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  • Icônes des rues

    Jusqu'ici je ne connaissais que celle de Bethléem, sur le mur de la honte.

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    Mais un groupe d'artistes russes sont en train d'en peindre un peu partout dans leur pays...

  • 7e jour dans l’octave

    En ce jour, dans l'Année liturgique, dom Guéranger donne la séquence suivante, qu’il présente ainsi : « Célébrons encore la joyeuse Naissance, en empruntant à nos anciens Missels Romains-Français cette antique Prose, où respire la piété des siècles de foi. » Le site Cantus nous montre que cette pièce était très répandue, et chantée le plus souvent à la messe de minuit (il y a "nocte media" dans le texte), mais aussi en un certain nombre d’endroits à la messe de l’octave de Noël.

    Nato canunt omnia
    Domino pie agmina,

    Au Seigneur nouveau-né, tous les êtres en chœur chantent un pieux hommage.

    Syllabatim neumata
    Perstringendo organica.

    Chaque parole a pour accord la mélodie de l’orgue. (1)

    Haec dies sacrata
    In qua nova sunt gaudia
    Mundo plene dedita.

    Jour sacré, dans lequel des joies nouvelles sont accordées au monde avec plénitude.

    Hac nocte praecelsa
    Intonuit et Gloria,
    In voce angelica.

    En cette nuit sublime, le Gloire à Dieu a retenti par la voix des Anges.

    Fulserunt immania,
    Nocte media,
    Pastoribus lumina.

    Au milieu de la nuit, des clartés inouïes ont éclaté aux yeux des bergers.

    Dum fovent sua pecora,
    Subito divina
    Percipiunt monita :

    Pendant qu’ils gardent leurs troupeaux, soudain ils entendent le message divin :

    Est immensa
    In coelo gloria,
    Pax et in terra:

    Au ciel, gloire immense, et paix sur la terre.

    Natus alma Virgine
    Qui exstat ante saecula.

    Il est né de la Vierge féconde, Celui qui est avant les siècles.

    Sic ergo coeli caterva
    Altissime jubila,

    Donc, milice des cieux, éclate dans les plus bruyants transports.

    Ut tanto canore tremat alma
    Poli machina.

    A ces cris de triomphe, que le monde et ses pôles soient ébranlés.

    Confracta sunt imperia
    Hostis crudelissima.

    Brisé est le sceptre oppresseur de l’ennemi.

    Humana concrepant cuncta
    Deum natum in terra.

    L’humanité tout entière célèbre le Dieu né en terre.

    Pax in terra reddita,
    Nunc laetentur omnia
    Nati per exordia.

    La paix est rendue à la terre ; que tout se réjouisse de la naissance de cet enfant.

    Sonet et per omnia
    Hac in die gloria,
    Voce clara reddita.

    En ce jour que tout rende gloire, d’une voix mélodieuse et retentissante.

    Solus qui tuetur omnia,
    Solus qui gubernat omnia,

     Seul, il protège toutes choses ; seul, il gouverne tout ;

    Ipse sua pietate
    Salvet omnia
    Pacata regna Amen.

    Dans sa bonté, qu’il daigne sauver tous les royaumes, et qu’il les pacifie. Amen.

    (1) La traduction de dom Guéranger est ici certainement fautive. Le mot « organum », d’où vient le mot « organicus », désigne d’abord tout instrument à vent, puis l’orgue. Mais au moyen âge il désigne la toute première technique polyphonique. Et c’est de cela qu’il est question ici, comme l’a montré la spécialiste Sarah Fuller (dans la New Oxford History of music), et comme l’indique explicitement le « Novum glossarium mediae Latinitiatis » (Pr. Yves Lefèvre) en citant plusieurs sources. La séquence demande donc que tout le monde, toute la création, chante la Nativité par des « neumes » qui respectent les principes harmoniques de l’organum (syllabatim: syllabe contre syllabe, c'est-à-dire note contre note), au sens large, évidemment, et notre mot harmonieux s’impose (et on peut le supprimer dans la strophe antépénultième).

