Le conseiller parlementaire de François Fillon à Matignon, Jean-Pierre Camby, a été limogé hier. Interrogé par l’AFP, il a jugé ce limogeage « brutal », sans autre commentaire. L’entourage du Premier ministre évoque une « erreur de casting ». Ce qui est curieux, car Jean-Pierre Camby, qui est par ailleurs professeur de droit constitutionnel à la Sorbonne , est administrateur de l’Assemblée nationale...
Gouvernement - Page 76
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Limogeage « brutal »
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Hébergement d’urgence
Les associations s’occupant de l’hébergement des SDF se sont réunies avec le Haut Commissaire Martin Hirsch, des représentants des ministères de l’Immigration et du Logement, et Arno Klarsfeld « représentant le Premier ministre » (sic).
Les associations ont réitéré leur volonté de voir supprimé du projet de loi sur l’immigration l’amendement Mariani, devenu article 21, dont elles prétendent qu’il revient à exclure les « sans-papiers » de l’hébergement d’urgence, ce que les médias répètent comme de bons perroquets de l’immigrationnisme qu’ils sont.
Le gouvernement s’est engagé à faire part au Parlement de la demande des associations, et « à ce que l’hébergement reste inconditionnel », selon l’expression de Martin Hirsch.
Tout cela repose sur un mensonge. L’article 21 ajoute quelques mots à la loi DALO pour préciser que « le droit au maintien en hébergement d’urgence », que cette loi a institué (au mépris du sens des mots), ne peut être accordé qu’à des personnes séjournant régulièrement sur le territoire. Il ne peut pas en être autrement, puisque ce « droit » est « opposable » en justice, et que l’article 1 de la loi DALO précise que le droit au logement opposable n’est accessible que sous condition de régularité du séjour.
S’il en était autrement nous ne serions plus dans un Etat de droit : comment peut-on imaginer que des clandestins fassent condamner l’Etat français au titre d’un « droit » qu’ils auraient à être maintenus en hébergement d’urgence ? C’est du délire. C’est pourtant ce qu’exigent les lobbies, qui ont été entendus par le gouvernement.
Dans son exposé des motifs, Thierry Mariani soulignait explicitement qu’il s‘agissait uniquement de mettre en cohérence les dispositions de la loi, et que « le droit pour toute personne présente en France de bénéficier d’un hébergement de très courte durée (par exemple pendant l’application du plan d’urgence hivernale) n’est pas mis en cause ».
Mais ce que veulent les lobbies, c’est le droit pour les clandestins de bénéficier du dispositif de « stabilisation » de la loi DALO, autrement dit de rester jusqu’à trois mois dans un hébergement d’urgence jusqu’à ce qu’on leur trouve un logement (et l’Etat est obligé de trouver ce logement, puisque c’est un droit « opposable »).
Si le Parlement va dans ce sens, au mépris de l’article 1 de la loi DALO, il aura institué une nouvelle pompe aspirante de l’immigration.
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La défense des « sans-papiers » jusqu’au délire
La nouvelle polémique sur la loi sur l’immigration concerne un article qui, selon les bonnes consciences, interdirait aux clandestins de bénéficier d’un hébergement d’urgence. Même Martin Hirsch, membre du gouvernement, y est allé de son couplet pour dire que c’était « inacceptable ».
Il a fallu que le gouvernement mette les points sur les i, et publie un communiqué signé par Brice Hortefeux, Christine Boutin et… Martin Hirsch. L’article en question précise que la personne accueillie en hébergement d'urgence « ne peut faire valoir un droit à un logement au titre de la loi DALO (Droit au logement opposable) si elle ne peut pas justifier de la régularité de son séjour en France ».
On précise donc seulement dans la loi Dalo qu’une personne accueillie en hébergement d’urgence peut y rester « jusqu'à ce qu'une orientation lui soit proposée si elle peut justifier de la régularité de son séjour sur le territoire ». Ce qui va de soi, puisque par principe « l’orientation » d’un clandestin est de quitter le territoire.
