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Liturgie - Page 157

  • Saint Pierre d’Alexandrie

    Depuis Léon XIII qui fit de ce jour la fête de saint Silvestre abbé, la fête de saint Pierre d’Alexandrie n’est plus qu’une mémoire.

    Cardinal Schuster:

    Saint Pierre, le dernier martyr, celui qui scella la persécution de Dioclétien à Alexandrie (+ 311), ainsi que les Grecs le saluent d’un titre d’honneur : sceau et terme de la persécution, est mentionné pour la première fois dans le martyrologe syriaque et, par la suite, par tous les Orientaux, le 24 novembre. Le martyrologe hiéronymien le commémore au contraire aujourd’hui. Son culte, dans l’antiquité, rencontra une grande faveur, si bien qu’il était très populaire même à Antioche. Une si grande célébrité est due, en partie, à la place très importante qu’occupait ce martyr comme patriarche d’Alexandrie, en partie à ses qualités personnelles, et comme directeur du didascaleion d’Alexandrie, et comme auteur sacré. Il est certain que Pierre fut « un splendide exemplaire d’évêque » selon l’attestation d’Eusèbe.

    Les Syriens ont tiré des Actes mêmes de saint Pierre un titre glorieux qu’ils lui attribuent ; ils l’appellent : celui qui passa à travers le mur percé. Les Actes racontent en effet que le peuple d’Alexandrie montait la garde autour de la prison afin qu’aucun des soldats païens ne se hasardât à exécuter la sentence capitale prononcée contre le Patriarche. Que faire ? Il y avait à redouter que la milice se vengeât du peuple soulevé ; alors le saint Pasteur, pour sauver son troupeau, résolut de s’offrir spontanément à la cruauté des bourreaux. Il fit donc savoir secrètement au tribun qu’au cours de la nuit suivante il indiquerait, par des coups, le point où il fallait percer la muraille pour ouvrir un passage à l’intérieur de la prison. Cette nuit-là, par bonheur, un orage avec éclairs, tonnerre et une forte averse, détourna l’attention des sentinelles chrétiennes, de telle sorte que les soldats du tribun purent, sans être dérangés, pratiquer une brèche dans la muraille de la prison. Le saint Patriarche passa donc à travers le mur entr’ouvert et se laissa conduire par les soldats au lieu même que la tradition indiquait comme celui du martyre de saint Marc. Là enfin il fut décapité, et les fidèles ensevelirent son cadavre.

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    Le martyre de saint Pierre d’Alexandrie, l’une des 430 miniatures du ménologe de Basile II (XIe siècle). Selon les Actes du martyre de saint Pierre d’Alexandrie, Jésus lui serait apparu (en prison) avec une tunique déchirée, lui disant : « C’est Arius qui a déchiré ainsi mon vêtement, qui est l’Église. » (Arius avait été ordonné diacre par Pierre, qui l’excommunia ensuite parce qu’il prit parti pour un évêque schismatique. C’est semble-t-il après la mort de Pierre qu’Arius élabora son hérésie. Le propos de Jésus, s’il est réel, serait alors prophétique pour ce qui concerne l’hérésie d’un prêtre qui avait déjà déchiré la tunique.)

  • Sainte Catherine

    Extraits des vêpres byzantines (stichères et doxastikon), par Théodore Vassilikos.

    …Ἀμήν.

    …Amen.

    Κύριε ἐκέκραξα πρὸς σέ, εἰσάκουσόν μου, εἰσάκουσόν μου, Κύριε. Κύριε, ἐκέκραξα πρὸς σέ, εἰσάκουσόν μου πρόσχες τῇ φωνῇ τῆς δεήσεώς μου, ἐν τῷ κεκραγέναι με πρὸς σὲ εἰσάκουσόν μου, Κύριε.

    Seigneur j’ai crié vers toi, exauce-moi, exauce-moi, Seigneur ; Seigneur j’ai crié vers toi exauce-moi, entends la voix de ma supplication quand je crie vers toi, exauce-moi, Seigneur. (Psaume 140)

    Κατευθυνθήτω ἡ προσευχή μου, ὡς θυμίαμα ἐνώπιόν σου, ἔπαρσις τῶν χειρῶν μου θυσία ἑσπερινὴ εἰσάκουσόν μου, Κύριε.

