Precátus est Móyses in conspéctu Dómini, Dei sui, et dixit : Quare, Dómine, irascéris in pópulo tuo ? parce iræ ánimæ tuæ : meménto Abraham, Isaac et Iacob, quibus iurásti dare terram fluéntem lac et mel. Et placátus est Dóminus de malignitáte, quam dixit fácere pópulo suo
Il n’y avait pas de messe les jeudis de carême à Rome jusqu’à Grégoire II (715-731). Les chants sont pris d’autres messes.
L’antienne de l’offertoire est celle du XIIe dimanche après la Pentecôte ; mais le texte seul, quelque sublime qu’il soit, ne dit pas tout et il faut l’entendre, revêtu des mélodies de la Schola grégorienne : « Moïse se tenant devant son Dieu, se mit a le conjurer : « Pourquoi, Seigneur, êtes-vous irrité contre votre peuple ? Retenez votre colère et souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, auxquels vous avez promis avec serment de leur accorder une terre sur laquelle couleraient le lait et le miel. » Et l’indignation du Seigneur s’apaisa, alors qu’elle était prête à se décharger sur son peuple... » Ce texte (Exod. XXXII) est très important, même au point de vue théologique, puisqu’il démontre contre les protestants avec quelle efficacité sont invoqués par les fidèles les mérites des saints, pour se rendre propice la miséricorde divine.
L’Évangile avait rappelé au mauvais riche Moïse et les prophètes à qui il convient de prêter foi, sans attendre de nouveaux prodiges de morts venant nous apporter des nouvelles de l’enfer ; et voici que Grégoire II trouve un gracieux moyen d’introduire également le souvenir de ces anciens patriarches dans l’offertoire.
La collecte sur les offrandes a toujours en vue le but de sacrifice stationnal, qui est celui de consacrer le jeûne. Aussi à Rome dès l’antiquité, le principe prévalut-il, qu’il n’y eût pas de jeûne sans que sa cessation en fût sanctifiée par l’oblation eucharistique. Messe et jeûne sont comme deux termes corrélatifs. La messe indique toujours la cessation du jeûne — aussi durant le jeûne ne célèbre-t-on pas le banquet eucharistique — mais on ne conçoit pas un jeûne ne se terminant pas par la Messe.
Commentaires
Pardonnez-moi, je ne suis pas sûr de bien comprendre pas bien le dernier paragraphe de Schuster : il n'y a pas de jeûne quand il y a une messe? Ce qui veut dire qu'à l'origine, le carême commençait plus tôt pour comporter 40 jours en excluant les jeudis? et que pendant les 40 jours de jeûne, il n'y avait pas de messes du tout?
Je crois qu'il ne parle pas du carême mais du jour de jeûne. Quand un jour est jour de jeûne (carême, quatre temps, vigile) le jeûne se termine par la messe. En fait tous les jours la messe met fin au jeûne (eucharistique). Les jours de jeûne la messe est repoussée en fin de journée. Et comme la fin de journée est remontée de plus en plus tôt, on a fini (avant de tout bazarder) par dire la messe avant midi, et les vêpres juste après la messe et avant le repas.
Il est curieux de constater que ce que dit le cardinal de la journée: "aussi durant le jeûne ne célèbre-t-on pas le banquet eucharistique", les byzantins l'ont appliqué au carême : ils n'ont pas de messe les jours de jeûne...