Marcello Pera, ancien professeur de philosophie des sciences, ancien président du Sénat italien, co-auteur avec le cardinal Ratzinger en 2005 de Sans racines – l’Occident, le relativisme, le christianisme, était interrogé sur François, le 10 juillet, par Le Matin de Naples. Il ne mâche pas ses mots…
Interrogé sur la dernière interview de François par Scalfari (une fois de plus sur les migrants), Marcello Pera déclare : « Je ne comprends pas ce pape. Ce qu’il dit est hors de toute compréhension rationnelle. Pourquoi insister sur un accueil sans limite ? Le pape le fait parce qu’il hait l’Occident, il cherche à le détruire, et fait tout pour atteindre cet objectif. »
Le nouveau magistère de Bergoglio « n’est pas évangélique, il est seulement politique. François est peu ou pas du tout intéressé par le christianisme comme doctrine, dans son aspect théologique. Ses déclarations ont l’air fondées sur l’Ecriture, en fait elles sont fortement laïcistes. Si nous allons au fond, il suggère à nos Etats de se suicider, il invite l’Europe à ne plus être elle-même : le pape est le reflet de tous les préjugés de l’Amérique du Sud contre l’Amérique du Nord, contre le marché, la liberté, le capitalisme. »
« De même qu’il n’y a aucune explication rationnelle, il n’y a aucune explication évangélique à ce que dit le pape. » Bergoglio fait seulement de la politique, cherchant les applaudissements faciles de l’ONU, et du « syndicalisme » : « Sa vision politique, sociale, et sur les migrants, est la même que celle du justicialisme péroniste, elle n’a rien à voir avec la tradition de liberté politique occidentale et ses racines chrétiennes. »
« Un schisme caché se fait jour dans le monde catholique, et Bergoglio le poursuit avec persévérance et détermination. Dans son nouveau cours a explosé tout le radicalisme révolutionnaire de Vatican II. Cet aggiornamento du christianisme a laïcisé l’Eglise, déclenché un changement très profond, même si ce qui était susceptible de conduire à un schisme a été maintenu à distance dans les années suivantes. » Jean-Paul II et Benoît XVI « ont sauvé l’Eglise en adoptant une vision tragique de la réalité, ils ont résisté et cherché à harmoniser le nouveau avec la tradition. Ils l’ont fait de façon excellente. » Mais aujourd’hui, avec François, tout est de nouveau en discussion. « Les droits de l’homme sont devenus la référence idéale et la boussole de l’Eglise, et pour les droits de Dieu et la tradition il n’y a presque plus de place. »
De ce fait certaines franges de l’Eglise ne croient plus en la direction de Bergogio : « Les jeunes, une partie du clergé, les gens simples de province, qui vivent les problèmes de sécurité que les migrants créent dans nos quartiers. »
Dès 2006, Marcello Pera disait que son diagnostic pour l’avenir de l’Europe n’était « pas joyeux » : « Si l’Europe continue dans sa culture relativiste, rejetant sa propre tradition, avec son bas taux de fécondité, une immigration inconsidérée, alors l’Europe va finir islamisée. » Et il reprenait le propos de Joseph Ratzinger dans Sans racines : « Mon impression aujourd’hui est que l’Europe ressemble à l’empire romain lors de sa chute. »