Ce dimanche, le 6e après Pâques, la liturgie byzantine célèbre, outre la Résurrection et l’Ascension, les pères du concile de Nicée. Ce dimanche, selon les années, correspond plus ou moins à l’anniversaire de l’ouverture du concile, le 20 mai 325. Or il s’agissait précisément de « montrer que le Fils de Dieu s'est vraiment fait homme et qu'en homme parfait Dieu s'est élevé pour s’asseoir à la droite de la majesté dans les hauteurs », comme le souligne le synaxaire. Voici l’intégralité de la deuxième partie du synaxaire de ce jour, lu aux matines. La première partie fait mémoire des saints du jour (ce 12 mai les évêques Epiphane de Chypre et Germain de Constantinople).
Ce même jour, septième dimanche depuis Pâques, nous célébrons le premier Concile œcuménique de Nicée, où se réunirent trois cent dix-huit Pères théophores.
Astres resplendissants du ciel spirituel,
illuminez mon âme de votre clarté.
Ayant sevré le Fils de l'être paternel,
à la gloire de Dieu Arius soit étranger !
Voici la raison pour laquelle nous célébrons cette fête. Puisque le Seigneur Jésus Christ, après avoir porté une chair semblable à la nôtre, a ineffablement accompli tout le plan du salut et qu'il est retourné sur le trône du Père, les saints Hiérarques ont voulu montrer que le Fils de Dieu s'est vraiment fait homme et qu'en homme parfait Dieu s'est élevé pour s’asseoir à la droite de la majesté dans les hauteurs. Et puisque ce concile des Pères saints l’a défini ainsi, le reconnaissant de même nature et dignité que le Père, pour cette raison fut instituée, après sa glorieuse Ascension, la présente fête, comme pour exalter l'assemblée de ces Pères conciliaires, qui avaient proclamé Dieu véritable et dans la chair parfaitement homme celui qui dans sa chair s'était élevé au ciel.
Ce Concile eut lieu sous Constantin le Grand, la vingtième année de son règne. Ayant fait cesser la persécution, il régna d'abord à Rome, puis il fonda la ville si agréable qui porte son nom, l'an de la création cinq mille huit cent trente-huit. C'est alors que l'on commença à parler d'Arius. Il était originaire de Libye et devint diacre à Alexandrie, ordonné par le saint hiéromartyr Pierre d'Alexandrie, puis il se mit à divaguer contre le Fils de Dieu, affirmant que c'était une créature, tirée du néant, et qu’ensuite il avait accédé au rang divin ; qu'on le disait improprement Sagesse et Verbe de Dieu, comme pour s'opposer à l'impie Sabellius lorsqu`il disait que la divinité était unipersonnelle, monohypostatique, car elle était tantôt le Père, tantôt le Fils, tantôt l’Esprit saint.
Puisqu'Arius proposait ces blasphèmes, saint Pierre d'Alexandrie l'écarta du sacerdoce, après avoir vu sur l'autel le Christ comme un enfant qui portait une tunique déchirée, disant qu'Arius la lui avait déchirée. Mais Achillas qui, après Pierre, fut archevêque d'Alexandrie, le réintégra, malgré ses promesses. En outre, il l'ordonna prêtre et lui permit d'enseigner å Alexandrie. Quand Achillas mourut, Alexandre devint patriarche. Et, comme il voyait qu’Arius prêchait toujours les mêmes hérésies, et même pire encore, il le chassa de l'Eglise, en le faisant condamner par le Concile, comme le dit Théodoret. Car il enseignait que le Christ avait changé de nature, que le Seigneur avait assumé une chair privée d’âme et d'esprit. Il fut le premier à dire cela. Puis, ajoutant bien d'autres impiété à celle-ci, Arius écrit, et il se concilie Eusèbe de Nicomédie, Paulin de Tyr, Eusèbe de Césarée et d'autres, et il s'avance contre Alexandre. Celui-ci écrivit dans le monde entier, dénonçant l'hérésie et les blasphèmes d'Arius, ce qui incita de nombreux Pères à la défense.
