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Liturgie - Page 160

  • (Vigile des saints Simon et Jude)

    Cette vigile, comme toutes celles des apôtres, a été supprimée en 1955. Je continue à la célébrer comme je l’ai toujours fait, puisqu’elle se trouve dans mon bréviaire. L’introït est celui de la première messe pour plusieurs martyrs, « Intret in conspectu tuo, Domine ». C’est cette messe qui fut chantée le 27 octobre 2018, en la basilique Saint-Pierre de Rome, lors du pèlerinage Summorum Pontificum. Je ne sais si c’est un clin d’œil à la vigile supprimée. En tout cas voici cet introït dans la version d’Aurelio Porfiri comme l’est toute la messe.

    Intret in conspéctu tuo, Dómine, gémitus compeditórum : redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum : víndica sánguinem Sanctórum tuórum, qui effúsus est.
    Deus, venérunt gentes in hereditátem tuam : polluérunt templum sanctum tuum : posuérunt Jerúsalem in pomórum custódiam.

    Que le gémissement des captifs pénètre jusqu’à vous, Seigneur ; et pour ceux qui nous entourent faites retomber dans leur sein au septuple l’outrage qu’ils ont fait tomber sur vous ; vengez le sang de vos Saints, qui a été répandu.
    Ô Dieu, les nations sont venues dans votre héritage, elles ont souillé votre saint temple, elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits.

  • Le Christ Roi

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    L’introït est une étonnante réussite. L’adaptation de la mélodie (du mercredi de la quatrième semaine de carême et de la Vigile de la Pentecôte pour l’essentiel) colle tellement au texte et exalte tellement les mots essentiels (et elle culmine sur « gloria » !) que si l’on ne savait pas que c’est une création récente on pourrait croire que c’est elle qui est l’original. Du reste, même le choix du texte est remarquable. Car ce Roi dont on célèbre le règne est en effet l’Agneau immolé, et ce n’est pas la première référence qui vient à l’esprit quand on pense à cette fête inventée pour affirmer la royauté sociale du Christ.

    Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem, et divinitátem, et sapiéntiam, et fortitúdinem, et honórem. Ipsi glória et impérium in sǽcula sæculórum.
    Deus, judícium tuum Regi da : et justítiam tuam Fílio Regis.

    Il est digne, l’Agneau qui a été égorgé, de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur. A Lui la gloire et le pouvoir dans les siècles des siècles. (Apocalypse 5,12 et 1,6)
    O Dieu, donnez au Roi votre jugement : et au Fils du Roi votre justice. (Psaume 71)

     Par les séminaristes de l’Institut du… Christ Roi (Souverain Prêtre):

  • Saint Raphaël

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    La fête de saint Raphaël n’est entrée au calendrier romain qu’en 1921. Dans les bagages, curieusement, de la « sainte Famille ».

    En effet, le 26 octobre 1921, Benoît XV décrétait que l’on célébrerait désormais partout la « fête de la sainte Famille de Jésus, Marie, Joseph » le dimanche dans l’octave de l’Epiphanie. Ceci entraînait l’arrivée au calendrier de l’archange saint Gabriel, le 24 mars, veille de l’Annonciation. Et puisqu’on mettait saint Gabriel, on mit aussi saint Raphaël, pour qu’il ne soit pas jaloux, sans doute. Aucune raison ne fut donnée pour la date du 24 octobre, mais on souligna que ses « bienfaits envers la famille de Tobie sont décrits dans nos Saints Livres ». Donc, seul lien ténu, il est encore question de la famille…

    Le décret disait :

    Tout le monde se rend compte qu'il est juste et salutaire pour la famille domestique et pour la société elle-même de favoriser et de propager l'Association de la Sainte-Famille que le Saint-Siège a fondée, munie de lois, enrichie d'indulgences et de privilèges en faveur spécialement des associés et des curés; qu'il convient à cette même fin d'honorer la sainte Famille de Nazareth et d'en célébrer la fête dans toute l'Eglise par un rite liturgique spécial, accompagné d'une fructueuse méditation de ses bienfaits et de l'imitation de ses vertus. Il n'est pas moins opportun, pour l'accroissement de la piété et de la dévotion envers la sainte Famille elle-même, de commémorer par une solennité religieuse la divine mission des deux archanges : de saint Gabriel, messager du mystère de l'Incarnation du Seigneur, et de saint Raphaël, dont les bienfaits envers la famille de Tobie sont décrits dans nos Saints Livres.

