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Le blog d'Yves Daoudal - Page 381

  • Un propos dissident

    Willy Wimmer a été député CDU au Bundestag de 1977 à 2009, secrétaire d’Etat parlementaire fédéral de 1985 à 1992, vice-président de l’OSCE de 1994 à 2000. On ne s’attend pas à ce qu’un homme avec ce pédigrée dise autre chose que la propagande obligée sur l’Ukraine. Or il dit précisément tout autre chose. Et cela vaut d’être signalé. (Je suis preneur de toute amélioration de la traduction.)

    Ce sont des nouvelles de Marioupol à l'occasion de Pâques que l'on ne veut pas entendre, ni à Pâques ni les autres jours. La BBC annonce en ce dimanche de Pâques que des soldats russes auraient capturé des soldats britanniques à Marioupol. Cette information n'a pas encore été démentie par Londres. Elle soulève toutefois des questions brutales. La question de savoir par exemple ce que des soldats britanniques, et donc des soldats d'un pays de l'OTAN, ont perdu à Marioupol ? La question de savoir si, outre les soldats britanniques, des soldats d'autres pays de l'OTAN se trouvent à Marioupol ? Les nouvelles de ces dernières semaines selon lesquelles de nombreuses tentatives auraient été faites pour évacuer par hélicoptère ou par bateau des conseillers de haut rang de l'OTAN de Marioupol des installations de l’aciérie Azov et de la grande forteresse souterraine qui s'y trouve sont-elles vraies ? Est-il vrai qu'il faut s'attendre à ce que toutes ces tentatives échouent ? Pourquoi les pays de l'OTAN ont-ils choisi le tristement célèbre régiment Azov comme "objet de consultation" et peut-être plus encore ? Celui qui se présente face à la Russie sous des symboles SS doit tout de même compter, du point de vue russe, avec tout le poids que les victimes de la "Grande guerre patriotique" ont laissé jusqu'à aujourd'hui. Le régiment Azov était-il et est-il la "formation souhaitée" pour des centaines de soldats des pays de l'OTAN, afin de donner du poids à leur action vis-à-vis de la Russie ? Pourquoi les médias occidentaux ont-ils passé sous silence et supprimé depuis des semaines les informations pertinentes concernant Marioupol et le régiment Azov ? Comment le droit international évalue-t-il l'engagement d'un grand nombre de soldats de l'OTAN dans le conseil et la direction du parti en guerre qu'est l'Ukraine ?

  • Ubukraine

    L’agence d’« information » du gouvernement ukrainien s’appelle Ukrinform. Ses dépêches sont tellement caricaturales qu’on croirait un site parodique, genre Gorafi. Mais ça se veut très sérieux (et dramatique, évidemment). Hier elle a fait encore plus fort que d’habitude : elle a annoncé que « les envahisseurs russes » empêchent l’aide humanitaire d’être distribuée dans la région de Kherson et volent tous ces biens pour les envoyer « dans la Crimée temporairement occupée ».

    Mais on ne voit pas comment une quelconque aide ukrainienne pourrait arriver à Kherson qui se trouve de l’autre côté de la ligne de front… On voit encore moins pourquoi les Russes, qui acheminent tous les jours de l’aide humanitaire dans la région de Kherson, voleraient celle des Ukrainiens pour la transférer en Crimée qui n’en a pas besoin…

    Il se trouve que des habitants de Kherson font tous les jours des petites vidéos en allant faire leurs courses (par exemple ici, ou ). On y voit la vie quotidienne dans la ville. Non seulement une vie normale, mais on remarque qu’on ne voit aucun soldat russe, aucun véhicule militaire, de près ou de loin, y compris sur la route qui sort de la ville empruntée par un de ces habitants. On voit aussi que sur les bâtiments administratifs de la ville et de la région flotte le drapeau russe, mais que le drapeau ukrainien est resté sur l’Académie de marine et sur le marché. Le seul élément anormal est le zoom sur certaines étiquettes : c’est pour montrer que les prix de certains produits ont beaucoup augmenté à cause des difficultés d’approvisionnement dues à la guerre. Dans la dernière en date (ce matin) au moment où j’écris, on voit un supermarché qui vient de rouvrir.

