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Liturgie - Page 158

  • Sainte Gertrude

    On lit dans l’Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur (1770) :

    Dom Bernard Audebert, supérieur général, ayant établi en 1673 la fête de sainte Gertrude, dont le culte devenait très célèbre à Rome, en Espagne et aux Indes, dom Vaillant composa l’office de cette sainte abbesse bénédictine, et l’on commença cette année à le chanter dans les monastères de la congrégation. L’auteur se sert des expressions les plus tendres et les plus vives du Cantique des cantiques : langage qui ne convient qu’à un très petit nombre de saintes âmes élevées au-dessus des sens.

    Cet office est devenu celui du bréviaire monastique. Voici l’hymne des vêpres, qui se chante sur l’air de l’hymne du commun des vierges « Jesu corona virginum » (traduction dom Guéranger).

    Gertrudis, arca Numinis,
    Sponsoque juncta virginum,
    Da nuptialis pangere
    Castos amores fœderis.

    O Gertrude, sanctuaire de la divinité, unie à l’Époux des vierges, laissez-nous célébrer vos chastes amours et votre alliance nuptiale.

    Quadrima Christo nubilis
    In claustra prompte convolas;
    Spretoque nutricis sinu,
    Sponsi requiris oscula.

    A peine âgée de quatre ans et déjà fiancée au Christ, vous prenez votre vol vers le cloître ; vous vous arrachez aux bras de votre nourrice, n’aspirant qu’aux divines caresses de l’Époux.

    Candentis instar lilii
    Odore mulces sidera;
    Et virginali cœlitum
    Regem decore pertrahis.

    Semblable au lis sans tache, vous exhalez un parfum qui réjouit les cieux, et l’éclat de votre virginale beauté attire vers vous le Roi de cet heureux séjour.

    Qui vivit in sinu Patris
    Cinctus perenni gloria,
    Amanter, ut sponsus, tua
    Recumbit inter ubera.

    Celui qui vit au sein du Père, entouré d’une gloire éternelle, devient votre Époux, et daigne se reposer dans votre amour.

    Amore Christum vulneras;
    Hic te vicissim vulnerat,
    Tuoque cordi propria
    Inurit alte stigmata.

    Par cet amour, vous avez blessé le Christ, à son tour il blesse aussi votre cœur, il y grave en traits de feu les stigmates des plaies qu’il a reçues.

    O singularis charitas,
    O mira commutatio;
    Hic corde respirat tuo:
    Tu vivis hujus spiritu.

    O ineffable amour ! ô échange merveilleux ! c’est lui qui respire dans votre cœur ;son souffle devient en vous le principe de la vie.

    Te, sponse Jesu, virginum
    Beata laudent agmina;
    Patri, simul Paraclito,
    Par sit per ævum gloria. Amen.

    Que l’heureux chœur des Vierge célèbre vos louanges, ô Jésus leur Époux ! gloire égale au Père et au divin Paraclet ! Amen.

  • 24e dimanche après la Pentecôte

    Chants du 23e dimanche. Oraisons et lectures du 6e dimanche après l’Epiphanie.

    On éprouve une consolation sans pareille quand on suit, en qualité de chrétien, le développement et l’activité de l’Église à travers les siècles. Elle est sortie du cénacle comme un petit grain de sénevé, puis s’est propagée sans arrêt, d’abord à Jérusalem, ensuite en Palestine, pour être portée plus tard par saint Paul dans le monde païen. Au premier siècle, il n’y a déjà plus une ville de l’empire romain où elle n’ait posé le pied. 300 ans de persécutions n’ont pas pu arrêter sa marche pacifique ; le sang des martyrs fut la semence des chrétiens. La voici qui parvient chez les peuples germaniques ; toujours le même spectacle : peu de siècles après, ils étaient devenus chrétiens. Et ce n’était pas là une simple croissance extérieure, mais aussi une transformation intérieure. La face du monde s’est véritablement renouvelée. Pensons seulement à l’esclavage, à la condition de la femme, de l’enfant. Le christianisme a vraiment agi comme un levain dans le monde.

