans les sécheresses et dans les peines intérieures, ils déchoiraient tout à fait de l’état de sainteté où Dieu les a élevés ; et il leur semble qu’ayant perdu certain goût pour l’oraison et la facilité de s’y appliquer, tout est perdu pour eux, et que Dieu les a entièrement rejetés ; leur intérieur est dans la désolation, et ils s’imaginent que toute voie pour aller à Dieu leur est fermée. Il faut alors leur dire ce que Jésus-Christ dit à ses apôtres : qu’il leur est avantageux que Dieu se retire d’eux sensiblement, et que ce qu’ils regardent comme une perte est pour eux un véritable gain, s’ils soutiennent volontiers cette épreuve.

    La raison principale pour laquelle Jésus-Christ dit à ses apôtres qu’il leur est avantageux qu’il s’en aille, c’est parce que, s’il ne s’en va pas, l’Esprit consolateur ne viendra point en eux ; mais que, s’il s’en va, il le leur enverra. Comprenons par là qu’il est quelquefois plus avantageux d’être privé des consolations spirituelles que d’en avoir ; parce que plus on est dégagé de ce qui plaît aux sens, et plus on a de moyens d’aller à Dieu purement et avec un entier détachement de toutes les créatures ; c’est alors, en effet, que l’Esprit de Dieu vient dans une âme et qu’il la comble de ses grâces.

    Ne vous plaignez donc plus lorsque vous serez dans la peine, soit intérieure, soit extérieure ; et assurez-vous que plus vous y serez, plus vous aurez de moyens d’être tout à Dieu.

  • Ad cenam Agni providi

    Hymne des vêpres au temps pascal, par les maîtres de chœur en concert à Fontevraud le 23 juillet 1989 sous la direction de dom Louis Le Feuvre. (Traduction de Bossuet.)


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    Ad cenam Agni próvidi,
    Et stolis albis cándidi,
    Post tránsitum maris Rubri
    Christo canámus Príncipi.

    Après avoir passé la mer Rouge, allons, revêtus d'habits blancs, au festin de l'Agneau, et chantons les louanges de Jésus-Christ notre Roi.

    Cujus corpus sanctíssimum
    In ara crucis tórridum,
    Cruóre ejus róseo
    Gustándo vívimus Deo.

    Son saint corps a été dans les souffrances; comme dans un feu, sur l'autel de la croix : en goûtant le sang qui en est sorti, nous vivons pour Dieu.

    Protécti paschæ véspere
    A devastánte Angelo,
    Erépti de duríssimo
    Pharaónis império.

    Par ce sang nous avons été délivrés de l'ange exterminateur au soir de la Pâque, et nous avons été affranchis de la rigoureuse tyrannie de Pharaon.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolátus agnus est :
    Sinceritátis ázyma
    Caro ejus obláta est.

    Ainsi Jésus-Christ est notre Pâque, c'est l'Agneau qui a été immolé pour notre salut; sa chair offerte pour nous est le vrai pain sans levain, et l'azyme de sincérité dont nous devons nous nourrir.

    O vere digna hóstia,
    Per quam fracta sunt tártara,
    Redémpta plebs captiváta,
    Réddita vitæ prǽmia.

    O victime d'un prix infini, par vous les portes de l'enfer ont été brisées, les captifs ont été rachetés, et la vie a été rendue aux morts.

    Consúrgit Christus túmulo,
    Victor redit de bárathro,
    Tyránnum trudens vínculo
    Et Paradísum réserans.

    Jésus-Christ ressuscite du tombeau, il revient victorieux de l'enfer : il a enchaîné le tyran, et il a ouvert le paradis.

    Quǽsumus, Auctor ómnium,
    In hoc pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    O Dieu Créateur de toutes choses, nous vous prions, dans cette joie sainte que nous donne la solennité de Pâques, de défendre votre peuple contre toutes les attaques de la mort.

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    cum Patre et almo Spíritu,
    in sempitérna sǽcula. Amen.

