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  • Ce n’est pas le rôle du Président...

    Contrairement à ce que l’on croit, Nicolas Sarkozy ne s’occupe pas de tout. Il y a un domaine qui n’est pas de sa compétence. C’est du moins ce que croit savoir Yves Jégo, porte-parole de l’UMP. A propos de la décision du président de la République de ne pas accorder de grâces collectives à l’occasion du 14 juillet, il a déclaré que ce n’était « pas son rôle de réguler l’occupation des prisons ».

    Tiens donc.

    La surpopulation pénale, ce sera la faute à Rachida...

    Etc. ?

  • Patrick Karam, une référence

    Patrick Karam a été nommé en conseil des ministres délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer.

    Patrick Karam est le fondateur de Collectifdom, un lobby dont il a démissionné en novembre dernier pour raisons personnelles.

    Collectifdom s’était fait connaître en 2005, donc sous la présidence de Patrick Karam, en attisant la polémique sur la traite des Noirs et l’esclavage et en portant plainte contre l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau qui osait dire des vérités dérangeantes sur ces sujets. Face au tollé soulevé par cette plainte chez les historiens, le lobby de Patrick Karam s’était désisté, avouant « ne pouvoir se trouver en opposition avec toute l’intelligentsia et les décideurs et risquer de perdre ainsi toute sa crédibilité ».

  • L’Africaine du gouvernement français

    Sans aucun doute est-ce la première fois qu’un ministre français, ou supposé tel, dit « chez nous » en parlant, non seulement d’un autre pays, mais d’un autre continent. C’est ce qu’a fait Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l’Homme, au cours d’un entretien réalisé depuis Paris par la radio sénégalaise Futurs Médias. Un entretien où l’on constate aussi que Rama Yade ne parle pas vraiment le français comme le faisait Léopold Sédar Senghor...

    L’Afrique, dit-elle, « je ne peux pas m'en foutre, parce que je ne suis pas née ici ». En effet elle est née et a vécu la première partie de son enfance au Sénégal. « J'ai eu une histoire avant et puis l'objectif ultime c'est quand même ce continent, un jour, peut-être. Au fond, ici tout est fait, alors que chez nous, tout reste à faire. Et donc on peut être utile, si les autres le veulent parce qu'il ne faut pas forcer les choses et si on a les moyens également... »

    En traduction française, cela veut dire que la demoiselle aspire à être ministre chez elle, au Sénégal, puisque tout reste à faire dans le continent africain, alors qu’ici « tout est fait ».

    Dans ces conditions on se demande pourquoi elle est ministre en France. Sans doute le gouvernement français doit-il lui servir de tremplin...

    C’est aussi qu’elle croit représenter l’Afrique à elle toute seule. Elle est l’Afrique dans le gouvernement français...

    « J'ai toujours en tête, lorsque je suis en face d'un responsable politique ou d'un média, de me dire : quel que soit ce que je veuille ou que je fasse (sic), ces gens-là me voient comme représentant de l'Afrique. Je suis obligée d'être correcte, je suis obligée d'être bonne, parce que je veux faire casser tous les préjugés que des personnes peuvent avoir sur ce continent et ses habitants... Je vous assure que quand on est la plus jeune de l'état-major de l'UMP, ce n'est pas évident. Mais bon, on se bat parce qu'il faut se bagarrer, ce n'est pas drôle tous les jours, mais je le fais parce que j'aime ça, parce que j'ai ressenti le besoin de faire des choses pour les autres, parce que quoi qu'on en pense, mon image est celle de l'Afrique et si j'échoue, c'est l'Afrique qui échoue. »

    Si j’échoue c’est l’Afrique qui échoue, ne craint pas de prétendre la petite Ramatoulaye Yade. Et si elle réussit, l’Afrique réussira ? Non, évidemment, mais elle, oui, elle croit qu’elle pourra alors briguer un poste « chez elle ». Mais « quel que soit » ce qu’elle veuille ou fasse, comme on ne dit pas à Dakar, Ramatoulaye Yade n’est qu’un joli pion de couleur sur l’échiquier de Nicolas Sarkozy. On le prend, on le pose, on l’enlève, il disparaît...

