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Jeudi Saint

Nos autem gloriári opórtet in Cruce Dómini nostri Iesu Christi : in quo est salus, vita et resurréctio nostra : per quem salváti et liberáti sumus.
Deus misereátur nostri, et benedícat nobis : illúminet vultum suum super nos, et misereátur nostri.

Il faut que nous nous glorifiions dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.
Que Dieu ait pitié de nous et qu’il nous bénisse ; qu’il fasse luire sur nous la lumière de son visage et qu’il nous fasse miséricorde.

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Les introïts du mardi, du mercredi et du jeudi de la Semaine Sainte parlent de la sainte croix, mais soulignent aussi la glorification du Crucifié. Avant que le Sauveur ne descende dans les profondeurs de sa Passion et de ses affronts, avant que le flot des douleurs n'éclate sur lui, il se tient devant nous dans toute sa splendeur.

Le texte de cet introït pourrait bien inspirer un chant de triomphe et de victoire, suscitant l'enthousiasme et avançant sur un rythme vif. Mais tel n'est pas le cas. Il semble que le compositeur, avant d'écrire son chant, ait médité avec une tendre sympathie sur la Passion sacrée et qu'il se soit rendu compte que pour beaucoup tout cela serait en vain. C'est avec des larmes de compassion dans les yeux qu'il a commencé à chanter cette tendre mélodie, rendue presque triste par l'intervalle de demi-ton trois fois répété, le Nos autem.

Un sentiment similaire s'éveille si nous répondons à la question : Qui sont donc les autres ? comme le laissent entendre les premiers mots : "Mais il nous appartient". L'Apôtre a déjà dit que la croix est une folie pour les païens et un scandale pour les Juifs, mais comment est-elle considérée à l'heure actuelle ? Les blasphèmes des modernes doivent nous remplir d'indignation et de douleur et, avec une profonde sympathie pour notre Amour blessé, nous nous efforcerons de sonder la mélodie de Nos autem. Si nous nous demandons alors quelle est notre relation avec le Crucifié, comment nous considérons en pratique la croix que Dieu nous a imposée, alors nous chanterons, non pas avec arrogance, mais humblement et modestement : Nos autem.

La tierce majeure sur oportet n'est pas sans but. Ici, c’est comme si la sainte croix s'élevait lentement devant nous ; avec nostri, elle se dresse devant nous dans toute sa gloire ; la croix de notre Seigneur. Comme la mélodie monte progressivement, le crescendo doit aussi croître, jusqu'à atteindre sa plus grande ardeur avec nostri. Il faut veiller tout particulièrement à ce que ce do élevé ne soit pas chanté sans préparation, ni brut, ni froid, ni anguleux, comme l'étaient les poutres de la croix sur le Golgotha.

La deuxième phrase développe et confirme le thème annoncé dans la première phrase. Le sang humain qui rougit le tronc de la croix est devenu pour beaucoup le breuvage du « salut », apportant une vie nouvelle et le courage et la force de vaincre la tristesse, le malheur et la mort. De lui émane la vie éternelle, bénie et glorifiée. Dans la mélodie, la seconde moitié de la première phrase est répétée.

Textuellement, la phrase finale forme un parallèle avec la deuxième phrase. Ici, comme auparavant sur autem et souvent dans le plain-chant, la tristropha sert à mettre en relief le mot suivant : salvati - « nous sommes sauvés ». Liberati répète le motif de resurrectio, auquel (glo)-riari et autem sont également liés. Avec un amour évident, le compositeur s'attarde sur sumus, tout comme il a donné à nostri et nostra une prééminence mélodique.

Le verset du psaume, avec son si un peu dur après l'usage exclusif du si bémol dans l'antienne, est un cri de miséricorde, d'illumination et de bénédiction, afin que les mystères de la croix, ses souffrances et son amour nous soient révélés.

À la fin des temps, la croix apparaîtra dans les nuages du ciel. Pour ceux qui ont courageusement pris leur croix et suivi le Crucifié, pour ceux qui, en sacrifiant tout, ont servi les intérêts du Crucifié, cette croix sera un bienfait. Alors, en effet, la croix et le Crucifié, dans le sens le plus complet, seront leur salut, leur vie, leur résurrection ; alors, la demande du verset du psaume deviendra un chant d'action de grâce jubilatoire. Tu as eu pitié de nous. Maintenant, ton visage glorieux brille sur nous et, submergés par la joie, nous contemplons les profondeurs de ton amour rédempteur.

Dom Dominic Johner

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