Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 176

  • Dimanche après l’Ascension

    Allelúia, allelúia. Regnávit Dóminus super omnes gentes : Deus sedet super sedem sanctam suam.

    Il règne le Seigneur, sur toutes les nations. Dieu siège sur son trône saint. (Psaume 46)

    Nous retrouvons le Psaume du Roi ramené en triomphe à son palais. Après l’avoir exalté dans le cortège, le Psalmiste le montre ici siégeant en dominateur des nations conquises. L’Eglise fait de même. Après avoir fêté l’Ascension du Christ, elle l’exalte dans la splendeur de son règne. Peut-être cette idée de triomphe, si différente de celle de l’Introït, est-elle amenée par les derniers mots de l’Epître : Afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié. Il l’est dès maintenant par le Christ qui règne en droit sur toutes les nations, il le sera un jour en fait lorsque son Fils aura réalisé la plénitude de son royaume siégeant au milieu des Douze : il jugera le monde et conduira toute la création sanctifiée en hommage à son Père.

    La mélodie est joyeuse et paisible à la fois dans la première phrase sur le balancement des rythmes binaires de Regnávit Dóminus. Le pressus bien posé sur la dominante par un mouvement de quinte donne à súper ómnes géntes un très bel accent d’autorité. Au début de la seconde phrase, l’âme s’exalte sur Déus qui monte en un élan enthousiaste d’ardeur joyeuse. Elan très court d’ailleurs ; la mélodie revient tout de suite au grave avec une très belle cadence, pleine de bonheur sur sédem. Le dernier mot, par ses rythmes, 1.2.3-1.2, 3 fois répétés, ramène la joie calme du début.

    Dom Baron

    Par les moniales d’Argentan :


    podcast

    chant_img.png

  • De la Sainte Vierge

    Miráre utrúmlibet, et élige quid ámplius miréris, sive Fílii benigníssimam dignatiónem, sive Matris excellentíssimam dignitátem. Utrímque stupor, utrímque miráculum. Et quod Deus féminæ obtémperet, humílitas absque exémplo: et quod Deo fémina principétur, sublímitas sine sócio. In láudibus vírginum singuláriter cánitur, quod sequûntur Agnum quocûmque íerit. Quibus ergo láudibus iúdicas dignam, quæ étiam præit? Disce, homo, obedíre; disce, terra, subdi; disce, pulvis, obtemperáre. De Auctóre tuo loquens Evangelísta: Et erat, inquit, súbditus illis. Erubésce, supérbe cinis! Deus se humíliat, et tu te exáltas? Deus se homínibus subdit, et tu dominári géstiens homínibus, tuo te præpónis Auctóri ?

    Étonne-toi de ce que tu veux, et choisis ce qui va t’étonner le plus : ou bien la condescendance si bienveillante du Fils, ou bien la transcendance si excellente de la mère. Double stupeur, double merveille : d’une part, humilité sans précédent, Dieu obéit à une femme ; et d’autre part, sublimité sans égale, une femme commande à Dieu. A la louange de ceux qui sont vierges, on chante à titre unique : « Ceux-là escortent l’Agneau partout où il va. » De quelles louanges juges-tu digne celle qui même le précède ? Homme, apprends à obéir ; terre, apprends à te soumettre ; poussière, apprends à obtempérer. L’évangéliste, parlant de ton Auteur, dit : « Et il leur était soumis. » Rougis, cendre orgueilleuse ! Dieu s’abaisse, et toi, tu t’élèves ? Dieu se soumet aux hommes, et toi, t’efforçant de dominer les hommes, tu te préfères à ton Auteur ?

    Saint Bernard, De laudibus Virginis Matris, 1.

  • Jesu nostra redemptio

    L’hymne des vêpres et des laudes du temps de l’Ascension, et la belle traduction de Jacqueline Pascal (la sœur de Blaise, peu avant qu’on lui interdise de poursuivre… et qu’elle entre à Port-Royal sous le nom de sœur Euphémie).

    Jesu nostra redémptio,
    Amor et desidérium.
    Deus Creátor omnium,
    Homo in fine témporum.

    Jesus, digne rançon de l'homme racheté,
    Amour de notre cœur et désir de notre ame,
    Seul créateur de tout, Dieu dans l'éternité,
    Homme à la fin des temps en naissant d'une femme.

    Quae te vicit cleméntia
    Ut ferres nostra crímina,
    Crudélem mortem pátiens
    Ut nos a morte tólleres,

    Quel excez de clémence a su te surmonter
    Que portant les peschez de ton peuple rebelle,
    Tu souffris une mort horrible à raconter,
    Pour garantir les tiens de la mort éternelle ?

