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Liturgie - Page 146

  • Lundi de la troisième semaine de carême

    Introït :

    In Deo laudábo verbum, in Dómino laudábo sermónem : in Deo sperábo, non timebo, quid fáciat mihi homo.
    Miserére mei, Deus, quóniam conculcávit me homo : tota die bellans tribulávit me.

    Je louerai en Dieu la parole qu’il m’a donnée ; je louerai dans le Seigneur sa promesse. J’espérerai en Dieu ; je ne craindrai point ce que l’homme peut me faire.
    Ayez pitié de moi, ô Dieu, car l’homme m’a foulé aux pieds ; tout le jour en me faisant la guerre, il m’a tourmenté.

    Graduel :

    Deus, vitam meam annuntiávi tibi : posuísti lácrimas meas in conspéctu tuo. Miserére mei, Dómine, quóniam conculcávit me homo : tota die bellans tribulávit me.

    O Dieu, je vous ai exposé toute ma vie ; vous avez mis mes larmes devant vous. Ayez pitié de moi, ô Dieu, car l’homme m’a foulé aux pieds ; tout le jour en me faisant la guerre, il m’a tourmenté.

    Hier nous avons vu dans le graduel l’annonce que le Fils de Dieu triomphera de « l’homme ». Cet « homme », qui désigne à la fois le démon et ce qui est mauvais en l’homme (« l’homme ennemi » comme dit la parabole de l’ivraie), on le trouve deux fois dans la messe d’aujourd’hui. De nouveau dans le graduel, à la faveur cette fois du psaume 55 – c’est une plainte de la Passion, et cette plainte est aussi le verset de l’introït (il se trouve que c’est le premier verset du psaume), tandis que l’antienne est le verset 5 qui exprime l’espérance et l’assurance de la Résurrection.

  • 3e dimanche de carême

    Exsúrge, Dómine, non præváleat homo : judicéntur gentes in conspéctu tuo. ℣. In converténdo inimícum meum retrórsum, infirmabúntur, et períbunt a facie tua.

    Levez-vous, Seigneur ; que l’homme ne triomphe pas ; que les nations soient jugées devant votre face. ℣. Parce que vous avez fait retourner mon ennemi en arrière, ils vont être épuisés, et ils périront devant votre face.

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    Le texte du graduel de la messe de ce dimanche est pris du psaume 9 : le corps est le verset 20, le verset est le verset 4. On a ainsi d’abord une supplication, puis un chant de triomphe. Le triomphe de Dieu qui a vaincu mon ennemi, « l’homme », tout ce qui est mauvais en l’homme. En ce temps de carême, où nous accompagnons Jésus montant à Jérusalem pour sa Passion, c'est d'abord de lui qu'il s'agit : le Fils de Dieu triomphera, « l’homme » ne prévaudra pas contre lui.

    Comme la plus grande partie des graduels, celui-ci est composé de formules que l’on trouve dans d’autres graduels (centon). On remarquera cependant que les formules sur deux mots clefs, « homo » et « peribunt », sont originales (et très élaborées).

    On remarquera aussi la longue formule conclusive identique du corps et du verset, sur tuo et tua, illustrant deux expressions de même signification : in conspectu tuo et a facie tua.

  • Samedi de la deuxième semaine de carême

    ℟. Pater, peccávi in cælum, et coram te : jam non sum dignus vocári fílius tuus :
    * Fac me sicut unum ex mercenáriis tuis.
    . Quanti mercenárii in domo patris mei abúndant pánibus, ego autem hic fame péreo ! Surgam, et ibo ad patrem meum, et dicam ei :
    ℟. Fac me sicut unum ex mercenáriis tuis.

    Père, j’ai péché contre le ciel et à tes yeux ; je ne suis pas digne d’être appelé ton fils. * Traite-moi comme l’un de tes domestiques.
    Combien de domestiques, dans la maison de mon père, ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, et j’irai vers mon père, et je lui dirai :
    * Traite-moi comme l’un de tes domestiques.

    C’est l’un des trois répons de matines, au cours du carême, qui reprennent l’évangile du jour (dans l’exacte version de la Vulgate). On remarquera sa construction. Il commence comme si le fils se confessait à son père. Mais c’est ce qu’il pensait qu’il dirait à son père. Le verset le souligne, en reprenant du répons, non ce que dit effectivement le fils à son père, mais ce qu’il ne lui dit pas, parce que son père l’a étreint et ne l’a pas laissé finir. Ce qui renforce le côté déjà si émouvant de la scène, qui jette une indicible lumière de tendresse sur le sacrement de pénitence.

