En mars 2005, le rectorat de Nancy avait refusé au lobby homo « Couleurs gaies » l’agrément lui permettant de mener des « actions de prévention contre l’homophobie » dans les lycées. Au motif que « l’orientation sexuelle, comme l’appartenance politique ou confessionnelle, relève d’un choix personnel et privé ». La lutte contre l’homophobie « ne répond pas au critère d’intérêt général puisqu’il s’agit de la défense d’intérêts particuliers », avait poursuivi le rectorat dans un courrier envoyé à l’association. Il ajoutait que la demande de « Couleurs gaies » était « contraire au principe de neutralité du secteur public » et qu’il s’agissait de « prosélytisme » (oui, il osait aller jusqu’à dire la vérité).
Le tribunal administratif de Nancy, en première instance, avait donné raison au rectorat en décembre 2006. Couleurs Gaies a fait appel de cette décision devant la Cour administrative d’appel de Nancy.
La Cour a suivi à la lettre l’avis du commissaire du gouvernement. Celui-ci estimait que « le sens de l’intérêt général paraît ici acquis », et que le travail de l’association « ne peut être sérieusement contesté par le recteur ». Il concluait donc à l’annulation de la décision du tribunal administratif comme à celle du recteur, et demandait 1.500 euros de dommages et intérêts pour Couleurs Gaies.
Le recteur a trois mois pour revoir sa position, et l’Etat est condamné à verser 1.500 euros au lobby.
Il est important de noter que la Halde a soutenu Couleurs Gaies à l’audience d’appel, faisant valoir que le dossier de Couleurs Gaies avait subi « une différence de traitement qui caractérise une discrimination fondée sur l'orientation sexuelle ».
Louis Schweitzer en personne avait écrit au recteur pour lui demander de reconsidérer sa décision. Il avait alerté l’Education nationale, et fait faire un rapport sur l’affaire, dont il avait communiqué les conclusions aux magistrats de Nancy.
Couleurs Gaies célèbre sa victoire, et souligne que ce jugement est un précédent. D’autres lobbys homos sont en effet confrontés au même problème.
Il n’est pas inutile de noter également que Couleurs Gaies, créé en 1999 au moment de la discussion parlementaire sur le Pacs, a été hébergé par Aides avant d’avoir son propre local, et que l’association a été agréée Jeunesse & Education populaire en 2001...
Couleurs gaies, qui est en fait le « Centre LGBT (Lesbien, Gay, Bi, Transsexuel) du nord de la Lorraine », est très fier de sa « mallette pédagogique », qu’elle présente ainsi (texte intégral, fautes comprises) :
« Une mallette pédagogique intitulée « vivre ses différences, comment parler de l'homophobie » a été créée par Couleurs Gaies afin de donner aux professionnels de l'éducation et de la santé un outil pour aborder le rejet de la différence. Cet outil pédagogique a été élaboré pour aider les jeunes à développer leur capacité à vivre ensemble tout en respectant les différences de chacun. Il utilise le thème de l'homophobie comme vecteur de découverte et d'analyse des différentes formes d'intolérance (le sexisme, le racisme, l'antisémitisme, le rejet des handicapés, le rejet lié aux apparences physiques.). Douze fiches pédagogiques permettent d'aborder quatre thèmes principaux : la société (vivre sa différence à l'école, vivre sa différence au travail, vivre sa différence dans le sport), la famille, (les couples, l'homoparentalité, notre enfant est homosexuel), l'individu (les apparences de la différences, subir sa différence, affirmer sa différence, ich bin anders) et l'histoire (l'homophobie dans l'histoire, influence des mouvements sociaux). Certaines fiches peuvent être utilisées conjointement avec une cassette vidéo (« être et se vivre homo »). La mallette a obtenue le prix 2003 de la Solidarité Associative décerné conjointement par le Ministère de l’Education Nationale et l’association Jeunesse au Plein Air. Elle a été testée pendant deux ans en milieu scolaire. La mallette a été diffusée en 150 exemplaires dans plus de cinquante départements ainsi qu’au Luxembourg et en Belgique. »