    Le décret instituait également la fête de saint Irénée, le 28 juin. Là, aucun rapport avec quelque famille que ce soit, mais un hommage à un père d’origine orientale qui exalta l’autorité de l’Eglise de Rome :

    Profitant de cette occasion, Notre Saint-Père a jugé bon d'honorer par un acte de gratitude, consigné dans la liturgie, l'illustre disciple de saint Polycarpe, évoque de Smyrne, l'évoque et martyr de Lyon qui, dans son ouvrage Contre les hérésies,1. III, a transmis à la mémoire des siècles un si magnifique témoignage en faveur de l'Eglise romaine. « A cette Eglise, écrit-il, en raison de son éminente suprématie, doit nécessairement se réunir toute Eglise, c'est-à-dire les fidèles de tout l'univers... C'est grâce à cette disposition, à cette succession régulière (des pontifes romains), qu'a pu parvenir jusqu'à nous la tradition et la proclamation de la vérité que l'Eglise tient des apôtres. »

    Selon le décret, « tout le clergé séculier et régulier » et « tous ceux qui, par précepte, sont tenus à la récitation de l'Office divin » étaient désormais tenus de célébrer ces fêtes.

    Pourtant elles n’entrèrent jamais dans le bréviaire monastique…

  • Saint Antoine-Marie Claret

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    Extrait de l’introduction à son autobiographie

    « Devant le saint sacrement, je sens le Christ présent d'une façon inexplicable . » Son expérience mystique était toute centrée sur le Christ. Il vivait en profondeur le mystère trinitaire, la filiation divine, la possession par l’Esprit, mais c'est dans et par le Christ qu'il les vivait. Saint Bernard l'aurait trouvé très naturel ; n'a-t-il pas écrit que c'est dans le Christ que le Père et l'Esprit nous donnent le baiser de l’union mystique ? Ces phénomènes ont eu lieu avec le contact de l’Eucharistie. Par là, il rejoignait cette ligne de la mystique eucharistique qui trouve ses expressions les plus heureuses chez les pères Grecs et chez saint Bonaventure. Ainsi, on est moins étonné d'apprendre qu'il a reçu de Dieu la grâce de conserver intactes dans sa poitrine les espèces sacramentelles, et cela d'une communion à l'autre. Son témoignage est clair et ferme, et c'est le témoignage d'un saint qui, par ailleurs, est un homme serein et nullement porté à l'illusion.

    D'autre part, cette grâce vient s'insérer harmonieusement dans la vie de quelqu'un qui a une grande dévotion à l’Eucharistie ; elle vient marquer le mariage mystique de son âme avec Dieu. N'est-il pas normal que l'union transformante lui soit venue par l’Eucharistie, sacrement de l’incorporation ? Une recherche sur la doctrine des Pères concernant l’incorporation au Christ réalisée par la présence des espèces sacramentelles en nous pourrait jeter beaucoup de lumière sur ce cas extraordinaire.

    Le Saint s'est d'ailleurs aperçu du vrai sens de la grâce : recevant en son cœur, peu avant sa mort, une participation à l'amour que Jésus-Christ avait pour ses ennemis, il l'expliquera par ce texte de Saint-Paul dont il expérimente la vérité : « Je ne vis plus, c'est le Christ qui vit en moi. »

    Uni au Christ, il a vécu intensément le mystère maternel de Notre-Dame. C'est peut-être l’aspect de sa spiritualité le plus étudié jusqu'ici, tant il est évident. Dès son enfance, il a éprouvé une dévotion toute filiale à la mère de Dieu. Avec la dévotion au saint sacrement, ce fut le trait dominant de son enfance et de sa jeunesse. L'ambiance locale, le bon exemple de sa famille et les écrits de saint-Alphonse de Liguori l’ont également profondément marqué. Puis, à un certain moment, prenant conscience de sa vocation apostolique, il la considérera comme un don de Notre-Dame.

