Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 173

  • Saint Paulin de Nole

    La conversion de Paulin impressionna ses contemporains. Son maître Ausone, un poète païen, se sentit "trahi", et lui adressa des paroles amères, lui reprochant d'une part le "mépris", jugé insensé, des biens matériels et, de l'autre, l'abandon de la vocation de lettré. Paulin répliqua que son don aux pauvres ne signifiait pas le mépris des choses terrestres, mais plutôt leur valorisation pour l'objectif plus élevé de la charité. Quant aux engagements littéraires, ce dont Paulin avait pris congé n'était pas le talent poétique, qu'il aurait continué à cultiver, mais les thèmes poétiques inspirés de la mythologie et des idéaux païens. Une nouvelle esthétique gouvernait désormais sa sensibilité:  il s'agissait de la beauté du Dieu incarné, crucifié et ressuscité, dont il se faisait maintenant le chantre. En réalité, il n'avait pas abandonné la poésie, mais il puisait désormais son inspiration dans l'Evangile, comme il le dit dans ce vers:  "Pour moi l'unique art est la foi, et le Christ est ma poésie" ("At nobis ars una fides, et musica Christus":  Chant XX, 32).

    Ses chants sont des textes de foi et d'amour, dans lesquels l'histoire quotidienne des petits et des grands événements est comprise comme l'histoire du salut, comme l'histoire de Dieu parmi nous. Un grand nombre de ces compositions, intitulées "Chants de Noël", sont liées à la fête du martyr Félix, qu'il avait élu comme Patron céleste. En rappelant saint Félix, il entendait glorifier le Christ lui-même, ayant la ferme conviction que l'intercession du saint lui avait obtenu la grâce de la conversion:  "Dans ta lumière, joyeux, j'ai aimé le Christ" (Chant XXI, 373). Il voulut exprimer ce même concept en agrandissant les dimensions du sanctuaire avec une nouvelle Basilique, qu'il fit décorer de manière à ce que les peintures, expliquées par des légendes appropriées, puissent constituer une catéchèse visible pour les pèlerins. Il expliquait  ainsi son projet d'un Chant consacré à un autre grand catéchète, saint Nicetas de Remesiana, alors qu'il l'accompagnait pendant la visite dans ses Basiliques:  "Je désire à présent que tu contemples les peintures qui se déroulent en une longue série sur les murs des portiques peints... Il nous a semblé utile de représenter grâce à la peinture des thèmes sacrés dans toute la maison de Félix, dans l'espérance que, à la vue de ces images, la figure peinte suscite l'intérêt des esprits émerveillés des paysans" (Chant XXVII, vv. 511.580-583). Aujourd'hui encore, on peut admirer les restes de ces réalisations, qui placent à juste titre le saint de Nole parmi les figures de référence de l'archéologie chrétienne.

    Benoît XVI

    Saint FÉLIX DE NOLE.jpg

    cimitile-complesso-paleocristi.jpg

    cimitile-complesso-paleocristi-1.jpg

    cimitile-complesso-paleocristi-2.jpg

  • 3e dimanche après la Pentecôte

    Il leur propose une parabole pleine de bonhomie et comprime dans leur cœur la tumeur de l’abcès qui les blesse. Il leur dit en effet : «Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et vient à en perdre une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s’en aller après celle qui s’est perdue ?» Voyez comme la Vérité, dans sa bonté, sait bien pourvoir à tout en nous donnant une telle comparaison : l’homme peut en reconnaître en soi le bien-fondé, quoiqu’elle concerne plus spécialement le Créateur des hommes lui-même. Puisque cent est le nombre de la perfection, Dieu eut cent brebis quand il créa la nature des anges et des hommes. Mais une brebis vint à se perdre lorsque l’homme, en péchant, quitta le pâturage de la vie. Le Créateur laissa alors les quatre-vingt-dix-neuf brebis dans le désert, car il abandonna les très hauts chœurs des anges dans le Ciel.
    Mais pourquoi le Ciel est-il appelé désert, sinon parce que désert veut dire «abandonné» ? C’est quand l’homme pécha qu’il abandonna le Ciel. Quatre-vingt-dix-neuf brebis demeuraient au désert, pendant que le Seigneur en cherchait une seule sur la terre : les créatures raisonnables, anges et hommes, qui toutes avaient été créées pour contempler Dieu, voyaient en effet leur nombre diminué par la perte de l’homme, et le Seigneur, voulant rétablir au Ciel le nombre complet de ses brebis, cherchait sur la terre l’homme qui s’était perdu. Car là où notre évangéliste dit «au désert», un autre évangéliste dit «dans les montagnes» (Mt 18, 12), pour signifier «dans les hauteurs», puisque les brebis qui n’avaient pas péri se tenaient dans les hauteurs du Ciel.