  • Reconquête N° 363

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  • 6e jour dans l’octave

    On retrouve aujourd’hui la liturgie de Noël. C’est l’occasion par exemple d’entendre l’invitatoire des matines et son psaume 94. Le voici par les moines d’Encalcat, en 1960 (ils chantent la première et la quatrième strophe, et la doxologie).


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    Christus natus est nobis: Veníte, adorémus.

    Veníte, exsultémus Dómino, jubilémus Deo, salutári nostro: præoccupémus fáciem ejus in confessióne, et in psalmis jubilémus ei.

    Christus natus est nobis: Veníte, adorémus.

    Hódie, si vocem ejus audiéritis, nolíte obduráre corda vestra, sicut in exacerbatióne secúndum diem tentatiónis in desérto: ubi tentavérunt me patres vestri, probavérunt et vidérunt ópera mea.

    Veníte, adorémus.

    Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto, sicut erat in princípio, et nunc, et semper, et in sǽcula sæculórum. Amen.

    Christus natus est nobis: Veníte, adorémus.

    Le Christ nous est né, Venez, adorons-le.

    Venez, chantons avec allégresse au Seigneur, faisons monter l'expression d'une joie vers Dieu, notre salut. Hâtons-nous de nous présenter devant Lui avec des louanges et, dans des Psaumes célébrons Sa gloire.

    Le Christ nous est né, Venez, adorons-le.

    Aujourd'hui, si vous entendez Sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, comme il arriva à vos pères dans l'exaspération au jour de la tentation dans le désert, alors qu'ils Me tentèrent, M'éprouvèrent et virent mes œuvres.

    Venez, adorons-le.

    Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

    Le Christ nous est né, Venez, adorons-le.

  • Dimanche dans l’octave de la Nativité

    Le sublime offertoire de la messe de ce jour a déjà été chanté à Noël, à la messe de l’aurore. Autant dire qu’il n’a été entendu à peu près par personne. Voici donc l’occasion de savourer ce chant d’éternité, qui célèbre, extatique, le trône éternel de Dieu.

    Deus firmávit orbem terræ, qui non commovébitur : paráta sedes tua, Deus, ex tunc, a sǽculo tu es.

    Dieu a affermi le globe de la terre qui ne sera point ébranlé : votre trône, ô Dieu, est établi dès lors ; vous êtes de toute éternité.

  • ✝︎ Peter Schreier ✝︎

    Il est mort le jour de Noël, lui qui avait si souvent chanté l’Oratorio de Noël de Bach.


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    Vous pouvez me menacer, fiers ennemis, comment pourriez-vous m’effrayer ? Mon trésor, mon bien-aimé est près de moi…

    Il avait été repéré par Rudolf Mauersberger au sein du Chœur d’enfants de la Sainte-Croix de Dresde, et un disque entier témoigne encore de l’exceptionnelle maîtrise vocale et musicale dont faisait preuve cet enfant. Et c’est pour lui que Mauersberger composa plusieurs pages, dont les solos de son beau et tragique Requiem de Dresde

    Ici dans Es ist vollbracht de la Passion selon saint Matthieu.


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    Il est rarissime qu’un enfant très doué devienne un grand chanteur après la mue. Peter Schreier est l’exception. Il va devenir le grand évangéliste et le grand ténor des oratorios et cantates de Bach. Et aussi le grand ténor des opéras de Mozart.

    Et aussi… on n’en finirait pas, car il a tout interprété du répertoire pour ténor, et toujours de façon exceptionnelle.

    Le plus exceptionnel de ses enregistrements demeure peut-être ce chef-d’œuvre absolu de l’histoire du disque qu’est son interprétation du Voyage d’hiver de Schubert, avec au piano un Sviatoslav Richter lui aussi particulièrement inspiré, le 17 février 1985… à Dresde.


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  • Les Saints Innocents

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    Fra Angelico

    Préface du missel ambrosien, qui se trouve également dans le sacramentaire léonien. Traduction dom Guéranger.

