Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le blog d'Yves Daoudal - Page 1349

  • L’Eglise de Sodome et Gomorrhe (et de la dhimmitude)

    En Argentine, conformément à ce qui avait été annoncé, a été célébré, vendredi dernier, le baptême du « premier enfant conçu naturellement par un couple transsexuel » : son père est sa mère et sa mère est son père. « Nous sommes fiers d’ouvrir un chemin grâce auquel l’Eglise écrira un nouveau chapitre en baptisant la première fille de deux parents transsexuels », avaient dit les parents à la presse.

    *

    Samedi, toujours en Argentine, un militant transsexuel, « Luisa Lucia Paz », et son « mari » ont reçu une bénédiction dans l’église du Saint-Esprit de Santiago del Estero. La paroisse avait annoncé un mariage, mais l’évêque a refusé. Alors le curé a fait une bénédiction… qui ressemblait à s’y méprendre à un mariage.

    *

    En Irlande, l’évêque de Galway, Mgr Martin Drennan, a appris que la Société de saint Vincent de Paul avait donné 45.000 € au lobby LGBT local. Il a fait part de son mécontentement, rappelant que la pratique homosexuelle est moralement mauvaise, et qu’il y avait un problème de jugement moral de la part de la Société de saint Vincent de Paul. Et d’ajouter que ce don blessait les pauvres de Galway, d’autant que les donateurs demandent à l’évêché s’ils doivent continuer de donner de l’argent s’il doit être ainsi dépensé.

    Un conseiller municipal de Galway a appelé l’évêque à démissionner et à présenter ses excuses à la communauté homosexuelle.

    Un habitant de la ville a envoyé un courriel à l’évêque, lui disant que ses propos étaient « profondément offensants, pas charitables et pas chrétiens », et rappelant bien sûr le propos de François sur le sujet. Il a reçu en retour un message disant : « Mes humbles excuses pour le tort causé. Je me suis gravement trompé. »

    *

    On rappellera que le cardinal Dolan, archevêque de New York, invité d’honneur du prochain défilé de la Saint-Patrick, a jugé « sage » la décision de ne plus interdire les lobbies LGBT.

    *

    Pendant que des évêques sont à plat ventre devant le lobby LGBT, d’autres (ou les mêmes) font leurs courbettes devant l’islam. Un cap a été franchi avec le cardinal McCarrick, ancien évêque de Washington, qui a commencé un discours devant des musulmans en disant : « Au nom de Dieu le très clément, le miséricordieux », puis a assimilé « l’enseignement social catholique fondé sur la personne humaine » et celui de l’islam : « quand vous étudiez le saint Coran, quand vous étudiez l’islam, fondamentalement, c’est ce que Mahomet le prophète - la paix soit sur lui – enseignait ». Puis il a débité le baratin convenu sur le fait que nous étions tous contre la violence, contre la guerre, et bla-bla-bla, non sans oser souligner que « la vérité de l’affaire est que dans ces terribles massacres de l’Etat islamique, la plupart des victimes sont des musulmans, la plupart d’entre elles ne sont pas des chrétiens ». Et d’ajouter : « « Beaucoup de chrétiens, à l’évidence, ont souffert, donc je suis ici pour dire que nous sommes avec nos frères et sœurs de la communauté musulmane. » Sic.

  • « L'énigme des deux papes »

     

    130323145947990_51_000_apx_470_.jpg

    Sandro Magister revient sur cette nouveauté du « pape émérite » vivant au Vatican, en habit de pape, avec le titre et son nom et ses armoiries de pape, côte à côte avec le pape régulièrement élu et régnant. La chose a déjà fait couler beaucoup d’encre. Sandro Magister rappelle l’état de la question, et ajoute un nouvel élément de réflexion : un texte de Roberto De Mattei, titré : « Il y a un pape et un seul ».

    D’abord on peut se demander si Roberto De Mattei est devenu aveugle, ou si vraiment il nie l’évidence. Car l’évidence, visible, est qu’il y a deux papes, qui ont été élus papes tous les deux, qui se disent papes tous les deux, qui portent tous les deux l’habit de pape, qui ont tous deux un nom de pape. Un pape qui a la charge du gouvernement de l’Eglise, et un pape, un  grand théologien, qui s’est donné à lui-même le titre de « pape émérite » et un ministère de prière.