    Chose curieuse, tandis que pour expliquer la vocation apostolique en général, il parlera de la mission donnée au Fils par le Père et aux apôtres par le Fils, sans faire mention du rôle qu’y joue la Vierge Marie, il expliquera sa propre vocation en la rapportant uniquement à Notre-Dame. Il est son missionnaire car c'est d'elle qu'il a reçu la vocation. La Vierge l'envoie, le lance de ses propres mains, comme une flèche. C’est elle qui le réconforte et qui attire sur son ministère les bénédictions de Dieu. Plus tard, apprenant les conversions causées par la dévotion au Cœur de Marie, ses œuvres principales commenceront à être appelées de ce titre, tandis que l’installation de l’Archiconfrérie du Cœur Immaculé de Marie constituera l’un des points fondamentaux de ses missions. Il en est de même dans sa vie spirituelle : beaucoup de paroles intérieures et d'illuminations proviennent de la Vierge Marie. C'est elle qui, dans une vision, lui donne l'Enfant-Jésus et le rassure sur la réalité de la conservation des espèces sacramentelles. La Très Sainte Vierge est toujours auprès de son Fils dans la vie mystique du Saint.

    Transformé dans le Christ, sa connaissance du mystère pascal se voit du même coup approfondie. C'est le moment des visions concernant divers mystères de Notre-Dame. Mais, remarquons-le, si notre Seigneur ne se montre jamais à lui sans que la main maternelle de la Vierge n'y intervienne, il ne verra Notre- Dame qu'à côté du Christ. Marie est pour lui non pas la médiatrice d'un Christ distant et inaccessible mais la compagne même du Christ, son aide dans l'œuvre du salut. Elle sera toujours présente à lui, mais comme une part du mystère du Christ. Il y a là une différence très nette entre la dévotion mariale de saint Antoine-Marie Claret et celle d'autres écoles modernes de spiritualité. Voici les trois lignes de force de la spiritualité clarétaine : vocation apostolique, piété profondément christologique et dévotion filiale à Marie.

    Et puisqu’on ne dit jamais pourquoi saint Antoine-Marie Claret, ancien archevêque de Cuba, confesseur de la reine d’Espagne, est mort à 62 ans dans un monastère français, voici les dernières lignes de la longue introduction signée Jean-Marie Lozano :

    S'il n'a pas vu se réaliser son désir de donner sa vie pour le Seigneur Jésus, il a souffert un long martyre spirituel dans les dernières années de sa vie. La souffrance est alors allée en progressant : exil, campagne de presse, demandes d'extradition pour le faire juger par un tribunal révolutionnaire... Dieu l’en a libéré en le rappelant à Lui. Mais, même dans mort, il devait ressembler au Christ : il est mort seul, privé presque de tous ses amis, accueilli par charité dans un monastère.

     

  • Antienne de communion

    Puisqu’il n’y a pas de saint aujourd’hui au calendrier du missel de 1960, et que le jeudi est le jour de l’eucharistie, voici l’antienne de la liturgie byzantine pour la communion des célébrants, le dimanche, lors d'une divine liturgie solennelle en la co-cathédrale grecque-catholique de la Martorana (Palerme), un 15e dimanche après la Croix (autour du 20 janvier). C'était entre 1989 et 2005, et je viens de le découvrir.

    Avant la communion on voit la fraction et la commixtion, et le zéon (eau bouillante) versé dans le calice. En rompant l'hostie (l'"Agneau"), le prêtre dit: "Est rompu et partagé l'Agneau de Dieu, rompu mais non divisé, toujours mangé mais jamais consommé, sanctifiant ceux qui y communient." En mettant une parcelle dans le calice: "Plénitude de la foi du Saint-Esprit. Amen." En bénissant l'eau chaude: "Bénie soit la ferveur de tes saints en tout temps, maintenant et à jamais et dans les siècles des siècles, amen." Quand le diacre verse l'eau chaude : "Ferveur de la foi, pleine du Saint-Esprit."

    L’évêque (de Piana degli Albanesi) est Mgr Sotìr Ferrara (né et mort à Piana degli Albanesi...).

