Bernard Kouchner a de nouveau tenu un discours incendiaire sur l’Iran, hier, devant l’Association de la presse diplomatique française. N’ayant pas peur des approximations et des généralisations (ce qui est le contraire même de ce à quoi doit s’astreindre le chef de la diplomatie), il a déclaré notamment : « Ce n’est pas la peine d’aller en Irak pour savoir que c’est un territoire d’exercice pour l’Iran, rêvé... Tout est fait par l’Iran, aussi bien l’aide aux milices chiites que l’aide aux milices sunnites, aussi bien, le déclenchement des conflits inter-chiites, comme à Kerbala il n’y a pas longtemps, qui a fait des dizaines de morts, sinon des centaines, et le fracas entre les milices qu’on attribue à Al-Qaïda.... Tout ça est manipulé : argent, hommes, milices, armes... » Et à ce propos il a souligné que « des centaines de milliers d’armes » avaient disparu...
Une fois de plus, le ministre français des Affaires étrangères se montre comme le zélé serviteur des Etats-Unis. Un peu trop zélé, même. Car si les Américains, depuis le début de cette année, multiplient les déclarations sur les ingérences de l’Iran en Irak, ils n’ont jamais dit que « tout est fait par l’Iran », ce qui est proprement grotesque. Et Bernard Kouchner oublie de préciser que les que les 190.000 armes qui ont disparu étaient des armes fournies par les Américains aux autorités irakiennes...
Alors, si l’Iran « fait tout » en Irak, et si en outre l’Iran veut se doter de l’arme nucléaire, il faut faire la guerre contre l’Iran. On sait que Nicolas Sarkozy avait réagi en disant que lui il n’emploierait pas ce mot. Mais Kouchner insiste, et là encore, il va plus loin que les Américains : « Si vous voulez qu’on se cache derrière les mots, on peut dire kinetic action, on peut dire aussi conflit de haute intensité, on peut dire également l’acmé de la crise... Enfin, quand on évoque le bombardement sur un pays, en gros ça s’appelle la guerre... J’ai passé quarante ans sous les bombes, et je connais mieux la guerre que vous. Maintenant, s’il ne faut pas dire le mot guerre alors je ne le dirai plus. »
Variante de cette dernière phrase, selon d’autres sources : « J'ai dit le mot guerre, je ne le ferai plus jamais, pourtant je connais un peu ce dont je parle, plus que vous tous réunis : j'ai passé quarante ans sous les bombes et sous les balles. »
Il a passé 40 ans sous les bombes et les balles ?
Là, son cas devient vraiment grave...
Commentaires
Tout cela est très, très grave. Par petites touches successives, on prépare l'opinion française à la participation de notre armée à une intervention militaire en Iran.
Peu d'hommes politiques (Jean-Marie Le Pen, Jean-Pierre Chevènement, Albin Chalandon, et pardon pour ceux que j'oublie) ont eu une vision juste des choses, lors de la première guerre du golfe (1991), en refusant la participation de la France à cette guerre.
La plupart (Miterrand et la gauche en tête) ont suivi la politique étrangère américaine
En 2003, nous avons fait le bon choix, et l'actualité nous conforte chaque jour dans notre refus d'intervenir en Irak.
Aujourd'hui, on voudrait, comme en 1991, nous embarquer dans une nouvelle aventure.
Certes, les ayatollahs, Walid Gordji, les profiteurs de la triste situation irakienne ne me sont pas sympathiques. Ce n'est pas une raison pour s'ingérer dans les affaires intérieures iraniennes. J'ai le sentiment que B. Kouchner sert d'autres intérêts que ceux de la France dans cette affaire.
Mais il entendait même les balles siffler : c’étaient des balles de tennis !
En fait Sarkozy et Kouchner préparent les Français à la prochaine guerre avec l’Iran et cette fois ils feront tout pour que la France y participe. Ils ne chercheront même pas à nous faire croire que c’est pour le pétrole qu’on fait cette guerre, car comme le sent Ysengrin, d’autres intérêts que ceux de la France sont en jeu.