    Gloire vous soit rendue, ô Seigneur, qui êtes ressuscité d'entre les morts : et soyez honoré avec le Père et le Saint-Esprit dans toute l'éternité. Ainsi soit-il.

  • Saint Pancrace

    Près du sépulcre de saint Pancrace, saint Grégoire le Grand érigea un monastère qui reçut le nom du martyr milanais Victor, pour éviter la confusion avec un autre monastère du Latran, dédié déjà à saint Pancrace.

    Il est intéressant de constater que les moines bénédictins envoyés par saint Grégoire le Grand pour convertir l’Angleterre y dédièrent immédiatement une église à saint Pancrace, parmi les premières qu’ils y élevèrent, en souvenir de leur cher monastère du Latran.

    Pancrace subit le martyre à l’âge de quatorze ans, sans doute sous Dioclétien, et il fut enseveli par la matrone Octaville dans sa propriété de la voie Aurélienne, où s’élève maintenant la basilique qui porte son nom (photo). On y célèbre la station pour l’Octave de Pâques, jour où les néophytes, nés à une nouvelle enfance spirituelle, déposaient leurs blanches tuniques baptismales. Au moyen âge, c’était l’usage que les serments les plus solennels fussent prononcés sur le tombeau du martyr Pancrace, comme si la candeur ingénue d’une enfance consacrée par le sang du martyre en garantissait mieux la vérité.

    Le culte de saint Pancrace fut très répandu à Rome, comme le démontrent entre autres les deux monastères élevés en son honneur. Celui du Latran est parmi les plus anciens, et date probablement des dernières années du patriarche saint Benoît.

    Bienheureux cardinal Schuster

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  • Saints Philippe et Jacques

    Cette fête était célébrée le 1er mai avant que Pie XII chasse les apôtres pour y mettre saint Joseph artisan. Parce que le 1er mai était le jour de la dédicace de la basilique des Saint-Apôtres par le pape Jean III. Elle avait été édifiée en hommage à tous les apôtres, mais on y déposa des reliques de saint Philippe et de saint Jacques (qu’on redécouvrit en 1873).

    Jusque-là on fêtait tous les apôtres ensemble le 29 juin. Mais puisqu’on s’était mis à fêter saint Philippe et saint Jacques le 1er mai, on institua peu à peu les fêtes des autres apôtres.

    La basilique fut détruite par le tremblement de terre de 1349. On en construisit une nouvelle au XVe siècle. L’intérieur fut entièrement refait au début du XVIIIe siècle. La façade fut refaite en 1827 dans le goût néo-classique…

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  • 4e dimanche après Pâques

    L’alléluia Christus resurgens, qui cite l'épître aux Romains, est un rappel de la réalité de la résurrection du Christ, réaffirmant que le Christ ressuscité ne peut plus donner prise à la mort, mais cela s’adresse désormais à nous aussi, puisque nous sommes membres du Christ.

    On remarque que les deux longs mélismes ornent… la mort. D’abord sur mortuis, mais c’est pour célébrer la victoire sur la mort, puis surtout sur le mot mors : il y a, souligne dom Baron, « une sorte de fierté, de défi victorieux dans la montée hardie de mors », puis « comme une joie triomphante dans les rythmes ternaires de la thésis », c’est-à-dire du sommet de la mélodie, comme une sonnerie de trompette. On trouve ce motif, mais dans un degré inférieur de la gamme, dans le jubilus de l’alléluia Amavit eum de la messe des docteurs de l’Eglise, et un motif proche dans le jubilus de l’alléluia Opportebat de dimanche dernier.

    Cette mélodie a été reprise pour l’Alléluia de la fête du Christ Roi (où le grand mélisme orne le mot… et).

    Par les maîtres de chœur au concert du 23 juillet 1989 à Fontevraud, sous la direction de dom Le Feuvre.


    podcast

    Allelúia. Christus resúrgens ex mórtuis iam non móritur : mors illi ultra non dominábitur. Allelúia

    Alléluia. Le Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus la mort n’aura plus d’empire sur lui. Alléluia.