    (via fdesouche)

  • Sarkozy en super-Président de la zone euro

    Certains commentateurs prétendent que l’attitude de Nicolas Sarkozy, qui dirige de fait le gouvernement, n’est pas une nouveauté dans la Ve République. Ils disent que le général de Gaulle lui-même se comportait ainsi, et qu’il aurait même dit : « N’appelez pas le Premier ministre chef du gouvernement, c’est moi le chef du gouvernement. » Pompidou se serait comporté de même, et Mitterrand avant la cohabitation également.

    La comparaison ne tient pas, et les Français le sentent confusément. Nicolas Sarkozy n’arrête pas de montrer lui-même qu’il ne s’agit pas du tout de la même configuration. Par exemple, il a reçu les syndicats ouvriers à l’Elysée. Jamais de Gaulle n’aurait fait cela. Il a ensuite reçu les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves, après avoir fait annuler une conférence de presse du ministre de l’Education, à propos de décrets Robien. Jamais de Gaulle n’aurait fait cela. Il aurait eu l’impression de descendre à un niveau qui n’était pas le sien. D’humilier sa fonction.

    On n’avait jamais entendu non plus un Premier ministre souhaiter ouvertement que ce poste soit supprimé et que le Président dirige directement le gouvernement. C’est ce que dit François Fillon, en accord, naturellement, avec le Président.

    Un autre exemple très significatif est la participation de Nicolas Sarkozy, ce jour, à la réunion de l’eurogroupe. Ces réunions sont ministérielles. Aucun chef d’Etat n’y a jamais participé. A supposer que de Gaulle ait admis la monnaie unique, ce qui est déjà très audacieux, il est inimaginable qu’il aurait ensuite participé à une réunion où il aurait été le seul chef d’Etat face à des ministres des Finances.

    La présence de Nicolas Sarkozy à Bruxelles, flanqué de son ministre de l’Economie, montre une fois encore, et de façon spectaculaire, que ses ministres ne sont que des chefs de cabinet, des conseillers, des sherpas. Catherine Lagarde se satisfait d’ailleurs pleinement de ce rôle. Elle va à Bruxelles « en éclaireur », sous la conduite du « général » Sarkozy... Et elle est certainement bien contente que ce ne soit pas à elle d’expliquer devant ses pairs pourquoi son Président a décidé de reporter à 2012 l’objectif d’équilibre des finances publiques...

    Plus grave est le fait que cela souligne l’européisme de Sarkozy, plus insistant que celui de ses prédécesseurs. Il va à Bruxelles pour montrer sa volonté de relancer l’aspect politique de l’eurogroupe, l’intégration politique de l’Union européenne. Cela va de pair avec son intention, exprimée par son secrétaire d’Etat euro-socialiste aux Affaires européennes, d’organiser une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro pour que celle-ci « acquière une identité politique », pour « accroître la visibilité de l’Eurogroupe, lui donner plus de consistance, renforcer encore les prérogatives de son président ». Cela a le mérite d’être clair. Nicolas Sarkozy a confirmé la chose, et a même annoncé qu’il proposerait cette réunion lors de la réunion de l’Eurogroupe. Il va proposer une rencontre de chefs d’Etat à des ministres...

    Nicolas Sarkozy va aussi à Bruxelles pour tenter d’imposer la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. Car bien entendu son candidat ne peut qu’être de gauche. Il n’est pas certain toutefois que ce soit la bonne stratégie. Car s’il est incontestable que l’européiste Strauss-Kahn a bonne presse à Bruxelles, les autres Etats membres de l’Union, à commencer par ceux de la zone euro, risquent de trouver un peu fort que le Président français se serve de sa fonction pour favoriser son poulain, devant des ministres des Finances... dont certains pourraient également être candidats, dont le ministre italien, cité par le Wall Street Journal. Et quand on voit que le même journal cite aussi un autre Italien, et que le Financial Times de Londres cite de son côté comme candidats potentiels deux Polonais, cela relativise quelque peu l’opération de communication de Sarkozy, docilement relayée par les médias français faisant croire que c’est dans la poche car il n’y a pas d’autre candidat...

  • Dilexi

    J'aime, parce que le Seigneur exaucera la voix de ma prière.

    Parce qu'il a incliné vers moi son oreille, je l'invoquerai tous les jours de ma vie.

    Les douleurs de la mort m'ont environné, et les périls de l'enfer sont venus sur moi.

    J'ai trouvé le tourment et la douleur, et j'ai invoqué le Nom du Seigneur :

    O Seigneur, délivre mon âme. Le Seigneur est miséricordieux et juste, et notre Dieu est compatissant.