    «Et quand il l’a trouvée, il la met sur ses épaules, tout joyeux.» Il a mis la brebis sur ses épaules, parce qu’ayant assumé la nature humaine, il a porté lui-même nos péchés.

    «Et de retour chez lui, il assemble ses amis et ses voisins, et leur dit : ‹Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue!›» La brebis une fois retrouvée, il retourne chez lui, puisque notre Pasteur, ayant sauvé l’homme, retourna au Royaume céleste. Là, il retrouve ses amis et voisins, c’est-à-dire les chœurs des anges, lesquels sont bien ses amis, du fait que désormais fixés [en Dieu], ils gardent continûment sa volonté, et aussi ses voisins, parce qu’ils jouissent assidûment de l’éclat de sa vision. Il faut aussi remarquer qu’il ne dit pas : «Réjouissez-vous avec la brebis que j’ai retrouvée», mais : «Réjouissez-vous avec moi», car notre vie est toute sa joie, et notre retour au Ciel porte à leur plénitude ses solennelles réjouissances.

    «C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentir.» Il nous faudrait ici examiner, mes frères, pourquoi le Seigneur déclare qu’il y a plus de joie dans le Ciel pour la conversion des pécheurs que pour la persévérance des justes; mais l’exemple quotidien de ce que nous avons sous les yeux nous l’enseigne : souvent, ceux qui ne se sentent pas coupables de grands péchés demeurent bien dans la voie de la justice, et ils ne commettent aucune action défendue, mais ils ne ressentent pas non plus beaucoup d’ardeur pour la patrie céleste, et ils se privent d’autant moins des choses permises qu’ils ne se souviennent pas d’en avoir commis de défendues. Ainsi demeurent-ils souvent paresseux dans la pratique des bonnes œuvres élémentaires, se sentant en pleine sécurité du fait qu’ils n’ont jamais péché de façon vraiment grave.
    Au contraire, certains de ceux qui se souviennent d’avoir accompli des actions défendues, se trouvant transpercés de componction1 par leur douleur même, s’enflamment d’amour pour Dieu et s’exercent à de grandes vertus; ils entreprennent tous les difficiles combats de la sainteté, ils abandonnent tous les biens du monde, fuient les honneurs, se réjouissent des outrages reçus, brûlent de désir [pour la vie éternelle] et aspirent à la patrie céleste. Et considérant qu’ils s’étaient écartés de Dieu, ils rachètent leurs pertes du passé par les profits qu’ils font dans la suite de leur vie.

    Il y a donc plus de joie dans le Ciel pour la conversion d’un pécheur que pour la persévérance d’un juste, de même qu’un chef préfère dans la bataille le soldat qui, revenu après s’être enfui, charge l’ennemi avec vigueur, à celui qui n’a jamais tourné les talons devant l’ennemi, mais ne l’a jamais non plus vraiment combattu avec courage. Ainsi, le paysan préfère la terre qui, après les épines, porte des fruits abondants, à celle qui n’a jamais eu d’épines, mais ne produit jamais non plus de riche moisson.
    5. Cependant, il faut savoir qu’il y a bien des justes dont la vie est une telle joie [pour le Ciel] qu’elle ne le cède en rien à la vie pénitente des pécheurs. Car il en est beaucoup qui, tout en n’ayant conscience d’aucune mauvaise action, font pourtant paraître une douleur aussi grande que s’ils étaient chargés de tous les péchés. Ils refusent toutes choses, même celles que Dieu autorise; ils s’enveloppent d’un souverain mépris pour le monde, s’interdisent absolument tout, se privent même des biens licites, se détournent du visible et s’enflamment pour l’invisible; ils mettent leur joie dans les lamentations et s’humilient eux-mêmes en tout; d’autres pleurent les péchés de leurs actions, mais eux, ils pleurent les péchés de leur pensée. Aussi, que dire de ces hommes, sinon qu’ils sont à la fois justes et pénitents, puisqu’ils s’humilient dans la pénitence pour les péchés de leur pensée, sans jamais cesser de persévérer dans la droiture par leurs œuvres ? Il nous faut donc reconnaître quelle immense joie un juste doit donner à Dieu par les larmes de son humilité, quand un pécheur en cause déjà une si grande dans le Ciel en se punissant, par la pénitence, de ce qu’il a fait de mal.