    Vere dignum et justum est, aequum et salutare: nos in pretiosa morte parvulorum te, sancte Pater omnipotens, gloriosius collaudare: quos propter Filii tui Domini nostri Salvatoris infantiam immani saevitia Herodes funestus occidit: immensa clementiae tuae dona cognoscimus. Fulget namque sola magis gratia, quam voluntas: et clara est prius confessio, quam loquela. Ante passio, quam membra passionis existerent: testes Christi, qui ejus nondum fuerant agnitores, O infinita benignitas Omnipotentis: cum pro suo nomine trucidatis, etiam nescientibus, aeternae meritum glorias perire non patitur; sed proprio cruore perfusis et salus regenerationis expletur et imputatur corona martyrii !

    C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre gloire, Père tout-puissant, dans la mort précieuse des enfants que la barbarie farouche du cruel Hérode a massacrés, à l’occasion de l’enfance de notre Seigneur et Sauveur votre Fils ; car vous nous y avez manifesté l’immensité des dons de votre clémence. En effet, votre grâce brille en eux plus que leur volonté ; et leur confession éclate déjà quand leur bouche n’a pas parlé encore ; leur Passion précède le développement des membres dans lesquels ils l’ont soufferte ; ils rendent témoignage au Christ, avant même de l’avoir reconnu. O bénignité infinie, qui ne veut pas frustrer du mérite de la gloire ceux qui, pour son Nom, furent immolés, et qui ne le surent pas : en sorte que, par l’effusion de leur sang, le salut de la régénération leur est octroyé, et en même temps, leur est imputée la couronne du martyre !

  • Saint Jean

    Le graduel et l’antienne de communion reprennent le propos central de l’évangile. La mélodie du graduel est la même que celle du Christus factus est, graduel du Jeudi Saint et antienne de la fin des heures du Triduum. C’est aussi la même que celle du graduel des confesseurs pontifes Ecce sacerdos magnus.

    Les voici par les moniales d’Argentan sous la direction de dom Gajard.


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    Exiit sermo inter fratres, quod discípulus ille non móritur : et non dixit Iesus : Non móritur. Sed : Sic eum volo manére, donec véniam : tu me séquere.

    Le bruit courut parmi les disciples que Jean ne mourrait pas. Pourtant, Jésus n’a pas dit : il ne mourra pas. Mais seulement : si je veux qu’il demeure jusqu’à mon retour ? toi, suis-moi.

     

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    Exiit sermo inter fratres, quod discípulus ille non móritur : et non dixit Iesus : Non móritur ; sed : Sic eum volo manére, donec véniam.

    Le bruit courut parmi les disciples que Jean ne mourrait pas. Pourtant, Jésus n’a pas dit : il ne mourra pas. Mais seulement : si je veux qu’il demeure jusqu’à mon retour.

  • Saint Etienne

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    Eglise Saint-Etienne Protomartyr de Fuenlabrada.

    Préface (« contestatio ») du missel mozarabe (traduction dom Guéranger).

    Dignum et justum est, aequum et justum est, te laudare, teque benedicere, tibi gratias agere, omnipotens sempiterne Deus, qui gloriaris in conventu Sanctorum tuorum; quos ante mundi constitutionem praeelectos spirituali in coelestibus benedictione signasti: quosque Unigenito tuo per adsumptionem carnis, et crucis redemptionem sociasti. In quibus Spiritum tuum Sanctum regnare fecisti; per quem ad felicis martyrii gloriam pietatis tuae favore venerunt.

    Digne igitur tibi, Domine virtutum, festa solemnitas agitur; tibi haec dies sacrata celebrator, qua beati Stephani primi martyris tui sanguis in tuae veritatis testimonio profusus, magnificum nominis tui honorem signavit.

    Hic est enim illius Nominis primus Confessor, quod est supra omne nomen, in quo unicum salutis nostrae praesidium. Pater aeterne, posuisti.

    Hic in Ecclesia tua quam splendidum ad cunctorum animos confirmandos, unicae laudis praecessit exemplum!