    En fait, Roberto De Mattei fait partie de ces catholiques qui n’ont jamais accepté le concile Vatican II, et il trouve ici l’occasion de taper une fois de plus sur ceux qui auraient changé l’ecclésiologie qu’il croit traditionnelle, nommément « Congar, Ratzinger, de Lubac, Balthasar, Rahner, Schillebeeckx… ». Sic. De Mattei ose mettre dans le même sac l’un des plus grands théologiens de notre époque – Ratzinger - et l’un des idéologues les plus hétérodoxes – Schillebeeckx.

    De Mattei n’a jamais accepté la première phrase de Lumen gentium. Resté bloqué dans l’impasse d’une ecclésiologie post-thomiste bétonnée et post-tridentine racornie qui voit l’Eglise comme une société gouvernée par un conseil d’administration de cardinaux qui se choisissent un PDG qui devient alors de droit divin, il lui refuse toute réalité sacramentelle en tant qu’Eglise, il ose dire que ces théologiens « ont voulu réduire la mission de l’Église à une fonction sacramentelle », comme si la fonction sacramentelle, qui est agir divin, pouvait être une « réduction ».

    Dès lors, le pape ayant une fonction juridiquement définie, et seulement cette fonction-là, s’il renonce à sa charge il n’est plus pape. Donc Ratzinger, une fois encore, a tort, et l’ironie de l’histoire est que c’est le pape qui nous bassinait avec son « herméneutique de la réforme dans la continuité » qui a opéré une « coupure révolutionnaire » en continuant à se dire « pape »…

    Il ne vient pas une seconde à l’esprit de Roberto De Mattei que le mot même de « pape » n’est en rien juridique. Le pape, c’est « Papa », c’est un terme d’affection, et bien sûr il ne se trouve pas dans le Code de droit canonique. Le mot de « pape » ne renvoie pas à des textes juridiques mais à la famille, la famille des enfants de Dieu réunis dans une communion eucharistique, dans l’amour qui nous est donné par le Saint-Esprit. Le père de famille qui se retire dans un monastère après avoir élevé ses enfants reste leur papa. Alors, on dira qu’on n’a pas deux papas. Eh bien François a parlé de Benoît XVI comme du grand-père. Ce qui va très bien à tout le monde, car il est permis d’avoir plus de tendresse pour son grand-père que pour son père…

  • Une perle de la Bible de Jérusalem

    Le dernier verset du discours d’Eliphaz au chapitre 22 de Job, selon la Bible de Jérusalem :

    « Il délivre même celui qui n’est pas innocent : il sera délivré par la pureté de tes mains. »

    Il y a une note :

    « On suit le TM [texte massorétique] en comprenant ‘î comme une négation (non attestée en hébreu biblique) ou en supposant que le n final serait tombé par haplographie devant naqî. Les versions ont lu ‘îsh et interprété : “il délivre l’homme innocent… par la pureté de ses mains”, ce qui semble mieux en accord avec la pensée traditionnelle, exprimée par Eliphaz. »

    Donc, les traducteurs de la Septante et saint Jérôme pour la Vulgate latine avaient un texte hébreu que l’on comprenait sans problème et qui était la conclusion logique du discours d’Eliphaz. Mais nous avons décidé de suivre, coûte que coûte, le texte massorétique des rabbins des IX-Xe siècles. Lequel est incompréhensible. Eh bien il suffit de demander aux rabbins : ils expliquent qu’en fait ‘î est une négation, même si on ne voit ça nulle part ailleurs, ou bien qu’il y a une lettre qui a disparu, et donc on donne comme traduction, la bouche en cœur, un texte qui contredit tout ce qu’on vient de lire, et qui est en outre choquant pour tout chrétien (et pour tout croyant en général), puisqu’il prétend que Dieu sauvera (il s’agit bien de salut, y compris dans le « TM », même si la Bible de Jérusalem tente, en outre, d’affaiblir le sens des mots) « celui qui n’est pas innocent », c’est-à-dire le pécheur non repenti.

    La Septante dit :

    ῥύσεται ἀθῷον, καὶ διασώθητι ἐν καθαραῖς χερσίν σου.

    Il délivrera l’innocent, oui, qu’il soit sauvé par ses mains pures.

    Et la Vulgate :

    Salvabitur innocens : salvabitur autem in munditia manuum suarum.

    L’innocent sera sauvé : oui, il le sauvera par la pureté de ses mains.