    Saint Grégoire le Grand, homélie 34 sur l’évangile.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    O beáta María, quis tibi digne váleat iura gratiárum ac laudum præcónia impéndere, quæ singulári tuo assénsu mundo succurrísti pérdito? Quas tibi laudes fragílitas humáni géneris persólvat, quæ solo tuo commércio recuperándi áditum invénit? Accipe ítaque quascúmque exíles, quascúmque méritis tuis ímpares gratiárum actiónes: et cum suscéperis vota, culpas nostras orándo excúsa. Admítte nostras preces intra sacrárium exauditiónis, repórta nobis antídotum reconciliatiónis.

    O bienheureuse Marie, qui pourra jamais te payer en retour, proclamer ta louange et t’offrir une action de grâces digne de toi qui, par ton seul consentement, as secouru le monde voué à sa perte ? De quel tribut de louanges peut s’acquitter l’humaine fragilité alors qu’à ta seule intervention, elle doit d’avoir retrouvé le libre accès qu’il fallait regagner ? Reçois cependant nos actions de grâces, telles qu’elles sont, chétives et indignes de toi. Et tandis que tu accueilles nos vœux, par ton intercession, daigne excuser nos fautes. Introduis nos prières jusqu’au sanctuaire de l’exaucement, rapporte-nous la réconciliation salutaire.

    La lecture des matines de ce jour fut longtemps attribuée à saint Augustin (« sermo 18 de sanctis », qui est le sermon 194 dans la patrologie latine, De annuntiatione dominica, en appendice, PL 39). Il est à noter que c’est dans ce sermon, trois phrases après ce qui est cité dans le bréviaire, qu’on trouve le texte (exact) de l’antienne du Magnificat « Sancta Maria, succurre miseris… ».

    Sancta Maria, succurre miseris, juva pusillanimes, refove flebiles, ora pro populo, interveni pro clero, intercede pro devoto femineo sexu ; sentiant omnes tuum juvamen quicumque celebrant tuam sanctam commemorationem.

    Sainte Marie, venez au secours des malheureux, aidez les timides, consolez les affligés, priez pour le peuple, intervenez pour le clergé, intercédez pour les femmes consacrées. Qu’ils ressentent tous votre aide, ceux qui célèbrent votre sainte mémoire.

    La voici par les moines de Gethsémani (aux Etats-Unis), en 1956. Il manque la deuxième phrase. Tradition cistercienne ?


    podcast

  • Fête du Sacré Cœur

    L’hymne des laudes (voir l’historique ici).

    Cor, arca legem cóntinens
    Non servitútis véteris,
    Sed grátiæ, sed véniæ,
    Sed et misericórdiæ.

    Cœur, arche contenant la Loi,
    non de l’antique servitude,
    mais la loi de grâce, mais celle du pardon,
    mais celle de la miséricorde.

    Cor, sanctuárium novi
    Intemerátum fœderis,
    Templum vetústo sánctius,
    Velúmque scisso utílius.

    Cœur, sanctuaire inviolé
    de la nouvelle alliance,
    temple plus saint que l’ancien,
    voile plus utile que celui qui fut déchiré

    Te vulnerátum cáritas
    Ictu paténti vóluit,
    Amóris invisíbilis
    Ut venerémur vúlnera.

