Article paru dans le N° 111 de Daoudal Hebdo.
Le 16 janvier 2011, le Front national n’a pas seulement changé de président. Il a changé de doctrine. Et de façon radicale. Le discours d’investiture de Marine Le Pen, présidente du Front national, était : premièrement étatiste, deuxièmement laïciste. Le nom de Le Pen ne doit pas laisser penser à une quelconque filiation. Jean-Marie Le Pen était l’héritier à la fois de la France chrétienne et de la République laïque. Son alchimie personnelle faisait qu’il pouvait rassembler ceux qui se reconnaissaient plus dans l’une que dans l’autre, et vice-versa. Cela permettait une sorte d’équilibre qui était l’apanage du Front national, et qui évitait les dérives. D’un côté, les tenants de la République laïque devaient composer avec un rappel permanent d’un héritage chrétien dont les valeurs doivent irriguer la politique, dont les valeurs morales s’imposent à la politique. De l’autre côté, les plus traditionalistes des catholiques (éventuellement royalistes) devaient accepter que leur parti soit un parti laïque, œuvrant dans le cadre des lois de la République laïque, seule façon de solliciter les suffrages des Français. C’était la même chose en ce qui concerne le rôle de l’Etat : les partisans de l’étatisme et les partisans de l’Etat réduit à ses seules fonctions régaliennes se retrouvaient dans le discours d’un président qui n’était ni l’un ni l’autre.
Tout dans l’Etat, rien hors de l’Etat, rien contre l’Etat
Avec Marine Le Pen il n’en est plus ainsi. La plus grande partie de son discours fut une ode à l’Etat, et à l’Etat laïciste, au point qu’il ne restait plus de place pour le reste. Ou plutôt, tout le reste se retrouvait englobé dans l’Etat. Comme le disait un certain Benito Mussolini : « Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ».
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