    On signalera enfin que « Il délivre même celui qui n’est pas innocent » est censé traduire trois mots hébreux (dont le mystérieux ‘î qui voudrait donc dire : « même celui qui n’est pas »…)

  • Notre Dame des douleurs

    Les répons des matines se contentent de reprendre de façon primaire les passages des évangiles qui évoquent les « sept » douleurs – comme si on pouvait mettre sur le même plan la crucifixion et le recouvrement au temple… qui est un mystère joyeux du Rosaire.

    Les antiennes des laudes et des heures sont en revanche bien venues :

    Quo abiit dilectus tuus, o pulcherrima mulierum ? quo declinavit dilectus tuus, et quæremus eum tecum ? (Cantique des cantiques, 5, 17)
    Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? de quel côté s’est dirigé ton bien-aimé, que nous le cherchions avec toi ?

    Recedite a me, amare flebo, nolite incumbere, ut consolemini me. (Isaïe 22, 4)
    Eloignez-vous de moi, je  pleurerai amèrement, n’insistez pas pour me consoler.

    Non est ei species, neque decor, et vidimus eum, et non erat aspectus. ( Isaïe 53 2)
    Il n’avait ni forme ni beauté, et nous l’avons vu, et il n’avait pas d’apparence.

    A planta pedis usque ad verticem capitis, non est in eo sanitas. (Isaïe 1, 6)
    De la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, il n’y a en lui rien de sain.

    Fulcite me floribus, stipate me malis, quia amore langueo. (Cantique des cantiques 2, 5)
    Soutenez-moi avec des fleurs, fortifiez-moi avec des pommes, car je languis d’amour.

    Antienne du Benedictus :

    Venite, ascendamus ad montem Domini, et videte si est dolor, sicut dolor meus. (Michée 4, 2 puis Lamentations de Jérémie 1, 12)
    Venez, montons à la montagne du Seigneur, et voyez s’il existe une douleur comme ma douleur.

    Et aux vêpres, l’antienne du Magnificat :

    Oppressit me dolor et facies mea intumuit a fletu, et palpebrae meae caligaverunt. (Job 16, 8 et 17)
    La douleur m’accable, et mon visage est gonflé a force de pleurer, et mes paupières se sont obscurcies.

  • Exaltation de la Sainte Croix

    Croix-Emaux-Limoges-XIIIe-siecle.jpg

    Christum Regem pro nobis in Cruce exaltatum, Venite adoremus.

    Le Christ Roi élevé pour nous sur la Croix, venez, adorons-le.

    Cet « invitatoire », l’antienne qui rythme le psaume 94, le psaume solennel d’ouverture des matines, fait référence à l’évangile, lorsque Jésus dit : « Et ego si exaltatum fuero a terra, omnia traham ad meipsum » : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi », et que l’évangéliste commente : « Il disait cela pour marquer de quelle mort il devait mourir. »

    Le mot latin, pour « élevé », est « exaltatum ». A priori, le verbe latin veut seulement dire « élever ». Mais l’élévation du Fils de l’homme est une exaltation (qui sera explicitée par l’Ascension), à laquelle participeront tous les sauvés. Et comme la Croix est l’instrument du salut, elle est elle-même « exaltée » dans la liturgie, d’où la fête de l’exaltation de la Sainte Croix.

    La lecture du troisième nocturne des matines est un passage d’un sermon de saint Léon le Grand expliquant la phrase de Jésus. Et ce passage commence opportunément par le mot du jour :

    « Exaltato, dilectissimi, per Crucem Christo… » : le Christ étant élevé par la Croix, mes très chers…

    Et le dernier répons des matines souligne ce qui sera la fin de l’évangile :

    Sicut Moyses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet Filium hominis, ut omnis qui credit in ipsum, non pereat, sed habeat vitam aeternam.

    De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle (Jean 3, 14-15).

    Le Christ est élevé sur la Croix comme le serpent qui avait été cloué sur le bois guérissait ceux qui regardaient vers lui, il est exalté dans le triomphe de la Résurrection par la Croix qui est l’instrument de ce triomphe, la croix d’infamie devenue la croix glorieuse.

  • Syrie: reprise de Halfaya

    L'armée syrienne a annoncé hier la prise de Halfaya, ville située au nord-ouest de Hama où le Front al-Nosra (al-Qaïda) avait déployé d'importants effectifs. Les forces gouvernementales ont en outre sécurisé plusieurs localités majoritairement chrétiennes et alaouites menacées par les djihadistes dans le secteur de l'aéroport de Hama, précise l'état-major. Et cela permet à l’armée de conserver un corridor entre Damas la zone côtière où se trouve l'essentiel de la communauté alaouite.