    Que s’élève ma prière comme l’encens devant toi, et l’élévation de mes mains comme le sacrifice vespéral ; exauce-moi Seigneur. (Psaume 140)

    Ἀπὸ φυλακῆς πρωΐας μέχρι νυκτός, ἀπὸ φυλακῆς πρωΐας ἐλπισάτω Ἰσραὴλ ἐπὶ τὸν Κύριον.

    Depuis la veille du matin jusqu’à la nuit, depuis la veille du matin. Israël espère en le Seigneur. (Psaume 129, 6)

    Σήμερον τέρπεται πόλις η Αλεξάνδρεια, τά σπάργανά σου Μάρτυς, εν τώ θείω ναώ σου, κατέχουσα προφρόνως, διό καί ημείς, ευσεβώς εορτάζομεν, Αικατερίνα τήν μνήμην σου τήν σεπτήν, υπερεύχου τών τιμώντων σε.

    En ce jour se réjouit la ville d'Alexandrie qui fut le berceau de ton enfance et possède ton temple divin ; c'est pourquoi nous aussi, nous fêtons avec foi, Catherine, ta mémoire sacrée ; intercède pour les fidèles qui te vénérent.

    Ὅτι παρὰ τῷ Κυρίῳ τὸ ἔλεος, καὶ πολλὴ παρ' αὐτῷ, λύτρωσις καὶ αὐτὸς λυτρώσεται τὸν Ἰσραὴλ ἐκ πασῶν τῶν ἀνομιῶν αὐτοῦ.

    Car la miséricorde est auprès du Seigneur, et une abondante rédemption est en lui, et c'est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités. (Psaume 129)

    Αικατερίνης τήν μνήμην νύν εορτάσωμεν, αυτή γάρ όντως πάσας, τού εχθρού τάς δυνάμεις, εν λόγω τε καί έργω, καθείλε στερρώς, καί Pητόρων τήν ένστασιν, Αλλά δεήσεσι ταύτης ρύσαι ημάς, ο Θεός εκ τών αιρέσεων.

    Fidèles, célébrons la mémoire de Catherine en ce jour ; par sa parole et son action elle fut capable de détruire en effet la puissance de l'ennemi et l'opposition des rhéteurs. Par ses prières, ô notre Dieu, délivre-nous des hérésies.

    Αἰνεῖτε τὸν Κύριον πάντα τὰ ἔθνη, ἐπαινέσατε αὐτόν, πάντες οἱ λαοί.

    Louez le Seigneur, toutes les nations, louez-le, tous les peuples. (ps 116)

    Χαίροις πανένδοξε Μάρτυς Αικατερίνα σεμνή, εν τώ Σινά γάρ όρει, εν ώ είδε τήν βάτον, Μωσής μη φλεγομένην, εν τούτω Χριστός, τό θεάρεστον σκήνός σου, νύν μεταθείς σε φυλάττει έως καιρού, τής δευτέρας παρουσίας αυτού.

    Salut, Catherine, martyre illustre et vénérée, car sur le mont Sinaï, là où Moïse a vu le buisson inconsumé, le Christ a fait porter l'enveloppe de ton corps et te garde jusqu'au temps de sa seconde venue.

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι,

    Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit,

    (Doxastikon)

    Χαρμονικῶς τῇ πανηγύρει, τῆς θεοσόφου Μάρτυρος Αἰκατερίνης, συνδράμωμεν ὦ φιλομάρτυρες, καὶ ταύτην τοῖς ἐπαίνοις, ὡς ἄνθεσι καταστέψωμεν· Χαίροις βοῶντες αὐτῇ, ἡ τῶν φληνάφων Ῥητόρων, τὴν θρασυστομίαν ἐλέγξασα, ὡς ἀπαιδευσίας ἀνάπλεων, καὶ τούτους πρὸς πίστιν θείαν χειραγωγήσασα· Χαίροις ἡ τὸ σῶμα πολυπλόκοις βασάνοις ἐκδοῦσα, δι' ἀγάπην τοῦ Ποιητοῦ σου, καὶ μὴ καταβληθεῖσα, ὡς ἄκμων ἀνάλωτος· Χαίροις ἡ ταῖς ἄνω μοναῖς, ἀντάξια τῶν πόνων εἰσοικισθεῖσα, καὶ δόξης αἰωνίου κατατρυφήσασα, ἧς ἐφιέμενοι οἱ ὑμνῳδοί σου, τῆς ἐλπίδος μὴ ἐκπέσοιμεν.

