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Liturgie - Page 147

  • Samedi des quatre temps de carême

    Assúmpsit Jesus discípulos suos, et ascéndit in montem, et transfigurátus est ante eos.

    Jésus prit avec lui ses disciples, et il monta sur une montagne, et il fut transfiguré devant eux.

    Visiónem quam vidistis, némini dixéritis donec a mórtuis resúrgat Fílius hóminis.

    La vision que vous avez vue, n’en parlez à personne jusqu’à ce que ressuscite des morts le Fils de l’homme.

    Les antiennes du Benedictus (aux laudes) et du Magnificat (aux vêpres), seront les mêmes demain, puisqu’elles font écho à l’évangile et que l’évangile est le même : celui de la Transfiguration. A priori c’est la première et la dernière phrase de la péricope. En fait elles sont transformées de façon à devenir des phrases musicales.

    La première est résumée. Voici la vraie : « Assúmpsit Jesus Petrum, et Jacóbum, et Joánnem fratrem eius, et duxit illos in montem excélsum seórsum : et transfigurátus est ante eos. »

    Les noms des apôtres sont supprimés, « il les conduisit » est remplacé par « il monta », ce qui donne toute sa valeur à l’« assumpsit » initial et attire l’attention sur ce mot (et sur le couple assumpsit-ascendit : ascension-assomption), les deux précisions « excelsum seorsum » sont supprimées.

    Assúmpsit Jesus discípulos suos,
    et ascéndit in montem,
    et transfigurátus est ante eos.

    La rime suos-eos est soulignée dans la mélodie : la première phrase se termine par un double sol, la troisième par un double la. Elle monte ainsi du premier au second mode (transposé une quinte au-dessus).

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    L’antienne de Magnificat transforme également le texte de l’évangile. Ici elle ajoute une expression : quam vidistis, selon un procédé sémitique de renforcement : « la vision que vous avez vue ». Puis elle retire « Filius hominis » de l’endroit où se trouve cette expression pour la renvoyer à la fin, de sorte que l’on a quatre rimes :

    Visiónem quam vidistis,
    némini dixéritis
    donec a mórtuis
    resúrgat Fílius hóminis.

    Mais la mélodie ne met pas de cadence sur mortuis, elle enjambe l’idée de la mort pour s’épanouir sur resurgat… Le but de la Passion est la Résurrection, et l’achèvement sera l’Ascension à laquelle la première antienne fait allusion.

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  • Acathiste

    L"hymne "Invincible chef d'armée" (en grec) et les 12 premières stances (en italien) à Palazzo Adriano vendredi dernier.

    Le texte et une traduction française sont à la "suite".

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  • Vendredi des quatre temps de carême

    La piscine de Bethsaïde dont parle le saint Évangile (Ioan., V, 1-15) symbolise aujourd’hui les fonts baptismaux pour les catéchumènes, et le Cœur adorable de Jésus pour tous les fidèles, qui, à travers le côté transpercé du Rédempteur, trouvent un océan de compassion et d’amour. Dans les cinq portiques de la piscine Probatique, les saints Pères voient le symbole des cinq plaies du divin Crucifié, dont saint Augustin disait : Vulnera tua, merita mea. L’homme paralysé depuis trente-huit ans restait en cet état, sans trouver une âme bienveillante pour le déposer dans la piscine quand l’ange en agitait les eaux, soit parce que l’aide des créatures est défaillante, celles-ci ne pouvant ou ne voulant nous secourir ; soit encore parce que la piscine Probatique symbolisait la grâce, qui excède la puissance et les exigences de l’homme, et qui ne peut nous être donnée que par Celui qui, dans les Écritures, s’appelle précisément Vir oriens, Vir, Filius hominis, l’homme par excellence.

    (…)

    Voilà le bénéfice qu’on a à mettre sa confiance dans les créatures ! Après une attente anxieuse de trente-huit ans, il faut pourtant finir par confesser qu’on n’a trouvé personne qui veuille et puisse nous secourir ! Hominem non habeo. Quand donc se dissipera pour nous aussi cet enchantement qui nous lie aux choses d’ici-bas ? Quand nous persuaderons-nous, avec le célèbre chancelier de Paris, Gerson, que omnis copia quae Deus tuus non est, tibi inopiae est ?

