Comme il l’avait fait pour le 14-Juillet, Nicolas Sarkozy a fait du 11-Novembre une cérémonie européenne. Pas moins de huit drapeaux de l’Union européenne flanquaient l’Arc de Triomphe.
« Les services de l’Elysée ont transformé une cérémonie figée en une célébration pédagogique de la paix en Europe », dit l’AFP.
Il ne s’agissait pas de pédagogie, mais de propagande. Il est vrai que toute propagande européiste, par exemple pour le nouveau traité, est aujourd’hui qualifiée de « pédagogie ».
Et comme dans toute propagande visant à tromper les citoyens, le propos du président de la République était une imposture.
« En ce 11 novembre, nous ne rendons pas seulement l’hommage de la nation à tous les morts sur le champ de bataille, nous nous souvenons aussi que de tant de sang et de larmes est né un grand rêve de paix... Aujourd’hui, en nous souvenant, nous célébrons l’avenir, un avenir de paix et de fraternité entre les nations, un avenir de compréhension et de solidarité envers les peuples. Cet avenir, nous lui avons donné le nom d’Europe. »
On retrouve ici tout un pan de la propagande en faveur de la Constitution européenne : il faut poursuivre sur la voie de l’intégration européenne, parce que la construction européenne a été voulue pour instaurer la paix et qu’on lui doit la paix dont nous bénéficions depuis plus d’un demi-siècle.
C’est évidemment faux. La construction européenne a commencé par la création d’une « communauté économique » entre six pays. Il ne s’agissait officiellement que de relations économiques, d’une politique agricole commune et de la suppression de barrières douanières. Certes, pour les idéologues de l’Europe, il s’agissait en sous-main de commencer ainsi modestement la construction de ce qu’on transformerait peu à peu, sans jamais le dire aux peuples, en Etats-Unis d’Europe.
La paix n’a rien à y voir. La paix a été scellée notamment par la réconciliation franco-allemande, et elle s’est d’autre part considérablement renforcée par la chute du Mur et la chute de l’URSS (qui n’a rien à voir non plus avec la construction européenne). On peut craindre en revanche que la construction, non plus même d’Etats-Unis d’Europe, mais d’un super-Etat européen (dans nombre de domaines les Etats des Etats-Unis sont plus autonomes que les Etats de l’UE) soit lourde de menaces pour la paix. Car on n’enchaîne pas les peuples indéfiniment, et les empires artificiels ne s’effondrent pas toujours de façon pacifique (cf. l’exemple yougoslave).
On constate d’autre part que cette célébration européenne du 11-Novembre intervient quelques jours après la grande déclaration d’amour et d’allégeance de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis d’Amérique. La visite de Nicolas Sarkozy a été immédiatement suivie de la visite d’Angela Merkel. Et ce 12 novembre, Nicolas Sarkozy, avec son gouvernement, est à Berlin, en réunion avec Angela Merkel et son gouvernement. Difficile de souligner davantage que l’Union européenne est désormais sous étroite influence américaine.
L’an prochain, ce sera le 90e anniversaire de l’armistice de 1918. La France présidera l’Union européenne, et l’on nous annonce d’ores et déjà un 11-Novembre purement européiste : ce ne sera pas à l’Arc de Triomphe ; adieu le soldat inconnu et sa flamme. Ce sera à Strasbourg, « ville symbole pour l’Europe », et l’on célébrera « la naissance ou la renaissance en 1918 d’un grand nombre d’Etats d’Europe centrale ou orientale » dont beaucoup sont aujourd’hui membres de l’Union... Bref, on fera commencer la construction européenne en 1918...