    Comme c’est une messe télévisée on doit hélas subir les commentaires (toutefois relativement discrets) de la journaliste. La divine liturgie entière se trouve ici :

    https://youtu.be/fehpi4IB-7k

    Αἰνεῖτε τὸν Κύριον ἐκ τῶν οὐρανῶν, αἰνεῖτε αὐτὸν ἐν τοῖς ὑψίστοις. Ἀλληλούϊα, Ἀλληλούϊα, Ἀλληλούϊα.
    Louez le Seigneur dans les cieux, louez-le dans les hauteurs, alléluia. (Psaume 148)

     

    De la même divine liturgie j’ai également extrait le chant après la communion :

    Εἴδομεν τὸ φῶς τὸ ἀληθινόν, ἐλάβομεν Πνεῦμα ἐπουράνιον, εὕρομεν πίστιν ἀληθῆ, ἀδιαίρετον Τριάδα προσκυνοῦντες· αὕτη γὰρ ἡμᾶς ἔσωσεν.

    Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi, nous adorons l’indivisible Trinité, car c’est elle qui nous a sauvés.

  • Saint Hilarion

    Italicus, habitant du même bourg et qui était chrétien, nourrissait des chevaux pour courir au cirque contre ceux de l'un des deux premiers magistrats de Gaza, fort affectionné à l'idole de Marnas; ce qui était une coutume observée dans toutes les villes romaines depuis Romulus, lequel, par suite de l'heureux succès du rapt des Sabines, avait ordonné que des chariots tirés par quatre chevaux feraient sept tours en l'honneur de Confus, dont il avait fait une divinité sous le nom du Dieu des conseils, bien que ce fût en effet à cause d'une action qui n'était qu'une pure tromperie; et dans cette course celui-là était réputé victorieux qui avait devancé les chevaux de ses concurrents. Italicus voyant que son antagoniste, par le moyen d'un enchanteur qui usait de certaines paroles pour invoquer les démons, empêchait ses chevaux d'aller et redoublait la vitesse des siens, vint trouver le bienheureux Hilarion pour le supplier non pas tant de faire tort à son adversaire que d'empêcher qu'il n'en reçût point de lui. Ce vénérable vieillard trouvant qu'il était ridicule d'employer inutilement des oraisons pour de semblables niaiseries, et lui disant en souriant : « Que ne vendez-vous plutôt ces chevaux, afin d'en donner le prix aux pauvres pour le salut de votre âme? » il répondit que c'était une fonction publique à laquelle il ne se portait pas volontairement, mais y était contraint, et qu'un chrétien ne pouvant user de charmes, il avait jugé beaucoup plus à propos d'avoir recours à un serviteur de Jésus-Christ, principalement contre ceux de Gaza, qui étaient ennemis de Dieu, et dont l'insolence ne le regardait pas tant que l'Église de Jésus-Christ. Sur quoi Hilarion, en étant prié par les frères qui se trouvèrent présents, commanda qu'on emplît d'eau un pot de terre dans lequel il avait coutume de boire, et qu'on le lui donnât. Italicus l'ayant reçu, en arrosa l'écurie, les chevaux, le cocher, le chariot et les barrières du cirque. Tout le peuple était dans une merveilleuse attente de ce qui devait arriver ; car son adversaire, se moquant de cela comme d'une superstition, l'avait publié partout, et ceux qui favorisaient Italicus se réjouissaient déjà dans la croyance qu'ils avaient d'une victoire assurée. Le signal étant donné, les chevaux d'Italicus allaient aussi vite que s'ils eussent eu des ailes, et les autres semblaient avoir des entraves aux pieds. Les roues du chariot tiré par ceux-ci paraissaient tout enflammées, et à peine ceux qui conduisaient l'autre pouvaient-ils voir le dos de leurs adversaires qui volaient ainsi devant eux. Il s'éleva un grand cri de tout le peuple, et les ennemis mêmes d'Italicus ne purent s'empêcher de dire tout haut : « Jésus-Christ a vaincu Marnas. » Mais ceux qui avaient reçu ce déplaisir, frémissant de rage, demandaient que l'on punît Hilarion comme étant le sorcier des chrétiens. Cette victoire, si connue et si publique, servit beaucoup pour faire embrasser la foi et à ceux qui en furent témoins et depuis à plusieurs autres qui étaient employés dans les jeux du cirque.

