La messe de la vigile de l’Ascension est celle de dimanche dernier, avec une épitre et un évangile différents. L’évangile est le début du chapitre 17 de saint Jean que l’on appelle à juste titre la « prière sacerdotale ». On pourrait aussi l’appeler la « prière liturgique ». Car elle est intemporelle comme l’est le Saint Sacrifice qui se déroule hic et nunc et qui pourtant nous met en présence de la Cène et du Calvaire, de la Résurrection et de la glorification du Christ.
Jésus parle à son Père avant la Passion mais il suppose la rédemption accomplie : il parle au passé de son séjour sur la terre, et souligne qu’il n’est plus dans le monde alors qu’il est en compagnie de ses apôtres.
En cette vigile de l’Ascension, les mots de Jésus se rapportent directement à ce mystère, et c’est bien du mystère de la glorification de Jésus dont nous parle l’Ascension : quand, en Jésus ressuscité, la nature humaine s’élève au-dessus de toute la création, au-dessus des anges, pour s’asseoir auprès du Père.
Alors tout est accompli, et Jésus retrouve la gloire qu’il avait avant que le monde fût et dont il s’était dépouillé en se faisant homme, gloire dont il revêt les hommes qui seront en lui, fils dans le Fils.
« Avant que le monde fût », c’est-à-dire au Principe : la fin de l’évangile du Christ vivant parmi les hommes renvoie au début de l’évangile du Christ, au Principe, et l’on trouve le même mot qu’on a tant de mal à traduire : apud, en latin, traduisant le grec pros. La gloire que j’avais « apud te » ; au début de l’Evangile de saint Jean, le Verbe était « apud Deum ». Auprès de ? Ce n’est pas suffisant. Le mot grec veut d’abord dire vers, ce qui est intéressant mais n’est pas suffisant non plus. On traduit souvent avec. Le Verbe était avec Dieu, avec le Père. Et Jésus demande au Père de lui redonner la gloire qu’il avait avec lui. En latin, apud veut très -souvent dire « chez ». Le Verbe était chez Dieu, chez le Père. Jésus demande au Père de lui redonner la gloire qu’il avait chez lui. A l’Ascension le Christ est chez le Père, il est chez lui, chez Dieu. Et nous aussi si nous sommes sauvés nous sommes chez lui, chez Dieu, par adoption.