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François (pape) - Page 63

  • Changer sans changer...

    Avant-hier, lors de la conférence de presse quotidienne de la Pravda vaticane sur ce qui se passe au synode, le cardinal Gracias, membre du G9 du pape, membre du comité nommé par le pape pour rédiger la relation finale du synode :

    « Familiaris consortio a abordé de nombreux problèmes, mais il date du temps de saint Jean-Paul II. Le monde a changé, et même beaucoup. C’est pourquoi les défis eux-mêmes ont changé. (…) C’est toute l’idée du synode : comment faire face à ce défi d’aujourd’hui [les « divorcés remariés »], la doctrine restant la même, le principe de la foi restant le même, (…) comment pouvons-nous cependant aider les gens dans un nouveau climat sociologique, économique, politique, et aussi idéologique : comment y répondre ? Ce ne sera pas la même chose, mais la doctrine, naturellement, ne sera pas changée. »

    François, hier, dans l’homélie de la messe :

    « Les temps changent et nous, les chrétiens, nous devons changer continuellement. Nous devons changer, solides dans la foi en Jésus-Christ, solides dans la vérité de l’Évangile, mais notre attitude doit bouger continuellement selon les signes des temps. »

    Et pour cela, bien sûr, « nous devons nous ouvrir à la force de l’Esprit ».

    En confondant le Saint-Esprit avec l’esprit du monde qui demande à l’Eglise de changer la signification des paroles du Verbe.

  • L’avertissement du P. Spadaro

    Le P. Antonio Spadaro est le directeur de la revue jésuite Civilta cattolica, il est un des principaux confidents et conseillers du pape (et même celui qu’on voit le plus à Sainte-Marthe), et il a été nommé par le pape membre de l’assemblée synodale sur la famille.

    Il a donné hier une interview à Radio Vatican.

    Ce synode est un « moment très délicat », dit-il, car « ce qui est en jeu c’est la relation entre l’Eglise et le monde ». Et il le répète : « Ce qui est vraiment en jeu ici, dans ce synode, c’est voir comment l’Eglise doit vivre sa relation avec la réalité d’aujourd’hui, qui a de grands défis, de grands changements, et qui est très diverse selon les endroits de la terre. »

    Alors on lui demande quel est le rapport entre ce synode et le Jubilé de la Miséricorde. Réponse :

    - Ce thème a émergé dans les groupes… En fait c’est le pape lui-même qui a établi cette forte connexion : il l’a fait explicitement le 6 juillet, dans son homélie à Guyaquil, au cours de sa visite apostolique en Equateur. Fondamentalement, ce que nous sommes en train de vivre, ce n’est pas seulement un synode, qui a débuté en 2013 avec le fameux questionnaire, puis a passé la première étape synodale et maintenant nous vivons la seconde. Mais cela aboutira au Jubilé de la Miséricorde, et ça ne finira pas là… Il faut comprendre que nous vivons un processus ecclésial de grande ampleur. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait des moments de fatigue, des blocages, des difficultés et des tensions… Mais il y a aussi la joie de construire l’histoire ensemble…

    Bref, il faut s’attendre au pire, mais pas tout de suite. C’est au nom de la « miséricorde », donc en son jubilé, que seront prises les (premières) décisions.

    On lui dit ensuite que certains demandent qu’on redécouvre le sens du péché, et on lui demande quelle est la relation entre le péché et la miséricorde.

    — La proclamation de l’Evangile, qui est que le Seigneur est mort pour nous, est mort pour moi, n’est pas l’annonce du péché. Il faut bien comprendre que la réalité de l’annonce de l’Evangile est une annonce de la miséricorde : à la lumière de la miséricorde du pardon du Seigneur, je comprends mon péché, parce que le risque est de tomber dans une sorte de grand sentiment de culpabilité. Alors, s’il n’y a pas la perception du Dieu miséricordieux, le sentiment du péché est seulement un sentiment de culpabilité, qui est souvent inutile.

    Et encore, sur la relation entre vérité et miséricorde :

    La miséricorde est la vérité de l'Evangile. Ainsi, toute opposition entre doctrine et pastorale, entre miséricorde et vérité, n'a pas de sens. La doctrine de l'Évangile, qui est l'enseignement du Seigneur, est l'enseignement de la miséricorde. Tout découle de là.

  • L’Eglise synodale

    Dans son discours célébrant le cinquantenaire de l’institution du Synode des évêques, samedi, François a employé sept fois l’expression « Eglise synodale », et pas une seule fois l’expression « Eglise catholique ».

    Jamais jusqu’ici un pape avait appelé l’Eglise latine une « Eglise synodale », ou appelé à « construire » une « Eglise synodale ».