    Saint Jérôme, Vie de saint Hilarion, ch. 7

  • Saint Jean de Kenty

    Lorsque Clément XIII canonisa Jean de Kenty, en 1767, il voulut que le nouveau saint polonais ait une messe propre, et trois hymnes propres à son office. Ce qui était exceptionnel. Curieusement, la messe insiste quasi exclusivement sur la charité de saint Jean, qui était en effet très vive, mais elle passe sous silence les autres qualités du saint. Par exemple ses pèlerinages à Jérusalem (où il prêcha le Christ devant « les Turcs ») et à Rome, et sa carrière de professeur à la prestigieuse université de Cracovie. Pourtant Clément XIII lui-même en faisait l’éloge dans sa bulle de canonisation :

    « Parmi les hommes éminents par la doctrine et la sainteté, capables d'agir et d'enseigner et de défendre la foi orthodoxe attaquée par ses adversaires, personne n'hésite à compter le bienheureux Jean de Kenty. Il suffit de l'avoir entendu, à l'université de Cracovie, enseigner une science puisée à la source la plus pure. Or, à cette époque, dans des régions guère éloignées, sévissaient les schismes et les hérésies. Il travaillait à expliquer au peuple, dans sa prédication, la morale la plus sainte; et il confirmait cet enseignement par son humilité, sa chasteté, sa miséricorde, ses pénitences corporelles, toutes les vertus d'un prêtre irréprochable et d'un vaillant ouvrier. C'est pourquoi il ne se contenta pas d'apporter aux professeurs de cette université un surcroît de prestige, mais il laissa aussi un merveilleux exemple à tous ceux qui exercent cette charge. »

    En 2015 j’avais donné l’hymne des premières vêpres, qui commence par Gentis Polonae gloria, Gloire du peuple polonais. Voici celle des matines, où le pape demande à saint Jean de Kenty de veiller sur sa pauvre patrie qui va être démembrée.

    Corpus domas jejuniis,
    Cædis cruento verbere,
    Ut castra pœnitentium
    Miles sequaris innocens.

    Vous domptez votre corps par le jeûne,
    Vous le frappez de coups qui l'ensanglantent,
    Afin de suivre, soldat innocent,
    L'armée des pénitents.

    Sequamur et nos sedulo
    Gressus parentis optimi,
    Sequamur, ut licentiam
    Carnis refrænet spiritus.

    Suivons avec zèle, nous aussi,
    Les traces de notre illustre Père;
    Suivons le pour que l'esprit mette en nous un frein
    Aux dérèglements de la chair.

    Rigente bruma, providum
    Præbes amictum pauperi,
    Sitim famemque egentium
    Esca potuque sublevas.

    Pendant la rigueur de l'hiver,
    Vous couvrez le pauvre de votre manteau,
    Vous venez en aide aux indigents
    En soulageant leur faim et leur soif.

    O qui negasti nemini
    Opem roganti, patrium
    Regnum tuere, postulant
    Cives Poloni, et exteri.

    O vous qui n'avez jamais refusé le secours
    A qui vous implorait,
    Ecoutez les Polonais et les autres Chrétiens
    Qui vous demandent de protéger leur patrie.

    Sit laus Patri, sit Filio,
    Tibique, sancte Spiritus;
    Preces Joannis impetrent
    Beata nobis gaudia.

    Gloire soit au Père et au Fils
    Et à vous, Esprit-Saint;
    Que les prières de Jean nous obtiennent
    Les joies de l'éternité bienheureuse. Amen.

  • Saint Pierre d’Alcantara

    De l’institution du Très-Saint Sacrement

    Pour comprendre quelque chose de ce mystère, il faut présupposer qu'il n'y a point de langue sur la terre qui puisse exprimer la grandeur de l'amour que Jésus-Christ porte à l'Église, son épouse, et par conséquent à chacune des âmes qui sont en état de grâce, parce que chacune d'elles est aussi son épouse. Étant donc sur le point de quitter cette vie et de priver de sa présence l'Église, son épouse, ce très doux Époux, de crainte que cette séparation ne fût pour elle une cause d'oubli, lui laissa pour mémorial ce très saint Sacrement, dans lequel il restait lui-même, ne voulant pas qu'entre lui et elle, il y eût, pour le rendre sans cesse présent à son souvenir, d'autre gage d'amour que lui-même. Le céleste Époux voulait aussi, durant une si longue absence, laisser à son épouse une compagnie, afin qu'elle ne demeurât pas seule ; il lui laissa celle de ce sacrement où il réside lui-même, lui donnant ainsi la meilleure compagnie qu'il pût lui laisser.

