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Liturgie - Page 148

  • Vendredi après les Cendres

    Le carême est d’abord un temps de jeûne, comme le rappelle la collecte de ce jour : « Seigneur, veuillez accompagner de votre bienveillance les jeûnes que nous avons commencés ; pour que cette observance pratiquée corporellement, nous puissions aussi l’accomplir avec des âmes sincères. »

    Mais deux autres « exercices » ont également une importance particulière : la prière et l’aumône.

    C’est ce que soulignent ce jour les antiennes de Benedictus (au laudes) et de Magnificat (à vêpres) :

    Cum facis eleemósynam nésciat sinístra tua quid fáciat déxtera tua.

    Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite.

    Tu autem cum oráveris, intra in cubículum tuum: et clauso óstio, ora Patrem tuum.

    Mais toi quand tu vas prier, entre dans ta chambre, et, porte close, prie ton Père.

    On reconnaît l’évangile de saint Matthieu. Le chapitre 6 commence par trois paragraphes parallèles sur l’aumône, la prière et le jeûne (avec, au centre, le Pater). Après la phrase sur l’aumône reprise dans l’antienne, il y a : « afin que ton aumône soit faite dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Il en est de même pour la prière et pour le jeûne. « Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »

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    On remarque que les deux antiennes ont la même mélodie. Le parallèle entre l’aumône et la prière est voulu, et en quelque sorte commandé par la phrase qui est sous-entendue, la phrase du « secret »… La mélodie est en deux parties qui se terminent par une cadence sur la tonique, et qui riment. Dans l’antienne de Benedictus l’accent est ainsi mis sur l’opposition entre la main gauche et la main droite. Dans l’antienne de Magnificat, les cadences sont sur « cubiculum » et « Patrem tuum », ce qui suggère fortement, sans avoir à le dire, que ton Père, qui est dans le secret de ta chambre, te le rendra…

  • Jeudi après les Cendres

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    La messe de ce jour, composée sous Grégoire II (1), est un centon de chants et de lectures empruntés à d’autres synaxes, et adaptés à celle d’aujourd’hui (2). La scène d’Isaïe, qui prédit au roi Ézéchias sa fin prochaine (Is., XXXVIII, 1-6), était assez populaire dans l’antiquité, et nous la voyons reproduite dans une peinture de la basilique de Sancta Maria antiqua, au forum romain. Comme cette scène ne semble pas être en relation avec saint Georges (3), il peut se faire qu’elle contienne quelque allusion à l’histoire de Grégoire II, lequel, par exemple, ayant échappé par miracle à quelque maladie mortelle, mais encore préoccupé par les menaces de siège de la part des Lombards, aurait institué les stations du jeudi de Carême, comparant précisément son cas avec celui d’Ézéchias, menacé de maladie mortelle, au temps même où, au dehors, l’armée assyrienne assiégeait Jérusalem.

    Il est toutefois certain que, tandis qu’à Rome, à la fin des trente premières années du VIIIe siècle, on lisait ces paroles : « Je te délivrerai des mains du roi des Assyriens et je délivrerai cette cité », la pensée des citoyens devait se reporter sur Luitprand et sa nefandissima gens langobardorum (4) comme les Romains appelaient alors les adversaires qui assiégeaient la capitale du monde.

    A l’annonce de sa mort prochaine, Ézéchias, bien que juste et pieux, pleura, car la mort est un état violent, une peine qui répugne à la nature. Il pleura, car personne, sans la pénitence, ne doit oser se présenter au jugement de Dieu. Dieu accueillit sa prière et lui accorda un délai de trois lustres ; non pas que la vie présente soit un don plus précieux que la gloire éternelle, mais parce que les années de ce voyage terrestre représentent un temps estimable pour semer les fruits de la vie éternelle, fruits qu’on recueillera plus tard dans la gloire. Celui qui travaille et sème davantage, récolte aussi davantage et glorifie mieux le Seigneur dans le ciel.

    Cardinal Schuster

    1. 715-731. Jusque-là il n’y avait pas de messe les jeudis de carême.
    2. Les antiennes d’introït, d’offertoire et de communion viennent du 10e dimanche après la Pentecôte.
    3. L’église Saint-Georges-au-voile-d’or est l’église de la « station ».
    4. « La nation très néfaste des Lombards ».
  • Mercredi des Cendres

    Immutémur hábitu, in cínere et cilício : jejunémus, et plorémus ante Dóminum : quia multum miséricors est dimíttere peccáta nostra Deus noster.

    Changeons de vêtements, couvrons-nous de cendre et du cilice, jeûnons et pleurons devant le Seigneur ; car notre Dieu tout miséricordieux est prêt à nous remettre nos péchés.

    Première antienne de l’imposition des cendres, par la Parva Schola Gregoriana de Trévise :

  • Angelus Domini vocavit Abraham

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    (Le Titien)

    ℟. Angelus Dómini vocávit Abraham, dicens:
    * Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.
    . Cumque extendísset manum ut immoláret fílium, ecce Angelus Dómini de cælo clamávit, dicens.
    ℟.  Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.