    Votre amour a voulu
    que vous soyez blessé par un coup visible,
    pour que d’un amour invisible
    nous vénérions les blessures.

    Hoc sub amóris symbolo
    Passus cruénta et mýstica,
    Utrúmque sacrifícium
    Christus sacérdos óbtulit

    Sous ce symbole de l’amour,
    le Christ Prêtre, ayant souffert
    de façon sanglante et mystique,
    offrit un double sacrifice.

    [Quis non amántem rédamet ?
    Quis non redémptus díligat,
    Et Corde in isto séligat
    Ætérna tabernácula ?

    A Celui qui nous aime qui ne rendrait son amour ?
    Quel racheté ne le chérirait pas
    et dans ce Cœur ne se choisirait pas
    une demeure éternelle ?]

    Jesu, tibi sit gloria,
    Qui corde fundis gratiam,
    Cum Patre et almo Spiritu,
    In sempiterna saecula. Amen

    A toi soit la gloire, Jésus,
    qui de ton Cœur répands la grâce,
    avec le Père et l’Auguste Esprit,
    dans les siècles éternels. Amen.

  • Saint Ephrem

    Ephrem_the_Syrian_(mosaic_in_Nea_Moni).jpg

    Reflétant les beautés du Paradis et savourant les prairies éternelles, tu fis fleurir pour le monde, Père vénérable, la connaissance de Dieu; y prenant part, nous aussi, en nos âmes par disposition spirituelle, nous refleurissons en esprit.

    Ayant décrit la seconde venue du Juge, avec des flots de larmes, Père saint, tu enseignes à toute âme à tenir sa lampe allumée, proclamant l'arrivée de l'Epoux: Revêtons nos habits lumineux pour aller à la rencontre du Christ!

    Fortifiant ton corps par la tempérance, tu mortifias l'élan des passions dans les jeûnes, Père saint, et les veilles de toute la nuit; aussi la puissance de l'Esprit, te couvrant de son ombre, fit de toi un flambeau spirituel pour l'univers.

    Gloire au Père…

    Ayant sagement quitté le tumulte de la vie, Ephrem très-digne de nos chants, tu gagnas le désert par amour de la paix; et par là t'approchant de Dieu réellement, tu brillas comme un flambeau pour le monde et pour les hommes fis jaillir les paroles de vie; aussi, d'incessante façon affermis-nous par tes prières, pour que nos âmes soient sauvées des ravages de l'Ennemi, vénérable Père.

    Liturgie byzantine, Lucernaire

    Mosaïque du Nouveau Monastère de Chios, XIe siècle. Saint Ephrem présente une béatitude selon saint Luc : Μακάριοι οι κλαίοντες νυν ότι γελάσετε. Bienheureux vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez.

    Screenshot_2020-06-17 Ephrem_the_Syrian_(mosaic_in_Nea_Moni) jpg (Image JPEG, 963 × 940 pixels).png

  • Saint Grégoire Barbarigo

    800px-Head_of_St._Gregorio_Barbarigo_-_Altar_of_St._Gregorio_Barbarigo_-_Duomo_-_Padua_2016.jpg

    (Cathédrale de Padoue.)

    En mai 1656 éclate à Rome la peste bubonique, qui dure jusqu'en août 1657, faisant des milliers de victimes. Le pape Alexandre VII (Fabio Chigi), qui était à Castelgandolfo, revient immédiatement à Rome et, pour encourager les Romains, on l’y voit marchant à pied. Pour diriger les secours au Trastevere, l'épicentre de l'infection, il choisit un prêtre de 31 ans, Grégoire Barbarigo, de la famille vénitienne de ce nom. Et il sait ce qu'il fait. Il était nonce à Münster (Allemagne) dans la décennie précédente, pour négocier la paix après la guerre de Trente Ans ; et là il avait rencontré le jeune Barbarigo, alors secrétaire de l'ambassadeur de Venise. Il le conseilla ensuite dans ses études, jusqu'au sacerdoce. Enfin, élu pape en 1655, il l'appelle à Rome. Il lui fait confiance comme à lui-même et l'envoie donc aux pestiférés du Trastevere.