    Pourtant, si édifiante que soit cette contemplation, pour nous, amis de la liturgie, elle est encore trop extérieure. Le grain de sénevé est le Christ mystique qui atteint la taille d’un arbre puissant. Chaque saint, qui lui a été incorporé par le baptême, forme un rameau et le demeure après sa mort. Le nombre des élus est déterminé par Dieu ; aussitôt que le dernier rameau sera fixé sur l’arbre du Christ mystique, la mission de l’Église sera terminée. Maintenant, à la fin de l’année liturgique, nous regardons l’arbre pour voir dans quelles proportions le sénevé s’est développé. — Le levain, c’est la vie divine en nous ; elle doit pénétrer tous les domaines. Les saints nous font mieux comprendre ce que cela signifie. Toute leur vie en a été pénétrée. Mais nous avons trouvé la voie pour réaliser, nous aussi, personnellement, cette double parabole. Il convient particulièrement à la fin de l’année liturgique de nous demander : Comment le Christ a-t-il grandi en nous ? Comment a-t-il agi en nous à la manière d’un levain ? Ici, nous pouvons nous faire l’application de l’Épître : avons-nous « une foi agissante, un amour prêt au sacrifice, une espérance ferme en Notre Seigneur Jésus Christ ? » — Encore une pensée : L’Eucharistie est aussi un grain de sénevé ; elle est le levain. Tous les dimanches, le Divin Semeur jette ce grain dans notre âme et, pendant la semaine, ce grain doit devenir un arbre qui porte feuilles, fleurs et fruits. Tous les dimanches, la « femme », l’Église, mêle à la farine de l’âme le levain de l’Eucharistie (le mot fermentum désignait, dans la primitive Église, l’Eucharistie envoyée par le Pape) ; maintenant notre âme a besoin d’un levain. C’est le rôle de l’Eucharistie : elle n’est pas un arbre, ni un pain levé, mais un petit grain et un levain ; elle est une force et une grâce qui ne deviennent efficaces qu’avec la collaboration de la volonté humaine.

    Dom Pius Parsch

  • Saint Josaphat

    Jean Kunciewicz est né en 1580 (ou 1584) en Ukraine, dans une famille orthodoxe. En 1596 a lieu l’Union de Brest. Jean rejoint l’unité catholique et en 1604 il entre au monastère basilien de Vilnius et prend le nom de Josaphat. Il devient archimandrite, et en 1617 il est sacré évêque de Polotsk. Apôtre de l’unité, il remporte un tel succès que les orthodoxes veulent le faire taire. Lors d’une visite pastorale à Vitebsk il est tué dans une embuscade. C’était le 12 novembre 1623.

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    Gravure sur cuivre, par Aleksander Tarasowicz (1640-1727). Bibliothèque nationale de Pologne. L’œuvre ne fait en réalité que 7,3 x 5,6 cm.

     

  • Saint Didace (Diègue)

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    Saint Diègue par Zurbaran, par Zurbaran, par Niccolo Betti, par Gregorio Fernandez.

    Toutes ces représentations montrent le « miracle des roses ». Un jour qu’il avait subtilisé des pains au couvent pour nourrir les pauvres, le frère Diego fut rattrapé par le cellérier, qui lui fit défaire le pli de son habit, mais les pains s’étaient transformés en roses. On raconte le même miracle de sainte Elisabeth de Hongrie, de sa petite nièce sainte Elisabeth (ou Isabelle) de Portugal, et aussi de la bienheureuse Roseline de Villeneuve, et encore de sainte Germaine de Pibrac. A ma connaissance San Diego d’Alcala est le seul homme dans ce bouquet.

    Addendum

    Il semble qu'il y ait aussi saint Nicolas de Tolentino.

  • Saint Martin Ier

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    Comment t'appellerai-je, Martin ? illustre Maître des orthodoxes enseignements, coryphée sans faille de la doctrine sacrée ; accusateur du mensonge, épris de vérité, défenseur du Verbe, courageux avocat, pontife sacré, thaumaturge vénéré. Pour le salut de nos âmes intercède auprès de Dieu.