    Si l’on veut avoir un aperçu du chant de ce répons, on pourra écouter l’Oratoire d’Oxford. Malheureusement c’est du plain chant moderne, qui casse le mouvement en refusant les arsis et les thesis et paraît ânonner alors que ce sont de bons chanteurs.

    En revanche j’ai trouvé une bonne interprétation du motet d’Adrian Willaert, par un ensemble allemand qui ne sacrifie à aucune des modes du moment. J’apprends que Singer Pur, c’est leur nom, a été formé par d’anciens petits chanteurs de Ratisbonne : les Regensburger Domspatzen, que dirigeait alors Georg Ratzinger…

  • Acathiste

    Vendredi soir de carême, le temps de l'Acathiste chez les byzantins. Voici l'hymne "Invincible chef d'armée", par Giorgios Theodoridis, protopsalte de l'église Sainte-Sophie de... Washington.

    Τῇ ὑπερμάχῳ Στρατηγῷ τὰ νικητήρια,
    Ὡς λυτρωθεῖσα τῶν δεινῶν εὐχαριστήρια,
    Ἀναγράφω σοι ἡ Πόλις σου Θεοτόκε.
    Ἀλλ᾿ὡς ἔχουσα τὸ κράτος ἀπροσμάχητον,
    Ἐκ παντοίων με κινδύνων ἐλευθέρωσον,
    Ἵνα κράζω σοι· Χαῖρε, Νύμφη ἀνύμφευτε.

    Invincible chef d’armée, à toi les accents de victoire ! Libérée du danger, ta ville, ô Mère de Dieu, t'offre des hymnes de reconnaissance. Toi dont la puissance est irrésistible, de tout péril délivre-moi, pour que nous puissions t'acclamer : Salut à Toi, Epouse inépousée !

  • Vendredi de la deuxième semaine de carême

    Dom Pius Parsch :

    La messe d’aujourd’hui est encore dominée tout entière par le thème de la Passion. Les antiennes du matin et du soir ont aussi pour objet la Passion.

    « Il fera périr misérablement ces misérables, et il donnera sa vigne à d’autres vignerons qui lui rapporteront du fruit en leur temps » (Ant. Bened.).

    « Ils cherchaient à l’arrêter, mais ils craignaient le peuple, parce que le peuple le considérait comme un prophète » (Ant. Magn.).

    Nous devons ressentir, aujourd’hui, la tragédie du peuple juif qui, après avoir été le peuple élu, fit mourir son Messie.

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    L’antienne de Benedictus est complexe et sinueuse, comme si elle voulait embrasser toute l’histoire du peuple élu qui se trouve dépossédé de sa vigne au profit d’autres cultivateurs. C’est ce mot de cultivateurs qui domine, au milieu de l’antienne, tout en haut du mode. Du moins si l’on admet que nous sommes en 3e mode avant la toute fin de l’antienne, car on se dirait bien en 8e mode, et si tel est le cas les cultivateurs crèvent le plafond. Et le mot suivant, qui, est encore au-dessus, puisque ce qui importe est que les nouveaux vignerons produisent du fruit.

    Screenshot_2021-03-04 GregoBase - Quaerentes eum tenere.png

    L’antienne de Magnificat est en revanche très simple, mais elle met discrètement en valeur les mots importants : eum tenere, pour l’action, et prophetam, pour le personnage, ce qui souligne que celui que la foule « tenait pour un prophète » était bel et bien Le Prophète annoncé par Moïse.

  • Jeudi de la deuxième semaine de carême

    Precátus est Móyses in conspéctu Dómini, Dei sui, et dixit : Quare, Dómine, irascéris in pópulo tuo ? parce iræ ánimæ tuæ : meménto Abraham, Isaac et Iacob, quibus iurásti dare terram fluéntem lac et mel. Et placátus est Dóminus de malignitáte, quam dixit fácere pópulo suo

    Il n’y avait pas de messe les jeudis de carême à Rome jusqu’à Grégoire II (715-731). Les chants sont pris d’autres messes.

    Cardinal Schuster :

    L’antienne de l’offertoire est celle du XIIe dimanche après la Pentecôte ; mais le texte seul, quelque sublime qu’il soit, ne dit pas tout et il faut l’entendre, revêtu des mélodies de la Schola grégorienne : « Moïse se tenant devant son Dieu, se mit a le conjurer : « Pourquoi, Seigneur, êtes-vous irrité contre votre peuple ? Retenez votre colère et souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, auxquels vous avez promis avec serment de leur accorder une terre sur laquelle couleraient le lait et le miel. » Et l’indignation du Seigneur s’apaisa, alors qu’elle était prête à se décharger sur son peuple... » Ce texte (Exod. XXXII) est très important, même au point de vue théologique, puisqu’il démontre contre les protestants avec quelle efficacité sont invoqués par les fidèles les mérites des saints, pour se rendre propice la miséricorde divine.