    Inférni claustra pénetrans,
    Tuos captívos rédimens,
    Victor triúmpho nóbili
    Ad dextram Patris résidens.

    Jusqu'au fond des enfers tu fis voir ta splendeur,
    Rachetant tes captifs de leur longue misère ;
    Et par un tel triomphe en glorieux vainqueur
    Tu t'assis pour jamais à la droite du Père.

    Ipsa te cogat píetas
    Ut mala nostra súperes,
    Parcéndo et voti cómpotes
    Nos tuo vultu sáties.

    Que la mesme bonté t'oblige maintenant
    A surmonter les maux dont ton peuple est coupable
    Remplis ses justes vœux en les luy pardonnant,
    Et qu'il jouisse en paix de ta veuë ineffable.

    Tu esto nostrum gáudium,
    Qui es futurus praemium;
    Sit nostra in te glória
    Per cuncta semper saecula.

    Sois notre unique joye, o Jésus nostre roy.
    Qui seras pour toujours nostre unique salaire !
    Que toute nostre gloire à jamais soit en toy.
    Dans le jour éternel où ta splendeur esclaire !

    Solesmes 1955 :


    podcast

  • Il y a 50 ans (21) : l’Ascension

    La collecte traditionnelle de la messe de l’Ascension est revenue subrepticement dans la troisième édition du nouveau missel romain, comme pouvant être dite à la place de celle qui seule figurait dans les deux premières éditions. Je ne sais pas qui a obtenu cela, mais c’était forcément quelqu’un de très influent, et qui a su montrer à quel point la nouvelle collecte était mauvaise.

    C’est en effet l’une des plus mauvaises qui aient été fabriquées par ceux qui prétendaient « restaurer » la liturgie : tout bonnement, elle ne ressemble même pas à une collecte.

    Lire la suite

  • L’Ascension du Seigneur

    Screenshot_2020-05-20 Graduale Albiense .png

    Graduel d'Albi, XIe siècle.

    L’antienne d’inroït de cette fête reprend une phrase des Actes des apôtres, mais avec deux modifications importantes.

    Actes :

    Viri Galilaei, quid statis aspiciéntes in caelum ? Hic Jesus qui assúmptus est a vobis in cælum, sic véniet quemádmodum vidístis eum eúntem in caelum.

    Introït :

    Viri Galilæi, quid admirámini aspiciéntes in cælum ? Alleluia ! Quemádmodum vidístis eum ascendéntem in cælum, ita véniet, alléluia, alléluia, alléluia !

    On voit notamment que « statis » (pourquoi restez-vous là debout) est devenu « admiramini » (pourquoi vous étonnez-vous en admirant ce que vous voyez), « euntem », le Christ « qui va », est remplacé par « ascendentem », le Christ « qui monte » : ce qui est plus explicite et plus imagé et donne ainsi plus de corps au texte dans la perspective de son expression musicale. D’autre part cet ascendentem n’est  pas à la même place que euntem. Je laisse la parole au moine qui commentait le texte et le chant sur le site de l’Homme nouveau :

    La modification du texte la plus expressive est certainement la place faite à ita véniet, mis en rejet intentionnellement à la fin du texte, alors que l'expression est située au milieu de la phrase dans le récit des Actes. L'intention du compositeur, rendue explicite par le traitement mélodique de ce passage, était de mettre en valeur le second avènement du Christ à la fin des temps, et par là d'orienter le regard des disciples du Christ vers cette venue plénière du Messie qu'attend l'Église avec tout son amour. On a là, s'il ne s'agit pas d'une version plus ancienne du texte sacré, un exemple assez typique de la liberté et du bonheur avec lesquels les anciens citaient l'Écriture.

    Retenons la note admirative de ce texte, qui colore toute cette célébration de l'Ascension ; et le thème de l'attente qui caractérise toute l'histoire de l'Humanité en face du Messie : il est vraiment Celui qui vient. Durant trois années seulement, le temps de sa vie publique, il a été présent aux hommes de son époque. Mais soit avant, soit après ces années privilégiées mais si courtes à l'échelle de la grande histoire, il demeure celui qu'on attend. Admiration et vigilance sont donc les maîtres-mots de cet introït, traduisant les deux attitudes du chrétien sevré de la présence visible du Sauveur.

    Viri Galilǽi, quid admirámini aspiciéntes in cælum ? allelúia : quemádmodum vidístis eum ascendéntem in cælum, ita véniet, allelúia, allelúia, allelúia.
    Omnes gentes, pláudite mánibus : iubiláte Deo in voce exsultatiónis.

