Ce n’est plus qu’une demi-surprise, mais digne d’être notée, et qui met l’opposition polonaise en ébullition : Donald Tusk a déclaré hier qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle.
Président du Conseil européen, Donald Tusk quitte sa fonction à la fin de ce mois. Depuis longtemps il était à peu près certain qu’il allait retourner en Pologne et, auréolé de sa présidence européenne, se faire élire triomphalement président de la Pologne et chasser enfin les horribles ultraconservateurs qui occupent le pouvoir.
Mais cela c’est un fantasme bien de chez nous… La situation réelle est toute différente. Donald Tusk a tâté le terrain, et a dû se rendre à l’évidence qu’il n’était pas populaire dans son pays, qu’on lui reprochait toujours la politique menée par son gouvernement entre 2007 et 2014, que non seulement il est assuré de perdre face au président sortant Andrzej Duda, mais qu’en outre il est fortement contesté comme candidat naturel de son propre parti…
La seule solution de tenter de renverser le pouvoir actuel serait qu’il n’y ait qu’un seul candidat de toutes les oppositions. C’est ce qui s’est fait pour les récentes sénatoriales et le PiS a perdu de justesse la majorité absolue. Mais c’est une autre paire de manches que de réaliser cette unité pour la présidentielle.
Le chef de la plate-forme civique entend organiser des primaires, mais il y a de fortes oppositions internes. S’il y a des primaires, la gagnante sera vraisemblablement Małgorzata Kidawa-Błońska, ancienne porte-parole du gouvernement Tusk et actuelle vice-présidente de la Diète.
Mais il y a déjà un candidat en campagne : Władysław Kosiniak-Kamysz, ancien ministre de Tusk, président du parti paysan.
Pour l’heure on ne sait pas ce que compte faire la gauche : se suicider en soutenant un candidat libéral, ou faire de la figuration avec son propre candidat (si tant est que les divers partis puissent s’entendre).
Quant à Donald Tusk, on dit qu’il veut devenir président du PPE. C’est plus tranquille assurément…
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A ce propos, on notera ce mensonge ridicule du site EUobserver :
« Une coalition de partis pro-UE menée par Tusk a perdu de peu les élections parlementaires en octobre. »
D’abord il n’y avait pas de coalition à proprement parler, et surtout pas menée par Tusk qui en tant que président du Conseil européen ne pouvait pas intervenir. Ensuite et surtout cette « coalition », à savoir son parti la Plate-forme civique, a obtenu 134 députés, quand le PiS (qui a gagné 2,2 millions d’électeurs après quatre ans de pouvoir) en a 235…