    L’Évangile avait rappelé au mauvais riche Moïse et les prophètes à qui il convient de prêter foi, sans attendre de nouveaux prodiges de morts venant nous apporter des nouvelles de l’enfer ; et voici que Grégoire II trouve un gracieux moyen d’introduire également le souvenir de ces anciens patriarches dans l’offertoire.

    La collecte sur les offrandes a toujours en vue le but de sacrifice stationnal, qui est celui de consacrer le jeûne. Aussi à Rome dès l’antiquité, le principe prévalut-il, qu’il n’y eût pas de jeûne sans que sa cessation en fût sanctifiée par l’oblation eucharistique. Messe et jeûne sont comme deux termes corrélatifs. La messe indique toujours la cessation du jeûne — aussi durant le jeûne ne célèbre-t-on pas le banquet eucharistique — mais on ne conçoit pas un jeûne ne se terminant pas par la Messe.

  • Mercredi de la deuxième semaine de carême

    Deus, innocéntiæ restitútor et amátor, dírige ad te tuórum corda servórum : ut, spíritus tui fervóre concépto, et in fide inveniántur stábiles, et in ópere efficáces. Per Dóminum.

    O Dieu, qui aimez et rendez l’innocence, dirigez vers vous les cœurs de vos serviteurs, afin qu’ayant commencé à être fervents grâce à votre Esprit, ils soient trouvés fermes dans la foi et agissants quant aux œuvres. Par Notre-Seigneur.

    Jésus se nourrit parmi les lis et aime, d’un amour de préférence, l’innocence des vierges. Son sang néanmoins blanchit les vêtements des pénitents ; aussi, dans la bénédiction sur le peuple, le prêtre invoque-t-il aujourd’hui cette aspersion purificatrice afin que les fidèles enflammés d’une sainte ferveur, soient fermes dans la foi, et se montrent actifs dans le bien.

    Le privilège que Jésus accorde à ses plus intimes est celui de boire à son propre calice. Il est amer, mais fortifiant pour l’âme. L’amour a besoin de sacrifice et de douleur et s’en nourrit. Plus on aime Jésus, et plus on souffre pour Jésus. On souffre parce que l’on aime, et l’on aime, justement parce que la douleur alimente la chaste flamme de l’amour. Aussi le Séraphin d’Assise, stigmatisé aux mains, aux pieds et au côté, prêchait-il au peuple l’amour et la souffrance dans ces vers : « Si grand est le bien que j’attends, Que toute peine m’est délice. »

    « Tanto è quel bene ch 'io aspetto, che ogni pena m'è diletto. »

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Mardi de la deuxième semaine de carême

    Unus est enim magíster vester, qui in cælis est, Christus Dóminus.

    Un seul est votre maître, celui qui est dans les cieux, le Christ, le Seigneur.

    Omnes autem vos fratres estis : et patrem nolíte vocáre vobis super terram : unus est enim Pater vester, qui in cælis est : nec vocémini magístri, quia magíster vester unus est Christus.

    Tous, vous êtes frères : et n’appelez sur la terre personne votre père : car un seul est votre Père, lequel est dans les cieux : qu’on ne vous appelle pas non plus maître, parce qu’un seul est votre maître, le Christ.

    Les antiennes de Benedictus et de Magnificat insistent sur cet aspect de l’évangile du jour. Voici les explications patristiques recueillies par saint Thomas d’Aquin dans sa Chaîne d’or.