    Le Seigneur garde les petits ; j'ai été humilié et il m'a délivré.

    Rentre, ô mon âme, dans ton repos, car le Seigneur t'a donné ses bienfaits.

    Car Il a arraché mon âme à la mort, mes yeux aux larmes, mes pieds à la chute.

    Je plairai au Seigneur dans le pays des vivants.

    (Psaume 114)

  • 6e dimanche après la Pentecôte

    Hier tout le monde parlait du 07/07/07 et chacun y allait de son bavardage et de sa superstition, en oubliant que le symbolisme des nombres est sacré et appartient à l’Eglise. Le chiffre 7 apparaît dans l’évangile de ce dimanche : les sept pains et les sept corbeilles. Voici donc, pour faire oublier les insanités d’hier, ce que dit Dom Guéranger, dans l’Année liturgique, d’après saint Ambroise, à propos de l’une des véritables significations du chiffre 7.

    L'Epoux ne sert point dès le commencement d'ordinaire son vin le plus enivrant, ses mets les plus exquis aux conviés de son amour. Beaucoup d'ailleurs ne sauraient point s'élever, ici-bas, au-delà d'une certaine limite vers la divine et substantielle lumière qui nourrit les âmes. A ceux-là donc, au plus grand nombre, figuré par les cinq mille hommes de la première multiplication miraculeuse, conviennent les cinq pains de moindre qualité, répondant par leur nombre aux cinq sens qui retiennent encore plus ou moins la multitude sous leur empire. Mais aux privilégiés de la grâce, aux hommes qui, dominant les mille sollicitudes de la vie et méprisant ses jouissances permises, parviennent dès ce monde à faire régner Dieu seul en leur âme, à ceux-là seuls l'Epoux destine le pur froment des sept pains, dont le nombre rappelle la plénitude de l'Esprit de sainteté et abonde en mystères.

    « Bien que dans le monde, dit saint Ambroise, ils ne sont plus du monde ces hommes qui goûtent l'aliment du mystique repos. » Au commencement, Dieu donna en six jours à l'univers sorti de ses mains sa perfection et sa beauté ; il consacra le septième à la jouissance de ses ouvrages. Sept est le chiffre du repos divin ; il devait être aussi celui du repos fécond des fils de Dieu, de la consommation des âmes dans la paix qui assure l'amour et fait l'invincible force de l'Epouse au Cantique. C'est pourquoi l'Homme-Dieu, proclamant sur la montagne les béatitudes de la loi d'amour, attribua la septième aux pacifiques ou pacifiés, comme devant être nommés excellemment fils de Dieu. En eux seuls, en effet, se développe pleinement le germe de la filiation divine déposé dans l'âme au baptême. Grâce au silence des passions terrassées, leur esprit, maître de la chair et soumis à Dieu, ne connaît plus les tempêtes intérieures, les brusques variations, les inégalités mêmes si nuisibles toujours à la précieuse semence ; échauffée par les feux du Soleil de justice dans une atmosphère continuellement sereine et sans nuages, elle se dilate sans obstacle, elle croît sans déviation ; absorbant tous les sucs humains de cette terre qui l'a reçue, s'assimilant la terre elle-même, elle ne laisse plus rien voir bientôt que de divin dans ces hommes devenus, pour le Père qui est aux cieux, la très fidèle image de son Fils premier-né.

    « Elle est donc bien justement la septième cette béatitude des pacifiés, reprend saint Ambroise ; à eux le pain des sept corbeilles, le pain sanctifié, le pain du repos ! C'est quelque chose de grand que ce pain du septième jour ; et j'oserai le dire, si, après avoir mangé des cinq pains, vous goûtez les sept, n'attendez plus rien sur terre. »

  • Mgr Vingt-Trois et le motu proprio

    Extrait de la lettre de l’archevêque de Paris à ses prêtres. C’est globalement plutôt encourageant, par rapport à ce que le même archevêque avait déclaré précédemment.