    Ce qu’on ne nous rappelle pas est que les rebelles avaient pris Halfaya dès décembre 2012, et que la ville avait déjà été reprise par l’armée en mai 2013, puis réinvestie par les rebelles en août dernier.

    L'armée syrienne dit s'être emparée de Halfaya et de ses environs après avoir « éliminé un grand nombre de terroristes, étrangers pour la plupart, et détruit beaucoup de leurs véhicules et de leurs armes ».

    La prise de Halfaya est surtout importante dans la mesure où la ville était la base d’où opérait al-Nosra pour assiéger la ville chrétienne de Mhardeh, qui est le chef lieu de disctrict.

  • Curieux report de l’accord UE-Ukraine

    Côté face, l’UE a mis en œuvre, hier, une nouvelle série de sanctions horrifiques contre la Russie (qui ne resteront pas sans réponse).

    Côté pile, le même jour, à l’issue d’une réunion UE-Ukraine-Russie, l’UE a décidé de reporter à la fin 2015 le fameux et « historique » accord d’association qui devait s’appliquer au 1er novembre prochain… et qui sera quand même signé mardi, pour ne pas désespérer la place Maïdan. (C’est le rejet de cet accord par Ianoukovitch qui avait miraculeusement déclenché les manifestations, et c’est le volet « politique », symbolique, de cet accord, qui avait été signé dès le 21 mars.)

    Le matin même, le président ukrainien Porochenko, flanqué de Barroso, rappelait que l’accord serait appliqué à partir du 1er novembre…

    Le commissaire européen au Commerce Karel de Gucht, qui présidait la réunion tripartite au nom de l’UE, n’a pas donné le vrai motif de ce report inopiné et impromptu. Il a seulement bredouillé qu’il fallait répondre à certaines préoccupations russes, et l’on a cru comprendre aussi que l’état de l’économie ukrainienne est tellement désastreux que ce n’est pas vraiment le moment…

    Mais on notera l’argument, le seul argument, surréaliste, exprimé publiquement par Karel de Gucht : ce report permettra à l’Ukraine d’éviter des sanctions russes (à savoir des hausses – parfaitement légitimes - de droits de douane) pendant 15 mois…

    Il est bien évident qu’on nous cache quelque chose d’important. Qui a été mis dans la balance par les Russes.

  • Caïn n’a pas pleuré ?

    François a célébré une messe ce matin au cimetière militaire de Redipuglia. Dans un nouveau réquisitoire contre la guerre, contre toute guerre, il s’en est pris à ceux qui sont comme Caïn, qui disent « que m’importe ?  Suis-je le gardien de mon frère ? ». Il a ajouté :

    « Avec ce Que m’importe?, qu’ont dans le cœur les affairistes de la guerre, peut être gagnent-ils beaucoup, mais leur cœur corrompu a perdu la capacité de pleurer. Caïn n’a pas pleuré, il n'a pu le faire. Et l’ombre de Caïn plane aujourd’hui sur ces cimetières. »

    Caïn n’a pas pleuré ? Eh bien ce n’est pas vrai. Et c’est même un passage très émouvant de la Genèse, si proche de l’Evangile, où l’on voit justement Caïn pleurer son péché et Dieu le lui pardonner :

    « Et Caïn dit au Seigneur : Mon iniquité est trop grande pour que j'en obtienne le pardon. Voici que tu me chasses aujourd'hui de la face de la terre, et de ta face je me cacherai. Je serai fugitif et vagabond sur la terre [gémissant et tremblant, dit le grec]. Quiconque donc me trouvera, me tuera. Et le Seigneur lui dit: Non, cela ne sera pas ; mais quiconque tuera Caïn en sera puni sept fois. Et le Seigneur mit un signe sur Caïn, afin que ne le tue pas quiconque le trouverait. »

    (NB. Le petit malin qui fera remarquer que personne ne peut rencontrer Caïn dans son errance parce qu’il n’y a personne d’autre sur terre que ses parents passe par la case prison et perd son tour…)

  • Samedi après la Nativité de la Sainte Vierge

    Dans mon bréviaire de 1955, la liturgie de ce samedi est un vestige de l’ancienne octave de la fête de la Nativité de la Sainte Vierge. Avec aux matines la lecture de cet extrait du sermon de saint Bernard pour le dimanche dans l’octave de l’Assomption :