    Hommes de Galilée, pourquoi vous étonnez-vous en regardant le ciel ? Alléluia. De la même manière que vous l’avez vu monter au ciel, il reviendra, alléluia, alléluia, alléluia.
    Nations, frappez toutes des mains ; célébrez Dieu par des cris d’allégresse.

    Solesmes, 1955:


    podcast

    Viri_galilaei.jpg

  • Vigile de l’Ascension

    La messe de la vigile de l’Ascension (Vocem jucunditatis). — Les chants psalmodiques et les oraisons de cette messe sont ceux de Dimanche dernier (l’office de la vigile n’a été établie qu’entre le VIIe et le IXe siècle). Seules les lectures sont nouvelles. Elles ont été très heureusement choisies et nous offrent deux belles images de l’Ascension. La première image est une entrée triomphale au ciel ; le divin vainqueur de la mort et de l’enfer s’avance vers le ciel, chargé d’un riche butin, et là il partage son butin ; ce sont les dons spirituels qu’il communique à son Église. Ces dons sont les charismes, les grâces d’état pour la construction du corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église (Ep.).

    La seconde image est, si possible, plus belle encore : le Fils rentre dans la maison paternelle ; maintenant, il frappe à la porte et demande l’entrée (le rétablissement dans sa gloire) pour lui et pour l’humanité rachetée. C’est une pensée délicate de la liturgie de mettre dans la bouche du Sauveur, à la porte du ciel, la prière sacerdotale (Ev.).

    Dom Pius Parsch

  • Saint Yves

    Capture d’écran 2020-05-18 à 18.55.22.png

    (Eglise de Minihy-Tréguier)

    Allelúia, allelúia. Ab infántia crevit mecum miserátio, et de útero matris meæ egréssa est mecum. Benedíctio peritúri super me veniébat, et cor víduæ consolátus sum. Allelúia. Sancte Yvo, cuius præcónium tot et tantis claret miráculis, tuæ piæ precis præsídium tuis confer devótis fámulis. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. La pitié pour les malheureux a grandi avec moi, elle est sortie avec moi du sein de ma mère. L’homme près de périr me bénissait, et j’ai consolé le cœur de la veuve. Alléluia. Saint Yves, dont le renom éclate en tant de prodigieux miracles, par ta prière secourable viens en aide à tes dévots serviteurs. Alléluia.

    Le verset du premier alléluia de la messe de saint Yves est original (mais on le retrouve plusieurs fois dans l'office): il s’agit de deux versets du livre de Job (31,18 et 29,13) qui s’appliquent à saint Yves, le premier avec une image hardie. Dom Calmet paraphrase : "Je suis né avec un naturel tendre et compatissant, et j’ai nourri et entretenu dans moi-même par l’usage continuel ce penchant à la miséricorde." Ce qui convient en effet à saint Yves, auquel ne pensait certainement pas le docte bénédictin…

  • Lundi des Rogations

    Comme nous l’avons déjà remarqué*, le triduum de litanies pénitentielles avant la fête de l’Ascension fut institué à Vienne par saint Mamert vers 470 ; il comportait aussi la suspension des travaux serviles et le jeûne. L’usage s’en étendit rapidement et devint très populaire. Toutefois, comme une période de deuil et de pénitence au milieu du temps pascal semblait à Rome un contresens tout à fait inopportun, la liturgie romaine ne l’adopta que fort tard, c’est-à-dire durant la période franque, sous Léon III, et cela seulement à titre exceptionnel, et non comme une institution stable devant se répéter chaque année. Par la suite, la coutume des Églises gallicanes s’accorda définitivement avec Rome, grâce pourtant à un compromis : le jeûne fut aboli, on ne conserva que la procession de saint Mamert suivie de la messe pendant les trois jours, laquelle messe, d’ailleurs, est celle-là même qui se célébrait à Rome lors des Litanies majeures. Il faut remarquer en outre que ces Rogations franques entrèrent seulement très tard dans le rituel officiel de Rome, puisque les Ordines Romani [les sacramentaires du haut moyen-âge] les ignorent complètement.

    Bienheureux cardinal Schuster

    * A la date du 25 mars pour les Litanies majeures :

    Par la suite, durant la période carolingienne, s’introduisit à Rome un triduum de litanies pénitentielles, aux trois jours précédant l’Ascension. Ce rite semble venir de Vienne, en France, et être dû à l’évêque Mamert (vers 470) ; il comportait trois jours de jeûne comme en Carême. Ce caractère pénitentiel, importé à Rome par les Francs et affirmé encore aujourd’hui dans le Missel romain par les ornements violets et par la suppression de l’Hymne Angélique, contraste toutefois avec tout l’esprit de l’antique liturgie pascale à Rome, qui s’inspire de la joie la plus pure. Il s’agit d’une adjonction postérieure, alors que les irruptions des barbares avaient interrompu l’ancienne tradition classique, qui, sur l’ordre des conciles, avait interdit tout jeûne aux fidèles durant le cycle sacré de la joie pascale.