    Il obéit, sans cacher sa peur. Il en parle également dans des lettres à son père. Mais quand il voit comment ces gens vivent et meurent, il sait être chef, guide, frère ; il est prêtre, infirmier, fossoyeur, il est le père des Trasteverini.

    En 1657, le pape le nomme évêque de Bergame et en 1658 cardinal. Dans son diocèse il prend Charles Borromée comme modèle, mettant un accent personnel passionné sur l'enseignement religieux. Nommé évêque de Padoue (1664), dans la ville de la grande université, il donne une impulsion au grand séminaire : il stimule la formation théologique et biblique et veut l'enrichir de connaissances classiques, de science et de pratique des langues ; il donne aux clercs une bibliothèque très riche et crée une imprimerie utilisant aussi des caractères grecs et orientaux, jetant des ponts culturels entre l'Europe et l'Asie. En même temps, dit un témoin, « il ne mange que parce qu’il le faut et ne cesse jamais d’enseigner la doctrine chrétienne, de faire des missions et d’assister les mourants ».

    A propos des coutumes du clergé d’alors, il ne plaisantait pas. Nommé par le pape Innocent XI pour inspecter un couvent romain qui faisait jaser, celui-ci dut fermer définitivement, car « une crainte salutaire » avait frappé tous les frères de Rome (Pastor). Deux fois il est sur le point de devenir pape, et deux fois il dit non. Pour lui, vivre c’est Padoue, c'est étudier, c'est la charité. Il sonne la cloche du catéchisme pour les enfants, il prépare les bancs et les chaises lui-même, pour la joie de les éduquer personnellement à la foi, comme il avait soigné de ses mains les pestiférés du Trastevere.

    Grégoire a été béatifié par Clément XIII en 1761. Puis tout s'est arrêté pendant 150 ans. En 1911, Pie X reçut des appels pour sa canonisation, et l'un d'eux avait parmi ses signataires le « prof. sac. Angelo Roncalli » de Bergame. Qui ne savait pas qu'un autre demi-siècle devait encore s'écouler. Et enfin, sous le nom de Jean XXIII, il proclamera Grégoire saint, le 26 mai 1960, à Saint-Jean de Latran, avec une légère touche élégante sur la longue attente: « Nous aimons nous féliciter avec ferveur de le voir élevé par la Sainte Eglise à son rang. »

    Traduction d’un texte de Domenico Agasso. Il manque, à la fin, ce que voulait dire Jean XXIII quant au « rang » qui convenait à Grégoire Barbarigo : « stantem ante thronum, et in conspectu Agni, amictum stola alba, et palma in manibus ejus » (Ap 7,9).

  • Saint Jean-François Régis

    Fête « en certains lieux » du saint patron des jésuites de France.

    Extrait d’une homélie d’un prêtre de la Famille missionnaire de Notre Dame (du même diocèse) :

    Il a mis en application avec zèle et grand courage ce que Jésus disait à ses disciples : partir à la recherche de la brebis égarée et se réjouir de la ramener au bercail.  Dans une France à peine relevée des ruines provoquées par les guerres de religion qui avaient ensanglanté la fin du XVIème siècle, Saint Jean-François Régis est apparu comme un homme providentiel appelé par Dieu à redonner force et courage à tout un peuple abandonné et livré à lui-même.