La polémique était donc absurde (même si l’on comprend bien que le but des lobbies est de donner tous les droits aux clandestins). Mais ce qui est hallucinant aussi, sur le plan du droit, est qu’on en soit à pondre un texte pour dire que les clandestins accueillis en hébergement d’urgence ne peuvent pas faire valoir leur « droit au logement » devant la justice…
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Kouchner en Turquie
Bernard Kouchner est à Ankara, chez les amis turcs de ses amis américains, qui sont donc nos amis. Il a tenu un point de presse avec son homologue turc Ali Babacan. Celui-ci a notamment déclaré : « Nous partageons une volonté commune d’améliorer nos relations dans tous les domaines... Je considère nos entretiens d’aujourd’hui comme le début d’un nouvel élan dans nos rapports. »
Ce qui est presque mot pour mot ce que dit Kouchner dans un entretien au journal Milliyet : « Ma présence aujourd’hui à Ankara témoigne de notre volonté commune de relancer très fortement notre relation et d’entrer dans une période de normalisation de nos rapports. »
Babacan a quant à lui ajouté le leitmotiv sur l’adhésion, au cas où l’on n’aurait pas compris : « La Turquie attend de l’UE qu’elle honore ses engagements. »
Kouchner n’a pas répondu directement sur ce point. Il a dit : « Les relations bilatérales ont été un peu refroidies, nous espérons qu’elles vont se réchauffer. » (Refroidies par qui ? par ce nigaud de Sarkozy qui a cru malin de dire non à la Turquie alors qu’il n’en avait pas besoin pour se faire élire. Heureusement, il a opéré une salutaire rupture avec sa propagande de campagne...)
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Kouchner va-t-en guerre
Bernard Kouchner a de nouveau tenu un discours incendiaire sur l’Iran, hier, devant l’Association de la presse diplomatique française. N’ayant pas peur des approximations et des généralisations (ce qui est le contraire même de ce à quoi doit s’astreindre le chef de la diplomatie), il a déclaré notamment : « Ce n’est pas la peine d’aller en Irak pour savoir que c’est un territoire d’exercice pour l’Iran, rêvé... Tout est fait par l’Iran, aussi bien l’aide aux milices chiites que l’aide aux milices sunnites, aussi bien, le déclenchement des conflits inter-chiites, comme à Kerbala il n’y a pas longtemps, qui a fait des dizaines de morts, sinon des centaines, et le fracas entre les milices qu’on attribue à Al-Qaïda.... Tout ça est manipulé : argent, hommes, milices, armes... » Et à ce propos il a souligné que « des centaines de milliers d’armes » avaient disparu...
Une fois de plus, le ministre français des Affaires étrangères se montre comme le zélé serviteur des Etats-Unis. Un peu trop zélé, même. Car si les Américains, depuis le début de cette année, multiplient les déclarations sur les ingérences de l’Iran en Irak, ils n’ont jamais dit que « tout est fait par l’Iran », ce qui est proprement grotesque. Et Bernard Kouchner oublie de préciser que les que les 190.000 armes qui ont disparu étaient des armes fournies par les Américains aux autorités irakiennes...
Alors, si l’Iran « fait tout » en Irak, et si en outre l’Iran veut se doter de l’arme nucléaire, il faut faire la guerre contre l’Iran. On sait que Nicolas Sarkozy avait réagi en disant que lui il n’emploierait pas ce mot. Mais Kouchner insiste, et là encore, il va plus loin que les Américains : « Si vous voulez qu’on se cache derrière les mots, on peut dire kinetic action, on peut dire aussi conflit de haute intensité, on peut dire également l’acmé de la crise... Enfin, quand on évoque le bombardement sur un pays, en gros ça s’appelle la guerre... J’ai passé quarante ans sous les bombes, et je connais mieux la guerre que vous. Maintenant, s’il ne faut pas dire le mot guerre alors je ne le dirai plus. »
Variante de cette dernière phrase, selon d’autres sources : « J'ai dit le mot guerre, je ne le ferai plus jamais, pourtant je connais un peu ce dont je parle, plus que vous tous réunis : j'ai passé quarante ans sous les bombes et sous les balles. »
Il a passé 40 ans sous les bombes et les balles ?
Là, son cas devient vraiment grave...
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Missions, commissions, comités
L’ancien directeur du Monde, Jean-Marie Colombani, a été chargé par Nicolas Sarkozy et François Fillon d’une mission sur l’adoption, annonce l’Elysée, dans un communiqué orné d’une photo de Colombani, mais aussi et d’abord d’une photo de David Martinon...
L’objectif « est de proposer les moyens d'aider concrètement les candidats à l'adoption et de mieux suivre les enfants adoptés pour préserver leurs intérêts ».
Ce n’est donc pas aux familles adoptantes de veiller aux intérêts de l’enfant, mais à l’Etat...
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Croissance à 1,8% : l’INSEE aussi
Après les experts indépendants, l’OCDE et la Commission européenne, l’INSEE révise également à la baisse sa prévision de croissance en France pour 2007, à 1,8% également, contre 2,1% précédemment. Et cela malgré le « rebond » que l’institut attend pour le troisième trimestre... à condition que la crise financière ne dure pas.