    Cardinal Schuster

  • Jeudi de la première semaine de carême

    Sacrifícia, Dómine, quǽsumus, propénsius ista nos salvent, quæ medicinálibus sunt institúta jejúniis. Per Dóminum...

    La secrète de la messe de ce jour (dont il y a une variante au Mardi Saint, avec restaurent au lieu de salvent) établit un lien entre le jeûne et le Saint Sacrifice : le jeûne est un médicament qui accroît l’effet salutaire du Saint-Sacrifice. Du moins peut-il en être ainsi si on le demande à Dieu. Et s’il s’agit du jeûne institué par l’Eglise.

    Une traduction littérale donnerait quelque chose comme cela :

    Que les sacrifices, Seigneur, nous le demandons, nous sauvent davantage, qui sont établis dans les jeûnes médicinaux.

    La vertu curative du jeûne, tant sur le plan corporel que spirituel, se retrouve dans un certain nombre d’oraisons. Mais l’expression « medicinalibus jejuniis » ne se trouve que dans une seule autre oraison du sacramentaire gélasien, qui est une collecte du samedi de la deuxième semaine de Carême :

    Subveni, Domine, servis tuis pro sua iugiter iniquitate gementibus, mentesque nostras terrenis affectibus praegravatas medicinalibus tribue exonerare ieiuniis, et corporis affectionem corrobora.

    Viens en aide, Seigneur, à tes serviteurs qui gémissent sans cesse à cause de leur iniquité, et accorde à nos esprits alourdis par les affections terrestres d’être allégés par les jeûnes médicinaux, et fortifie notre constitution physique.

  • Saint Matthias

    Puisqu’on ne sait rien de saint Matthias en dehors de son élection au collège des 12 apôtres (voir toutefois ce qu’en dit Clément d’Alexandrie), c’est l’occasion d’entendre l’hymne des vêpres des fêtes des apôtres, par les moines de Solesmes. (Traduction Pierre Corneille.)

    Exsúltet cælum láudibus,
    resúltet terra gáudiis:
    Apostolórum glóriam
    sacra canunt sollémnia.

    Aux célestes concerts mêlons d'ici les nôtres,
    Que la terre avec joie en puisse retentir :
    L'Ange célèbre au ciel la gloire des apôtres,
    C'est à nos voix d'y repartir.

    Vos, sæcli justi júdices
    et vera mundi lúmina,
    votis precámur córdium,
    audíte preces súpplicum.

    Juges de l'univers, véritables lumières
    Dont le monde éclairé bénit les sacrés feux,
    C'est à vous que nos cœurs adressent leurs prières :
    Recevez-en les humbles vœux.

    Qui cælum verbo cláuditis
    serásque eius sólvitis,
    nos a peccátis ómnibus
    sólvite jussu, quæsumus.

    Les clefs du paradis sont en votre puissance,
    Par vous sa porte s'ouvre, et se ferme par vous ;
    D'un seul mot aux pécheurs vous rendez l'innocence :
    Parlez, et nous sommes absous.

    Quorum præcépto súbditur
    salus et languor ómnium,
    sanáte ægros móribus,
    nos reddéntes virtútibus,

    Sous quelque infirmité que les hommes languissent,
    Votre ordre les guérit ou les laisse abattus :
    Rendez aux bonnes mœurs, qui dans nous s'affaiblissent,
    La sainte vigueur des vertus,

    Ut, cum judex advénerit
    Christus in fine sæculi,
    nos sempitérni gáudii
    fáciat esse cómpotes.

    Afin que quand Dieu même en son lit de justice
    Décidera du monde, et finira les temps,
    Il prononce pour nous un arrêt si propice,
    Qu'il nous laisse à jamais contents.

    Deo Patri sit glória,
    ejusque soli Fílio
    cum Spíritu Paráclito
    et nunc et in perpétuum. Amen.