  • 5e dimanche après Pâques

    La longue antienne d’offertoire de ce dimanche (et qui au moyen-âge pouvait accompagner trois versets du même psaume 65), n’est pas sans faire penser à l’introït du jour de Pâques, mais elle est surtout apparentée à l’introït de la messe de minuit à Noël : même mode, même accentuation sur le fa, et, alors que celle-ci est aussi brève que celle-là est longue, deux motifs très proches : « Dominum Deum » reprend le début de l’introït de Noël, avec toutefois au début un do-mi-sol parfait qui lui donne un aspect (fugitif) de joie plus extériorisée. Puis sur « laudis ejus » un motif très proche de « meus es tu ».

    Benedícite, gentes, Dóminum, Deum nostrum, et obaudíte vocem laudis eius : qui pósuit ánimam meam ad vitam, et non dedit commovéri pedes meos : benedíctus Dóminus, qui non amóvit deprecatiónem meam et misericórdiam suam a me, allelúia.

    Nations, bénissez notre Dieu et faites entendre les accents de sa louange ; c’est lui qui a conservé la vie à mon âme, et qui n’a point permis que mes pieds soient ébranlés. Béni soit Dieu qui n’a pas rejeté ma prière ni éloigné de moi sa miséricorde, alléluia.

    chant_img.png

  • Saint Ubald

    Pour honorer son Pontife éternel, la sainte Église lui présente aujourd’hui les mérites d’un Pontife mortel ici-bas, mais entre, après cette vie, dans les conditions de l’immortalité bienheureuse. Ubald a représenté le Christ sur la terre ; comme son divin chef il a reçu l’onction sainte, il a été médiateur entre le ciel et la terre, il a été le Pasteur du troupeau, et maintenant il est uni à notre glorieux Ressuscité, Christ, Médiateur et Pasteur. En signe de la faveur dont il jouit auprès de lui dans le ciel, le Fils de Dieu a confié à Ubald le pouvoir spécial d’agir efficacement contre les ennemis infernaux, qui tendent quelquefois aux hommes de si cruelles embûches. Souvent l’invocation du saint évêque et de ses mérites a suffi pour dissoudre les machinations des esprits de malice ; et c’est afin d’encourager les fidèles à recourir à sa protection que l’Église l’a admis au rang des saints qu’elle recommande plus particulièrement à leur dévotion.

    Soyez notre protecteur contre l’enfer, ô bienheureux Pontife ! L’envie des démons n’a pu souffrir que l’homme, cette humble et faible créature, fût devenu l’objet des complaisances du Très-Haut. L’incarnation du Fils de Dieu, sa mort sur la croix, sa résurrection glorieuse, les divins Sacrements qui nous confèrent la vie céleste, tous ces sublimes moyens à l’aide desquels la bonté de Dieu nous a rétablis dans nos premiers droits, ont excité au plus haut degré la rage de cet antique ennemi, et il cherche à se venger en insultant en nous l’image de notre créateur. Il fond quelquefois sur l’homme avec toutes ses fureurs ; par une affreuse parodie de la grâce sanctifiante qui fait de nous comme les instruments de Dieu, il envahit, il possède des hommes, nos frères, et les réduit au plus humiliant esclavage. Votre pouvoir, ô Ubald, s’est signalé souvent dans la délivrance de ces victimes infortunées de l’envie infernale ; et la sainte Église célèbre en ce jour la prérogative spéciale que le Seigneur vous a confiée. Dans votre charité toute céleste, continuez à protéger les hommes contre la rage des démons ; mais vous savez, ô saint Pontife, que les embûches de ces esprits de malice sont plus fatales encore aux âmes qu’elles ne le sont aux corps. Prenez donc pitié aussi des malheureux esclaves du péché, sur lesquels le divin soleil de Pâques s’est levé sans dissiper leurs ténèbres. Obtenez qu’ils redeviennent enfants de la lumière, et que bientôt ils aient part à cette résurrection pascale dont Jésus est venu nous apporter le gage.

    Dom Guéranger

    ubaldo2.jpg

    a-l-origine-de-la-fondation-de-thann-l-eveque-de-gubbio-en-italie-et-son-serviteur-qui-en-recuperant-une-bague-a-enleve-un-doigt-du-saint-homme-photo-l-alsace-1454698843.jpg