    Il voulait aussi, en ce moment, aller souffrir la mort pour son épouse, la racheter et l'enrichir du prix de son sang ; et afin qu'elle pût à son gré jouir de ce trésor, il lui en laissa les clefs dans ce sacrement ; « car, comme dit saint Chrysostome, toutes les fois que nous nous en approchons , nous devons penser que nous portons nos bouches au côté de Jésus-Christ, que nous nous abreuvons à la source de son précieux sang, et que nous nous rendons participants de ce divin trésor. » Ce céleste Époux désirait aussi d'être aimé d'un grand amour par son épouse ; et, dans ce dessein, il institua cette mystérieuse nourriture, consacrée par des paroles telles, que quiconque la reçoit dignement, est aussitôt touché et blessé de cet amour.

    Il souhaitait, de plus, rassurer son épouse, et lui donner des gages de la possession éternelle de son royaume, afin que, par l'espérance de ce bonheur, elle traversât avec allégresse toutes les tribulations et toutes les souffrances de cette vie. Et, voulant que l'épouse vécût dans une espérance certaine de ces biens éternels, il lui en laissa pour gage sur la terre cet ineffable trésor, qui vaut autant que tout ce qu'elle espère dans le ciel, afin qu'elle ne doutât jamais que son Dieu ne lui donnât un jour, dans la gloire où elle vivra en esprit, ce même trésor dont il l'avait enrichie dans cette vallée de larmes, où elle vit dans l'infirmité de la chair.

    Il voulait aussi, à l'heure de sa mort, faire un testament, et léguer à son épouse quelque don signalé qui fût sa consolation en cet exil ; et il lui laissa cet adorable sacrement comme le don le plus précieux et le plus avantageux dont il pût l'enrichir, puisque, avec ce don, il lui laissait son Dieu.

    Enfin il voulait laisser à nos âmes un aliment pour les soutenir et les faire vivre, parce qu'elles n'ont pas moins besoin de nourriture pour vivre d'une vie spirituelle, que le corps pour vivre d'une vie corporelle. C'est pour ce sujet que ce sage médecin, qui connaissait bien notre faiblesse, institua ce sacrement sous forme de nourriture, afin que la forme même sous laquelle il l'instituait nous déclarât hautement l'effet qu'il opérait, et le besoin qu'en avaient nos âmes, qui ne peuvent pas plus vivre sans ce divin aliment, que le corps sans la nourriture qui lui est propre.

    Traité de l’oraison et de la méditation, traduction Abbé Marcel Bouix, 1862.

  • 20e dimanche après la Pentecôte

    Meménto verbi tui servo tuo, Dómine, in quo mihi spem dedísti : hæc me consoláta est in humilitáte mea.

    Souvenez-vous, Seigneur, de votre parole à votre serviteur, de cette parole en laquelle vous m’avez donné l’espérance ; c’est elle qui m’a consolé dans mon humiliation.

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    L’antienne de communion de ce dimanche est aussi simple que profondément belle. Le texte, tiré du psaume 118, renvoie à la confiance de l’officier royal de l’évangile, et à l’humble appel du bon larron. C’est l’attitude que nous devons avoir en allant communier. Humilité, confiance, amour, et paix. Sur chaque phrase la mélodie descend tranquillement, doucement, de la dominante à la tonique. Avec un léger accent d’imploration sur Domine. Et un fort accent de joie sur me, seul mot où la mélodie monte au-dessus de la dominante : c’est à moi, à moi, que tu as donné l’espérance. Je communie à ton Corps qui me donne le salut en espérance. Spe salvi. Les mots qui suivent, dans le psaume, disent : « parce que ta parole m’a vivifié. » Vivificavit me. Ta parole faite pain me fait vivant.

    Par les moines de Solesmes en avril 1930:


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