    Il était originaire du Languedoc. Il entra chez les jésuites à l’âge de 19 ans et fut ordonné prêtre en 1630. Il rêvait d’aller avec tant d’autres frères jésuites évangéliser la « Nouvelle-France », mais ses supérieurs le désignèrent pour répondre à la demande de Mgr Louis-François de La Baume de Suze, évêque de Viviers, qui entreprenait la reconstruction spirituelle de son diocèse après les ravages causés par les guerres de religion. Pendant 6 ans, il va parcourir les montagnes du Vivarais, des Cévennes et du Velay, surtout en hiver afin d’approcher les paysans libérés des travaux des champs pour leur annoncer la Bonne Nouvelle. Ses talents de pédagogue et de catéchiste attiraient les foules. Il se donna tout entier pour redresser les consciences et dissiper les confusions en rappelant la doctrine catholique purifiée des erreurs protestantes. Il le fit par des paroles toutes simples mais aussi par ses actes et sa vie tout ordinaire mais pleine de foi et d’ardeur spécialement pour l’eucharistie. Sa fidélité au magistère et à l’évangile lui valut bien des calomnies. Par la simplicité de sa parole et par sa charité sans limite, il atteignait le cœur des petits et des humbles. Au Puy, il multiplia les œuvres caritatives, visitant les hôpitaux et les prisons, organisant l’ «œuvre du bouillon», sorte de soupe populaire ou créant encore un refuge pour les prostituées repenties, prenant aussi la défense des dentellières. En moins de dix ans de ministère, il réussit, grâce à Dieu, à ramener au Christ une foule immense d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges et de toutes conditions. Fin décembre 1640, malgré une violente tempête de neige, il se met en route pour Lalouvesc. Comme à son habitude, il se donne sans compter à toutes les familles des hameaux de l’Ardèche profonde, passant des heures dans l’église glaciale pour écouter, réconcilier, donner les sacrements. Il contracte ainsi une pneumonie et meurt le 31 décembre 1640 à l’âge de 43 ans.

    St Jean-François Régis a été un véritable fils de Saint Ignace et un émule de Saint François Xavier, œuvrant à la plus grande gloire de Dieu, n’hésitant pas pour cela à renoncer à ses désirs et à sa volonté propre, en cultivant au plus haut degré une grande disponibilité, une humilité exemplaire et une grande simplicité.

    Le prêtre ajoute :

    Il y a un lien fort entre notre Famille Missionnaire et Saint Jean-François Régis. Notre Mère disait qu’elle devait sa conversion en partie à Saint Jean-François Régis. Le Père a donné à Augusta Bernard la responsabilité de l’Equipe Notre-Dame des Neiges, le 16 juin 1945. Le 16 juin 1948, le Père prêchait à Péreyres, pour la fête de Saint Régis. Il eut en cette petite église, en cette Fête de St Jean-François Régis, l’inspiration de venir faire avec Mère Marie-Augusta puis avec l’Equipe la retraite d’été en cette paroisse. Cette retraite de l’été 1948, en ce lieu sanctifié par cet apôtre missionnaire, a été très importante pour notre Communauté. L’Equipe Notre-Dame des Neiges, disait le Père à la fin de sa vie, est devenue après cette retraite la Famille Domini.

    Rappelons que la Famille missionnaire de Notre-Dame est actuellement victime d’une persécution et même d’une occupation de zadistes de « l’esprit Charlie ».

  • Saints Guy, Modeste et Crescence

    Multæ tribulatiónes justórum, et de his ómnibus liberávit eos Dóminus : Dóminus custódit ómnia ossa eórum : unum ex his non conterétur.
    Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus ejus in ore meo.

    Les tribulations des justes sont nombreuses et le Seigneur les délivrera de toutes ces peines. Le Seigneur préserve tous leurs os ; il n’y en aura pas un seul de brisé.
    Je bénirai le Seigneur en tout temps ; toujours sa louange sera dans ma bouche.

    L’introït est un chant clair, joyeux, triomphal, qui célèbre la victoire des martyrs : dès après l’évocation des « nombreuses » tribulations, elle s’installe dans le haut du mode, d’où elle ne descend que pour les cadences.

    Le voici par un chœur de femmes, lors du 17e Colloque de musique sacrée organisé par Musica sacra (2007) dans la crypte du sanctuaire national de l’Immaculée Conception à Washington. Selon le site New Liturgical Movement qui publiait cette vidéo l’année suivante, la plupart de ces femmes n’avaient jamais chanté de grégorien jusque-là. Le résultat est réellement étonnant, même si cela manque un peu de fermeté.

    Il ne s’agissait pas de la messe de ce jour, mais de celle des saints John Fisher et Thomas Moore, qui a repris le même introït.

    Screenshot_2020-06-13 LU1507.png

  • 2e dimanche après la Pentecôte

    Introït

    Factus est Dóminus protéctor meus, et edúxit me in latitúdinem : salvum me fecit, quóniam vóluit me.
    Díligam te. Dómine, virtus mea : Dóminus firmaméntum meum et refúgium meum et liberátor meus.