    L’unique exception se trouve dans une très brève allocution, un simple salut de Jean-Paul II aux patriarches lors de son voyage au Liban en 1997, suite à l’assemblée synodale sur le Liban. Il leur avait que l’Eglise latine… « n’est pas une Eglise synodale », mais que l’institution du Synode permet de dire tout de même qu’elle est une Eglise synodale, « dans un sens différent ».

    L’« Eglise synodale » que François veut « construire » a pour caractéristique une large « décentralisation ». Comme il l’a déjà dit à plusieurs reprises, il veut que les conférences épiscopales puissent prendre des décisions. Bref, qu’elles soient des synodes nationaux. Et s’il y a une « Eglise synodale » constituée par le Synode général des évêques, il soit y avoir aussi une multitude d’Eglises synodales au niveau national… Etant entendu que ces synodes nationaux – les conférences épiscopales – auront une autorité réelle, y compris doctrinale – ce qui n’est pas le cas du Synode général !

    Bref, il ne s’agit pas de « construire » une « Eglise synodale », mais de désintégrer l’Eglise catholique en « Eglises » locales.

    Vers la fin de son discours, François cite l’encyclique Ut unum sint de Jean-Paul II. Sans dire qu’il s’agit de cette encyclique sur l’œcuménisme. Ainsi fait-il commencer la citation par le désir de la « communion pleine et visible de toutes les communautés », comme s’il continuait son discours sur « l’Eglise synodale », alors qu’il s’agit du dessein œcuménique de l’union des diverses communautés chrétiennes. Ce que l’on comprend seulement ensuite puisque c’est alors explicite.

    Cette façon de passer insensiblement des Eglises locales aux communautés chrétiennes séparées fait penser immanquablement à l’Eglise non pas synodale mais polygonale à laquelle François a déjà fait allusion : le polygone dont chaque communauté chrétienne est un côté… Et l’œcuménisme est réalisé, par la marginalisation de l’Eglise catholique mise sur le même plan que toutes les autres communautés chrétiennes.

    Ce qui est frappant dans ce même discours est le rappel vigoureux que le pape est le chef de l’Eglise, que c’est lui qui prend les décisions comme « pasteur et docteur de tous les chrétiens », citation de Vatican I. Ce sont les pères de Vatican I qui auraient été bien étonnés de découvrir qu’un pape pourrait utiliser la constitution Pastor Aeternus, le texte du magistère le plus éloigné de toute considération synodale, pour détruire l’Eglise sous prétexte de construire une Eglise synodale…

  • Le point sur la lettre des 13

    Chez Sandro Magister.

    Il en ressort que le texte est authentique, mais que la liste des signataires est un peu différente de celle qui avait été indiquée (mais ceux que j’avais cités sont toujours là et ce sont les plus importants : Müller, Sarah, Pell).

    Le cardinal Napier indique qu’il a signé, dans une interview où il reprend lui-même les thèmes de la lettre (que l’on avait aussi dans l’intervention du cardinal Sarah).

  • Le pape demande pardon

    François au début de son audience hebdomadaire :

    « Je voudrais, au nom de l'Eglise, vous demander pardon pour les scandales qui, ces derniers temps, se sont produits aussi bien à Rome qu'au Vatican. Je vous demande pardon. »

    Nul doute qu’il parlait des scandales dont il parsème son pontificat en permanence. Espérons seulement qu’il ait le ferme propos de ne pas recommencer.

  • Nous y voilà…

    Sandro Magister vient de révéler le contenu d’une lettre adressée au pape par le cardinal Pell et signée par 12 autres cardinaux éminentissimes, dont Müller et Sarah…

    Quand on sait quelle est la déférence traditionnelle des cardinaux (et particulièrement des cardinaux de curie) vis-à-vis du pape, et quand on sait qu’il faut un cataclysme pour que ces hommes si pondérés sortent d’un discours lénifiant quand il s’agit de la hiérarchie ecclésiastique, on mesure la virulence de ce qu’ils osent écrire. Toute la lettre est à lire, mais deux expressions sont particulièrement saillantes : ces cardinaux disent au pape leur « crainte que les nouvelles procédures ne soient pas fidèles à l’esprit traditionnel et à l’objectif d’un synode », et ils précisent : « Un certain nombre de pères pense que la nouvelle procédure semble conçue pour faciliter l’obtention de résultats prédéterminés à propos de questions importantes et controversées. »

    Le pape a rejeté les demandes formulées dans cette lettre. Et depuis lors la situation a empiré. Car la lettre est du premier jour du synode, le 5 octobre. Et maintenant, non seulement on sait qu’il n’y aura pas de propositions finales votées par les membres du synode, mais il se dit qu’il n’y aura pas du tout de document final…

    Addendum

  • François et la mafia

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    La bonne mafia : celle qui l’a fait élire. Quelques opportuns rappels de Damian Thompson et de Benoît et moi.