    Hic post passionem Domini nostri Jesu Christi, victoriae palmam primus invasit.

    Hic ut levitico ministerio per Spiritum Sanctum ab Apostolis consecratus est; niveo candore confestim emicuit, martyrii cruore purpureus.

    O benedictum Abrahae semen, Apostolicae doctrinae, et dominicae crucis prior omnium factus imitator et testis! Merito coelos apertos vidit et Jesum stantem ad dexteram Dei.

    Digne igitur et juste talem sub tui nominis confessione laudamus, omnipotens Deus, quem ad tantam gloriam vocare dignatus es. Suffragia ejus nobis pro tua pietate concede. Talis pro hac plebe precetur, qualem illum post trophaea venientem exsultans Christus excepit. Illi pro nobis oculi sublimentur, qui adhuc in hoc mortis corpore constituti, stantem ad dexteram Patris Filium Dei in ipsa passionis hora viderunt. Hic pro nobis obtineat, qui pro persecutoribus suis dum lapidaretur, orabat ad te, sancte Deus, Pater omnipotens, per Dominum Jesum Christum Filium tuum, qui pro peccatis nostris nasci carne per Virginem, et pati dignatus est mortem: ut martyres suos suo pati doceret exemplo.

    Cum merito omnes Angeli atque Archangeli sine cessatione proclamant, dicentes: Sanctus, Sanctus, Sanctus.

    Il est digne et juste de vous louer, de vous bénir, de vous rendre grâces, Dieu tout-puissant et éternel, qui vous glorifiez dans l’assemblée de vos Saints. Vous les avez élus dès avant la création du monde, vous les avez marqués pour le ciel d’une bénédiction spirituelle, et vous les avez associés à votre Fils unique par l’Incarnation et par la rédemption de la croix. Vous avez fait régner en eux votre Esprit-Saint, et par lui, votre miséricorde les favorisant, ils sont parvenus à la gloire d’un heureux martyre.

    C’est donc avec raison, ô Seigneur des armées, que cette solennité vous est consacrée ; que nous fêtons, pour votre gloire, ce jour sacré, que le sang du bienheureux Étienne, votre premier martyr, répandu pour le témoignage de votre vérité, a marqué magnifiquement pour la gloire de votre Nom.

    En effet, il est le premier Confesseur de ce Nom qui est au-dessus de tout nom, et dans lequel, ô Père éternel, vous avez placé l’unique secours de notre salut.

    Dans votre Église, quel exemple éclatant et glorieux il a laissé pour raffermir les cœurs !

    Le premier, après la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, il a saisi Ta palme de la victoire.

    Consacré, par l’Esprit-Saint et le choix des Apôtres, au ministère lévitique, il a éclaté aussitôt par une pureté semblable à celle de la neige, et par la pourpre sanglante du martyre.

    O rejeton béni d’Abraham ! premier imitateur et témoin de la croix du Seigneur ! il a mérité de voir les cieux ouverts, et Jésus assis à la droite de Dieu.

    C’est avec raison et avec justice que, célébrant votre Nom, ô Dieu tout-puissant, nous honorons celui que vous avez daigné appeler à une si grande gloire. Dans votre miséricorde, faites-nous jouir de son suffrage. Qu’il prie pour ce peuple, dans cette gloire que le Christ lui a départie, lorsqu’il l’a reçu avec triomphe après son combat victorieux. Que ces yeux s’élèvent pour nous, ces yeux qui, étant encore dans ce corps de mort, à l’heure même de sa passion, ont vu le Fils de Dieu debout à la droite du Père. Qu’il obtienne pour nous vos grâces, celui qui, pendant qu’on le lapidait, vous implorait, Dieu saint, Père tout-puissant, par Jésus-Christ notre Seigneur, votre Fils, quia daigné naître de la Vierge, selon la chair, pour nos péchés, et souffrir la mort, afin d’instruire ses martyrs à souffrir par son exemple.

    A lui tous les Anges et les Archanges chantent sans jamais cesser, disant : Saint ! Saint ! Saint !