    L’Ange du Seigneur appela Abraham, disant : N’étends pas la main sur l’enfant, puisque tu crains le Seigneur. Et comme il étendait la main pour immoler son fils, voici que l’Ange du Seigneur cria du ciel, disant. N’étends pas la main sur l’enfant, puisque tu crains le Seigneur.

    Le texte de ce répons des matines est tiré du récit biblique de la tentation d’Abrahma, mais c’est une composition ecclésiastique qui résume le récit. Car on ne le trouve tel quel dans aucune version. On remarque que « vocavit » se trouve dans les anciennes versions latines mais pas dans la Vulgate (« clamavit »), et qu’à l’inverse « extendas » se trouve dans la Vulgate mais pas dans les anciennes versions (qui ont « injicias »). Et l’on ne trouve nulle part semble-t-il « eo quod timeas ».

    Voici le texte de la Vulgate.

    Et ecce angelus Domini de cælo clamavit, dicens : Abraham, Abraham. Qui respondit : Adsum. Dixitque ei : Non extendas manum tuam super puerum, neque facias illi quidquam : nunc cognovi quod times Deum, et non pepercisti unigenito filio tuo propter me.

  • Credidit Abram Deo

    ℟. Crédidit Abram Deo, et reputátum est ei ad justítiam:
    * Et ídeo amícus Dei factus est.
    . Fuit autem justus coram Dómino, et ambulávit in viis eius.
    ℟. Et ídeo amícus Dei factus est.

    Abram crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. Et c'est pourquoi il devint l’ami de Dieu. Il fut en effet juste aux yeux du Seigneur et il marcha dans ses voies. Et c'est pourquoi il devint l’ami de Dieu.

    Ce répons des matines, comme tous ceux de cette semaine (hormis ceux qui se rapportent à l’évangile du jour à partir de jeudi) évoque Abraham, qui est le personnage central de la Quinquagésime, comme Noé était celui de la Sexagésime. Ce répons est en outre une phrase clef de toute la Bible et de la théologie chrétienne. Il cite le livre de la Genèse, mais à la façon dont le reprend saint Jacques. Car c’est lui qui ajoute « c’est pourquoi il fut appelé ami de Dieu ». La foi d’Abraham, foi vive et active, c’est aussi ce que saint Paul donne en exemple, dans deux des passages les plus importants de ses épîtres : celle aux Romains (4) et celle aux Galates (3).

  • Quinquagésime

    Manducavérunt, et saturári sunt nimis, et desidérium eórum áttulit eis Dóminus : non sunt fraudáti a desidério suo.

    Ils mangèrent et furent rassasiés à l’excès, et le Seigneur leur accorda ce qu’ils désiraient : ils ne furent point frustrés de leur désir.

    Le texte de cette antienne ne vient pas d’un évangile de la multiplication des pains, mais du psaume 77, et il ne s’agit pas de la manne, mais des cailles. Toutefois, le psaume évoquait la manne juste avant, donc il annonce bien la multiplication des pains et ce que celle-ci annonçait, l’eucharistie. « Seul cet aliment divin qui nous est offert dans la sainte communion peut vraiment remplir l’ardent désir de nos cœurs, autant qu’il est possible ici-bas, dit dom Johner. A ce saint banquet nous acquérons ce sentiment de pleine satisfaction, de calme parfait, qui nous aide à ne pas entendre les promesses fallacieuses du monde. La conviction devient encore plus claire : Dieu seul suffit. Puisse notre désir s’accroître à chaque fois que nous recevons la sainte communion, en même temps qu’un approfondissement et une intensification de la joie dans nos cœurs ! Avec la force que procure cet aliment nous avancerons alors avec confiance vers la terre promise de la paix de Pâques et du bonheur de Pâques. »

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Mater Jesu, inquit Evangelísta, conservábat ómnia verba hæc in corde suo. Imitémur et nos, fratres mei, piam Dómini Matrem, ipsi quoque ómnia verba et facta Dómini ac Salvatóris nostri fixo in corde conservándo. Horum Dómini verbórum et actórum meditatióne diúrna et noctúrna importúnos inánium nocentiúmque cogitatiónum repellámus incúrsus: horum crebra collatióne et nos et próximos nostros a fábulis supervácuis et male dulcorátis detractiónum collóquiis castigáre, atque ad divínæ frequéntiam laudis accédere curémus. * Discámus ergo sanctæ Vírginis in ómnibus castitátem, quæ non minus ore pudíca, quam córpore, arguménta fídei conservábat in corde.

    « La mère de Jésus, dit l’évangéliste, gardait toutes ces paroles en son cœur. » Imitons, nous aussi, la douce Mère du Seigneur, mes frères, en gardant fixés dans notre cœur toutes les paroles et les actes de notre Seigneur et Sauveur. Repoussons les attaques importunes des pensées vaines et nuisibles en méditant jour et nuit ces paroles et ces actes du Seigneur. Par leur fréquent rappel, veillons à nous corriger, nous et nos proches, des bavardages superflus ainsi que des propos aigres-doux de la médisance et à parvenir à une habituelle louange de Dieu. * Apprenons donc quelle fut en toute circonstance la chasteté de la sainte Vierge. Non moins pudique de bouche que de corps, elle garde en son cœur ce qui nourrit sa foi.