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  • Saint Grégoire de Nazianze

    Les byzantins ne l’appellent pas saint Grégoire de Nazianze, mais « saint Grégoire le Théologien », lui donnant ainsi le titre qui n’était attribué qu’à l’apôtre et évangéliste saint Jean. Et si l’on souhaite préciser son rôle institutionnel dans l’Eglise c’est « saint Grégoire archevêque de Constantinople ».

    Voici le doxastikon des grandes vêpres de sa fête, dans deux versions : celle d’Anastase Grigorios, protopsalte de l’église Sainte-Marine d’Ilissia (Athènes), et celle d’Aristide Délianidis, protopsalte de la cathédrale de Xánthi.

    Τὴν λύραν τοῦ Πνεύματος, τὸ τῶν αἱρέσεων θέριστρον, καὶ ὀρθοδόξων ἥδυσμα, τὸν δεύτερον Ἐπιστήθιον, τὸν τοῦ Λόγου αὐτόπτην, τοῖς δόγμασι γενόμενον, τὸν σοφόν Ἀρχιποίμενα, τῆς Ἐκκλησίας τὰ θρέμματα, θεολογικοῖς ὕμνοις προσείπωμεν. Σὺ εἶ ὁ Ποιμὴν ὁ καλός, ὁ δοὺς σεαυτὸν Γρηγόριε, ὡς ὁ Διδάσκαλος Χριστός, ὑπὲρ ἡμῶν, καὶ σὺν Παύλῳ χορεύεις, καὶ πρεσβεύεις ὑπὲρ τῶν ψυχῶν ἡμῶν.

    La lyre de l'Esprit, l'émondeur des hérésies, la douceur suave de la vraie foi, le second Théologien se penchant sur la poitrine du Christ, celui qui vit le Verbe de ses yeux de docteur, le sage guide des Pasteurs, nous, les brebis de l'Eglise, par des hymnes saintes invoquons-le et disons-lui: Grégoire, c'est toi le bon pasteur donnant sa vie comme le Christ, ton Maître, pour nous; et tu exultes en compagnie de saint Paul, intercédant pour nos âmes.

  • Apparition de saint Michel

    Cette fête est l’une des trois fêtes du début mai supprimées en 1960, avec l’Invention de la Sainte Croix et saint Jean devant la Porte latine. Les rationalistes frappaient déjà dur…

    Il y aurait pourtant eu une bonne et très simple raison de conserver (aussi) cette fête de l’apparition de l’archange au mont Gargan, la première en Europe occidentale, qui fut l’occasion de construire le plus ancien sanctuaire qui lui soit dédié. Construction décidée par le pape Gélase, à la fin du Ve siècle, dans les années mêmes qui suivirent les apparitions.

    La raison, si la caution du pape Gélase ne suffit pas, et si la longue tradition subséquente ne suffit pas non plus, est que cette fête détermina celle de saint Stanislas.

    Car en Pologne aussi on fêtait l’apparition de saint Michel au mont Gargan. Chaque 8 mai, l’archevêque de Cracovie ne célébrait pas la messe en sa cathédrale du Wawel, mais en l’église dédiée à saint Michel, dite de Skałka (na Skałce, sur le petit rocher). Et c’est là que fut assassiné l’archevêque saint Stanislas, le 8 mai 1079. Lorsqu’on le canonisa, on fixa sa fête la veille, 7 mai, parce qu’on ne pouvait pas déplacer l’importante fête de l’apparition de saint Michel. A Cracovie, chaque dimanche suivant le 7 mai, a lieu (sauf cette année…) une gigantesque procession entre le Wawel et la basilique désormais appelée Saint-Michel-et-saint-Stanislas. La procession date de l’époque de la canonisation. Et les rois de Pologne la faisaient la veille de leur couronnement, en expiation du crime de leur prédécesseur Boleslas.

  • Saint Stanislas

    Pas mal pour un guide touristique (polonais, il est vrai : Kraków Travel) :

    Au centre de la cathédrale du Wawel, considérée comme le noyau symbolique de l’Etat et de la spiritualité polonaise, se dresse le tombeau de saint Stanislas de Szczepanów, évêque et martyr. On l’appelle aussi « L’autel de la Patrie ».