  • Il y a 50 ans (10) : Noël

    Naguère tout le monde savait, même les incroyants, qu’à Noël il y a une messe de minuit. Cela aussi a été supprimé. Pas officiellement, mais dans les faits, comme tant d’autres choses. On a gardé la même dénomination, « missa in nocte », messe de la nuit, mais avant la révolution liturgique les textes précisaient que cette messe commençait « in media nocte », à minuit, parce que c’était traditionnellement l’heure de la naissance du Sauveur. Il suffit de ne plus le préciser, et « in nocte », c’est n’importe quand. Comme il fait nuit très tôt le 24 décembre, on voit des « messes de la nuit » célébrées à 18h, voire 17h. Ce qui permet bien sûr de réveillonner à une heure bourgeoise, et de ne pas subir les affres de dom Balaguère… Ce que les soi-disant restaurateurs de la liturgie ne vous disent pas, c’est que si l’on voulait restaurer l’heure de la première messe de Noël comme aux premiers siècles il aurait fallu la programmer dans la deuxième partie de la nuit, puisqu’on l’appelait « in galli cantu », au chant du coq, mais bien avant la fin de la nuit puisque la messe suivante était célébrée « in primo mane », à la première lueur du jour. Alors adieu le réveillon…

    La messe continua de s’appeler « in galli cantu » dans les missels alors qu’elle avait été depuis longtemps fixée à minuit, pour des raisons symboliques évidentes : c’est au milieu de la plus profonde nuit de l’année que surgit la lumière divine.

    La liturgie attend le dimanche dans l’octave pour le souligner, par l’introït de la messe, avec une autre image : celle du Verbe de Dieu qui descend au milieu du plus grand silence :

    Dum médium siléntium tenérent ómnia, et nox in suo cursu médium iter háberet, omnípotens Sermo tuus, Dómine, de cælis a regálibus sédibus venit.

    Tandis que tout se tenait au milieu du silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, ta parole toute-puissante, Seigneur, vint des cieux, du trône royal.

    Ce texte est d’autant plus saisissant que dans le livre de la Sagesse il évoque… l’ange exterminateur qui vient tuer tous les premiers nés de l’Egypte…

    Ce stupéfiant introït a été renvoyé par les destructeurs de la liturgie au deuxième dimanche après Noël. Pour ceux qui par hasard continueraient à chanter un « chant d’entrée » qui soit celui des livres officiels. Mais en faisant cela ils savaient qu’en fait même là où ce serait le cas il disparaitrait : le deuxième dimanche après Noël est, dans leur calendrier, celui de la célébration de l’Epiphanie partout où elle n’est pas un jour férié. Ainsi les missels en français ne le donnent même pas.

    La parole dont parle cet introït est le Verbe qui se fait homme. A la messe de minuit il nous dit : « Le Seigneur m’a dit : tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré ». Dóminus dixit ad me: Fílius meus es tu, ego hódie génui te. L’engendrement du Fils dans le jour éternel devient l’engendrement dans la chair. Telle est la descente du Verbe tout-puissant qui se fait enfant dans la crèche. Ce verset extraordinaire du psaume 2, rendu plus extraordinaire encore par sa sublime mélodie grégorienne, est devenu facultatif dans la néo-« liturgie », c’est-à-dire qu’il a disparu. On l’a remplacé par un chant qui commence par « Tous ensemble ». Sic. Il semble que ce soit la « traduction » de Gaudeamus omnes in Domino… (Chant d’entrée lui-même facultatif, d’ailleurs, puisqu’en fait on chante ce que décide l’« équipe d’animation liturgique ».) Et en prime on supprime la saisissante prophétie christique que constitue ce verset. (On l’a aussi supprimé de ce qui était l’office des matines, où il était la première antienne. On l’a remplacé par « Le Christ nous est né »…)

    *

    Messe de minuit traditionnelle :

    Deus, qui hanc sacratíssimam noctem veri lúminis fecísti illustratióne claréscere : da, quǽsumus ; ut, cujus lucis mystéria in terra cognóvimus, ejus quoque gáudiis in cælo perfruámur.

