Extrait de l’hommage rendu par Benoît XVI à la Sardaigne, dans son homélie de dimanche au sanctuaire de Notre-Dame de Bonaria, près de Cagliari.
C'est dans vos mines que retentit pour la première fois la Bonne Nouvelle apportée par le Pape Pontien et par le prêtre Hippolyte, ainsi que par tant d'autres frères condamnés ad metalla pour leur foi dans le Christ. Ainsi, Saturnin, Gavin, Protus et Januaire, Simplicius, Luxorius, Ephisius, Antiochius ont eux aussi été les témoins du don total au Christ comme vrai Dieu et Seigneur. Le témoignage du martyre conquit une âme fière comme celle des Sardes, instinctivement réfractaire à tout ce qui venait de la mer. De l'exemple des martyrs prit sa vigueur l'évêque Lucifer de Cagliari, qui défendit l'orthodoxie contre l'arianisme et s'opposa, avec Eusèbe de Vercelli, lui aussi de Cagliari, à la condamnation d'Athanase lors du Concile de Milan de 335, et tous les deux, Lucifer et Eusèbe furent condamnés à l'exil, un exil très dur. La Sardaigne n'a jamais été une terre d'hérésie ; son peuple a toujours manifesté une fidélité filiale au Christ et au Siège de Pierre. Oui, chers amis, au fil des invasions et des dominations, la foi dans le Christ est restée dans l'âme de vos populations comme un élément constitutif de votre identité sarde.
Après les martyrs, au Vème siècle, arrivèrent de l'Afrique romaine de nombreux évêques qui, n'ayant pas adhéré à l'hérésie arienne, durent subir l'exil. En venant dans l'île, ils apportèrent avec eux la richesse de leur foi. Ce furent plus de cent évêques qui, sous la direction de Fulgence de Ruspe, fondèrent des monastères et intensifièrent l'évangélisation. Avec les reliques glorieuses d'Augustin, ils apportèrent la richesse de leur tradition liturgique et spirituelle, dont vous conservez encore les traces. Ainsi la foi s'est toujours plus enracinée dans le cœur des fidèles, jusqu'à devenir culture et produire des fruits de sainteté.