    Comment t'appellerai-je, Martin ? fleuve regorgeant de flots spirituels et sans cesse abreuvant les âmes pour les faire fructifier ; chandelier répandant la lumière de la foi, montagne distillant l'allégresse de Dieu, prédicateur des divines paroles, pourfendeur des hérésies. Pour le salut de nos âmes intercède auprès de Dieu.

    Comment t'appellerai-je, Martin ? illustre sacrificateur du tabernacle réel, très digne médiateur entre la créature et son Dieu ; calice nous versant un breuvage divin, astre rayonnant le Verbe de vie, surgi du couchant et paru au levant. Pour le salut de nos âmes intercède auprès de Dieu.

    (Liturgie byzantine, stichères des vêpres. Icône : saint Martin Ier en exil en Crimée, où il mourut malade et saturé de mauvais traitements, pour avoir défendu la foi orthodoxe.)

  • Saint Martin

    L’hymne des vêpres de la fête de saint Martin souligne dans sa troisième strophe le nombre de miracles qui se produisaient à son tombeau. Au moyen âge on allait à Tours comme aujourd’hui on va à Lourdes, remarquait le cardinal Schuster. Cette hymne est devenue celle du commun des confesseurs, donc l’une des plus usitées de l’année liturgique. Elle a été défigurée, comme d’habitude, par Urbain VIII, mais les bréviaires monastiques l’ont conservée intacte.

    La voici par Solesmes… sans la strophe des miracles… (censurée par la néo-liturgie?)

    Iste Confessor Domini sacratus,
    Festa plebs cujus celebrat per orbem,
    Hodie lætus meruit secreta
    Scandere cæli.

    Ce Confesseur consacré au Seigneur
    Dont partout le peuple célèbre la fête,
    Voici qu’il a mérité la joie d’accéder
    Aux mystères du ciel.

    Qui pius, prudens, humilis, pudicus,
    Sobrius, castus fuit, et quietus,
    Vita dum præsens vegetavit ejus
    Corporis artus.

    Il fut pieux, sage, humble, vertueux,
    Il fut maître de lui, chaste et paisible,
    Aussi longtemps que la vie d’ici-bas anima
    Les membres de son corps.

    Ad sacrum cujus tumulum frequenter,
    Membra languentum modo sanitati,
    Quolibet morbo fuerint gravata,
    Restituuntur.

    Aux abords de son saint tombeau, souvent,
    Des organismes abattus, quelque maladie
    Qui les accable, sont soudainement
    Rendus à la santé.

    Unde nunc noster chorus in honorem
    Ipsius, hymnum canit hunc libenter,
    Ut piis eius meritis juvemur
    Omne per ævum.

    Aussi en son honneur notre chœur en ce jour
    Chante cette hymne avec allégresse :
    Que par ses pieux mérites il nous vienne en aide
    Tout au long de nos jours.

    Sit salus illi, decus, atque virtus,
    Qui supra cæli residens cacumen,
    Totius mundi machinam gubernat
    Trinus et unus. Amen.

    Salut, honneur et puissance,
    A celui qui demeurant au plus haut des cieux,
    Gouverne la machine du monde entier,
    Trine et Un. Amen.

    C’est, logiquement, la version d’Urbain VIII qui était chantée en Corse :

    Iste confessor Domini colentes
    Quem pie laudant populi per orbem:
    Hac die lætus meruit beatas
    Scandere sedes.

    Qui pius, prudens, humilis, pudicus,
    Sobriam duxit sine labe vitam,
    Donec humanos animavit auræ
    Spiritus artus.

    Cujus ob præstans meritum frequenter,
    Ægra quæ passim jacuere membra,
    Viribus morbi domitis, saluti
    Restituuntur.

    Noster hinc illi chorus obsequentem
    Concinit laudem, celebresque palmas;
    Ut piis eius precibus iuvemur
    Omne per ævum.

    Sit salus illi, decus, atque virtus,
    Qui super cæli solio coruscans,
    Totius mundi seriem gubernat
    Trinus et unus. Amen.

  • Saints Vanne et Hydulphe

    Dans les « offices propres de la congrégation de France de l’Ordre de saint Benoît », il y a aujourd’hui la fête de saint Vanne et saint Hydulphe. Qui n’est célébrée nulle part, puisque à ma connaissance aucun monastère issu de Solesmes ne suit le calendrier établi par dom Guéranger.