    «N'appelez aussi personne sur la terre votre père»,etc. - S. Chrys. (sur S. Matth). Quoi que sur la terre ce soit l'homme qui donne naissance à l'homme, cependant il n'y a qu'un seul Père qui nous a tous créés, car ce n'est pas le principe de la vie, mais la simple transmission de la vie que nous recevons de nos parents. - Orig. Mais quel est celui qui ne donne à personne le nom de Père sur la terre? Celui qui par toutes ses actions accomplies selon la volonté de Dieu lui dit: «Notre Père qui êtes dans les cieux». - La Glose. Notre-Seigneur venait de leur enseigner clairement quel était le Père de tous les hommes, par ces paroles: «Qui est dans les cieux»; il veut également leur apprendre quel est le maître de tous les hommes, et c'est pour cela qu'il répète de nouveau ce commandement: «Qu'on ne vous appelle point non plus maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, qui est le Christ» - S. Chrys. (hom. 72). Il dit que le Christ est le seul maître, non point par exclusion du Père, pas plus que ce n'est par exclusion du Fils qu'il appelle Dieu le Père le seul père de tous les hommes. - S. Jér. On se demande comment, contrairement à ce précepte, l'Apôtre s'est appelé lui-même le docteur des nations, et pourquoi aussi, dans les monastères, les religieux, dans le langage ordinaire, se donnent réciproquement le nom de pères. Nous répondons qu'il y a deux manières différentes d'être père ou maître: l'une par nature, l'autre par condescendance ou par concession. C'est ainsi qu'en donnant à un homme le nom de père nous honorons son âge, sans le reconnaître pour l'auteur de nos jours. Nous l'appelons également maître, à cause de son union avec le véritable Maître, et, pour ne pas me répéter à l'infini, de même qu'un seul Dieu et un seul Fils de Dieu par nature n'empêchent pas que les hommes soient appelés dieux ou enfants de Dieu par adoption, de même un seul Père et un seul Maître ne font pas obstacle à ce que le nom de pères et de maîtres soit donné aux hommes par extension.

    Chrys. (hom. 72). Le Seigneur ne se contente pas de défendre d'ambitionner les premières places, mais il veut faire entrer ses disciples dans une voie tout opposée, en ajoutant: «Celui qui est le plus grand parmi vous sera le serviteur des autres». - Orig. Ou bien encore: Celui qui distribue la parole de Dieu, et qui sait à n'en pouvoir douter que c'est Jésus-Christ qui la rend féconde, se considère non pas comme maître, mais comme serviteur. C'est pour cela qu'il ajoute: «Celui qui est le plus grand parmi vous sera votre serviteur», car Jésus-Christ lui-même, qui était véritablement maître, n'a-t-il pas déclaré qu'il était serviteur en ces termes: «Je suis au milieu de vous comme celui qui sert»? Or, il termine admirablement tous ses enseignements qui proscrivent l'amour de la vaine gloire par ces paroles «Car quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'humiliera sera élevé». - Remi. Paroles dont voici le sens: Tout homme qui s'enorgueillit de ses propres mérites sera humilié devant Dieu, et celui qui ne se glorifie que des grâces qu'il a reçues de Dieu sera élevé aux yeux de Dieu.

  • Lundi de la deuxième semaine de carême

    La journée d’aujourd’hui nous permet de signaler une petite évolution dans la liturgie du Carême. Assurément, on ne peut pas parler d’une construction systématique des messes du Carême, car elles ne datent pas de la même époque. Nous découvrons cependant, dans les grandes lignes, un mouvement en avant. Les quatre premiers jours forment une unité ; ils veulent nous conduire à une pratique du jeûne agréable à Dieu. La première semaine, elle aussi, peut être considérée comme formant un tout. La pensée directrice est celle-ci : Le Christ, Moïse, Élie nous enseignent à voir, dans le jeûne de quarante jours, une arme contre le diable et le chemin qui nous mènera à la transfiguration pascale. Aujourd’hui, nous voyons apparaître au premier plan le thème de la Passion. Le Seigneur se dispose à mourir. Les Évangiles annoncent sa Passion. D’autres pièces (Leçon, Offertoire) nous montrent le Seigneur comme médiateur et rédempteur.

    Aujourd’hui, pour la première fois, nous voyons le Seigneur en lutte contre le judaïsme. Il parle aussi de sa mort. L’Évangile commence par cette parole significative : Je m’en vais. Le Christ parle de son « élévation » sur la Croix. La leçon est la prière de Daniel qui est, ici, la figure du Christ ; c’est la prière du Seigneur mourant pour les péchés. Qu’est donc le Sauveur dans la messe d’aujourd’hui ? Il est le Daniel priant, qui prend sur lui la dette des péchés d’Israël (de l’Église), qui prend aussi nos péchés. Il est animé, aujourd’hui, des mêmes sentiments d’offrande et d’abandon qu’il avait durant sa vie, des sentiments dont il parle dans l’Évangile et qu’il a manifestés dans sa mort sur la Croix.

    Dom Pius Parsch

  • Deuxième dimanche de carême

    La belle antienne de communion de ce dimanche est à la fois une vive supplication et une tendre déclaration d’amour. La longue première phrase et la brève deuxième se terminent de la même façon, par une révérence pleine de confiance sur « mon Dieu » puis sur « Domine ».

    Intéllige clamórem meum, inténde voci oratiónis meæ, Rex meus et Deus meus ; quóniam ad te orábo, Dómine.

    Comprenez mon cri. Soyez attentif à la voix de ma prière, mon roi et mon Dieu, car c’est vous que je prierai, Seigneur.