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Echec au DAL
Le DAL avait donné rendez-vous ce matin dans une station de métro, à des familles « sans logis ou en voie d’expulsion », avec l’intention de se rendre « quelque part dans Paris pour installer un campement d’une centaine de tentes ». Mais la police a bouclé la station de métro, interpellé une cinquantaine de personnes, et confisqué les tentes.
Le DAL dénonce cette opération policière et la qualifie d’« arbitraire » et « illégale ». Sic.
Le groupuscule de Jean-Baptiste Eyraud fait partie du « comité de suivi » de la loi DALO (droit au logement opposable), et il était officiellement « partenaire » des « réunions de chantier » du ministère du Logement, en août dernier, à Lyon. On suppose qu’il va aller se plaindre auprès de Mme Boutin...
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Rama Yade
Propos de Rama Yade, secrétaire d’Etat de la République française, dans un livre sur l’intégration à paraître demain (Comment je suis devenu français, par Jacqueline Remy, éditions du Seuil) :
«A cette époque [avant mes 18 ans], je me disais souvent que, s’il y avait une guerre entre le Sénégal et la France, je choisirais mon pays d’origine. Aujourd’hui, je ne sais pas. »
«Pourquoi me ferais-je enterrer seule dans un cimetière des Hauts-de-Seine, alors que je peux être dans un endroit si reposant, au soleil, avec les miens ? C’est là que je dois revenir quand je serai morte. »
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Sarkozy et l’islam
Nicolas Sarkozy, le fondateur du Conseil français du culte musulman, aura donc été aussi le premier président de la République française, laïque et laïciste, à participer à une cérémonie de rupture du jeûne de ramadan. C’était hier soir à la Grande Mosquée de Paris, et c’est historique.
D’autant qu’il était accompagné de ses ministres musulmanes, venues ès qualités, et il a insisté : « Même au gouvernement, certains s'obligent à ce jeûne. »
« L'islam de France avance », a-t-il dit. En effet, puisqu’il est même intronisé au gouvernement de la république laïque. Et on voit ainsi, « du sommet à la base de notre société, la place de l'islam comme composante intime de notre pays » : « N'en déplaise à quelques uns que je combats, l'islam, c'est aussi la France. »
« Je n'ai pas trahi l'engagement qui était le mien: donner toute sa force à l'islam de France et combattre de toutes mes forces les extrémismes. Les deux vont de pair. »
Bien entendu, Nicolas Sarkozy a salué l'initiative de l'Institut catholique de Paris « qui forme des imams aux valeurs de la République et de la laïcité. C'est un beau message ».
Une fois de plus, il a étalé sa totale méconnaissance de l’islam, et a prononcé quelques propos d’anthologie à ce sujet :
« Ceux qui veulent vivre leur foi dans le respect des principes de l'islam, dans le respect de la laïcité de la République, sont les bienvenus sur le territoire de la République. »
La France est grâce au CFCM un pays où « l'islam, vécu au quotidien, apparaît comme compatible avec les valeurs de la laïcité, de la tolérance et du respect des personnes ». « La France, dans un contexte international tourmenté, prouve ainsi que les valeurs laïques et religieuses sont compatibles, que la foi musulmane est porteuse de paix, de respect et de tolérance. Ce message, il faut que nous le portions ensemble avec vos imams. »« Ceux qui tuent au nom de l'islam et voudraient nous précipiter dans une guerre de religion à l'échelle mondiale salissent l'islam » et « n'ont rien à voir avec l'islam ». « Ceux qui parlent de haine au nom de l'islam blasphèment l'islam. Ceux qui veulent tuer au nom de l'islam, ceux qui veulent la violence au nom de l'islam, ceux qui veulent la détestation de l'autre au nom de l'islam n'ont rien à faire sur le sol de la République française. » Ceux « qui portent un message de paix, d'amour de l'autre, de respect de la diversité, sont bienvenus sur le territoire de la République française ».
Même si cela ne pèse pas lourd au regard de ces inepties dont le Coran, les hadiths et la charia font litière, on prend acte toutefois de l’appel à la réciprocité :
« En France, nous respectons ceux qui pratiquent l'islam. Je souhaite que dans les pays majoritairement musulmans on ait le même respect de la différence et de l'identité de l'autre. Je me suis toujours battu pour que les musulmans de France puissent vivre l'islam de France mais je veux que partout ailleurs ceux qui sont dans un pays musulman et qui ont une autre foi ou qui n'ont pas de foi puissent également être respectés dans leur identité et dans leur diversité. »