    Saint Vanne (en latin Vitonus) était l’évêque de Verdun sous Clovis. Saint Hydulphe fut le fondateur de l’abbaye de Moyenmoutier, au VIe siècle. Leurs noms furent réunis en 1601 lorsque dom Didier de La Cour, de l’abbaye Saint-Vanne de Verdun, créa avec l’abbaye Saint-Hydulphe de Moyenmoutier une nouvelle congrégation, qui revenait à la véritable observance de la règle de saint Benoît.

    Cette congrégation, à laquelle appartinrent dom Calmet ou… dom Pérignon, réunit 23 monastères et deux prieurés, et elle fut supprimée à la Révolution française, comme la congrégation de saint Maur (fondée par Louis XIII en France sur le modèle de la congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe fondée en Lorraine) – et ce qui restait de l’ordre de Cluny.

    Lorsque dom Guéranger ressuscita le monachisme bénédictin en France, il voulut se mettre résolument dans la tradition des grandes congrégations d’avant la Révolution. Et même il voulait appeler sa congrégation Saint-Maur. Mais le Saint-Siège ne le voulut pas, car il n’y avait aucune affiliation réelle. D’où le nom de Congrégation de France (qu’on appelle aujourd’hui Congrégation de Solesmes). Dans le calendrier de sa congrégation, dom Guéranger veilla à ce que soit faite une belle place aux saints abbés de Cluny, à saint Maur, et à saint Vanne et saint Hydulphe.

    Omnipotens sempiterne Deus, qui per beatos pontifices Vitonum et Hydulphum Ecclesiam tuam laetificasti, et ordinis monastici splendorem restituere dignatus es, fac nos opem eorum jugiter experiri, et praemia consequi sempiterna.

    Dieu éternel et tout-puissant, qui par les saints pontifes Vanne et Hydulphe as réjoui ton Eglise, et as daigné restituer la splendeur de l’ordre monastique, fais que nous tentions toujours de réaliser leur œuvre, et que nous obtenions les récompenses éternelles.

  • Dédicace de l’Archibasilique du Très Saint Sauveur

    Dans son long texte sur la dédicace du Latran, le bienheureux cardinal Schuster attire l’attention sur une préface du sacramentaire grégorien. On trouve cette préface dans certains missels du début du XIXe siècle, notamment l’Eucologe à l’usage du diocèse de Lyon, en rite lyonnais, de 1828 (dont il est précisé qu’il est imprimé pour la première fois).

    Screenshot_2020-11-06 Eucologe, ou livre d'Eglise, à l'usage du diocèse de Lyon .png

    Il est vraiment digne et juste, c’est notre devoir et c’est notre salut, de te rendre grâces toujours et partout, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel ; et de te rendre l’honneur dû pour la célébration annuelle de la dédicace de ce Tabernacle, toi dont la puissance est grande, la bonté abondante. Regarde, nous te le demandons, Seigneur, du ciel, et vois, et visite cette maison. Afin que quiconque y suppliera en ton nom, tu l’exauces volontiers, et que tu pardonnes dans ta clémence à ceux qui font pénitence. Que les prêtres t’offrent ici le sacrifice de louange. Que la charge des pécheurs soit ici déposée. Que la sainte foi soit ici affermie. Que de ce lieu l’innocence revienne absoute, que l’iniquité s’en éloigne amendée. Qu’il trouve chez toi, Seigneur, un lieu de pardon, celui qui s’y réfugiera en pénitent, et vaincu par une douleur consciente lavera tes autels des ruisseaux de ses larmes. Si ton peuple s’assemble ici triste et affligé, acquiesce à celui qui demande, et toi, à qui il demande, sois indulgent, par le Christ notre Seigneur. Par qui les Anges louent ta majesté, les Dominations t’adorent, les Puissances tremblent, que les Vertus des cieux des cieux, et les bienheureux Séraphins, célèbrent ensemble en exultant. A leurs chants, nous te prions de laisser se joindre aussi nos voix, pour proclamer dans une humble louange :

  • 23e dimanche après la Pentecôte

    Par rapport à saint Marc et à saint Luc, saint Matthieu résume l'épisode de la guérison de l'hémorroïsse et de la résurrection de la fille du "chef".