    Quid ergo sidereum micat in generatione Mariæ ? Plane quod ex regibus orta, quod ex semine Abrahæ, quod generosa ex stirpe David. Si id parum videtur, adde quod generationi illi ob singulare privilegium sanctitatis divinitus noscitur esse concessa ; quod longe ante eisdem patribus cælitus repromissa; quod mysticis praefigurata miraculis; quod oraculis praenuntiata propheticis. Hanc enim sacerdotalis virga, dum sine radice floruit ; hanc Gedeonis vellus, dum in medio siccæ areæ maduit ; hanc in Ezechielis visione orientalis porta, quæ nulli unquam patuit, præsignabat. Hanc denique præ cæteris Isaias nunc virgam de radice Jesse orituram promittebat ; nunc evidentius virginem parituram. Merito signum hoc magnum in cælo apparuisse scribitur, quod tanto ante de cælo noscitur fuisse promissum.

    Pourquoi la naissance de Marie brille-t-elle comme un astre ? C’est assurément parce qu’elle est issue des rois, de la race d’Abraham, de la noble famille de David. Si cela paraît peu, ajoutez-y que cette naissance, à cause de son singulier privilège de sainteté, est reconnue don de Dieu, qu’elle était promise depuis longtemps par le ciel à ces mêmes patriarches, qu’elle était figurée par des prodiges mystiques et annoncée par des oracles prophétiques. C’était elle, en effet, que symbolisait le bâton du grand prêtre, fleurissant sans racines ; elle que désignait la toison de Gédéon, humide sur un sol desséché ; elle que préfigurait, dans la vision d’Ezéchiel, la porte orientale ne s’ouvrant à personne. C’était elle, enfin, qu’avant toute autre, Isaïe promettait, tantôt par la tige qui sortirait de la racine de Jessé, tantôt plus clairement, par la vierge qui enfanterait. C’est donc avec raison qu’il est écrit que ce grand prodige est apparu dans le ciel puisque nous savons qu’il a été longtemps d’avance promis du ciel.

    (Traduction du bréviaire Labergerie)

  • La mort d’un étonnant personnage

    Le révérend Ian Paisley est mort, à l’âge de 88 ans.

    C’était un incroyable personnage, et il restera dans l’histoire.

    Toute sa vie fut fondée sur la haine virulente des catholiques et de l’Eglise. En 1951 il fonde sa propre congrégation, l’« Eglise presbytérienne libre », calviniste fondamentaliste, violemment anticatholique et anti-irlando-catholique, et donne au chef, c’est-à-dire à lui-même, sans rire, le titre de « modérateur » (il le sera jusqu’en 2008). Puis il fonde son quotidien, le Protestant Telegraph, puis son parti politique, le Parti unioniste démocrate qui deviendra le premier parti nord-irlandais, et le plus extrémiste, avec son groupe paramilitaire Ulster Resistance.

    Il a été député européen sans discontinuer de 1979 à 2004, et une grande gueule du Parlement européen… et souvent dans le bon sens, dans la mesure où il était un pourfendeur de toutes les décadences morales (comme toujours sans nuance : en 1977, contre la dépénalisation de l'homosexualité, il avait lancé une campagne : « Sauvons l’Ulster de la sodomie »). Lors de la visite de Jean-Paul II, en 1988, il interrompt le pape en brandissant un papier où le pape est qualifié d’antichrist. On verra Bernard Antony se jeter sur lui pour lui arracher le papier. Il s’ensuit une bousculade, et Ian Paisley se fait sortir de l’hémicycle. En 2005 il est élu député au Parlement britannique.

    Son intransigeance « unioniste » était telle qu’il fut le seul chef de parti à rejeter l’accord dit du vendredi saint (1998) signé par le Premier ministre britannique, le Premier ministre irlandais, le chef du Sinn Fein (c’est-à-dire de l’IRA) Gerry Adams et les autres partis catholiques, les chefs des partis unionistes sauf donc le sien, le Parti unioniste démocrate.

    Et pourtant… En 2006 il accepte de rencontrer Gerry Adams, l’année suivante il négocie la formation d’un gouvernement d’union, et il devient Premier ministre d’Irlande du Nord, avec  comme vice-Premier ministre Martin McGuiness, l’ancien chef d’état major de l’IRA, négociateur du Sinn Fein pour l’accord du vendredi saint…

    C’est son chant du cygne. Malade, il démissionne au bout d’un an. Et ce tribun extrémiste anti-catholique anti-irlandais restera dans l’histoire comme le premier dirigeant d’un gouvernement d’Irlande du Nord faisant l’union de toutes les parties…