    Le contraste entre la vie quasi normale à Kherson et des quartiers entiers de Marioupol détruits est saisissant. C’est une preuve, s’il en était besoin, que c’est l’armée ukrainienne, et au premier chef son régiment nazi Azov, qui est responsable des destructions. (Rappel : en 2014 Marioupol s’était révoltée contre le gouvernement de Kiev fabriqué par les Américains et appuyé sur les nazis et avait voté à plus de 90% pour un Donbass indépendant. Le gouvernement avait envoyé les chars pour mater la révolte, et avait installé à demeure le régiment Azov, qui était depuis lors une troupe d’occupation.)

  • Lundi de Pâques

    L’antienne de Benedictus, aux laudes, résume une partie de l’évangile de ce jour : les pèlerins d’Emmaüs.

    Jesus junxit se discípulis suis in via, et ibat cum illis : óculi eórum tenebántur, ne eum agnóscerent : et increpávit eos, dicens : O stulti et tardi corde ad credéndum in his, quæ locúti sunt prophétæ, allelúia.

    Jésus se joignit à ses disciples le long du chemin, et il marchait avec eux : leurs yeux étaient retenus afin qu’ils ne le reconnussent : Et il les reprit, disant : O insensés et lents de cœur à croire tout ce qu’ont dit les prophètes, alléluia.

    Dom Gajard souligne « la gravité de ses récitatifs sur le sol, la montée lourde et si prenante de via, couronnée par le si bécarre de ibat, l’évocation attristée de l’aveuglement des deux disciples (oculiagnoscerent), enfin (o stulti…) le reproche très doux et si aimant du Seigneur, où perce une nuance de surprise et comme de découragement ».


    podcast

    (Version légèrement différente)

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  • A Kherson

    Dimanche des Rameaux (aujourd'hui selon leur calendrier) en la cathédrale du Saint-Esprit de Kherson (bénédiction des rameaux - de saule dans la tradition locale - par le métropolite Jean de Kherson et Tauride). (Vous savez, c'est là où les gens vivent dans la terreur des Russes et n'ont plus rien à manger...)

  • Pâques

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    L’icône « de base » de la Résurrection (en grec Anastasis, en russe Voskresenie) montre Jésus descendu aux enfers, brisant la porte de l’Hadès et prenant Adam par la main pour l’en faire sortir. Avec Adam on voit d’autres personnages sauvés par le Christ, au moins le roi David et saint Jean Baptiste. Sur la première icône ci-dessus on voit aussi le roi Salomon et le prophète Daniel (ou Ananias). Sur la deuxième il y a un troisième roi : Melchisédech, et Ananias avec Daniel. De l’autre côté il y a Eve, les mains couvertes par révérence, et avec elle Moïse et d’autres personnages. Sur la première on distingue deux compagnons de Daniel (avec leur coiffure « perse »), et un berger (de la Nativité ?). Sur la deuxième il y a Abraham à côté de Moïse, Jacob et Aaron.

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    En Russie le thème de la Résurrection a donné lieu à des développements, avec d’importantes influences de l’art occidental. Ainsi à côté de la porte de l’Hadès on a mis la bouche de l’enfer vue comme un monstre obligé de vomir ses victimes. Au-dessus du Christ aux enfers on voit le Christ ressuscité sortant du tombeau, et à côté les gardes terrassés. Dans le coin à gauche saint Pierre voyant le tombeau vide. Entre ces deux scènes on voit des anges qui descendent pour combattre les forces infernales, tandis que de l’autre côté on voit les élus qui montent vers le paradis. En haut, l’homme presque nu est le bon larron, appelé Rakh en Russie il brandit sa croix comme preuve qu’il peut entrer au paradis, dont la porte est souvent fermée par un séraphin. Tout en haut on retrouve le bon larron au paradis, avec les deux personnages qui s’y trouvent déjà : Hénoch et Elie. Dans le coin en bas à droite on voit la pêche miraculeuse d’après la Résurrection, avec Pierre se jetant à l’eau parce qu’il a reconnu le Sauveur.