    A la fête de Catherine la sage-en-Dieu, amis des martyrs, accourons joyeusement, de nos éloges comme de fleurs la couronnant et lui disant : Salut, toi qui réfutas l'insolent bavardage des rhéteurs et les menas de l'ignorance vers la divine foi ; salut, toi qui, par amour du Créateur, livras ton corps aux multiples tourments et résistas comme une enclume sans te laisser broyer ; Salut, toi qui méritas par tes peines les demeures d'en-haut pour y jouir de la gloire éternelle, cet objet de nos désirs : puisse l'espoir de tes chantres ne pas être déçu !

  • Saint Chrysogone

    Cardinal Schuster :

    Il est évident que la liturgie romaine traditionnelle a été comme étouffée par les fêtes nouvelles ajoutées depuis le XVIe siècle, fêtes qui, à Rome, ont une importance très inférieure à celle des fêtes écrites antérieurement en caractères de sang dans ses fastes hagiographiques. Le fait est qu’en ce jour la messe et la station en l’honneur du martyr Chrysogone sont pratiquement supprimées par l’office de saint Jean de la Croix, lequel, d’ailleurs, n’est même pas mort à cette date (14 décembre 1591).

    Voici la notice du bienheureux cardinal Schuster sur saint Chrysogone (cité au canon de la messe après saint Laurent).

    Chrysogone, appelé par les Grecs Megalomartyr (Grand Martyr), semble être un martyr d’Aquilée, qui, dès le IVe siècle, eut une basilique à Rome, comme pour conserver le souvenir de sa résidence à cet endroit du Transtévère.

    Dans les cimetières suburbains, on ne rencontre aucune trace de culte en relation avec un souvenir funéraire de ce Saint ; il faut donc en conclure qu’il ne s’agit pas d’un martyr romain. Cependant Chrysogone fait partie de cette série de martyrs considérés comme romains à cause de leur culte établi dès l’antiquité dans l’une des basiliques de la Ville.

    Il semble que le titulus Chrysogoni remonte au IVe siècle ; tout au moins la base de la statue du Bon Pasteur, retrouvée en ce lieu au XVIIe siècle, peut aisément être attribuée à cette époque.

    II y a quelques années, on retrouva l’ancienne abside et une partie du transept du titulus, dont le niveau primitif correspond à peu près à celui de l’antique excubitorium des gardes, lequel remonte au IIe siècle. L’inscription que transcrivirent les anciens auteurs de recueils épigraphiques est remarquable : In throno sancti Chrysogoni.

    SEDES • CELSA • DEI • PRAEFERT • INSIGNIA • CHRISTI
    QVOD • PATRIS • ET • FILII • CREDITVR • VNVS • HONOR
    Les emblèmes du Christ resplendissent sur le trône même du Tout-Puissant,
    parce qu’au Père et au Fils est due une même adoration.

    La mosaïque devait sans doute représenter l’étimasie habituelle ; quant aux vers, ils trahissent une préoccupation anti-arienne.

    Le nom de Chrysogone est entré dans les diptyques romains du Canon, ce qui nous garantit la faveur dont jouissait dans l’antiquité le culte de ce martyr, dont l’image en mosaïque, avec le nom CHRYSOGONUS, apparaît aussi à Ravenne, tant sur la voûte de la chapelle épiscopale de saint Pierre Chrysologue, que dans la théorie de saints qui orne la nef de Saint-Martin in caelo aureo (Saint-Apollinaire-le-Neuf).

    La messe In virtute est du commun, sauf les collectes qui sont spéciales.

    Collecte. — « Seigneur, exaucez nos supplications, afin que, nous reconnaissant coupables, nous soyons délivrés de nos iniquités, grâce à l’intercession de votre bienheureux Martyr Chrysogone. »

    L’antique discipline de l’Église, durant les trois premiers siècles, reconnaissait aux confesseurs et aux martyrs détenus dans les prisons le privilège d’intercéder auprès de l’évêque, et d’obtenir en faveur des pénitents publics une rémission de leur peine, ou leur rentrée dans la communion de l’Église. Aux martyrs déjà couronnés par Dieu dans le ciel, la liturgie attribue la même prérogative. Leur sang, en vertu de celui du Christ pour qui il fut répandu, peut laver, non seulement leurs taches personnelles, mais aussi celles des fidèles qui recourent à leur intercession.