    Comme vous le savez, depuis le Motu Proprio de 1988, le diocèse de Paris a institué la célébration selon le Missel de 1962 dans trois lieux : Ste Odile, St Eugène-Ste Cécile, et la Chapelle Notre-Dame du Lys. Ces trois propositions demeurent. A la demande de la Communauté de Notre-Dame du Lys, nous avons cherché une paroisse qui soit à même d’accueillir cette célébration plus largement. Ce sera chose faite à partir du 1er dimanche de l’Avent 2007. Pour assurer la qualité et la vitalité des célébrations selon le Missel de 1962, il me paraît raisonnable de renforcer ces trois lieux de célébration. Si de nouvelles demandes se présentent dans votre paroisse, vous voudrez bien les étudier avec générosité et me faire les suggestions pastorales que vous estimez justes. Je n’ouvrirai pas de paroisses personnelles dans le diocèse de Paris car j’estime que des fidèles qui demandent la célébration selon le Missel de 1962, ne sont pas des paroissiens « à part ». Mais cette volonté de ne pas les marginaliser suppose que nous soyons capables de répondre raisonnablement aux demandes qui seront faites.

  • Le motu proprio sur la messe

    Voici en résumé ce que je retiens du contenu du motu proprio sur la messe de saint Pie V, et de la lettre qui l’accompagne, avec quelques brefs commentaires.

    Le missel de Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Eglise catholique de rite latin. Le missel de saint Pie V (dans sa version promulguée par Jean XXIII) doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même lex orandi « et être honoré en raison de son usage vénérable et antique ». « Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe » suivant ce missel « jamais abrogé », en tant que « forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église ».

    Aux messes célébrées sans peuple, tout prêtre peut utiliser le missel qu’il veut. [Il est intéressant que le pape commence par ce cas de figure. Car cela bat en brèche le discours ultra-dominant chez les liturgistes qu’une « vraie » messe ne peut être que « communautaire ». C’est l’ordo missae de Paul VI qui a inventé cette (absurde) distinction entre « messe avec peuple » et « messe sans peuple », faisant de cette dernière une sorte de messe de deuxième classe, pas vraiment normale, tant le texte a insisté auparavant sur l’aspect communautaire de la messe. Et ceci conformément à une « norme » édictée par Vatican II (Sacrosancto Concilium, 27), qui prend ici du plomb dans l’aile.]

    Les communautés religieuses peuvent célébrer selon le missel de saint Pie V, avec l’accord de leurs supérieurs majeurs si cela doit être habituel.

    « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. »

    Si le curé refuse, les fidèles en informeront l’évêque diocésain. Celui-ci « est instamment prié d’exaucer leur désir ». « S’il ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei. »

    Le curé « peut concéder l’utilisation du rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que le bien des âmes le réclame ».

    Les évêques peuvent célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant le Pontifical romain ancien.

    « Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser aussi le Bréviaire romain promulgué par le bienheureux Pape Jean XXIII en 1962. »

    [Il est important que le pape précise qu’il ne s’agit pas seulement de la messe, mais de tous les rituels sacramentaux — sans aucun doute aussi de l’ordination, curieusement absente du texte —, et aussi du bréviaire, ce qui constitue une dérogation (sans le dire) à ce que le Concile avait « décrété » (Sacrosanctum Concilium 87 ss).]

    L’évêque peut ériger une paroisse personnelle pour la célébration de la messe de saint Pie V.

    Le pape « ordonne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé à compter du 14 septembre de cette année ».

    Dans sa lettre d’accompagnement, destinée aux évêques, Benoît XVI reconnaît ouvertement que son texte, avant même qu’il soit connu, a suscité des réactions allant « de l’acceptation joyeuse à une dure opposition », et il voudrait dissiper deux craintes, dont il affirme qu’elles ne sont pas fondées : celle d’amenuiser ainsi l’autorité du Concile Vatican II, et que la faculté d’utiliser l’ancien missel « puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés paroissiales ».

    Pour ce qui est de la première, il répète que le missel de Paul VI est la forme normale de la liturgie eucharistique, et que le missel antérieur est la forme extraordinaire du même rite latin. Il attire l’attention « sur le fait que ce missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé ». Cela ne nous apprend rien, mais il est capital que ce soit dit par le pape. La messe de saint Pie V n’avait pas été interdite, mais Paul VI avait rendu obligatoire son nouveau missel. Ce qui en pratique revenait au même, et permettait à nombre d’évêques et de prêtres de prétendre que l’ancienne messe était interdite.