    Ce schéma se retrouve au centre des icônes dites des 12 fêtes : les icônes des 12 grandes fêtes de l’année liturgique byzantine (cela commence en haut à gauche par la Nativité de la Mère de Dieu) encadrant celle de la Résurrection, la fête des fêtes. (Celle-ci étant hors catégorie, on la trouve aussi très souvent sur "l'icône du mois", qui donne les fêtes de tous les jours du mois, soit au milieu de l'icône, soit en haut.)

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    Enfin il y a des icônes qui comportent d’autres scènes liées au principal mystère de l’année. Celle-ci-dessous doit battre tous les records.

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    Cela commence, en haut à gauche, par la Crucifixion, la descente de la Croix et la mise au tombeau (puis saint Pierre devant le tombeau vide).

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    En dessous, les anges qui combattent les forces infernales sont plus détaillés. On en voit un qui saisit un diable par les cheveux, et Satan voyant avec désespoir son royaume détruit.

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    Sous le tombeau du Christ ressuscité on voit pas moins de 9 soldats apeurés, dont un qui montre pourquoi. A droite de Jésus ressuscité il y a la scène des myrophores (les saintes femmes au tombeau), et l'apparition de Jésus à Marie-Madeleine.

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    Tout en haut, la scène de Rakh entrant au paradis, avec un beau séraphin qui garde la porte avec son glaive de feu. Mais il y a d'abord (en bas) Jésus donnant la croix à Rakh pour qu'il puisse entrer au paradis.

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    En dessous, les pèlerins d'Emmaüs.

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    Et la scène, ici très détaillée, de la pêche miraculeuse.

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    Христо́с воскре́се из ме́ртвых, сме́ртию смерть попра́в, и су́щим во гробе́х Живо́т дарова́в.

    Le Christ est ressuscité des morts, par la mort il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie.

    Христо́с воскре́се!

    Le Christ est ressuscité !

    Вои́стину воскре́се!

    Il est vraiment ressuscité !

    Chant kiévien, par le chœur de la Laure de la Trinité Saint-Serge et de l’Académie de théologie de Moscou.

  • Samedi Saint

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    L’icône byzantine du Christ au tombeau (celle-ci est crétoise, du XVe siècle) le représente curieusement debout dans le tombeau, mais manifestement mort (les yeux fermés), avec la Croix derrière lui.

    Cette icône est intitulée « Extrême humilité », c’est-à-dire extrême abaissement : c’est le degré le plus bas de la kénose avant la Résurrection.

    Elle est parfois appelée « Roi de gloire », car telle est l’inscription sur la Croix : ΟΒCΛΤΔΞ : abréviation de ὁ βασιλεὺς τῆς δόξης, le roi de gloire en grec.

    L’expression renvoie au psaume 23 :

    Portes, que vos princes vous lèvent ; ouvrez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera.

    Quel est donc le Roi de gloire ? C'est le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant au combat.

    Princes, levez vos portes ; ouvrez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera.

    Quel est donc ce Roi de gloire ? C'est le Dieu des vertus, c'est lui qui est le Roi de gloire.

    Ce sera cette nuit le dialogue entre le prêtre revenant de la proclamation de la Résurrection, frappant à la porte de l’église, et des représentants des enfers à l’intérieur de l’église.

    Alors que les stigmates de la Passion sont très visibles et que le Seigneur est mort, la gloire apparaît déjà par le fond or et par l’or répandu sur le corps du Christ lui-même.

    Sur certaines icônes on voit de part et d’autre du Christ la lance et l’éponge, comme sur l’icône de la Crucifixion, sur d’autres on voit la Mère de Dieu. (Parfois avec saint Jean de l’autre côté, comme pour la Crucifixion.)

