Mgr Giampaolo Crepaldi, secrétaire du Conseil pontifical Justice et paix, a écrit un très beau texte sur la famille, sur le site de l’Observatoire international Cardinal Van Thuan (consacré à la doctrine sociale), dont il est le président.
« Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas les raisons pour lesquelles l'Eglise insiste tant sur l’importance de la famille pour la société et réaffirme sans cesse la valeur sociale inaliénable du mariage, comme Benoît XVI vient de le faire à New York. On pense que l'Eglise le fait exclusivement pour des raisons liées à la foi. Oui, l’importance de la foi en la parole de Dieu est assurément fondamentale pour l’Eglise. Mais l'importance du mariage pour la société, donc aussi la valeur politique de la famille, se fondent sur la raison. A l'origine de la société, en fait, il ne peut pas y avoir seulement deux individus, sans distinction de genre, mais un couple, un homme et une femme, une communauté de deux individus qui, mutuellement complémentaires et ouverts à la vie naissante, génèrent la communauté. En bref, une communauté issue d’une communauté. Si cette communauté n'existe pas au départ il n'y en aura jamais. Si au début il n'y a que deux individus, au lieu d'un homme et d'une femme qui décident de se donner et de partager leur existence en s'ouvrant à la vie des autres, la société ne sera toujours et seulement qu'une somme d'individus, jamais une communauté. Telles sont les raisons pour lesquelles la société ne peut que s’effondrer si elle ne soutient pas et ne développe pas la réceptivité à la vie, si elle n’adopte pas et ne développe pas la famille comme communauté originelle, comme la première communauté qui fonde toutes les autres. La vie elle-même, en tant que don reçu et non produit, et la famille, en tant que couple uni non par simple désir mais par vocation, insufflent dans la société le don d'être ensemble, et d’être ensemble comme un don, et non pas simplement comme l’expression du désir ou de la possession. En accueillant la vie qui frappe aux portes de l'existence, comme autre chose qu’une activité chimique de laboratoire, la société apprend à recevoir et pas seulement à fabriquer, elle apprend comment on se met au service d’un projet qu’elle n’a pas produit d’elle-même et qui n’est pas le résultat de notre soif de réalisations. En acceptant de se fonder sur la sexualité, sur la différence et la complémentarité de genre, la société épouse la notion de réciprocité et de don. C’est là que se trouve le lien profond entre la sexualité et la société. Considérée dans ses implications personnelles et son ouverture à la vie, la sexualité est l’origine même de la société. La sexualité est la rencontre de communion ouverte à la vie entre deux personnes, qui s’intègrent l’une à l’autre dans l’acceptation d’une vocation et d’un bien commun qui transcendent les deux individus pris séparément. »