    Le pape dit ensuite que si l’on n’a pas publié de normes concernant la possibilité d’utiliser l’ancien missel c’est qu’on a supposé que cela ne concernerait que « quelques cas particuliers que l’on résoudrait facilement, au cas par cas » : les vieux nostalgiques qui s’éteindraient d’eux-mêmes. Mais il est apparu qu’ils étaient plus nombreux qu’on pensait, et « cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise. »

    C’est pourquoi Jean-Paul II avait promulgué son motu proprio Ecclesia Dei. Or voilà que la demande de l’ancienne messe a continué, plus forte encore, malgré la disparition progressive des vieux nostalgiques : « il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né le besoin d’un règlement juridique plus clair, que l’on ne pouvait pas prévoir à l’époque du Motu Proprio de 1988 ; ces Normes entendent également délivrer les Evêques de la nécessité de réévaluer sans cesse la façon de répondre aux diverses situations. » On retiendra ici la reconnaissance claire et nette par le pape que de nombreux jeunes souhaitent la messe de saint Pie V. Quant au fait de « délivrer les évêques », on ne peut s’empêcher d’y voir un sous-entendu ironique.

    En ce qui concerne la crainte de désordres et de fractures, le pape répond que « l’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine » et que « ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents ». « De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de fidèles. »

    Ces considérations sont étonnantes. On ne peut en rester là. Le pape ne peut que souhaiter que les fidèles aient une formation liturgique et un accès à la langue latine (pour le coup, cela se trouve même dans le texte du Concile). Si les fidèles sont de plus en plus nombreux à approfondir leur sens de la liturgie et à connaître le latin, et si ce sont donc ceux-là qui réclament la messe de saint Pie V, et s’ils deviennent majoritaires, comment pourra-t-on continuer de dire que cette messe est l’expression extraordinaire du rite latin, et que la messe suivie par une minorité en est l’expression normale ?

    Le pape en vient ensuite à la « raison positive » de son motu proprio : « parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise ». Et il reconnaît ici que de nombreux pasteurs n’ont pas agi comme ils auraient dû le faire : « En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau. »

    En conclusion, le pape tient à souligner que ces nouvelles normes « ne diminuent aucunement » l’autorité des évêques, car chaque évêque est le « modérateur » de la liturgie dans son propre diocèse, et son rôle « demeurera de toute façon celui de veiller à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité ». « Si quelque problème devait surgir et que le curé ne puisse pas le résoudre, l’Ordinaire local pourra toujours intervenir, en pleine harmonie cependant avec ce qu’établissent les nouvelles normes du Motu Proprio. »

    On ne peut que remercier Benoît XVI, et de la plus vive façon, pour ce motu proprio et pour les explications qui l’accompagnent. On ne peut que rendre grâce à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et à Marie Mère de l'Eglise, de les lui avoir inspirés.

  • Aeterna laetitia

    Collecte de la messe Salve Sancta Parens, le samedi :

    Concede nos famulos tuos, quaesumus Domine Deus, perpetua mentis et corporis sanitate gaudere, et gloriosa beatae Mariae semper Virginis intercessione, a praesenti liberari tristitia, et aeterna perfrui laetitia.

    Et c’est un rayon de cette joie éternelle qui nous est donné aujourd’hui, en ce samedi consacré à Marie, par le motu proprio disant que la messe de saint Pie V revient officiellement dans l’Eglise.

  • Face au terrorisme, la gesticulation européenne

    Après les attentats de Madrid, l’une des mesures phares du plan d’action anti-terroriste adopté par l’Union européenne avait été la nomination d’un coordinateur anti-terroriste auprès du Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune. Un Néerlandais, Gijs de Vries, fut nommé à ce poste. Il en a démissionné en mars dernier. Vu la situation, on aurait pu penser qu’il serait très rapidement remplacé. Mais il ne l’est toujours pas. Et lorsqu’on interroge le Haut représentant etc. sur ce retard, son porte-parole répond : « Il faut d’abord redéfinir le poste. Il y a eu des débats internes sur l’opportunité même de le remplacer. Le poste n’était pas flamboyant, la personnalité pas transcendante, son départ n’a angoissé personne. » Sic.

    Et le même porte-parole d’ajouter : « Quand de Vries a été nommé, c’était un profil avec une certaine visibilité. Il fallait avoir un point de référence pour les pays tiers. C’était avant tout de la gesticulation vis-à-vis de la presse et des Etats-Unis qui aiment bien avoir affaire à un Monsieur X. »

    Comme voilà un bel aveu...