    Stanisłas était à la tête du diocèse de Cracovie dans les années 1072-1079. Il s’efforçait de propager la foi chrétienne dans le pays, baptisé il y a à peine cent ans, mais en même temps visait à rendre les diocèses polonais indépendants de Magdebourg. En 1075, il appuya le prince Bolesław le Généreux désireux de se faire couronner roi de Pologne. Toutefois un conflit éclata bientôt entre l’évêque et le souverain. L’évêque fut accusé de trahison pour avoir fustigé le roi à cause de sa conduite immorale, de ses dépravations et de sa cruauté envers ses sujets. Selon d’autres sources, il s’agissait d’un conflit politique entre le centre de pouvoir religieux et laïc ; le roi aurait accusé l’évêque de complot. En 1079, Stanislas fut tué sur l’ordre du roi ou même, selon une autre version, de ses propres mains, pendant qu’il célébrait une messe à l’église de Skałka, puis écartelé. Or, le personnage devint peu à peu l’objet de légendes et de culte. Son corps se serait miraculeusement reconstitué et foi se répandait des miracles qu’il avait accomplis de son vivant : l’histoire de Piotrowin, ressuscité par l’évêque pour témoigner dans un différend juridique, est la plus connue. Les pèlerins commencèrent à se rendre sur le tombeau et sa dès 1088, sa dépouille fut transportée dans la cathédrale du Wawel.

    A partir de 1138, durant presque deux siècles, la Pologne vécut une époque de morcellement féodal, c'est-à-dire d’absence de pouvoir central et de partage en petits duchés. L’histoire de l’évêque prit alors une signification symbolique : elle permettait d’espérer que le pays, souffrant à cause du sacrilège commis par le souverain, pourrait, comme les membres du corps de l’évêque, se réunifier. Les Polonais se référaient souvent à cette vision dans les moments difficiles, particulièrement au 19e siècle, lorsque la Pologne démembrée par les puissances voisines disparut de la carte de l’Europe.

    La canonisation du martyr eut lieu en 1253 à Assise, et le 8 mai 1254 ses reliques furent déposées sur l’autel au centre de la cathédrale. Ce jour est depuis lors célébré comme sa fête et le dimanche suivant une procession avec les reliques des saints polonais se rend du Wawel à l’église de Skałka. C’est l’une des plus importantes cérémonies religieuses en Pologne. Karol Wojtyła, le futur pape Jean-Paul II y a souvent participé, de même que le cardinal Joseph Ratzinger, le futur pape Benoît XVI.

    Pendant des siècles, les couronnements royaux avaient lieu auprès du tombeau de Saint-Stanislas, appelé « Père de la Patrie » ; les souverains polonais y déposaient leurs offrandes votives er les trophées de guerre (on y plaça entre autres les étendards des chevaliers teutoniques pris en 1410 après la bataille de Grunwald – gagnée, comme on croyait, grâce à l’intercession du saint) et offraient des superbes autels et reliquaires. Le mausolée baroque actuel sous forme d’autel à baldaquin, exécuté en marbre et en bronze doré, date du 17e siècle. On y a placé les figures des patrons de la Pologne, les figures des évangélistes et des bas-reliefs d’anges. Les reliques du saint reposent dans une bière en argent, soutenue par des anges et décorée de scènes de la vie de Saint-Stanislas et de ses miracles.

    En 1963, le pape Jean XXIII constitua Saint-Stanislas, Saint-Adalbert et la Bienheureuse Vierge Marie Reine de Pologne premiers patrons de la Pologne.