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    L’icône de l’extrême humilité a inspiré des œuvres occidentales notamment au XVe siècle, avant qu’elle ne soit plus comprise et que le Christ soit montré ressuscitant de ce même tombeau...

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    (Botticelli)

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    (Cloitre de Saint-Sernin, Toulouse)

  • Vendredi Saint

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    En haut Dieu le Père (Gospod Savaof : Seigneur Sabaoth), qui lève la main pour bénir.

    En dessous, deux anges, les mains couvertes d’un linge en signe de révérence. Entre les deux anges l’inscription Anges du Seingeur (Angeli Gospodi). Entre les anges, le Saint-Esprit sous forme de colombe. Sous les anges l’inscription « Roi de gloire » (Tsar Slavui) s’adressant au Christ.

    Puis il y a le titulus de la Croix : I Н Ц И. Théoriquement ce devrait être ИНЦИ, I.N.TS.I, qui sont les initiales de Isus Nazoryanin’ Tsar Iudeiskiy. Mais la confusion entre И et I fait que l’on voit différentes configurations.

    Dans la croix du nimbe, les lettres grecques ὁ ὢν : ho on, Celui qui est. (Caractérise des icônes du Christ.)

    Au-dessus de la barre horizontale de la croix, à gauche IC, à droite XC : Jésus-Christ, et entre les deux SN BJI : abréviation de Suin Bojiy : Fils de Dieu. A gauche le soleil (Slontse), à droite la lune (Luna). Sur les icônes peintes le soleil est sombre (éclipse de la sixième heure), la lune est rouge, selon Actes 2,20 citant Joël (Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang), et Apocalypse 6,12 (Il y eut un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de crin, et la lune entière devint comme du sang.)

    Sous la barre horizontale de la Croix le tropaire : « Nous adorons ta croix, Seigneur, et nous glorifions ta sainte résurrection. »

    De chaque côté du Christ une longue ligne : à gauche la lance avec la lettre K (kopie), à droite le roseau et l’éponge, avec la lettre T (trost).

    Au-dessus de la barre où reposent les pieds, les lettres NI KA (НИ КА), le mot grec νίκᾳ qui veut dire « il vainc », que l’on voit aussi sur le pain qui sera consacré dans la divine liturgie. Intéressante interprétation des vieux croyants qui voient dans ces lettres les initiales slaves de « Sauve-nous avec le sang d’Adam » (Nas Iskupi Kroviu Adamova).

    Cette barre est penchée : du côté de la main droite du Christ on monte vers le ciel, du côté de sa main gauche on descend en enfer.

    Des bâtiments y sont généralement représentés : image de Jérusalem.

    Sous les pieds du Christ, les lettre M L puis R B : Mesto Lobnoe Rai Buist : Le lieu du Crâne devint le Paradis. En dessous : le crâne d’Adam, encadré des lettres G A (Г А) : Golova Adama, le crâne d’Adam. On peut trouver aussi en dessous Г Г : G G, Gora Golgofui : la colline du Golgotha.

    En général il y a aussi des inscriptions au revers du crucifix, parfois longues.

    La croix de bronze peut être incluse dans une icône peinte, où l’on voit sainte Marie-Madeleine, la Mère de Dieu, saint Jean et « saint Longin le Centurion ». Il peut y avoir en haut, comme ici, un chérubin (rouge) et un séraphin (bleu).

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    Les personnages peuvent se trouver aussi sur une croix de bronze élargie :

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  • Quel niveau…

    Le Nouvel Observateur :

    « Si Marine Le Pen était élue, elle pourrait devenir la commandante en chef de la force de frappe française, et déclencher l'équivalent de 48.000 Hiroshima sur une grande partie des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de l'Afrique − et sur l'Europe. »

     

    Darmanin :

    « Avec Marine Le Pen, les pauvres vont peut-être mourir. »

     

    Et Macron - le grand classique :

    « Le projet de l'extrême droite est un projet où se cache la sortie de l'Europe. Sortir de cette Europe de paix qui est une conquête des huit dernières décennies. Avec la plus grande force, vous me verrez m'opposer à ce projet parce que c'est le retour au nationalisme et le retour de la guerre. »

  • Les Français de Russie

    Extraits d’un article du Figaro.