    De ce fait, il souligne le parallélisme entre les deux miracles, qui ont un même point central : le toucher. La femme malade sera guérie si elle touche le vêtement de Jésus. La jeune fille ressuscite quand Jésus lui prend la main. Le chef lui avait demandé de venir lui « imposer la main ». Un geste qui deviendra essentiel dans plusieurs sacrements. Le Verbe incarné agit par le contact de son corps. Ce contact, par les sacrements, donne la vie. Car le sang, c'est la vie : l'hémorroïsse perdait peu à peu sa vie. Et la résurrection de la jeune fille montre que le contact avec le Christ peut nous rendre la vraie vie à tout moment : « Lève-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera » (Ephésiens, 5, 14).

    Il est intéressant de constater que sur les 35 occurrences du verbe « toucher » (haptomai) dans les évangiles, presque toutes concernent des guérisons (ou des résurrections). Il n’y a que quatre exceptions : quand on présente des petits enfants à Jésus « pour qu’il les touche », quand les pharisiens disent à propos de la pécheresse : « S’il savait qui est cette femme qui le touche », quand le Ressuscité dit aux apôtres : « Touchez-moi », pour constater qu’il n’est pas un fantôme, et quand le Ressuscité dit à Marie Madeleine : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. »

    En fait, les deux premiers emplois peuvent s’assimiler à la guérison : on le fait toucher les enfants pour qu’il leur transmette sa bénédiction et que tout aille bien pour eux, et la pécheresse touche Jésus parce qu’elle vient se convertir. Il reste les deux emplois, après la Résurrection, qui paraissent contradictoires. Mais les deux sont sur des plans très différents. Le premier vise seulement à provoquer une constatation matérielle : Jésus ressuscité a un vrai corps. Et il n’est pas dit, d’ailleurs, que les apôtres aient osé le toucher, comme s’ils allaient encore douter de sa parole…

    Il reste donc comme emploi vraiment étonnant le « Noli me tangere », dernier emploi du mot dans les évangiles. C’est celui qui fait passer du sens terrestre du toucher (celui qu’exercent les apôtres s’ils le touchent) au sens spirituel du toucher. Longtemps esclave de la sensualité, devenue apôtre des apôtres, Marie Madeleine doit savoir que c’est par participation au Royaume qu’elle touchera, non plus le Jésus de chair, mais le Verbe de Dieu.  C’est ce que chante saint Jean au début si impressionnant de sa première épître : « Ce qui était depuis le Principe, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché concernant le Verbe de la Vie… »

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Accéssi, inquit, ad prophetíssam, et in útero accépit et péperit fílium. Quod María prophetíssa fúerit, ad quam próxime accéssit Isaías per prænotiónem spíritus, nemo contradíxerit, qui sit memor verbórum Maríæ, quæ prophético affláta spíritu elocúta est. Quid enim ait ? Magníficat ánima mea Dóminum: et exsultávit spíritus meus in Deo, salutári meo. Quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ: ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes. Quod si ánimum accommodáveris univérsis eius verbis; non útique per dissídium negáveris eam fuísse prophetíssam, quod Dómini Spíritus in eam supervénerit, et virtus Altíssimi obumbráverit ei.

    « Je m’approchai de la prophétesse, dit-il. Elle conçut et enfanta un fils. » Que Marie soit cette prophétesse dont Isaïe s’approche par une prescience spirituelle, nul ne le niera s’il a présentes à la mémoire les paroles que Marie prononça sous une inspiration prophétique. Que dit-elle en effet ? « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur : il s’est penché sur son humble servante, et désormais tous les âges me diront bienheureuse. » Si vous accordez votre âme à toutes ses paroles, vous ne nierez assurément point, par discorde, qu’elle ait été prophétesse, celle sur qui « l’Esprit du Seigneur est venu et que la puissance du Très-Haut a prise sous son ombre. »

    Commentaire de saint Basile sur Isaïe, lecture des matines.