    Selon la liste des évangiles de Wurzbourg, aujourd’hui le texte assigné pour la messe stationnale était tiré de saint Jean (15, 17-25) : Hæc mando vobis, ut diligátis ínvicem… Quia ódio habuérunt me gratis, que nous avons déjà rapporté pour la fête des saints Simon et Jude le 28 octobre.

    Pour cette fête, les Sacramentaires assignent une préface propre.

    Postcommunion. — « Que par la participation à votre sacrement, Seigneur, nous soyons purifiés de nos fautes cachées et délivrés des pièges de nos ennemis. »

    De quels ennemis s’agit-il ici ? D’ennemis visibles, à l’époque où l’empire romain était attaqué de tous côtés par les barbares, ou bien des assauts des démons ? Nous pouvons aussi envisager comme probable la signification matérielle de ce combat, et c’est pourquoi aujourd’hui la sainte liturgie demande pour nous au Seigneur une double grâce : dans nos âmes, la purification de toute faute ; et, au dehors, échapper à un châtiment semblable à celui que Dieu infligea autrefois, par la main des Barbares et de cet Attila qui s’attribuait à lui-même le nom de fléau de Dieu : flagellum Dei.

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    Saint Chrysogone sur une mosaïque de la chapelle épiscopale de Ravenne.

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    Saint Chrysogone sur une mosaïque de Saint-Apollinaire-le-Neuf (le premier à droite).

  • Saint Clément Ier

    Extrait de son épître aux Corinthiens, traduction de l’abbé Hippolyte Hemmer, 1909.

    Toute sorte de gloire et d’abondance vous a été donnée et cette parole de l’Écriture s’est accomplie : « Le bien-aimé a mangé et bu, il a grossi et s’est engraissé et il a regimbé ! » De là sont nées la jalousie et l’envie, les querelles et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre et la captivité.

    C’est ainsi que se sont insurgés « les hommes de rien contre les hommes les plus considérables », les obscurs contre les illustres, les insensés contre les sages, les jeunes contre les anciens. Ainsi se sont éloignées la justice et la paix, depuis que chacun a délaissé la crainte de Dieu, affaibli les lumières de sa foi ; personne ne marche plus dans la règle des commandements divins, ne mène plus une vie digne du Christ ; chacun va suivant les désirs de son cœur dépravé, laissant revivre en lui la jalousie injuste et impie par laquelle « la mort est entrée dans le monde ».

    Voici en effet ce qui est écrit : « Et, après bien des jours, il arriva que Caïn offrit des fruits de la terre en sacrifice a Dieu ; Abel aussi offrit des premiers-nés de ses brebis et de leur graisse. Et Dieu regarda favorablement Abel et ses présents ; mais il ne fit point attention a Caïn ni à ses sacrifices. Caïn fut vivement contristé, et son visage abattu. Alors Dieu dit à Caïn : Pourquoi es-tu triste et pourquoi ton visage est-il abattu ? N’as tu pas péché, si en offrant correctement ton sacrifice tu n’en as pas fait correctement le partage ? Apaise-toi : ton offrande te reviendra et tu en seras le maître. Et Caïn dit à Abel son frère : Allons dans la plaine. Et lorsqu’ils furent dans la plaine, Caïn se jeta sur Abel son frère et le tua. » Vous le voyez, mes frères, la jalousie et l’envie ont commis un fratricide.

    C’est à cause de la jalousie que Jacob notre père a fui devant son frère Esaü. C’est à cause de la jalousie que Joseph a été persécuté à mort et réduit en servitude. C’est la jalousie qui a contraint Moïse de fuir devant Pharaon, roi d’Égypte, le jour où il entendit un de ses compatriotes lui dire : « Qui est-ce qui t’a établi notre arbitre ou notre juge ? Est-ce que tu veux me tuer comme l’égyptien que tu as tué hier ? ».

    C’est à cause de la jalousie qu’Aaron et Marie furent bannis du camp. C’est la jalousie qui précipita tout vivants dans l’enfer Dalhan et Abiron, parce qu’ils s’étaient soulevés contre Moïse, le serviteur de Dieu. C’est par suite de la jalousie que David subit, non seulement l’envie des étrangers, mais encore la persécution de Saül, roi d’Israël.

