Selon le rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) rendu public hier, la pauvreté reste stable en France mais le nombre de travailleurs pauvres augmente. Un curieux rapport qui donne des chiffres de 2005 ou de 2006 selon les cas...
Ainsi en 2005, environ 1,7 million de personnes (7% des travailleurs) avaient un emploi mais leur revenu était inférieur au seuil de pauvreté (817 euros par mois).
Les travailleurs pauvres ont reçu en moyenne 775 euros par mois au titre de leur activité, alors que 78% d’entre eux occupent un emploi toute l’année (dont 21% à temps partiel). Le nombre d’allocataires des minima sociaux s’est stabilisé à 3,5 millions de personnes en 2006, mais cette stabilisation ne doit pas cacher une aggravation de la situation financière des plus pauvres, notamment chez les personnes âgées isolées, les famille monoparentales et les jeunes en recherche d’emploi.
De ce fait, l’écart entre le niveau de vie médian des ménages pauvres et le seuil de pauvreté s’accroît depuis 2002, ce qui signifie que la pauvreté est « plus profonde », comme dit le rapport : les travailleurs les plus pauvres sont de plus en plus pauvres.
« La baisse du chômage ne s’accompagne pas en même temps de la baisse de la pauvreté », commente Christine Boutin. Il faudrait déjà qu’il y ait une baisse du chômage, autrement que dans les statistiques bidonnées. Et de toute façon le phénomène des « travailleurs pauvres » n’a rien à voir, en soi, avec le chômage.
Mais Christine Boutin va réagir. Comment ? Eh bien, pardi, en en faisant un sujet... européen...
En juillet, annonce-t-elle, la lutte contre la pauvreté sera le thème de la réunion des ministres qui suivra immédiatement la Table ronde marquant le début de la présidence française...
Et elle insiste : « C’est la première fois que cette question sera portée au niveau ministériel. Il s’agira de poursuivre à l’échelle de l’Union européenne un objectif chiffré de réduction de la pauvreté. »
Si vous ne savez ou ne pouvez rien faire, transportez le problème au niveau européen. Comme le dit toujours Jean-Marie Le Pen, et c’est ici particulièrement adéquat, une addition de faiblesses ne fait jamais une force. Donc il ne se passera rien. Mais on en aura officiellement parlé dans un sommet européen, on aura pondu des discours et des « objectifs ». Et cela permettra de dire une fois de plus : ce n’est pas de notre faute, c’est la faute de l’Europe.
Voilà pourquoi il faut des traités qui donnent toujours plus de prérogatives aux instances européennes...