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  • Saint Jean devant la Porte latine

    Cette fête a été supprimée en 1960 (mais la messe a été conservée dans la rubrique « pro aliquibus locis »). Les épurateurs avaient déjà frappé. L’affaire est typique de leur idéologie. Puisqu’il est incontestable que la « Porte latine » faisait partie des remparts d’Aurélien construits dans les années 270-280, il est évident que saint Jean n’a pas pu être plongé dans une marmite d’huile bouillante « devant la Porte latine ». Longtemps après, on édifia en ce lieu un oratoire de « Saint Jean dans l’huile », puis, à côté, une église dédiée à saint Jean. Mais, puisqu’on n’a aucune trace d’une présence de saint Jean à Rome, on conclut qu’il n’est jamais allé à Rome. Et donc que tout cela est une invention. En outre, aujourd’hui, dernier stade du nihilisme intra-ecclésial, tout le monde sait qu’il y a plusieurs saint Jean, dont aucun, grosso modo, n’a écrit d’évangile ni d’apocalypse.

    Il reste que c’est Tertullien qui rapporte que, durant la persécution de Domitien, l’apôtre et évangéliste saint Jean fut amené à Rome et plongé dans une chaudière d’huile, d’où il ressortit indemne. (Puis fut exilé à Patmos par le même Domitien.)

    Tertullien évoque le fait dans son traité De praescriptione haereticorum, écrit autour de l’an 200. Il le cite parmi des faits réels qui doivent faire voir aux hérétiques où est la seule Eglise catholique. Voici le passage, dans la traduction de Genoude. On remarque, d’une part que Tertullien ne donne aucune précision topographique (mais c’est bien à Rome), d’autre part qu’il évoque le fait en passant, comme quelque chose de connu dans le monde chrétien.

    Mais voulez-vous satisfaire une louable curiosité, qui a pour objet le salut, parcourez les Eglises apostoliques, où président encore, et dans les mêmes places, les chaires des Apôtres ; où, lorsque vous écouterez la lecture de leurs lettres originales, vous croirez voir leurs visages, vous croirez entendre leur voix. Etes-vous près de l'Achaïe, vous avez Corinthe ; de la Macédoine, vous avez Philippes et Thessalonique. Passez-vous en Asie, vous avez Ephèse ; êtes-vous sur les frontières de l'Italie, vous avez Rome, à l'autorité de qui nous sommes aussi à portée de recourir. Heureuse Eglise, dans le sein de laquelle les Apôtres ont répandu toute leur doctrine avec leur sang, où Pierre est crucifié comme son maître, où Paul est couronné comme Jean-Baptiste, d'où Jean l'Evangéliste, sorti de l'huile bouillante sain et sauf, est relégué dans une île ! Voyons donc ce qu'a appris et ce qu'enseigne Rome, et en quoi elle communique particulièrement avec les Eglises d'Afrique. Elle croit en un seul Dieu créateur de l'univers, en Jésus-Christ son Fils, né de la vierge Marie ; elle confesse la résurrection de la chair ; elle reçoit, avec la loi et les prophètes, les Evangiles et les lettres des Apôtres. Voilà les sources où elle puise sa foi. Elle fait renaître ses enfants dans l'eau, elle les revêt du Saint-Esprit, elle les nourrit de l'Eucharistie, les exhorte au martyre, et rejette quiconque ne professe pas cette doctrine. C'est cette doctrine, je ne dis plus qui nous annonçait des hérésies pour les temps à venir, mais de qui elles sont sorties. Il est vrai que du moment qu'elles se sont élevées contre elle, elles ne lui appartiennent plus. Du noyau d'un fruit doux et nécessaire, de l'olive, des grains de la figue la plus exquise, viennent des plantes trompeuses et stériles, des oliviers et des figuiers sauvages ; de même les hérésies, quoique nées dans notre fonds, nous sont absolument étrangères : la semence de la vérité a dégénéré chez elles, et le mensonge en a fait comme autant de plantes sauvages.

    La suppression de cette fête est d’autant plus dommageable que sa collecte est plus que jamais d’actualité…

    Deus, qui cónspicis, quia nos úndique mala nostra pertúrbant : præsta, quǽsumus ; ut beáti Joánnis Apóstoli tui et Evangelístæ intercéssio gloriósa nos prótegat.

    O Dieu, qui nous voyez troublés par les maux qui nous arrivent de toutes parts, faites, nous vous en prions, que la glorieuse intercession du bienheureux Jean, votre Apôtre et Évangéliste, nous serve de protection.