L’Union européenne a relancé aujourd’hui les négociations d’adhésion de la Turquie, en donnant le feu vert à l’ouverture du chapitre « politique industrielle et entreprise ». Le chapitre sera formellement ouvert à Bruxelles demain matin.
L’AFP rappelle que le refus turc d’étendre son union douanière aux dix nouveaux Etats de l’UE (extension qui constituerait une reconnaissance de fait de Chypre, à défaut de la reconnaissance formelle qui devrait être exigée) a conduit à la suspension de 8 des 35 chapitres, et ajoute que « cette décision a paradoxalement permis de relancer les discussions sur les chapitres non gelés ».
Il n’y a là rien de paradoxal. Dès l’accord entre les ministres des Affaires étrangères sur les « sanctions », le 12 décembre dernier, Jean-Marie Le Pen avait souligné que cet accord avait pour but de relancer les négociations et non de les geler :
« Cet accord, nous dit-on, est une sanction qui ralentit les négociations avec la Turquie, en gelant huit chapitres. C’est tout le contraire. Jusqu’ici, Chypre opposait son veto à l’ouverture de tout chapitre de négociation. Puisque l’Union européenne prend des « sanctions », Chypre ne pourra plus opposer son veto. Donc les négociations, qui étaient au point mort, vont pouvoir s’ouvrir. En gelant les négociations sur 8 chapitres, l’accord européen permet en réalité de les ouvrir sur 26 chapitres. Ce n’est ni une sanction ni un gel, c’est un coup d’accélérateur. Et une trahison de plus des peuples d’Europe. »
Et le 15 décembre, quand les 25 réunis en sommet ont avalisé cet accord sans la moindre discussion, le ministre finlandais des Affaires étrangères (la Finlande présidait alors l’UE) avait ouvertement déclaré qu’une relance des négociations sur les chapitres qui ne sont pas gelés « serait dans l’esprit des conclusions que nous avons adoptées ».
Désormais, la Commission européenne et la Turquie espèrent que trois autres chapitres pourront être ouverts pendant la présidence allemande.
Ainsi l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne peut-elle progresser, alors que ce pays ne reconnaît pas l’un des Etats membres de l’Union, et passe son temps à tout critiquer, jusqu'à la chope de bière de Chirac…
NB. Dans son discours de Toulouse, Jean-Marie Le Pen a rappelé aux distraits que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne repousserait la frontière de « l’Europe » à… la Chine, puisque les ressortissants de tous les pays turcophones de l’ex-URSS peuvent acquérir la nationalité turque sur simple demande. Et comme les Ouïgours, les musulmans chinois, sont également turcophones, l’Union européenne pourra même s’étendre jusqu’à l’intérieur de la Chine…