    Éric Zemmour est arrivé en tête des suffrages au pays de Vladimir Poutine. 26% l’ont plébiscité à Moscou, 31% à Saint-Pétersbourg.

    « Zemmour a seulement tenté d’expliquer ce qui a mené là, et il s’est montré plus souple et mesuré sur le sujet des sanctions », argue à son tour Hervé, 36 ans. Cet électeur du « Z » n’a pas été découragé lorsque son candidat a déclaré son admiration pour le chef d’État russe, qui « défend les intérêts de son pays ». Ni lorsqu’il estime « légitimes » les revendications du Kremlin pour « finlandiser ». « Pour moi, on a seulement caricaturé ses propos pour le stigmatiser. Plus on l’accusait d’être pro-Poutine, plus j’étais d’accord avec lui. »

    Grégoire, coordinateur de Reconquête ! en Russie, qui a prospecté, mailé et tweeté des mois durant, n’est pas étonné de ce résultat. « Éric Zemmour est très sensible au rayonnement de la France à l’international, chose essentielle pour les Français de Russie qui ressentent le grand déclassement de leur pays dans leur vie de tous les jours. »

    Vu de Moscou, l’image d’unité européenne sur le dossier russe est perçue différemment. Le sujet des sanctions est sur toutes les lèvres. « Ici, quand je me balade dans les centres commerciaux, je trouve les marques françaises porte close. Mais les Américains, KFC, Nike, eux, sont tous ouverts ! », explose Jean, qui a le sentiment d’un deux poids, deux mesures. Même d’une cacophonie. « Macron veut simplement donner l’image du président de l’Europe, mais derrière, qu’y a-t-il ? Du vent, rien que du vent », pointe à son tour Hervé.

    « Les sanctions visent de plus en plus les Français et le peuple russe, voilà tout », abonde un cadre vivant à Moscou depuis plus de 20 ans. « Ces mesures contreproductives ont certainement rebuté les hésitants à voter Macron », analyse ce fin connaisseur de la communauté expatriée.

    Une partie d’entre eux revendique une certaine affinité avec les valeurs conservatrices établies en Russie. C’est le cas de Franck, 28 ans, qui a participé au dépouillement à Saint-Pétersbourg. « Mis à part l’aspect économique libéral, ici, les opinions de Marine Le Pen et Éric Zemmour sont la norme », explique l’étudiant de 28 ans, qui, après une année en Ukraine, a rejoint le pays de Vladimir Poutine pour y étudier la langue russe. Sur le plan sociétal notamment, il dit se retrouver pleinement dans les valeurs conservatrices des pays de l’Est.

    Hervé et Jean, collègues dans une boîte de projets gaziers à Moscou, racontent de leur côté que 90% des employés votent Zemmour ou Le Pen. « On en discute volontiers, sans tabou », expliquent-ils.

    En outre, beaucoup de Moscovites jugent sévèrement le quinquennat qui s’achève. « Rien que l’insécurité nous paraît incompréhensible. Je me sens bien plus en sécurité dans les rues de Moscou qu’à Paris », souligne Jean. « La répression des Gilets jaunes, l’absence de libertés avec la pandémie... Tous ces événements ont été très durement perçus ici », abonde un autre cadre présent à Moscou.

  • Jeudi Saint

    Nos autem gloriári opórtet in Cruce Dómini nostri Iesu Christi : in quo est salus, vita et resurréctio nostra : per quem salváti et liberáti sumus.
    Deus misereátur nostri, et benedícat nobis : illúminet vultum suum super nos, et misereátur nostri.

    Il faut que nous nous glorifiions dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.
    Que Dieu ait pitié de nous et qu’il nous bénisse ; qu’il fasse luire sur nous la lumière de son visage et qu’il nous fasse miséricorde.

