Jean-Marie Le Pen saura ce soir si son affiche officielle de campagne est acceptée ou refusée par la commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle. C’est le nouveau truc qu’on a trouvé pour lui mettre des bâtons dans les roues. Au dernier moment. Car l’impression des documents de la campagne officielle doit être réalisée très vite, en raison des délais nécessaires, et tout était prêt pour que ce soit fait cet après-midi...
D’abord a été contesté le fond de l’affiche. Ce fond est flou, mais on distingue qu’il s’agit d’une foule, et qu’il y a des drapeaux tricolores. L’ensemble donne d’ailleurs une impression de « bleu blanc rouge ». Or il est interdit d’utiliser les couleurs du drapeau national, sauf dans un logo. Le Front national a affirmé qu’il n’y avait pas de bleu dans ce fond, y compris sur ce que l’on peut distinguer comme des drapeaux. La commission a exigé d’avoir le fichier numérique, et l’a analysé à la « pipette » pour déterminer l’exacte composition des couleurs. De fait, il n’y a pas de bleu.
Alors on s’est retourné sur la... cravate de Le Pen. Cette cravate est bleu blanc rouge, ont-ils affirmé. Mais non, et pour le coup, même à l’œil nu, on voit qu’elle ne contient ni bleu, ni blanc, ni rouge. Cependant, les prestigieux hauts magistrats de la commission (elle est présidée par le vice-président du Conseil d'Etat) ont exigé qu’on... leur apporte la cravate. Et face à l’objet du délit, ils ont dû constater qu’il n’y avait pas de délit.
Il restait encore le petit logo, dans le coin en haut à droite : la flamme du FN avec l’inscription « Le Pen président 2007 ». Il a fallu d’abord prouver que c’était le logo du FN, en présentant le certificat de l’INPI. La commission a dit qu’elle n’avait pas cette preuve : le rapporteur avait oublié de le mettre dans le dossier, ou l’avait perdu. Il a fallu en envoyer un autre.
Oui, mais le logo déposé à l’INPI ne comporte pas l’inscription « Le Pen président 2007 ». Après de nouvelles palabres, il a été admis que cette inscription ne faisait pas forcément partie du logo.
Dernière cartouche : la taille du logo. Elle doit être « raisonnable », dit la commission, qui ne peut se fonder sur aucun texte de loi pour l’affirmer. Et qu’est-ce qu’une taille raisonnable ? En tout cas le logo est trop grand, ont-ils répondu. Il fait 8 cm, et ce qui est raisonnable ce serait entre quatre et six centimètres...
Bref, on en était là au moment des dernières discussions. Verdict à 19 h.
Finalement, l'affiche a été acceptée telle quelle...