    Mais, pour laisser de côté les exemples anciens, venons-en aux athlètes tout récents, prenons les généreux exemples de notre génération. C’est par l’effet de la jalousie et de l’envie que furent persécutés ceux qui étaient les colonnes les plus élevées et les plus justes et qu’ils combattirent jusqu’à la mort. Jetons les yeux sur les excellents Apôtres : Pierre, qui, victime d’une injuste jalousie, souffrit non pas une ou deux, mais de nombreuses fatigues, et qui, après avoir ainsi accompli son martyre, s’en est allé au séjour de gloire qui lui était dû. C’est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré (comment on remporte) le prix de la patience. Chargé sept fois de chaînes, banni, lapidé, devenu un héraut en Orient et en Occident, il a reçu pour sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, atteint les bornes de l’Occident, accompli son martyre devant ceux qui gouvernent, il a quitté le monde et s’en est allé au saint lieu, illustre modèle de patience.

    A ces hommes dont la vie a été sainte vint s’adjoindre une grande foule d’élus qui, par suite de la jalousie, endurèrent beaucoup d’outrages et de tortures, et qui laissèrent parmi nous un magnifique exemple.

    C’est poursuivies par la jalousie, que des femmes, les Danaïdes et les Dircés, après avoir souffert de terribles et monstrueux outrages, ont touché le but dans la course de la foi, et ont reçu la noble récompense, toutes débiles de corps qu’elles étaient.

    La jalousie a aliéné des épouses a leurs maris, elle a altéré la parole d’Adam, notre père : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair. » Jalousie et discorde ont détruit de grandes villes, et anéanti de puissantes nations.

    Nous vous écrivons tout ceci, bien-aimés, en manière, non seulement de réprimande pour vous, mais encore d’avertissement pour nous-mêmes : car nous sommes dans la même arène que vous, le même combat nous attend. Laissons donc là les soucis vains et inutiles, rangeons-nous à la glorieuse et vénérable règle de notre tradition.

    Voyons ce qui est beau aux yeux de notre Créateur, ce qui le charme, ce qui lui plaît. Fixons nos regards sur le sang du Christ, et connaissons combien il est précieux pour Dieu, son père, parce qu’ayant été versé pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce de la pénitence.

  • 25e et dernier dimanche après la Pentecôte

    La collecte de ce dimanche, le dernier de l’année liturgique, commence par « Excita ». La collecte de dimanche prochain, premier dimanche de la nouvelle année liturgique, commence par « Excita ».

    Ainsi sont explicitement reliés le dernier maillon et le premier maillon (il en est de même de l’évangile qui évoque, les deux dimanches, la fin du monde). L’année liturgique n’est pas fermée sur elle-même, elle est un cycle lié à un autre cycle, et même à deux autres cycles : celui qui précède et celui qui suit. Telle est la spirale liturgique, qui paraît imprimer chaque année le même cercle mais d’Excita en Excita fait monter le fidèle d’un degré vers le ciel.

    Excito, c’est faire sortir de sa tanière la bête qu’on chasse, c’est « lever » le lièvre, c’est, de même, « évoquer » les morts. Donc éveiller, réveiller, faire se lever, relever, élever, exciter.

    Si dans les deux collectes le verbe est le même, et à l’impératif, premier mot de la prière comme un commandement impérieux, le complément n’est pas du tout le même.

    Dans la collecte de ce dimanche, l’Eglise demande à Dieu d’« exciter » la volonté des fidèles pour qu’ils puissent recevoir de plus grands remèdes en recherchant avec plus d’ardeur le fruit des œuvres divines (n’est-ce pas un programme pour l’année à venir ?). Dans la collecte du premier dimanche de l’Avent, l’Eglise demande au Christ d’« exciter » sa puissance pour venir nous visiter et nous libérer. La perspective est donc radicalement différente.

    La collecte du dimanche avant Noël commence comme celle du premier dimanche de l’Avent, et elle a la même signification.

    La collecte du deuxième dimanche de l’Avent commence elle aussi par « Excita ». Et là il s’agit de nouveau des fidèles : « Excitez nos cœurs à préparer les voies de votre Fils unique. » Ce qui est proche de la collecte de ce dernier dimanche de l’année, surtout si l’on voit, et ce n’est certainement pas illégitime, le Christ qui vient à Noël comme « le fruit des œuvres divines » que nous devons rechercher…

  • Présentation de la Sainte Vierge

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    L'église de Palazzo Adriano, hier, vigile de la fête.

