La journée d’aujourd’hui nous permet de signaler une petite évolution dans la liturgie du Carême. Assurément, on ne peut pas parler d’une construction systématique des messes du Carême, car elles ne datent pas de la même époque. Nous découvrons cependant, dans les grandes lignes, un mouvement en avant. Les quatre premiers jours forment une unité ; ils veulent nous conduire à une pratique du jeûne agréable à Dieu. La première semaine, elle aussi, peut être considérée comme formant un tout. La pensée directrice est celle-ci : Le Christ, Moïse, Élie nous enseignent à voir, dans le jeûne de quarante jours, une arme contre le diable et le chemin qui nous mènera à la transfiguration pascale. Aujourd’hui, nous voyons apparaître au premier plan le thème de la Passion. Le Seigneur se dispose à mourir. Les Évangiles annoncent sa Passion. D’autres pièces (Leçon, Offertoire) nous montrent le Seigneur comme médiateur et rédempteur.
Aujourd’hui, pour la première fois, nous voyons le Seigneur en lutte contre le judaïsme. Il parle aussi de sa mort. L’Évangile commence par cette parole significative : Je m’en vais. Le Christ parle de son « élévation » sur la Croix. La leçon est la prière de Daniel qui est, ici, la figure du Christ ; c’est la prière du Seigneur mourant pour les péchés. Qu’est donc le Sauveur dans la messe d’aujourd’hui ? Il est le Daniel priant, qui prend sur lui la dette des péchés d’Israël (de l’Église), qui prend aussi nos péchés. Il est animé, aujourd’hui, des mêmes sentiments d’offrande et d’abandon qu’il avait durant sa vie, des sentiments dont il parle dans l’Évangile et qu’il a manifestés dans sa mort sur la Croix.