    Néo-messe de la nuit :

    Deus, qui hanc sacratissimam noctem veri luminis fecisti illustratione clarescere, da, quaesumus, ut cuius in terra mysteria lucis agnovimus, eius quoque gaudiis perfruamur in caelo.

    La collecte de la messe de minuit a subi trois modifications. Deux sont des interversions de mots dont on ne voit pas l’utilité, sinon de montrer qu’il faut tout changer et qu’on connaît mieux l’ordre des mots latins que les Romains. La troisième est un changement qui paraît anodin mais qui ne l’est pas. Le verbe cognovimus est devenu agnovimus. Seul le préfixe change. Mais il y a plus qu’une nuance.

    D’abord il convient de souligner qu’on ne trouve « agnovimus » dans aucun ancien manuscrit liturgique (alors que les « restaurateurs » prétendent rétablir la pureté originelle des oraisons).

    Mais surtout, agnosco est un verbe plus faible que cognosco. Agnosco, c’est ad-gnosco, c’est percevoir, reconnaître, de l’extérieur. Alors que cognosco, c’est con-gnosco, connaître, par une connaissance intime, intérieure. La nouvelle collecte dit que nous appréhendons le mystère de la lumière, l’ancienne dit qu’en cette très sainte nuit nous le connaissons. Contrairement au monde qui ne l’a pas connu, comme dit le prologue de saint Jean : l’allusion disparaît si l’on utilise agnosco.

    Cela dit, pour ce qui est de l’espace francophone, cette analyse est dépourvue de tout intérêt, puisque de toute façon dans la « traduction » française « agnovimus » paraît être rendu par « illuminés ». Sic.

    *

    A la messe du jour de Noël, on a carrément remplacé la collecte traditionnelle : elle était intolérable pour la « mentalité contemporaine », puisqu’elle parlait de l’esclavage du péché :

    Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nos Unigéniti tui nova per carnem Natívitas líberet ; quos sub peccáti iugo vetústa sérvitus tenet. Per eúndem Dóminum.

    Nous vous en prions, Dieu tout puissant, que votre Fils éternel, par sa nouvelle naissance en notre chair, vienne nous délivrer de l’ancien esclavage qui nous maintient sous le joug du péché.

    La « mentalité contemporaine » ne supporte pas ce langage de vérité, qui fait pourtant prendre pleinement conscience de l’authentique réalité de la « bonne nouvelle ».

    On l’a remplacée par la prière d’offertoire du missel traditionnel que dit le prêtre quand il verse une goutte d’eau dans le calice pour la mélanger au vin : « Deus, qui humánae substántiae dignitátem… » (sans la mention de « ce mystère de l’eau et du vin »). C’est assurément une magnifique prière, et ce fut effectivement une collecte de Noël avant saint Grégoire le Grand. Mais quand on célèbre la messe traditionnelle on la dit tous les jours… et même trois fois à Noël… Ce fut un trait de génie (ambrosien, semble-t-il) de lui donner ce rôle à l’offertoire, et une belle décision de saint Pie V de la maintenir (elle ne paraissait pas très répandue dans les missels romains).

    Deus, qui humánæ substántiæ dignitátem mirabíliter condidísti, et mirabílius reformásti : da nobis per hújus aquæ et vini mystérium, eius divinitátis esse consórtes, qui humanitátis nostræ fíeri dignátus est párticeps, jesus Christus Fílius tuus Dóminus noster : Qui tecum vivit et regnat in unitáte Spíritus Sancti Deus : per ómnia sǽcula sæculórum. Amen.

    O Dieu, Toi qui a admirablement fondé la dignité de la nature humaine et l'a restaurée plus admirablement encore, donne-nous par le mystère de l'eau mêlée au vin de prendre part à la divinité de Celui Qui a daigné partager notre humanité, Jésus Christ, Ton Fils, notre Seigneur. Qui vit et règne avec Toi dans l'unité du Saint Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles. Amen.