L'Eglise était donc troublée et, comme il ne semblait y avoir aucun remède à cette querelle d'opinion, Constantin le Grand fit venir du monde entier, sur des chars publics, les Pères conciliaires, qu'il réunit à Nicée, et il s'y rendit lui-même. Alors que tous les Pères occupaient leurs places, il fut lui-même invité, et il s'assit, non sur le trône impérial, mais sur un siège inférieur à sa dignité. Après qu'ils eurent parlé contre Arius, celui-ci fut voué à l’anathème, de même que tous ceux qui pensaient comme lui. Le Verbe de Dieu fut déclaré, par les saints Pères, consubstantiel et coéternel au Père, et de même dignité que lui. Et ils composèrent le symbole de foi jusqu'à « Et au saint Esprit », car cette dernière partie fut rédigée par le deuxième Concile. En outre, le premier Concile décida de la fête de Pâques, de la façon dont il fallait la célébrer, c'est-à-dire non avec les Juifs, comme c’était la coutume auparavant. Et ils composèrent les vingt canons sur la Constitution de l’Eglise. Quant au symbole de foi, Constantin le Grand, l’égal des Apôtres, le ratifia à l'encre rouge, le dernier de tous.
Parmi ces Pères saints, deux cent trente-deux étaient évêques, quatre-vingt-six prêtres, diacres et moines, ce qui fait en tout trois cent dix-huit. Les plus importants étaient : Silvestre de Rome et l'archevêque Métrophane de Constantinople (ces deux-là étaient représentés par des légats), Alexandre d'Alexandrie, avec Athanase le Grand, qui était alors archidiacre, Eustathe d'Antioche et Macaire de Jérusalem, Hosios évêque de Cordoue, Paphnuce le Confesseur, Nicolas le myroblyte et Spyridon de Trimythonte (qui, ayant triomphé du philosophe de l’endroit, le baptisa, en lui montrant le triple Soleil). Au milieu de l'assemblée conciliaire, deux Pères évêques se tenant avec lui devant Dieu, Constantin le Grand, qui avait mis la décision du saint Concile dans leurs cassettes et les avait soigneusement fermées, la trouva ratifiée par eux et signée avec d'ineffables paroles divines.
Lorsque le Concile s'acheva, la Ville était complètement construite. Constantin le Grand invita tous ces saints hommes : ayant fait le tour de la ville en priant, ils convinrent qu'elle était de manière satisfaisante la Reine des cités. Sur l'ordre de l'empereur, ils la dédièrent à la Mère de Dieu. Et les saints Pères s'en retournèrent chacun chez soi.
A peine Constantin le Grand fut-il passé de ce monde vers Dieu, laissant le sceptre à son fils Constance, Arius vint trouver l'empereur et lui dit : J’abandonne tout et je veux m'unir à l'Eglise de Dieu. Ayant écrit ses hérésies, il les suspendit à son cou et, faisant comme s'il obéissait au Concile, il les frappa de sa main et dit qu'il se soumettait. Dans sa négligence, l'empereur ordonna au patriarche de Constantinople de recevoir Arius à la communion. C'était alors Alexandre, qui avait succédé à Métrophane. Connaissant les mauvaises dispositions de cet homme, il hésitait et pria Dieu de lui montrer s'il était de sa volonté qu'il communiât Arius. Quand vint le moment où il devait concélébrer avec lui, la prière se fit plus ardente. Arius, en se rendant à l'église, heurta quelque part la colonne du forum, et son ventre s'ouvrit, au point que ses excréments s'écoulèrent en public. Ayant ainsi éclaté, il laissa s'échapper par-dessous sa constitution intime, imitant Judas en sa façon de se déchirer par le milieu, pour avoir trahi le Verbe lui aussi. Ayant arraché le Fils de Dieu à la nature du Père, il se déchira lui-même et fut trouvé mort. Et c'est ainsi que l'Eglise de Dieu fut délivrée d'un pareil fléau.
Par les prières des trois cent dix-huit Pères saints et théophores, Christ notre Dieu, aie pitié de nous. Amen.