    Gloire au Père éternel ! Gloire au Fils ineffable !
    Gloire toute pareille à l'Esprit tout divin,
    Qui procédant des deux, et comme eux immuable,
    Avec tous deux règne sans fin !

  • Paradisi portas

    ℟. Paradísi portas apéruit nobis jejúnii tempus: suscipiámus illud orántes, et deprecántes:
    * Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur.
    . In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia.
    ℟. Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur.
    . Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur.

    Le temps du jeûne nous a ouvert les portes du paradis ; abordons-le en priant et en suppliant, pour qu’au jour de la résurrection nous soyons glorifiés avec le Seigneur.
    En toute circonstance, montrons-nous ministres de Dieu en grande patience.
    Pour qu’au jour de la résurrection nous soyons glorifiés avec le Seigneur.

    Puisque c’est pour avoir mangé que nous avons été chassés du paradis, c’est en nous abstenant de manger que nous pourrons y retourner. Ce répons est spécifiquement liturgique : il ne se trouve ni dans la Sainte Ecriture ni chez les Pères. Au moyen âge on trouvait le verbe sous cette forme (le jeûne nous a ouvert les portes du paradis, c’est un fait accompli, comme la Passion, la Résurrection et l’Ascension nous ont ouvert les portes du ciel), mais plus souvent sous la forme aperiat, au subjonctif : « Que le temps du jeûne nous ouvre les portes du paradis. » Et parfois au futur (aperiet) : le temps du jeûne nous ouvrira les portes du paradis. Quant au verset il est repris de l’épître du premier dimanche de carême. Dans les livres médiévaux on voit aussi, voire plus souvent, cette autre phrase : « Ecce nunc tempus acceptabile ecce nunc dies salutis », qui apparaît en effet davantage en rapport avec le corps du répons.

  • La Chaire de saint Pierre

    Voici la fin d’un long et important article du cardinal Gerhard Müller publié dans le dernier numéro de L’Homme nouveau. Toute la deuxième moitié est une critique aussi implacable qu’implicite de François (mais où l’explicite affleure plus d’une fois pour quiconque suit d’un peu près ce qui se passe à Rome et dans l’Eglise).

    Tel est le christocentrisme autour duquel s’organise la fonction pétrinienne, c’est-à-dire le primat de l’Eglise de Rome. Ce christocentrisme donne à ce ministère son sens irremplaçable pour l’Eglise, dans ses débuts, dans sa vie, dans sa mission, jusqu’au retour du Christ à la fin des temps. Pour l’exercice des fonctions liées à la papauté, il n’est pas sans importance de remarquer ceci : à travers les trois passages les plus importants qui, dans l’Ecriture sainte, évoquent le primat de cette Eglise, Jésus fait observer à Pierre sa faiblesse humaine, sa foi chancelante, lui rappelle sa trahison et lui reproche d’avoir mal compris le sens de la Croix. Jésus lui assigne sévèrement la seconde place de telle sorte que Pierre apprend à suivre Jésus et non Jésus Pierre : l’ordre et la succession des faits et gestes qui commence par Jésus puis est suivi de Pierre et ensuite les autres apôtres, est irréversible. Au sens théologique, le titre de vicaire du Christ n’élève pas le pape mais le rend extrêmement humble et lui fait honte devant Dieu et devant les hommes dès l’instant que ses pensées « ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». Car Pierre ne dispose d’aucun droit d’adapter la parole de Dieu suivant ses propres opinions ou suivant les goûts de l’époque, et ce afin que « la croix du Christ ne reste pas vaine ». Nous, disciples du Christ, sommes exposés aujourd’hui comme hier aux ruses et aux tentations suscitées par Satan. Celui-ci veut nous induire en erreur dans notre foi au Christ, Fils du Dieu vivant, « qui est vraiment le sauveur du monde ». C’est pourquoi Jésus dit à Pierre : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères – et tu conversus confirma fratres tuos ».

