La lecture des matines, ce jour, est le chapitre 13 de la Genèse. Celui où Abraham et sa femme, son neveu Lot, leurs serviteurs, leurs esclaves et leurs troupeaux, sortent d’Egypte pour s’installer en Chanaan, c’est-à-dire la terre (déjà) promise à Abraham et sa descendance. Abraham et Lot sont extrêmement riches, notamment en troupeaux, et il finit par y avoir des bagarres entre les bergers de Lot et ceux d’Abraham, car il n’y a plus assez de place pour tout le monde en un même endroit. Abraham décide donc de se séparer de Lot, et il lui demande de choisir le lieu qu’il voudra : si tu vas à gauche j’irai à droite, si tu vas à droite j’irai à gauche. Lot leva les yeux, dit la Bible, et vit le pays autour du Jourdain, qui était entièrement irrigué, et qui, avant que le Seigneur eut détruit Sodome et Gomorrhe, était « comme le paradis du Seigneur ». Et c’est ainsi que Lot s’établit à Sodome.
Le mot « paradis » est très rare dans la Bible en dehors des deux premiers chapitres de la Genèse. L’expression « paradis du Seigneur », ou « paradis de Dieu », se compte sur les doigts d’une seule main. Et cette expression avec l’article défini (dans le texte grec de la Septante) ne se trouve qu’ici et en Ezéchiel.
Cet emploi exceptionnel attire donc l’attention. Il ne s’agit pas d’un guide touristique dont toutes les destinations sont commercialement paradisiaques. Sodome et Gomorrhe se trouvent dans un pays qui est réellement « comme le paradis du Seigneur », comme le jardin d’avant la chute.
Or « les hommes de Sodome étaient très mauvais, et extrêmement pécheurs devant Dieu ».
Et l’on sait quel était ce péché, même si aujourd’hui c’est un délit de dire publiquement que c’est un péché…
Dans le Nouveau Testament, en dehors de Jésus en croix s’adressant au larron, seul saint Paul emploie le mot « paradis », pour dire qu’il y a été ravi et qu’il y a entendu des choses ineffables. Et saint Paul affirme explicitement (I Cor 5,10), dans une liste des péchés les plus graves, que les homosexuels ne posséderont pas le royaume de Dieu.
Telle est l’antithèse fortement établie dans le texte de la Genèse : « pessimi », les pires hommes habitent le pays qui est comme le paradis de Dieu. A cause du péché des hommes, Dieu n’hésitera pas à détruire ce pays et à en faire un désert apocalyptique.
N’en déplaise aux amis de François, la Sainte Ecriture est en noir et blanc. « Que votre parole soit oui oui, non non, ce qui est en plus vient du Mauvais », dit le Seigneur (Matthieu 5, 37).