    LE TEXTE

    Il s’est fait, le Seigneur, mon protecteur. Il m’a tiré dehors, au large. Il m’a sauvé parce qu’il m’a voulu.

    Ps.Je t’aimerai, Seigneur, ma force. Le Seigneur est mon abri, mon refuge et mon libérateur. Ps. XVII. 19, 20 – 2,3.

    Ces deux versets du psaume XVII font allusion à l’un des nombreux incidents de la vie de David où, assailli par des ennemis puissants, il fut finalement délivré, « tiré au large » par le Seigneur.

    L’Eglise s’en sert ici pour chanter elle aussi sa reconnaissance. Si souvent, au cours de son histoire, le Seigneur l’a tirée des mains de ceux qui voulaient la détruire ou, tout au moins, entraver sa liberté ! Avec elle nous pouvons tous dire notre propre gratitude car, en maintes circonstances, dont la plupart nous échappent, le Seigneur nous a « tirés au large », nous aussi, nous dégageant des horizons limités de la vie matérielle et nous plaçant dans les perspectives infinies de sa propre vie, tout à fait en dehors des atteintes de nos ennemis, si nous le voulons. Enfin par son sacrifice, et par l’Eucharistie qui nous en applique le mérite, il nous a sauvés. Et cela parce qu’il nous voulait : Quoniam voluisti me. Ce sont les mots les plus marquants du texte. Il faut les prendre dans leur sens strict. Il ne nous a pas gardés, protégés, sauvés parce qu’il avait quelque intérêt à le faire ; il ne nous a pas aimés parce qu’il y avait en nous quelque chose d’aimable qui l’attirait ; il nous a choisis dans un acte de sa volonté éternelle parce qu’il nous a voulus : c’est tout. Toute sa miséricordieuse bonté tient dans ce choix gratuit, pour lequel nous ne chanterons jamais assez notre reconnaissance.

    LA MÉLODIE

    L’intonation est toute pénétrée de joie. C’est celle du Gaudeámus, du Jubiláte, du Roráte. L’âme, dès le premier mot, exulte, toute au bonheur d’être libérée du péché et des limites étroites du monde, au large dans l’amour, fixée sur les horizons infinis de la Béatitude vers laquelle elle va. Après une nuance de vénération, qui l’incline en passant sur le mot Dóminus, la mélodie monte, en une progression ternaire légère et souple, vers la dominante d’où elle s’élance, de plus en plus ardente, sur les doubles notes de edúxit pour s’épanouir, large et éclatante, sur latitúdinem.
    La seconde phrase est tout autre. Il s’agit du salut. L’âme n’exulte plus. C’est quelque chose de si profond, de si mystérieux que cette prédestination éternelle ! Elle se replie sur son bonheur, sa joie devient toute intérieure. La mélodie, après avoir souligné ne d’un salicus atteint la tonique, par une progression descendante, en s’étendant autant qu’elle peut sur toutes les syllabes elle remonte égrenant la reconnaissance sur les neumes qui se serrent, se multiplient, s’étalent enfin en une cadence que l’âme retient autant qu’elle peut, comme si elle ne pouvait se résoudre à cesser son chant.

    Le Psaume alors, par son rythme plus vif, sort l’âme de sa contemplation et la fait chanter son amour en un bel accent de tendresse heureuse.

    Dom Baron

  • Saint Antoine de Padoue

    Petit extrait de son sermon pour le premier dimanche après la Pentecôte, qui n’était donc pas pour lui la fête de la Sainte Trinité, et qui n’avait pas non plus l’évangile du premier dimanche selon le missel de saint Pie V : c’était la parabole du riche et du pauvre Lazare (du jeudi de la deuxième semaine de carême pour nous).

    Screenshot_2020-06-12 Sermons des dimanches et des fêtes, 2.png

    Screenshot_2020-06-12 Sermons des dimanches et des fêtes, 2(1).png

    Screenshot_2020-06-12 Sermons des dimanches et des fêtes, 2(2).png

    Screenshot_2020-06-12 Sermons des dimanches et des fêtes, 2(3).png