« Les louanges adressées par Jean-Marie Le Pen à la politique d’immigration suisse déplaisent à leur principal concepteur, Christoph Blocher » (...). Ainsi commence une longue dépêche de l’AFP, reproduisant divers propos du porte-parole de Christoph Blocher, Livio Zanolari, visant à faire passer Jean-Marie Le Pen pour un affabulateur et un menteur. Cela ne peut pas rester sans réponse.
D’abord Jean-Marie Le Pen, lors de la conférence de presse à laquelle il est fait allusion, n’a pas adressé de « louanges » à la politique suisse. Il a fait le tour des politiques d’immigration de différents pays, et a constaté que le cas suisse était le plus proche du programme du Front national. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
« Christoph Blocher et Jean-Marie Le Pen n’ont pas les mêmes buts, ni les mêmes principes : Blocher fait une distinction nette entre légal et illégal », affirme M. Zanolari. Mais aucun homme politique français ne fait plus que Jean-Marie Le Pen la distinction entre ce qui est légal et ce qui est illégal en ce qui concerne l’immigration et la situation des immigrés. Et quand il propose un changement, c’est dans la loi, afin que soit même mieux précisé ce qui est légal et ce qui est illégal.
M. Le Pen, poursuit l’AFP, « a affirmé à plusieurs reprises qu’il souhaiterait rencontrer le ministre suisse. Une envie qui n’est pas partagée, selon le porte-parole de M. Blocher : “Christoph Blocher n’a ni l’intention ni l’intérêt de rencontrer M. Le Pen“. » En réalité, un journaliste a demandé à Jean-Marie Le Pen s’il souhaitait rencontrer M. Blocher, et il a répondu en inversant sciemment le propos : « Si M. Blocher souhaite me rencontrer, il peut m’écrire ou me téléphoner. »
« Jean-Marie Le Pen veut reconduire directement à la frontière un étranger qui ne présente pas de documents d’identité. Il affirme que cela se passe de cette manière en Suisse, ce qui est faux. » C’est évidemment faux pour tout pays connaissant l’état de droit. Jean-Marie Le Pen demande simplement qu’on applique la législation actuelle sur le séjour des étrangers en situation irrégulière : en faisant la distinction entre ce qui est légal et ce qui est illégal...
Si le porte-parole de Christoph Blocher commente des propos qui n’ont pas été tenus par Jean-Marie Le Pen, en revanche il est muet sur ce qu’a vraiment dit Jean-Marie Le Pen concernant la Suisse. Pourquoi ? Parce que ce qu’il a dit est le résumé exact de la politique suisse d’immigration, la politique de Christoph Blocher :
– Un étranger non-européen ne peut s’installer en Suisse s’il n’est pas recruté pour un poste de travail défini, il doit prouver sa qualification et apporter la preuve qu’aucun travailleur suisse ou européen n’a été trouvé pour l’occuper. (C’est la préférence nationale.)
– L’asile est refusé à toute personne qui n’a pas de papiers d’identité. (La demande d’asile est rejetée si la personne qui la formule ne présente pas de pièces d’identité. Cela n’a rien à voir avec ce que M. Zanolari fait semblant d’avoir entendu sur les étrangers reconduits directement à la frontière.)
– La nationalité suisse s’obtient principalement par la filiation. L’acquisition de nationalité est possible, mais elle suppose l’accord de la commune, au terme d’une procédure d’enquête sur l’impétrant, puis du canton, puis de l’Etat.
Voilà ce qu’a dit Jean-Marie Le Pen. Voilà les propos qu’il faudrait discuter. Mais il n’y a rien à discuter, puisque c’est la teneur des lois suisses en vigueur. Alors on invente des propos contestables pour pouvoir les contester...