  • Le synode verrouillé

    On était prévenu, il n’y aurait aucun compte rendu des interventions des évêques aux assemblées générales du synode. Par décision expresse du pape, le peuple de Dieu n’a pas à savoir ce que les évêques disent de la… famille.

    C’est tellement énorme que les évêques polonais ont décidé de donner néanmoins un aperçu de ce qu’a dit chacun des intervenants lors de la deuxième assemblée générale. Et ils l’ont publié – en français ! – sur leur site.

    Cela n’a évidemment pas échappé aux sbires du dictateur. Et le chef de la police du synode, le cardinal Baldisseri, a « rappelé aux pères du synode que chacun d’eux peut publier sa propre intervention mais pas les textes des autres ».

    Du coup, le compte rendu a disparu du site des évêques de Pologne.

    Mais le blog Rorate Caeli l’avait enregistré, et le publie. Et c’est loin d’être inintéressant, malgré le côté frustrant du résumé de ce chacun avait déjà résumé en trois minutes… Voici la culture twitter, dans l'Eglise…

  • In cauda venenum

    Je n’ai pas eu le courage d’expliquer en quoi l’homélie du pape, lors de la messe d’ouverture du synode, n’était pas un rappel de l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur le mariage, malgré les roucoulades extasiées des bisounours. Parce qu’on ne peut pas ouvrir les yeux des bisounours, et parce que, en fait, il n’y a rien de nouveau dans les insinuations hétérodoxes de François (qui annoncent le pire). Mais quelqu’un a fait le travail, il s’appelle Christopher Ferrara, et il l’a fait remarquablement. C’est chez Benoît et moi, bien sûr.

  • Chapeau, l’artiste !

    Il a dit plusieurs fois qu’il est un peu furbo, mais là c’est du furbissimo jésuitissime, un véritable chef-d’œuvre. Peut-être LE chef-d'oeuvre, en raison de ses répercussions mondiales.

    *

    Acte 1

    On apprend que le pape a reçu Kim Davis quand il était à la nonciature de Washington. Il lui a dit que l’objection de conscience est un droit de l’homme et qu’il faut la défendre et la faite appliquer. Les pro-vie papomanes sont en extase (il ne leur en faut pas beaucoup). Mais du côté des libéraux on désapprouve. De plus en plus bruyamment. La désapprobation devient planétaire, du New York Times au Monde la colère monte : on dénonce un faux pas majeur du pape, certains disent que c’est son « discours de Ratisbonne ». Bref, François, c’est fini.

    *

    Acte 2

    Communiqué du P. Lombardi. Contrairement à son prédécesseur, le pape François est gentil et donc il accepte de rencontrer tout le monde. Cela ne veut pas dire qu’il approuve les personnes qu’il rencontre. Et celle dont on parle faisait partie d’une longue file de gens qui ont salué le pape. Ce n’était pas une audience. « La seule vraie audience accordée par le pape à la nonciature était avec un de ses anciens élèves et sa famille. »

    Consternation chez les pro-vie papomanes (il ne leur en faut pas beaucoup). Ouf planétaire de soulagement chez les libéraux, qui devient très vite un cri de victoire, du New York Times au Monde.

    *

    Acte 3

    Mais on n’a pas fait attention à la précision donnée par le P. Lombardi, qui préparait le troisième acte : « La seule vraie audience accordée par le pape à la nonciature était avec un de ses anciens élèves et sa famille. » Une grenade dégoupillée. Et la voici qui explose. L’ancien élève se fait connaître. Il est athée et homosexuel, il s’appelle Yayo Grassi, il a 67 ans, il a déjà revu son ancien professeur plusieurs fois à Rome, et c'est François qui l'a appelé avant son voyage pour lui dire qu'il aimerait le voir à Washington et l'« embrasser très fort ». Il n’avait pas l’intention d'ébruiter son entrevue avec le pape mais il a été outré par l’épisode Kim Davis et il veut montrer qui est vraiment François. Les journaux s’emparent de l’histoire, et la vidéo de la rencontre circule sur internet. On y voit le pape accueillir Yayo Grassi et sa famille (et des amies de la famille qui ont eu des problèmes et voulaient avoir la bénédiction du pape, selon Grassi), et aussi le petit ami de Grassi, Iwan Bagus. Et le pape embrasse chaleureusement son ancien élève, et Iwan Bagus, et on l’entend dire qu’il se rappelle l’avoir déjà rencontré à Rome…

    Non seulement ce total retournement de situation rétablit pleinement la réputation planétaire de François du New York Times au Monde, mais les pro-vie sont enfoncés et l’on voit encore plus qu’avant à quel point le pape est l’ami des LGBT.

    (Qu’on ne se fasse pas trop de souci pour les pro-vie papomanes, la prochaine fois que François dira que le mariage est entre un homme et une femme ils seront de nouveau en extase : il ne leur en faut pas beaucoup.)

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    Brève vidéo :

     Vidéo complète de l’audience sur Vimeo.