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    Les introïts du mardi, du mercredi et du jeudi de la Semaine Sainte parlent de la sainte croix, mais soulignent aussi la glorification du Crucifié. Avant que le Sauveur ne descende dans les profondeurs de sa Passion et de ses affronts, avant que le flot des douleurs n'éclate sur lui, il se tient devant nous dans toute sa splendeur.

    Le texte de cet introït pourrait bien inspirer un chant de triomphe et de victoire, suscitant l'enthousiasme et avançant sur un rythme vif. Mais tel n'est pas le cas. Il semble que le compositeur, avant d'écrire son chant, ait médité avec une tendre sympathie sur la Passion sacrée et qu'il se soit rendu compte que pour beaucoup tout cela serait en vain. C'est avec des larmes de compassion dans les yeux qu'il a commencé à chanter cette tendre mélodie, rendue presque triste par l'intervalle de demi-ton trois fois répété, le Nos autem.

    Un sentiment similaire s'éveille si nous répondons à la question : Qui sont donc les autres ? comme le laissent entendre les premiers mots : "Mais il nous appartient". L'Apôtre a déjà dit que la croix est une folie pour les païens et un scandale pour les Juifs, mais comment est-elle considérée à l'heure actuelle ? Les blasphèmes des modernes doivent nous remplir d'indignation et de douleur et, avec une profonde sympathie pour notre Amour blessé, nous nous efforcerons de sonder la mélodie de Nos autem. Si nous nous demandons alors quelle est notre relation avec le Crucifié, comment nous considérons en pratique la croix que Dieu nous a imposée, alors nous chanterons, non pas avec arrogance, mais humblement et modestement : Nos autem.

    La tierce majeure sur oportet n'est pas sans but. Ici, c’est comme si la sainte croix s'élevait lentement devant nous ; avec nostri, elle se dresse devant nous dans toute sa gloire ; la croix de notre Seigneur. Comme la mélodie monte progressivement, le crescendo doit aussi croître, jusqu'à atteindre sa plus grande ardeur avec nostri. Il faut veiller tout particulièrement à ce que ce do élevé ne soit pas chanté sans préparation, ni brut, ni froid, ni anguleux, comme l'étaient les poutres de la croix sur le Golgotha.

    La deuxième phrase développe et confirme le thème annoncé dans la première phrase. Le sang humain qui rougit le tronc de la croix est devenu pour beaucoup le breuvage du « salut », apportant une vie nouvelle et le courage et la force de vaincre la tristesse, le malheur et la mort. De lui émane la vie éternelle, bénie et glorifiée. Dans la mélodie, la seconde moitié de la première phrase est répétée.

    Textuellement, la phrase finale forme un parallèle avec la deuxième phrase. Ici, comme auparavant sur autem et souvent dans le plain-chant, la tristropha sert à mettre en relief le mot suivant : salvati - « nous sommes sauvés ». Liberati répète le motif de resurrectio, auquel (glo)-riari et autem sont également liés. Avec un amour évident, le compositeur s'attarde sur sumus, tout comme il a donné à nostri et nostra une prééminence mélodique.

    Le verset du psaume, avec son si un peu dur après l'usage exclusif du si bémol dans l'antienne, est un cri de miséricorde, d'illumination et de bénédiction, afin que les mystères de la croix, ses souffrances et son amour nous soient révélés.

    À la fin des temps, la croix apparaîtra dans les nuages du ciel. Pour ceux qui ont courageusement pris leur croix et suivi le Crucifié, pour ceux qui, en sacrifiant tout, ont servi les intérêts du Crucifié, cette croix sera un bienfait. Alors, en effet, la croix et le Crucifié, dans le sens le plus complet, seront leur salut, leur vie, leur résurrection ; alors, la demande du verset du psaume deviendra un chant d'action de grâce jubilatoire. Tu as eu pitié de nous. Maintenant, ton visage glorieux brille sur nous et, submergés par la joie, nous contemplons les profondeurs de ton amour rédempteur.

    Dom Dominic Johner