    Saint Bède le Vénérable, homélie pour le 1er dimanche après l’Epiphanie. * Commentaire sur saint Luc (repris de saint Ambroise).

  • Les 7 saints fondateurs de l’ordre des Servites

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    Les trois hymnes de l’office de cette fête, qui date de 1887, sont du P. Vincent Terozzi, que Léon XIII va faire secrétaire des Lettres latines et qui sera le rédacteur de plusieurs de ses encycliques. Voici l’hymne des vêpres.

    Matris sub almæ númine
    Septéna proles náscitur :
    Ipsa vocánte, ad árduum
    Tendit Senári vérticem.

    Sous la protection de notre Mère bénie, naît une famille de sept Serviteurs de Dieu ; à son appel, ils gravissent les sommets escarpés du mont Sénar.

    Quos terra fructus próferet
    Dum sacra proles gérminat,
    Uvis repénte túrgidis
    Onústa vitis præmonet.

    Une vigne tout à coup chargée de raisins magnifiques annonce, heureux présage, les fruits que produira cette terre, où germe une moisson de saints.

    Virtúte claros nóbili
    Mors sancta cælo cónsecrat :
    Tenent olympi límina
    Servi fidéles Vírginis.

    Une sainte mort consacre jour les cieux la gloire de leur vertu. Les fidèles serviteurs de la Vierge habitent les demeures éternelles.

    Cohors beáta, Núminis
    Regno potíta, réspice
    Quos hinc recédens fráudibus
    Cinctos relínquis hóstium

    O troupe bienheureuse, qui régnez avec Dieu, abaissez vos regards sur tous ceux qu’en quittant ce monde, vous laissez au milieu des embûches de leurs ennemis.

    Ergo, per almæ vúlnera
    Matris rogámus súpplices,
    Mentis ténebras dísiice,
    Cordis procéllas cómprime.

    Au nom des douleurs de notre Mère bénie, nous vous en supplions, dissipez les ténèbres de nos esprits, apaisez les tempêtes qui agitent nos cœurs.

    Tu nos, beáta Trínitas,
    Perfúnde sancto róbore,
    Possímus ut felíciter
    Exémpla patrum súbsequi. Amen.

    O bienheureuse Trinité, remplissez-nous d’une sainte vigueur, afin que nous puissions, pour notre bonheur éternel, suivre les exemples de nos saints Pères. Amen.

  • Apparition de la bienheureuse Vierge Marie Immaculée

    La messe qui commémore les apparitions de Lourdes date de 1890, quand Léon XIII concéda un office et une messe propres aux diocèses de la province d’Auch (Auch, Aire, Bayonne, Tarbes)… et à ceux qui en feraient ensuite la demande. Office et messe étendus à toute l’Eglise latine en novembre 1907 pour qu’elle puisse être célébrée la première fois en 1908, année du cinquantenaire des apparitions.

    Les chants de la messe ont, je suppose, été composés à Solesmes, à partir de motifs existants (centons). On reconnaît notamment plusieurs motifs du graduel, ce qui est normal puisque beaucoup de graduels sont ainsi constitués en tout ou en partie de centons.

    Je ne sais pas si le choix du texte est aussi de Solesmes, mais, comme le remarque le cardinal Schuster, l’application de l’invitation à la colombe de venir entre les pierres des cavernes « est vraiment heureuse ». Mystiquement, « les fentes des roches et les pierres des cavernes » sont le Sacré Cœur par lequel le chrétien a accès à la divinité, mais de fait à Lourdes la colombe du Cantique des cantiques (qui est traditionnellement la figure de la Mère de Dieu) est Marie apparue dans la grotte.

    On constate aussi que la mélodie est remarquablement bien adaptée au texte. Il est vrai que le motif sur « Surge » est précisément celui de… « Surge » dans le graduel de l’Epiphanie (Lève-toi, illumine-toi, Jérusalem). Mais il fallait y penser…

    Voici ce graduel virilement interprété par les carmes de Londres :

    Flores apparuérunt in terra nostra, tempus putatiónis advénit, vox túrturis audíta est in terra nostra. ℣. Surge, amíca mea, speciósa mea, et veni : colúmba mea in foramínibus petræ, in cavérna macériæ.

    Les fleurs s’épanouirent dans notre champ ; c’est le temps de tailler, parce que l’on entend déjà roucouler les tourterelles. ℣. Lève-toi, ô ma bien-aimée, ma belle, et viens, ma colombe, entre les fentes des roches, entre les pierres des cavernes.

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  • Sainte Scholastique

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    Fresque de Subiaco, XVe siècle. Sainte Scholastique paraît penser : Je l’ai bien eu, mon frère, le voilà obligé de violer sa propre règle…

    En réalité je ne crois pas que sainte Scholastique ait arboré un sourire aussi chafouin… mais je n’y étais pas…

    (Ceux qui ne connaîtraient pas cet épisode trouveront ci-après le texte de saint Grégoire.)

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