  • Premier dimanche de carême

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    Angelis suis Deus mandávit de te, ut custódiant te in ómnibus viis tuis. ℣. In mánibus portábunt te, ne umquam offéndas ad lápidem pedem tuum.

    Dieu a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies. Ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.

    Comme tous les chants de cette messe, le graduel est tiré du psaume 90 (en l’occurrence c’est le diable qui cite ce verset dans l’évangile). La mélodie est connue, c’est celle aussi du graduel de de la messe des morts et en grande partie de celle de Pâques et de la messe de minuit, entre autres (il semble qu’elle soit originellement celle du graduel d’un confesseur Justus ut palma florebit).

    Elle est du deuxième mode, comme l’antienne de Benedictus d’hier, mais contrairement à elle, elle est transposée à la quinte supérieure : en clef de do, la tonique devenant donc la, au lieu de ré, comme dans l’antiphonaire que je reproduisais hier. C’est que pour l’antienne il suffisait de mettre un si bémol, alors que si l’on voulait garder le graduel en clef de fa il fallait mettre un mi bémol à la fin de mandavit, or il n’y a pas de mi bémol dans les partitions de plain chant (depuis très longtemps en tout cas).

    Voici ce graduel (chanté avec la reprise) par les moniales de Kergonan (avec une leçon de portugais en prime…)

    L'introït 1, 2.

    Le trait.

    L'offertoire et la communion.

    Le début de la liturgie du carême.

    • Le premier répons des matines.

    Les 40 jours.

  • Samedi après les Cendres

    Screenshot_2021-02-19 Cantus Ultimus — Halifax (Canada), St Mary’s University - Patrick Power Library, M2149 L4 1554.png

    Me étenim de die in diem quærunt, et scire vias meas volunt.

    C’est moi en effet qu’ils cherchent de jour en jour, et ils veulent savoir mes voies.

    Screenshot_2021-02-19 GregoBase - Me etenim de die.png

    Au moyen âge, cette antienne avait une place variable. On la trouve comme antienne de psaume ou de Benedictus le jeudi après les Cendres, ou le vendredi, parfois le mercredi des Cendres, et finalement elle s’est fixée au Benedictus du samedi. Assez curieusement, puisque le texte est tiré de l’épître du vendredi. Mais il est vrai que l’épître du samedi n’est que la suite de celle-là, et surtout l’antienne n’a plus le même sens que dans son contexte, comme on le constate assez souvent dans la liturgie.

    En effet, dans le texte d’Isaïe, Dieu manie l’ironie (amère) : c’est ce qu’ils disent, ce qu’ils prétendent, qu’ils me cherchent de jour en jour et veulent connaître mes voies, mais en réalité ils font tout le contraire ; ils disent qu’ils jeûnent et ils pratiquent l’injustice. Qu’ils pratiquent la justice et alors je leur répondrai.

    Dans l’antienne toute ironie a disparu : Dieu parle de vrais fidèles qui veulent vraiment le connaître. Et cela correspond particulièrement bien au Benedictus.

    (En illustration je mets cette antienne telle qu’elle se trouve - au vendredi - dans l’antiphonaire cistercien de Salzinnes (Namur), qui date de 1554. On remarque que le scribe l’a écrite en clef d’ut bien que ce soit un premier mode et que de cette façon la tonique est la et non ré. Mais cela lui permet d’éviter d’avoir à mettre un si bémol sur « scire ». – Ce qui prouve que si on l’écrit en clef de fa on a bien un si bémol et non un si naturel.)

  • L'acathiste

    Le joyau du carême byzantin est l'hymne acathiste. Il est lié aux matines du samedi, mais en pratique il est chanté le vendredi soir. Par parties les premières semaines, en entier le 5e samedi. Voici les hirmi (qui commencent chaque ode), avec à la fin l'hymne "Invincible chef d'armée". A Mezzojuso (Sicile), le 27 mars 2020, en plein confinement (d'où la présence seulement du curé et d'un seul chantre).

    Passer sur YouTube (en cliquant sur YouTube en bas de l'image à droite) pour avoir le texte grec et sa traduction française.