    Kondakion de la fête de l’Entrée de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple, en l’église Sainte-Marie-de-l’Amiral, co-cathédrale de l’éparchie de Piana degli Albanesi, siège de la paroisse Saint-Nicolas-des-Grecs, familièrement appelée la Martorana. A Palerme.

    Ὁ καθαρώτατος ναὸς τοῦ Σωτῆρος, ἡ πολυτίμητος παστὰς καὶ Παρθένος, τὸ ἱερὸν θησαύρισμα τῆς δόξης τοῦ Θεοῦ, σήμερον εἰσάγεται, ἐν τῷ οἴκῳ Κυρίου, τὴν χάριν συνεισάγουσα, τὴν ἐν Πνευματι Θείῳ· ἣν ἀνυμνοῦσιν Ἄγγελοι Θεοῦ· Αὕτη ὑπάρχει σκηνὴ ἐπουράνιος.

    Le temple très pur du Sauveur, la très précieuse chambre nuptiale, la Vierge, trésor sacré de la gloire de Dieu, est aujourd’hui conduite dans la maison du Seigneur et y apporte avec elle la grâce de l’Esprit divin ; les anges de Dieu lui chantent : elle est le tabernacle céleste.

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    L’amiral est Georges d’Antioche, bras droit du roi Roger II de Hauteville : c’est lui qui fit construire l’église en 1143. Il a fait faire une mosaïque qui le représente prosterné devant la Vierge (« Prière de ton serviteur Georges »), et sur le rouleau la Mère de Dieu certifie que c’est lui, « le premier de tous les commandants », qui a construit cette maison pour elle. Quant à Roger II (petit-fils de Viking sédentarisé en Normandie) il s’est fait carrément représenté devant le Christ qui le couronne.

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  • Saint Félix de Valois

    En 2017 un lecteur me signalait une statue de saint Félix de Valois au Palais national de Mafra au Portugal. La voici. C’est l’une des… 58 statues italiennes en marbre de Carrare de la basilique du palais.

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  • Sainte Elisabeth de Hongrie

    Elisabeth (1207-1231), fille du roi de Hongrie, femme de Louis IV de Thuringe, fut canonisée dès 1235 par Grégoire IX. Sa fête fut supprimée par saint Pie V en 1568, et rétablie par Clément X en 1671.

    La messe est du commun des saintes femmes, mais Clément X voulut que la collecte soit celle qui avait été composée lors de la canonisation.

    Et c’est une belle collecte, très « classique », dans le style traditionnel des grands sacramentaires :

    Tuórum corda fidélium, Deus miserátor, illústra : et, beátæ Elisabeth précibus gloriósis ; fac nos próspera mundi despícere, et cælésti semper consolatióne gaudére.

    Dieu de miséricorde, éclairez les cœurs de vos fidèles, et, touché des glorieuses prières de sainte Élisabeth, faites-nous mépriser les prospérités du monde et jouir sans cesse des consolations célestes.

    Naturellement, cette collecte a été mise à la poubelle par les fabricants de la néo-liturgie. Comme toutes les oraisons qui évoquaient le mépris des choses de ce monde, puisque désormais on doit les exalter…

    On a donc inventé une nouvelle collecte, totalement différente :

    Deus, qui beátæ Elísabeth tribuísti in paupéribus Christum cognóscere ac venerári, da nobis, eius intercessióne, egénis et tribulátis iugi caritáte servíre. Per Dóminum.

    Dieu, Tu as donné à la bienheureuse Élisabeth de reconnaître et de vénérer le Christ dans les pauvres, accorde-nous, par son intercession, de servir avec une inépuisable charité ceux qui sont dans le besoin et l'affliction.

    Cette oraison est sans doute comme d’habitude un patchwork de formules de provenance diverse (les mots egenis et tribulatis se trouvent dans une prière monastique mozarabe). Il n’y a rien à lui reprocher, sauf qu’elle peut servir à de très nombreux saints connus pour leur charité envers les pauvres. Certes, ce fut le cas de sainte Elisabeth, mais quand on célèbre une princesse, ce qui importe d’abord est de vanter sa propre pauvreté, son mépris des biens de ce monde. Mais comme on fait semblant de ne plus comprendre le sens et la portée de ce « mépris » (qui n’a rien de cathare), on a jeté avec l’oraison la spécificité de cette sainteté.

  • Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul

    Si nous désirons être vraiment sages et contempler la sagesse même, reconnaissons humblement que nous ne sommes que des insensés. Renonçons à une sagesse dangereuse, apprenons une folie digne de louanges. C’est pour nous y engager qu’il est écrit : « Dieu a choisi ce qui est insensé selon le monde pour confondre les sages ». C’est pour cela encore qu’il a été dit : « Si quelqu’un d’entre vous paraît sage selon ce siècle, qu’il devienne fou pour être sage ». C’est pour cela enfin que les paroles de l’Évangile nous attestent que Zachée, ne pouvant voir à cause de la foule, monta sur un sycomore afin de contempler le Seigneur à son passage. Le mot sycomore signifie, en effet, figuier fou.

    Zachée, qui était très petit de taille, monta donc sur un sycomore et vit le Seigneur ; car ceux qui choisissent humblement ce que le monde taxe de folie, contemplent avec clarté la sagesse de Dieu. La foule empêche notre petitesse de voir le Seigneur parce que le tumulte des sollicitudes du siècle accable l’infirmité de l’esprit humain, de telle sorte qu’il ne peut porter ses regards vers la lumière de la vérité. Mais nous montons sagement sur le sycomore, si nous gardons avec soin en notre esprit cette folie que nous conseillent les préceptes divins. Qu’y a-t-il en ce monde de plus insensé que de ne pas chercher à recouvrer les biens que l’on a perdus ; d’abandonner ce qu’on possède à ceux qui le ravissent ; de ne pas rendre injure pour injure, mais au contraire de n’opposer que la patience à un surcroît d’outrages ?

    Le Seigneur nous ordonne, en quelque sorte, de monter sur le sycomore, quand il nous dit : « Ne redemandez point votre bien à celui qui vous le ravit », et aussi : « A quiconque vous frappe sur une joue, présentez encore l’autre ». Du haut du sycomore on aperçoit le Seigneur qui passe ; car, grâce à cette sage folie, on voit la sagesse de Dieu, non point encore d’une manière complète et durable, mais par la lumière de la contemplation, et comme en passant. Au contraire ceux qui paraissent sages à leurs propres yeux ne le sauraient apercevoir, car, arrêtés par la foule de leurs orgueilleuses pensées, ils n’ont pas encore trouvé le sycomore pour contempler le Seigneur.

    Saint Grégoire le Grand, Morales sur Job, livre 27, ch. 21, lecture des matines avant 1960.

  • Saint Grégoire le Thaumaturge

    Premier stichère des laudes byzantines, par Ioannis Arvanitis et le chœur byzantin de Corfou, en l’église de la Sainte Trinité, le 17 novembre 2013, lors de la 3e réunion de musique byzantine organisée par le Chœur byzantin de Corfou. Ioannis Arvanitis est docteur en musicologie de l’Université ionienne de Corfou. Il a participé à un enregistrement de chants de l’abbaye gréco-catholique de Grottaferrata avec la Capella Romana.

    Χαίροις θεολογίαις σαφῶς, ἱερωτάταις ἱερῶς σεμνυνόμενος, ὁ στῦλος τῆς Ἐκκλησίας, ἡ τῶν δογμάτων κρηπίς, τὸ τοῦ Παρακλήτου θεῖον ὄργανον, ὁ νοῦς ὁ οὐράνιος, ἡ κιθάρα τοῦ Πνεύματος, ποιμὴν ὁ μέγας, καὶ Χριστοῦ Ἀρχιποίμενος, θρέμμα γνήσιον, καὶ ἀρνίον πραότατον· κρήνη ἀναβλυστάνουσα, δογμάτων τὰ νάματα, καὶ ἰαμάτων τὰ ῥεῖθρα, ἱερομύστα Γρηγόριε, Χριστὸν ἐκδυσώπει, ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν δοθῆναι, τὸ μέγα ἔλεος.

    Réjouis-toi, qui t'illustras par ta sainte théologie, colonne de l'Eglise, son ferme docteur, admirable instrument du Paraclet, esprit céleste, cithare de l'Esprit, sublime pasteur et toi-même doux agneau, brebis chérie du suprême Pasteur, fontaine d'où jaillissent la doctrine et les flots de guérisons, / pontife Grégoire, prie le Christ d'accorder à nos âmes la grande miséricorde.